#26 24/08/2010 07:59:49

le pingoin masqué
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Re : La BD, un art mineur ?

Pour ma part,je dirais que la principale différence entre un peintre talentueux et un auteur de BD talentueux,c'est que ce que fait le peintre sur une toile,l'auteur de BD le fait plusieurs fois (à chaque case).De plus ,le bédéiste n'est pas limité au dessin. Il a comme autres cordes à son arc la narration et le scénar.
Quand je vois ce que fait Todd Mc Farlane (par exemple) à chaque case de Spawn,j'ai tendance à me dire que les peintres baroques étaient presque flemmards^^ Je me souviens aussi d' avoir vu un original de Blueberry...la vache!!Il fait ça à chaque page l'batââârd!!!^^Et puis Guarnido dans Blacksad...oh l'batââârd!!^^
Et question narration...Alan Moore a poussé le perfectionnisme au-delà de la perfection.^^

Bon après ,comme je-sais-plus-qui l'a déjà dit ,on est tellement inondé de bouses commerciales inintéressantes (les Blondes...bêrk!) ou bien simplement,de bonnes BD divertissantes,que  les auteurs talentueux (artistiquement parlant) deviennent plus difficiles à repérer. Mais ils existent!! Disons que tu auras un peu plus de chance (c'est pas obligé mais ça marche pas mal) de trouver ces auteurs intéressants au rayon "indépendants" de ta librairie. Ils ont généralement un peu moins de contraintes et peuvent se lâcher dans l'experimentation.

Autre point déjà dit: comparer deux disciplines artistiques,c'est assez compliqué^^ Comparer la musique et le cinéma ,la sculpture et les arts du spectacles, ou la BD et la peinture ,ça n'a pas beaucoup de sens. En fait je crois que ton pincipal problème c'est que tu t'attaches exclusivement à l'aspect graphique de la BD et que tu sous-estimes énormément l'intérêt artistique de la narration et du scenar. Pourtant,ces éléments sont indissociables de l'art de la BD. Alors ,peut-être que les qualités graphiques d'une bande dessinée en particulier peuvent ne pas être à la hauteur d' un chef d' ?uvre de peinture,mais les qualités scenaristiques et narratives peuvent suffire à en faire une ?uvre au moins aussi grande que la toile du peintre.

Pour finir...tu sembles stigmatiser systématiquement  le côté graphique de la BD. Pourtant, graphiquement parlant,Franquin n'a rien à en envier à des grands maîtres de la peinture.Seulement les outils ne sont pas les mêmes et le but non plus n'est pas le même (essaye de faire "les idées noires " de Franquin avec le style de Michel-Ange ou de Picasso,tu risques une grosse déception^^).Ce n'est pas parce que c'est fait au crayon et à l'encre et que c'est caricatural que c'est médiocre .

Bon ben je crois que j'ai fait le tour du sujet . Voire deux tours.

...

Et sinon,tu aimes les hérissons ?


Il ne faut pas dire "planter une tente ",mais "poignarder la soeur de sa mère".

Au fait, tout le monde dit que ce blog est à chier, mais tu n'es pas comme tout le monde, hein?
--->  http://pingouinmasque.canalblog.com/

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#27 24/08/2010 12:40:19

AV63
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Re : La BD, un art mineur ?

La BD est un art à part entière, un art de son époque.

Sinon Kano, tu aimes les cactus??

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#28 24/08/2010 12:43:47

Mosc
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Re : La BD, un art mineur ?

Quand on regarde la production artistique "majeure" d'aujourd'hui, c'est à dire peinture, sculpture, installations, tout le tralala, on peut se faire le même genre de réflexions... Quel peintre du même niveau qu'un Titien, quel sculpteur qu'un Rodin... C'est un débat complètement vain, on peut d'ailleurs penser que la production artistique s'est arrêtée au début du (XXe) siècle, plus rien de nouveau depuis Malevitch et Duchamp.

A la renaissance, la peinture était au service de l'église, pour pouvoir enseigner tout leur baratin à une population en grande partie illettrée. Une peinture avec un but avant tout narratif. l'histoire n'a conservé qu'une petite dizaine de noms de ces peintres, qui devaient être bien plus nombreux.

C'est amusant que tu compares Franquin à Daumier, par exemple, Daumier qui était tout autant un artiste "mineur", caricaturiste avant tout... Un caricaturiste parmi mille autres, mais là encore l'histoire l'a retenu, lui, sans doute parce qu'il était meilleur... la même histoire se souviendra sans doute de Franquin dans des dizaines d'années alors que beaucoup de ses camarades franco-belges seront oubliés.

nous avons des millénaires de créations artistiques derrière nous, pourquoi serions-nous arrivés, maintenant, à la fin ? C'est une réflexion qui é toujours eu lieu, à toutes les époques on a dû se plaindre de la piètre qualité de ses contemporains par rapport à d'illustres aînés. Et pendant ce temps-là, des hommes et des femmes créaient, parfois reconnus seulement bien plus tard.

