Régulièrement présent sur le site,  Arronax est un scénariste prolifique qui a vu se multiplier les collaborations avec de nombreux dessinateurs de BDA et d'ailleurs. Ses histoires nous touchent sytématiquement, leur diversité n'a d'égal que leur justesse de ton. Mais qui donc êtes-vous Monsieur Arronax ?


Pour commencer, peux-tu nous dire un petit mot sur ton pseudo...Pourquoi ce choix ?

C’est un hommage à « Aronnax », le narrateur de mon roman préféré de Jules Verne : « Vingt mille lieues sous les mers »… Je me suis simplement permis de prendre une légère liberté quant à l’orthographe du prénom…


Ecrire est un acte important dans ta vie : comment expliques-tu cela ?

Je pense que je suis né avec des histoires à raconter… Quand j’étais à l’école primaire, je portais déjà en moi une ribambelle de personnages… Malheureusement ou heureusement, c’est selon, comme j’étais un garçon plutôt timide, que je n’aimais pas trop m’exprimer en public et que je ne savais pas dessiner, j’ai dû me tourner vers un médium plus à ma portée pour leur imaginer toutes sortes d’aventure : l’écriture. C’est ainsi que j’ai attaqué mon premier projet de roman quand j’avais 11 ans…


« ...ce qui me pousse à faire de certaines histoires des Bds, c’est le choix de leur découpage et le plaisir de les voir illustrées par des images plutôt que simplement esquissées par des mots. »
Qu'est-ce ce qui te pousse à écrire pour la bande dessinée ?

J’ai le sentiment que les histoires se prêtent davantage à tel média plutôt qu’un autre. Je ne crois pas, par exemple, que « Régis Dumesnard n’aime pas les canards » aurait pu avoir le même découpage original si j’avais choisi d’en faire un film ou un roman. Le charme de cette histoire provient également en grande partie de la qualité du dessin de Sulo et de son souci du détail. Jamais un texte n’aurait pu aussi bien retranscrire que ses dessins l’univers si particulier de Saint-Philbert-du-Fouilloux et de ses habitants.
Pour résumer, ce qui me pousse à faire de certaines histoires des Bds, c’est le choix de leur découpage et le plaisir de les voir illustrées par des images plutôt que simplement esquissées par des mots.



Quel était ton état d’esprit quand tu as terminé ton premier scénario pour la bande  dessinée ?

Je suis arrivé à la Bd sur le tard, et un peu par défaut… Vers 15-16 ans, en effet, j’avais commencé à écrire un roman que j’ai ensuite retravaillé à maintes reprises sans jamais en être totalement satisfait… Je craignais de ne pas être capable de faire partager avec mes seuls mots les images de l’univers que j’avais en tête… Le projet prenait la poussière dans mes cartons depuis pas mal de temps quand soudain, un jour, je me suis dit : « et pourquoi tu n’en ferais pas une Bd » ?
Aussitôt dit, aussitôt fait. J’ai écrit le scénario du premier tome de « L’Empire des Fils de Poséidon » en quatre mois puis je l’ai immédiatement envoyé à toutes les grandes maisons d’édition. J’étais très fier de moi et, même si je n’avais aucun dessinateur, j’étais plutôt confiant quant à mes chances de signer mon premier contrat. Un tel sujet – la disparition de l’Atlantide – ne pouvait forcément pas laisser les éditeurs indifférents !
Bien entendu, j’attends toujours leurs réponses…



Tu as écrit des nouvelles, des scénarios de BD, maintenant une "bible" pour un feuilleton; quel est ton médium préféré (et pourquoi ?)

