Depuis 2003, Jeux d'Ombres, Lumière sur le Jeu de Rôle amateur (en bref JdO) s'est développé sous la forme d'un e-zine et d'un portail, tous deux intégralement consacrés au jeu de rôle amateur (JdRa) francophone. Par JdRa, nous entendons : ½ Un jeu de rôle qui ne génère pas de revenus pour ceux qui ont participé à son élaboration ni pour son éventuel éditeur ?.

Chaque numéro de cet e-zine est consultable en ligne via le site web et téléchargeable au format PDF (en basse et haute définition).

La Demeure des demeurés

    C'est un énorme et haut bâtiment circulaire à la configuration et à l'architecture surprenante.

    Il n'a pas besoin d'être tenu éloigné des autres passerelles d'habitation, de profondes et insondables douves apportent le même effet. Elles tiennent en respect et sans contact le reste d'Exil avec ce pestiféré psycho-social. On n'accède au couloir principal non pas à l'aide d'un pont-levis qu'on rabaisserait mais par une rotation de la tour pour faire correspondre l'entrée et une sorte de ponton.
En effet, tout l'ensemble est placé sur un axe rotatif monté sur un engrenage mû par une motrice à vapeur. C'est d'ailleurs la sirène de décompression du système à vapeur qui alerte tout le monde d'une rotation en cours de son sifflement strident, on sait alors qu'il sera possible, un instant, un bref instant que ce monde de dingues n'approche le nôtre sain d'esprit.
Quel sentiment de sécurité pour le quartier de savoir tout cela loin des yeux, loin d'eux bien que tout ceci engendre bien des mystères vu que son accessibilité est strictement contrôlé et rarissime.
Toute cette man£uvre d'ouverture se fait d'une façon magistrale dans un crissement mécanique, dans un panache de fumée qui donne tout autant encore plus grandiose qu'une lugubre impression.

    Ensuite une grille en fer forgé se relève laissant les transfuges pénétrer un sombre couloir à la torture vitrée par laquelle on devine un immense rucher par de faibles loupiotes qui symbolisent et représentent une cellule mais un profond vide, abyme au c£ur même du bâtiment séparent les cellules du tube central.

    A l'intérieur, tout est métal, froid et incisif comme l'est la lame de scalpel qui met les nerfs à vifs. Vu la hauteur du bâtiment et l'espace vide qu'il y règne, il y fait glacialà et quand l'ouverture du sas se passe, un courant d'air à vous glacer d'effroi s'engouffre partout dans la moindre cavité, sous les couvertures trop minces ou les frêles tenues réglementaires.
Rambardes, escaliers, portes, volets, tout résonne sans cesse du martèlement métallique. Pourtant le comble dans ce lieu horrible et torturé, on a voulu lui donner un certain cachet, un esthétisme douteux en pareil lieu en agrémentant les tiges, barreaux, etc d'une ligne ½ coup de fouet ? ou d'inspiration florale typique de l'Art Nouveau.

    L'ascenseur qui se situe dans le tube central permet d'accéder aux différents niveaux dans une remontée des plus lentes quasi processionnelles, proche d'une marche funèbre. Arrivé au bon étage, les portes en treillis se rabattent en accordéon et laisse une petite passerelle se déplie dans le vide dans un fracas métallique pour enfin atteindre les couloirs de promenade et d'accès.

    Au sein du bâtiment, on retrouve divers patients atteints de pathologies des plus banales au plus sérieuses ou dangereuses, allant des TOCés aux malades psychopathes ou aux pervers sexuelsà
Les plus atteints et dangereux se trouvent dans les cellules proches du sommet.

    Chaque cellule est identique, telle les alvéoles d'un ruche sans mouvement, mais qui ne bourdonne mais hurle, vocifère, claqueà  Elle est pourvue d'une fenêtre, luxe qui semble bien superflue et inutile car dehors on ne voit rien. Les barreaux de celle-ci et de la porte sont électrisés. Parfois des désespérés, distraits ou déments se jettent dessus et meurent électrocutés, le voltage n'étant pas toujours très régulier, passant aléatoirement du picotement désagréable qui repousse à la décharge mortelà Il faut dire que la science de l'élektricité n'est pas très parfaite, exacteà
Des portes mécaniques automatisées permettent l'ouverture contrôlée de chaque cellule. A l'intérieur un siège, table et lit tout en granit intégrés et ancrés directement au mur et au sol. Un WC à pédale et une couverture comme seul confort. On se sert de ce plaid rugueux et mince pour dormir ou former un semblant de coussin sur son siège.

    La machinerie, ingénierie, et contrôles se trouvent en sous-sol. On y va rarement, l'endroit est humide, crasseux, abandonné. Des lumières de secours au gaz bleuté éclairent sporadiquement les couloirs et les coursives. C'est là aussi où l'on stocke le combustible pour les chaudières. Seuls quelques chauffeurs s'aventurent à travailler là-dessous dans une moiteur étouffante due à la chaleur et à l'humidité.
De grosse clefs techniques permettent d'accéder aux différents locaux.
Le centre de contrôle se trouve juste au dessus du couloir d'accès du rez-de-chaussée. Son accès est barré par une boîte à carte perforée que possède l'Ingénieur civil et le Technicien.
Tout le reste se trouve au rez-de-chaussée : salle des infirmiers, cuisine, stock, réfectoire, etc.

    Une immense verrière bombée éclaire l'ensemble, formant un puit de lumière qui découvre un peu l'abyme plongeante d'une lumière diffuse. L'eau qui ruisselle constamment donne une impression d'être sous une voûte aquatique, une sorte de cloche d'eau.