Chapitre 1B : Le décès [1/?] par DjeffhAlexey

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Chapitre 1B : Le décès [1/?]

Je m'appelle Alexey Vladic. Je suis né en Pologne, dans la banlieue pauvre de Lodz, avec ma jeune sœur et mes deux parents. Mon enfance a été assez pauvre, rythmée par les quelques vols qu’on organisait entre amis et les retours de l‘usine de mon père, qui avait tendance à forcer un peu sur la wodka.
Un jour, lorsque je n’avais que quinze ans, on sonna à la porte de notre misérable appartement. J’entrouvris la porte de la chambre que je partageais avec ma sœur, et j’aperçu Iwan, notre voisin. Une cinquantaine d’année ; il avait un visage qui inspirait la confiance, assez sympathique. C’était un bon ami de mon père, ils travaillaient d’ailleurs dans la même usine. Mais cette fois-là, il ne souriait pas. Il murmurait sur le palier quelque chose à ma mère. Je n’entendis pas quoi, mais au bout de très peu de temps ma mère s’effondra dans ses bras. Je compris assez vite que quelque chose de grave était arrivé. Voulant savoir quoi, je sortis brusquement de la chambre que je partageais avec ma soeur, écarta doucement ma mère de l’encablure de la porte et demanda à parler à Iwan. Il jeta un regard désolé vers ma mère qui s’était assise dans la cuisine en pleurant, et me pris par l’épaule pour m’emmener dans son appartement.
J’entrais doucement dans son appartement, attendant qu’il m’invite à m‘asseoir. Son appartement était encore plus petit que le nôtre. Une gazinière surmontée d‘un placard, un petit frigo, une table et deux chaises meublaient la pièce, faiblement éclairée par une unique ampoule. Une porte fermée devait abriter sa chambre.
Il m’invita à la table, je m’assit sur une des deux chaises rouillées et attendis qu’il parle. Il se frotta le visage avec les mains, soupira, me regarda dans les yeux et me dit « Alexey… Je n’ai pas envie d’embellir les choses pour toi. Ton père est mort. Je ne sais pas quoi te dire de plus… Je sais que tu pourra faire face à ça, que tu es assez mature pour assumer ton nouveau rôle. Tu devra aider ta mère et ta sœur à faire face à tout cela. Tu devra devenir l’homme de ta famille. Et tu pourra toujours compter sur moi si tu as besoin de quoi que se soit. »
Plus Iwan parlait, plus je me rendait compte de ce qu’il se passait. Je baissa les yeux, fixa la table longuement. Iwan continuait à parler pendant 1 ou 2 minutes, puis un silence s’installa. Mes yeux se remplirent de larmes, mais je me refusait de pleurer, je voulais prouver à Iwan que j’étais à la hauteur. Il me regarda, se leva et alla chercher une bouteille d’un liquide blond clair et deux petits verres dans le placard au-dessus de sa gazinière. Il les posa sur la table, ouvrit la bouteille et remplit les deux verres d’un geste rapide, s’assit et me tendit un verre. « Ca t’aidera à tenir, camarade. Moi, ça m’a aider. » me dit-il en me regardant avec fierté et un léger sourire. Je savais qu’Iwan vivait seul depuis que sa femme était morte, mais personne n’avait su me dire de quoi. Je levait les yeux doucement, Iwan tendait toujours le verre vers moi. Je le saisit, et nous déclarâmes ensemble : « Na zdrowie ! * » en levant nos verres.
Il bu cul-sec, je fis de même. Je n’avais encore jamais bu de wodka, et encore moins de la Zubrówka. Je dois dire que la vanille et la noix de coco si typiques de cette wodka sont un peu couverts par les 40° d’alcool qu’elle contient, mais on peut dire que ça m’a redonner de la vigueur. Je l’ai remercier, il m’a saluer et je suis retourner auprès de ma mère qui continuait de pleurer, en compagnie de ma sœur.
Au fil du temps, je me rapprochais d’Iwan. Les soirs où j’allais mal, je sonnais chez lui et nous buvions un peu. Nous nous racontions nos vies respectives, et, bien que plusieurs années nous séparaient, il savait se rendre intéressant, avec des anecdotes que je comprenais.
Lodz était dépourvu d’école. Je ne savais donc ni lire, ni écrire. Lorsque Iwan l’appris, il s’empressa de sortir un vieux cahier grisâtre poussiéreux, et il m’appris à lire et écrire. J’appréciais grandement sa démarche. Il se montrait patient, attentionné. D’une certaine manière, c’était un deuxième père ; et moi son premier fils.

*Na zdrowie ! : "Santé !" en polonais

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28/01/2014 22:56 DjeffhAlexey
Vos avis et critiques sont les bienvenues !
Pour lire la suite de l'aventure, c'est par là -> [lien]
03/08/2014 21:03 annecycolo
c'est chouette, vous etes tous un peu poetes a l'étage scenario
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