Je ne me considère pas plus à l’aise avec tel médium plutôt qu’un autre. Ce que j’affectionne, justement, c’est de pouvoir naviguer entre eux au gré de mes humeurs et de mes envies. Je travaille toujours sur plusieurs projets à la fois. Quand je ne trouve plus d’inspiration pour l’un, je décide de le laisser de côté et de passer au suivant. Tout est une question de rythme. En Bd, il faut généralement faire tenir l’intrigue en 46 planches, ce qui nous oblige à être plus précis et efficace dans la narration que pour un roman où, là, on peut par contre prendre davantage notre temps. C’est la même chose pour la télévision ou le cinéma : une page de scénario équivaut généralement à une minute d’images à l’écran.
Les nouvelles ou les romans ont, toutefois, un avantage certain sur les scénarii de Bd ou le cinéma : en tant qu’écrivain, nous sommes les seuls maîtres à bord. Cette liberté a cependant un prix à payer : sans collaboration avec un dessinateur ou un réalisateur, le résultat final nous appartient totalement. Qu’il soit bon ou mauvais…



On a vu que tu t'intéressais aussi au cinéma amateur. As-tu des projets dans ce cadre, peux-tu nous en parler?

J’ai réalisé plusieurs courts-métrages avec des amis, dont l’un a d’ailleurs reçu l’été dernier le prix du meilleur film amateur dans un (petit) festival norvégien. C’était très agréable à faire, on s’est tous bien amusés mais, finalement, je me dis aujourd’hui avec du recul que je n’ai pas l’étoffe d’un réalisateur. Quand je vois tout ce que des gens comme Michel Gondry peuvent faire avec une caméra, je réalise qu’eux savent raisonner en terme d’image, de cadrage, de lumière… Moi pas… Je crois qu’il faut savoir être modeste et honnête avec soi-même : mon dada, c’est l’écriture, pas la mise en scène, même si elle me tente beaucoup.
Je continuerai bien sûr à faire du cinéma amateur pour m’amuser – j’ai deux projets de prévu pour le printemps 2007 – mais ce sera des films sans prétention aucune. Concernant le long-métrage, par contre, avec toutes les idées que j’ai en tête, je ne pourrais jamais à la fois les écrire et les réaliser. Mieux vaut donc laisser la partie technique à celles et ceux qui en ont le temps (deux ans de préparation pour un 90’ !) et le talent.



J'ai vu sur ton site que tu avais eu des contacts avec une ou plusieurs maison(s) de production de séries télés. Peux-tu nous en dire plus à ce sujet ?

Avec un ami scénariste, j’ai en effet posé les bases d’un projet de série télé qui s’intitule « Roissy » et qui, comme son titre l’indique, se déroule dans l’univers de l’aéroport international de Roissy-CDG.
A l’heure actuelle, nous l’avons proposé à quatre maisons de production. L’une d’elle semble particulièrement intéressée, mais nous sommes toujours en attente de propositions concrètes. Affaire en transit, donc.


« Je souhaite tenir un jour dans mes mains un album dont je me sente fier. »

Quelle place occupe la poésie dans ta production ? As-tu reçu une formation particulière ?

Pour l’instant, et à mon plus grand regret, je n’ai pas vraiment le temps de m’y consacrer. Plus que la Bd ou le cinéma, la poésie est un art qui touche à l’intime. Je ne me suis jamais autant découvert que dans les poèmes que j’ai pu écrire et, pour l’instant, je ne pense pas avoir spécialement envie de parler de moi. Il m’arrive encore de coucher quelques rimes sur le papier à l’occasion mais c’est surtout à l’attention de personnes de mon entourage, ou bien de personnes du sexe opposé que j’aimerais bien compter parmi mon entourage.
Dans un futur plus ou moins proche, par contre, j’aimerais beaucoup m’essayer à l’écriture de paroles de chanson. Je suis très curieux de découvrir ce que mes mots pourraient donner en musique.
Quant à ma formation en ce domaine, je pense avoir la même que tout le monde : école primaire, collège, lycée… et Jacques Prévert!



Depuis que tu fais de la bande dessinée, as-tu rencontré des personnes qui t’aient conforté dans ce choix ? Des professionnels, d’autres amateurs, des lecteurs ?

Depuis quatre ans que je fais de la Bd, j’ai eu l’occasion de discuter avec quelques professionnels, dessinateurs ou scénaristes, qui m’ont, pour la plupart, inciter à persévérer et à continuer à écrire.
Comme je ne cours pas après les festivals, la grande majorité des rencontres que j’ai pu faire s’est cependant effectuée par le biais d’Internet. BDA a d’ailleurs joué en cela un rôle très important. C’est grâce au site, et à tous les encouragements que j’ai pu recevoir sur les différents scénarios que j’ai postés, que j’ai pris conscience du fait que mes histoires pouvaient peut-être plaire aux autres…



As-tu fait des rencontres sur BDA ? Qu’est-ce que cela t’a apporté ?