Et bien évidement, je ne reviendrai pas sur ce qui a été signalé par beaucoup ici, la bande dessinée est autre chose que de la peinture. C'est un média jeune, et où la virtuosité graphique n'est pas souvent la priorité, encore que parfois... Mais de toute façon, si le seul moteur de ton dessin est de faire "mieux" qu'untel... passe à la musique !... quoique... que des tâcherons depuis Beethoven...




Ah ! ah ! D.H.T. : fais gaffe, ça pourrait devenir un débat tout aussi passionné, ça !

Dernière modification par Mosc (24/08/2010 12:44:44)


... Paris, ses toits, ses égouts, ses cambrioleuses... :hurmine-lalya.webcomics.fr.png

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#29 24/08/2010 15:40:36

Dapperswan
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Re : La BD, un art mineur ?

Mosc a écrit :

l'histoire n'a conservé qu'une petite dizaine de noms de ces peintres, qui devaient être bien plus nombreux.

Un gros merci à leurs assistants surtout ^^

Ce qu'il faut retenir surtout, c'est que sans demande, il n'y a pas "d'artiste" au sens "officiel" du terme.
Sans demande, il n y'a pas de marché.

Vous n'existez pas si vous ne publiez pas, c'est aussi simple que ça. Et dans notre société (humaine, donc pas juste les méchants blancs chrétiens occidentaux raciste de droite) vous ne valez rien si on ne vous achête pas, c'est comme ça.

Les peintres les plus connus bossaient pour l'église, le Roi, tout comme l'artiste africaine reconnu existait parce qu'il vendait ses créations et ramenait de l'argent à sa famille, tout comme le tailleur arabe vendait ses tissus et ses vêtements aux nations extèrieures, tout comme l'inuite au fin fond de son igloo vendait ses sculpture en os de phoque aux touristes.


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quand à :

A quoi bon passer toutes ces journées a étudier un dessin qui, même si on arrive a l'égaler (je doute qu'en BD il soit possible de faire mieux que certains "maitres" comme Franquin) on restera mineur sur la grande échelle du dessin

Tu raisonnes en terme de valeur, Rembrandt n°1, Franquin N°2, Picasso N° 75654 (oui cet cexemple est partial), mais tu ne prend pas en considération ton propre besoin, ta propre envie.
Si tu dessinais avec tes trippes, en y mettant tout ton savoir, ton expèrience, ta passion, tu ne raisonnerait pas comme ça tout simplement parce que tu ne te poserait pas cette question.
Tu dessines, tu vends, tu vis.

Ce n'est pas le "meilleur" dessinateur qui existe dans ce média, c'est celui qui apporte quelque chose à ce média. Une pierre à l'édifice. Qu'on lui demande d'apportée, qu'on paye pour apportée.


J'en ai quelques potes comme ça, qui fabriquent leurs couleurs eux-mêmes, avec des pigments qu'ils achêtent très chers sur Paris dans des boutiques spécialisées, qui se ruinent en achetant des livres d'arts très chers, très vieux et très rares, et non seulement c'est vachement intéressant mais en plus c'est vachement bien ce qu'ils font.

Sauf que ca marche pas. les galeristes n'en veulent pas et ceux aui arrivent à exposer vendent très peu. Alors ils font de l'alimentaire : de la pub, du dessin animé ou de la BD.
avec des lignes clairs, des aplats de couleurs pastels et des bonhommes de science fiction à gros nez.
Là ils sont reconnus, payés et peuvent évolués dans leur métier  au fur et à mesure des opportunités commerciales qui se présentent à eux.


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Tu vois ? Avant c'était l'église, maintenant c'est les Galeries Lafayettes qui les font bosser ces gens là.
C'est pas des Rodins ou des Rembrandt parce que un génie reste un génie, mais c'est souvent du même niveau de leurs assistants, qui faisaient bien souvent tout le boulot de ces dit génies.

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a noter quand même, vite fait et pour finir, tu devrais étudier un peu l'histoire de l'art, tu te rendrais vite fait compte que ce ne sont souvent pas les plus talentueux qui restent, mais plutôt les plus démerdards, ceux qui ont su neutralisé les concurents, lécher les culs qu'il fallait au bon moment, les biens nés, les biens mariés, ou qui avaient un frère galeriste, par exemple.

C'est valable pour les arts, mais aussi pour les sciences, et certainement pour beaucoups d'autres domaines encores.

Une bonne journée à toi.


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#30 24/08/2010 20:40:25

D. H. T.
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Re : La BD, un art mineur ?

Je répète que les notions d'art majeur et d'art mineur sont sociologiques. Si le débat porte sur la qualité intrinsèque de l'oeuvre, la question est de savoir si on fait de l'art ou si on n'en fait pas - si la BD est un art ou si elle n'en est pas un. La réponse est la même que pour les autres pratiques culturelles: parfois c'est de l'art, parfois non.