Depuis mon inscription sur le site, j’ai sympathisé avec bon nombre de personnes et ai eu la chance de collaborer avec une quinzaine d’entre elles. J’en ai rencontré physiquement quelques unes, et espère sincèrement en rencontrer bientôt quelques autres.
Outre le plaisir d’avoir vu certaines de mes histoires illustrées, d’avoir pu glaner quelques conseils à droite à gauche et d’avoir eu la possibilité de participer à moult discussions intéressantes, BDA m’a surtout permis de tisser de belles amitiés.



Ton activité professionnelle a-t-elle à voir avec le monde de la bande dessinée ?

Jusqu’à tout récemment, non, puisque j’officiais alors en tant qu’animateur nature pour une petite association d’Education à l’Environnement. J’appréciais ce que je faisais, mais je me suis aperçu que ce n’était pas ce que je voulais vraiment faire.
Mon contrat venant de s’achever, je viens donc de décider de me consacrer pleinement à l’écriture.



Souhaiterais-tu devenir un jour professionnel ?

Oui. Depuis quelques mois, j’ai pris conscience qu’écrire était la seule chose qui me tenait vraiment à cœur. Charge à moi, maintenant, de tout entreprendre pour y parvenir.



Cherches tu à être édité à tout prix ?

Je cherche à être édité, mais pas à n’importe quel prix. Pour l’heure, je travaille sur deux projets sérieux : l’un avec Suleyman, qui s’appelle « Régis Dumesnard n’aime pas les canards », et un autre avec Bahiia, qui s’intitule « Croix de bois, croix de fer ». Ce sont deux projets auxquels je crois beaucoup, mais ça ne signifie pas pour autant que je serais prêt à faire n’importe quoi pour les voir être publiés. Au hasard de quelques rencontres et de discussions, je me suis rendu compte que le monde de la Bd n’était pas tout rose. De plus en plus d’éditeurs cherchent à faire du chiffre. Personnellement, je me moque un peu de voir l’une de mes histoires devenir un best-seller (si ça arrive un jour, je ne vais quand même pas cracher dessus) tant que je suis satisfait du résultat.
Je souhaite tenir un jour dans mes mains un album dont je me sente fier.



Si un "ami" BDA gagnait à l'Euromillion, qu'il montait sa propre maison d'édition et qu'il vous proposait d'éditer "Régis n'aime pas les canards" (parce qu'il trouve les histoires vachement chouettes et qu'il adore le dessin de Mr. Sulo), est-ce que tu accepterais ?

Seulement si cet ami était, comme moi, un grand fan de Batman…


Participes-tu à des fanzines ou à des publications diverses ?

Depuis deux numéros, avec Suleyman aux pinceaux, je participe au nouveau fanzine de ChacalProd… Dans le numéro 1, j'ai également écrit une histoire mises en images par Philippe Gorgeot et intitulée «  Crénom de nom ! » 


« Un scénario de Bd n’a de valeur que s’il est mis en images. »
En tant que scénariste, quelle importance attaches-tu au dessin en matière de bande dessinée ?

Une importance primordiale. Un scénario de Bd n’a de valeur que s’il est mis en images. Le texte n’est qu’une étape ; le dessin, lui, l’aboutissement. Je crois donc qu’il est indispensable que les deux soient complémentaires. C’est pourquoi j’essaie désormais, lorsque je recherche une collaboration, de trouver un(e) dessinateur(trice) dont le style correspond le plus possible au ton de l’histoire que j’ai envie de raconter. C’est quand la plume et le pinceau sont en osmose qu’on peut réellement dire d’un album qu’il est réussi.


Comment procèdes tu pour construire une narration ? Peux-tu résumer les différentes phases qui composent ta manière de travailler ?

Lorsqu’une idée me vient, je la laisse mûrir un bon petit moment dans mon esprit. Si elle est toujours là au bout de quelques semaines, et qu’elle revient souvent à la charge, c’est qu’elle est bonne. Je la note alors quelque part, et je réfléchis à comment je pourrais au mieux m’en servir. C’est comme une bobine de fil. Il suffit de trouver le bout et de tirer : le reste vient tout seul.
Avant de m’atteler dans un nouveau projet, j’essaie donc d’avoir une idée assez précise du début et de la fin de l’histoire. Je rédige ensuite très grossièrement un plan dans lequel je fais apparaître les grandes lignes du récit et les enjeux des personnages. Je les développe ensuite par écrit, en m’attachant à les nourrir de petits détails. Puis, je remets au propre un nouveau plan dans lequel j’incorpore les scènes de transition entre ces différentes scènes. Je redéveloppe une nouvelle fois le tout en étant le plus précis possible sur l’action, les lieux, les personnages…
Je passe ensuite au découpage proprement dit du récit en décidant ce qui va se passer dans chacune des planches. Cette étape est délicate car c’est elle qui va conditionner tout le rythme de l’album. Il faut donc bien savoir doser les séquences d’exposition avec les séquences d’action, faire attention aux articulations, aux respirations… Un vrai casse-tête ! Mais ce n’est pas fini car il faut encore redécouper la planche en cases, décrire ce qu’il s’y passe et ajouter les dialogues !
Qui a dit que le métier de scénariste était plus facile que celui de dessinateur ? ;o)



As tu des images, bien précises ou floues, dans la tête quand tu écris ?

Elles sont très floues. En fait, j’ai beaucoup de mal à m’imaginer les physiques des personnages que je créé. Même chose avec les lieux. C’est d’ailleurs pour ça que, quand je fais une description, je reste le plus évasif possible. Ce n’est pas de la fainéantise de ma part, c’est juste que je n’en sais pas plus ! Quand j’écris, j’ai par contre en tête une vague idée de comment les personnages doivent être disposés. Je vois les masses, pas les détails.


Cherches-tu une manière de te remettre en cause à l’aide de procédés particuliers ?

Je ne me suis encore jamais véritablement imposé de contraintes. Mais c’est quelque chose qui me titille. Jouer sur la forme d’un album me plairait beaucoup. J’aimerais bien, par exemple, raconter un jour une histoire qui se passerait dans un immeuble et dans laquelle chaque case serait une pièce différente du bâtiment…


Comment te viennent les idées ? Quelles sont tes sources d'inspirations?

J’aime lire et regarder des films. J’ai aussi la chance d’être curieux et d’avoir de l’imagination. Et comme je suis quelqu’un qui adore dormir, je rêve beaucoup.
J’aimerais croire que les idées me viennent naturellement mais je suis plutôt enclin à penser qu’elles se font par association. Qu’on le veuille ou non, inconsciemment, on se nourrit des autres… On pioche des pièces à droite à gauche et notre cerveau s’occupe de remonter la voiture tout seul.



T’inspires-tu de personnes, de faits réels pour créer tes personnages, tes histoires ?

Comme la majorité des auteurs, je pense, bon nombre de mes personnages sont effectivement inspirés de personnes de mon entourage. Il en est de même pour leur identité et pour le nom de certains lieux.
Jusqu’à présent, par contre, je n’ai pas encore vraiment développé de scénario ayant trait à des faits réels.  Mais ce n’est que partie remise puisque, d’ici quelques années, j’aimerais beaucoup écrire une histoire sur la catastrophe de Tchernobyl…


« Me faire plaisir, tout d'abord, et essayer de donner du plaisir aux autres. »

Qu'est-ce qui te motive à écrire d'autres scenarii ?

Me faire plaisir, tout d’abord, et essayer de donner du plaisir aux autres.


As-tu un rituel particulier dans ton travail ? As-tu besoin d’un environnement, d’un dispositif particulier ?

Je me suis dernièrement aperçu que j’avais de plus en plus de mal à travailler chez moi où je suis facilement distrait… Dorénavant, donc, j’essaie le plus possible d’écrire dans des lieux publics (cafés, bibliothèques…).


Accordes-tu de l’importance à la documentation ?