Les activités humaines en général ont une fonction, une utilité, un but tournés vers le monde, sauf quand on trouve un intérêt à l'activité en elle-même ou aux objets qu'elle produit. Quand ces derniers ne servent à rien, du moins à rien d'évident, c'est de l'art.

On voit combien l'art n'a, en ce sens, rien de forcément valorisant: l'art en soi n'est pas un gage de qualité, il existe de mauvaises oeuvres pourtant artistiques dans leur propos tout comme il existe d'honnêtes divertissements. Pourtant, par leur désintéressement, même les pires oeuvres d'art ont une dimension qui semble les anoblir. Mais si leur inutilité est leur seule qualité, c'est quand même de l'art qui ne vaut rien.

En marge des activités utiles, l'art pour l'art, sous sa forme la plus aboutie (et là interviennent les critères esthétiques, ontologiques et philosophiques permettant de déterminer si une oeuvre est bonne ou pas, ou tout du moins d'en débattre), l'art pour l'art donc apparaît pour satisfaire des besoins humains qui dépassent la survie et la subsistance. On parle d'oeuvres de l'esprit.

Kandinsky avait mis en lumière une contradiction fondamentale de l'art pour l'art. Si l'art est, en soi, son propre but, cette approche revient à nier, à terme, toute spiritualité puisque tournée vers l'oeuvre et non vers l'accomplissement de l'artiste. Or l'art finit par se révéler, au prix de sacrifices et d'une grande abnégation, comme une manière de parfaire l'esprit humain, de l'élever vers une dimension cosmique supérieure et de rendre l'homme meilleur. L'art pour l'art est donc une étape nécessaire mais pas ultime.

Cette nécessité est relative, elle ne vaut que pour les vrais artistes même si le spectateur reçoit aussi son enseignement, la possibilité d'interroger le monde, à travers l'oeuvre, et de le voir d'un oeil différent. L'art nous donne à voir le monde autrement, et c'est aussi un regard différent que nous portons sur nous-mêmes. Il nous aide à construire notre identité individuelle et collective, ainsi que notre rapport à l'univers dans lequel nous vivons.

Peintures, sculptures, musiques, textes... ne sont pas forcément de l'art. Ils peuvent décorer, divertir, informer. Ils avaient d'abord une fonction rituelle au sein des tribus, comme si la spiritualité humaine avait précédé le statut, plus tardif, de l'artiste. Celui-ci n'est peut-être qu'un moyen de revenir à cette spiritualité fondamentale, ce besoin de communier avec les forces de la nature qui nous a faits.

La bande dessinée elle-même semble très ancienne selon l'ascendance que la critique lui donne éventuellement, on peut la retrouver déjà dans les hiéroglyphes voire dans l'art pariétal. Rien de tous ces éléments de définition n'autorise en tout cas à la considérer comme un art inférieur. Ce n'est pas le mode de production artistique qui détermine la qualité de l'oeuvre. La BD est un art comme un autre, et il existe déjà des exemples de bandes dessinées à forte teneur graphique et picturale.

Ce n'est pas le plus important. Il existe différentes voies: utilitaires, divertissantes, artistiques, spirituelles. A chacun de trouver celle qui lui convient le mieux, de s'y appliquer et de s'y plaire. On peut apprécier aussi ce que les autres font, même s'ils ont choisi une voie différente de la nôtre. Si on veut vraiment faire de l'art, en faire un métier n'est pas forcément la meilleure solution: rares sont ceux qui arrivent à en vivre tout en restant intègres, beaucoup d'appelés et peu d'élus.

Mieux vaut se former à un autre métier, le faire honnêtement et loyalement, et consacrer son temps libre à l'art si on est assez passionné. Chez les meilleurs éléments il existe une éthique de la profession et un combat pour faire du commerce un métier noble: vendre de bons produits, respecter le client, pratiquer une concurrence loyale (valoriser ses propres performances sans dévaloriser celles des autres vendeurs), reconnaître à chacun ses mérites et ses droits d'auteur, une éthique pouvant largement s'appliquer à tout domaine d'activité.

D'une manière générale, vivre non seulement pour gagner sa vie mais aussi et surtout pour rendre le monde meilleur est une belle idée, un idéal qui élève l'être humain vers le bien et vers le bonheur. C'est même grâce aux êtres animés de tels idéaux que le monde a progressé et qu'il tient encore debout.

Malgré la malveillance et la corruption ambiantes, et tout le pessimisme qui en résulte à juste titre, l'individu peut choisir de refuser le mal et faire ainsi acte de résistance. Aucune activité, qu'elle soit artistique ou non, n'est péjorative si ses fondements sont éthiques. Il faut de tout pour un faire un monde, pour faire de l'art (ou ne pas en faire), pour faire de la bande dessinée.

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#31 24/08/2010 23:54:58

Yas
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Re : La BD, un art mineur ?

"Résister c'est créer. Créer c'est résister"

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