Tout dépend du degré d’authenticité que l’on souhaite donner au récit. Pour l’instant, parmi toutes les histoires que j’ai écrites, très peu m’ont demandé un gros travail de recherche. Je me suis juste contenté de glaner quelques renseignements par-ci par-là à partir desquels j’ai ensuite brodé mes histoires.
A l’avenir, je souhaiterais désormais être plus rigoureux. J’ai, en projet, un album avec Philippe Gorgeot  qui se déroulera en grande partie dans l’univers des catacombes et il va sans dire que, pour l’occasion, une importante recherche bibliographique va s’imposer. De même, peut-être, qu’une petite visite sous terre…



Dans quelle genre de récit te sens-tu (ou aimerais-tu être) le plus à l'aise ?

J’aimerais beaucoup être capable d’écrire des gags en une ou deux planches. J’ai déjà proposé quelques récits à Spirou mais, à chaque fois, le rédac’ chef m’a répondu que ce n’était pas drôle… Je pense avoir besoin de temps, c'est-à-dire de quelques pages, pour pouvoir installer une situation comique. Ça fonctionne d’ailleurs assez bien sur « Régis Dumesnard ».
Mais certains ont le talent de faire rire juste en une page et, parfois, ça me rend un peu jaloux



Travailles-tu régulièrement ou bien par périodes ?

Comme je suis facilement distrait, j’ai encore du mal à rester concentré plus d’une heure d’affilée. Et comme je suis quelqu’un qui adore travailler dans l’urgence, j’ai souvent tendance à attendre le dernier moment pour me mettre au travail… J’essaie de changer cette attitude et tente, désormais, de m’astreindre à un rythme de production plus rigoureux, plus soutenu, en m’imposant des horaires.


Cela te gêne-t-il si il y a du monde autour de toi quand tu travailles ?

Au contraire, j’aime beaucoup écrire dans des endroits vivants, là où il y a de l’agitation. Le calme et le silence m’ennuient…


As-tu déjà travaillé avec d'autres  scénaristes  sur un projet commun par exemple?

Jusqu’à présent, le seul projet sur lequel j’ai collaboré avec un autre vrai scénariste, c’est « Roissy », la série télévisée… Sur « Régis Dumesnard », toutefois, Suleyman joue également un peu le rôle de co-scénariste…


Tu ne peux te passer de la présence d'un dessinateur...Qu’attends-tu, en général, de cette collaboration ?

Qu’elle soit un échange, une aventure humaine. Je crois sincèrement qu’un album se fait à deux et que, de fait, le dessinateur a aussi un avis à donner sur le scénario. De même que le scénariste a le droit d’émettre des remarques sur le dessin.
A mon sens, la pire collaboration qui soit est celle dans laquelle on ne se dit pas franchement les choses. Si l’on ne se fait pas confiance, si l’on n’accepte pas les critiques, la qualité finale de l’histoire en pâtira forcément.



Arronax dessinateur, ça donne quoi ?

A peu près ça…




Je sais que tu es ouvert à plusieurs style de graphisme mais y a t il un dessinateur que tu n'imaginerais pas du tout pour tes écrits ?

Je ne suis pas très fan du style Heroic Fantasy de la plupart des dessinateurs qui officient chez l’éditeur qui fait bronzer…


A quel moment de ton travail te poses-tu le plus de questions ? As-tu le plus de doutes ?

Sans aucun doute au moment du découpage. J’ai toujours peur que le rythme du récit ne soit pas assez dynamique ou bien, qu’à cause de certaines ellipses, l’histoire ne soit pas compréhensible. Avant, j’essayais même de faire un découpage des planches avec la disposition des cases. Comme je n’étais jamais totalement sûr de mon coup, j’ai vite abandonné. Je préfère laisser cette liberté au dessinateur…


Qu’éprouves-tu une fois qu’une histoire est mise en images ?

Une énorme satisfaction, une pointe de regret et un peu d’anxiété. Ça signifie en effet qu’un dessinateur m’a fait confiance et que nous avons réussi à faire de notre mieux pour arriver au bout de l’aventure. Mais ça veut aussi dire que, désormais, notre travail est achevé et qu’une page se tourne. J’appréhende aussi toujours un peu l’accueil de l’histoire par le public…


La couleur est, à tes yeux, un petit supplément ou au contraire un élément indispensable ?

Un élément indispensable ! Toute l’atmosphère d’une histoire peut être bouleversée en fonction du type de colorisation choisi. C’est elle qui donne le ton du récit, qui donne toute sa force au dessin. Je trouve ainsi dommage que, pour certains albums publiés, la couleur ne soit pas plus soignée. On dirait parfois vraiment qu’elle ne sert que de remplissage…
Jusqu’à présent, parmi tous les dessinateurs avec lesquels j’ai pu collaborer, je crois que tous se chargeaient de coloriser eux-mêmes leurs dessins. J’aime bien cette idée… Non seulement parce qu’ils sont très talentueux, mais aussi parce qu’ils sont les mieux placés pour savoir quelles couleurs s’accordent parfaitement avec leur travaux…


« ...Cette histoire est peut-être celle qui résume le mieux mon univers. un endroit à part, à mi-chemin entre la magie et l'émotion... »

Si tu devais citer ton scénario préféré (écrit par toi), lequel serait-ce (et pourquoi) ?

Même si je les apprécie tous, je dois avouer que j’ai un petit faible pour « Square des épitaphes ». L’idée de cette histoire m’est venue lors d’un long voyage en voiture. Je cherchais depuis quelques temps un lieu qui pourrait me permettre d’écrire des histoires récurrentes… Soudain, alors que je me dirigeais sans grande conviction vers l’idée d’un petit café de campagne dans lequel le patron parlerait de la pluie et du beau temps avec ses clients, je ne sais pas pourquoi, l’image d’un cimetière m’est passée par la tête. Et tout de suite, ça a été le déclic. J’ai arrêté la voiture et j’ai écrit cette histoire en deux minutes, comme si elle avait toujours été là, en moi. Je l’ai immédiatement adorée, et j’ai aussi tout de suite su qu’elle allait plaire aux autres. Ça a été une évidence. Je suis également très fier du titre.
Plus j’y pense et plus je me dis que cette histoire est peut-être celle qui résume le mieux mon univers. Un endroit à part, à mi-chemin entre la magie et l’émotion…



Quel est le scénario que tu rêverais d'avoir écrit ?

Sans aucune hésitation, « Watchmen » d’Alan Moore. C’est, je pense, l’une des histoires les plus originales et les plus abouties qu’il m’ait été donné de lire jusqu’à présent. Quant à la fin, elle est tout simplement géniale…


Ta collaboration avec Vega était super, y'aura t'il d'autres projets avec elle ?

Je l’espère ! Dernièrement, je lui ai justement glissé deux mots à propos d’un petit projet qui me trotte dans la tête depuis un bon bout de temps et qui, semble-t-il, l’a intéressée…
Charge maintenant à moi de développer l’idée afin qu’elle puisse faire un essai… On vous tiendra au courant, promis !




Et pour terminer trois petites questions sur la « vie privée » de votre idole...Comme quoi BDA ne recule devant rien ...


Si tu pouvais retourner a une époque, ça serait laquelle et pourquoi?

J’aurais beaucoup aimé vivre au temps des indiens d’Amérique, avant l’arrivée des premiers européens. C’est une civilisation qui m’a toujours fasciné car, finalement, c’est peut-être celle qui est parvenue à vivre le plus possible en parfaite harmonie avec son environnement.


Es-tu gaucher ou droitier? Mais est-ce que ça a vraiment beaucoup d'importance ?

Droitier. Est-ce que ça a beaucoup d’importance ? Je ne sais pas… De toute manière, si je n’ai pas le droit, j’ai le gauche, non ?


Où en es-tu avec ce qui était, me semble-t-il, ta 2ème résolution de l'année ? En d'autres termes, où en es-tu avec ta voisine ?

Je m’aperçois qu’aucune déclaration ne sombre véritablement dans l’oubli, sur Bda… Petits curieux, va…
Ma voisine de palier ayant malheureusement déménagé juste après la déclaration de cette fameuse résolution, comme je suis un homme de parole, j’ai donc dû lier connaissance avec une autre de mes voisines, en l’occurrence celle du dessous. Elle vous passe d’ailleurs le bonjour !



Un grand Merci pour avoir répondu à toutes nos questions, monsieur Arronax !