#1 21/05/2025 16:39:14

michel houdart
Chiure de gomme
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synopsis d'histoires de l'ombre

Sur la suggestion d'un membre de l'équipe, je vous propose une vue partielle de mes travaux d'écriture. Un développement en scénarios plus spécifiquement BD est bien entendu possible après la découvert d'un dessinateur inspiré par ces sagas. En espérant que l'endroit soit le bon pour ce type de publication.





                                                                                             Récapitulatif des synopsis principaux.


« Les Branques du Braco».   Genre ; Fiction. Comédie loufoque.
Quatre inséparables amis voient leur vie ruinée par une erreur judiciaire. La prison qui les a placés au contact de vrais truands et d’authentiques braqueurs a quelque peu bouleversée leur perception du monde et des valeurs. A tel point qu’ils en viennent à trouver naturel de conquérir la fortune par des moyens que la loi et la morale réprouvent…   en principe. Mais dame fortune est capricieuse, surtout lorsqu’elle est mal acquise.
(Une compilation orchestrée sur fond de dérapages comiques et d’obstacles improbables survenus lors de vrais hold-up. La richesse de cette saga se prêterait aisément à une mini série télévisée.)



« Les Cendres du Phénix ».    Genre ; Fiction. Policier-action.
Lionel est un ancien agent du Service Action lâché par sa hiérarchie. Lorsque son épouse fut tuée par la bombe qui le visait, il se retrouva accusé du meurtre sur tripatouillage judiciaire et passa 10 ans en prison. Libéré, ses tentatives pour revoir ses deux enfants confiés à la tutelle de son beau-père, haut gradé militaire, se soldèrent par autant d’attentats. Plutôt qu’exposer la vie de ses gosses, Abel et Léa, Lionel s’expatria pour Cuba. Une population simple et chaleureuse qui voyait en lui un nouvel Hemingway l’arracha à un lent suicide éthylique. Pour remercier le village, il fonda une coopérative artisanale florissante.
Dix ans ont passé.
Épaulé par son grand-père, général de l'armée de l'air, Abel a suivi la même voie professionnelle que son père dans le secret espoir de retrouver sa trace. Le hasard d’une enquête permet la concrétisation de ce rêve durant un week-end, à l’occasion d’une mission qui lui est confiée en Guadeloupe. Hélas ! A peine Cuba  quitté pour regagner  la Guadeloupe Abel est très grièvement gravement blessé au cours  d’une fusillade. Lionel quitte sa tanière accompagné d’un ami dévoué, ex truand en cavale. En Guadeloupe Lionel découvre rapidement que les « sauvageons » allègrement pointés du doigt ne sont qu’un leurre et  que son fils a été victime de la même officine de barbouses qui avaient jadis ruiné sa vie. Difficulté supplémentaire, un agent féminin de la CIA attiré par la récupération de dossiers volés, enjeux de tueries à répétition, entre aussi dans la danse. Tout comme les cartels de la drogue qui se sentent visés par l’enquête et entendent bien préserver leur plate-forme de transit vers les USA et l’Europe.

« Le Menhir ».  Genre ; Fiction. Policier-action.
Ancien du 11° Choc puis du Service Action, Yan Le Guénan s’est vu rayé des effectifs pour le motif le plus infamant qui soit ; « lâcheté devant l’ennemi ». Dans le cadre d’une mission il avait omis de presser le bouton de la bombe destinée à liquider un opposant Africain gênant pour un « ami de la France ». La présence inopinée d’enfants invoquée par la défense n’avait pas fait le poids face aux intérêts de patrie.  En fait ; les intérêts personnels d’une poignée de barons de la politique attachés à la « France-à-fric ». Tête de lard rompu aux combats urbains, sitôt libéré Yan a plongé dans la clandestinité et s’est reconverti dans le hold-up.
Au sortir d’un braquage il bouscule une femme en habits de deuil.  Un geste pour la retenir brise l’élastique du masque de carnaval qu’il porte. Elle crie son nom en le reconnaissant. Yan aussi a reconnu son amour déçu d’étudiant, cause de son engagement dans l’armée. Il empêche son complice d’abattre Marie en le repoussant dans la voiture.
A quelques distances de la scène d’autres personnes ont aussi reconnu Yan. Des gens des S.R qui pistaient Marie tout juste veuve d’un ingénieur extrêmement important à leurs yeux. Le coursier par « obligation » d’un homme d’affaires aussi puissant que sulfureux. L’Etat ne peut courir le risque d’être compromis dans la récupération de documents comptables par des voies légales, encore moins par la force en raison de l’implication de plusieurs barons de la politique. Sans compter que les services français ne sont  pas les seuls sur l’affaire. Les USA aussi sont en compte avec le richissime Libanais trafiquant d’armes, de drogue et surtout d’influence. Une idée géniale germe aussitôt dans l’esprit du chef de mission. Une idée « riche en sport ».  Il suffit de charger Yann de la mission…   Yan auquel son « crâne de granit » avait valu le surnom de « Menhir ».



Le village des fous.  Genre ; Fiction. Comédie.
Un ministre s’en revient dans son village natal précédé par une couronne mortuaire. Un retour chez les Ch’tis pour honorer la mémoire du maire qui l’avait adopté après l’assassinat de ses parents par les nazis en déroute. Au contact des habitants, à la vue des maisons lors de sa lente procession,  il revoit son enfance et revit les différentes phases de la guéguerre parfois rude qui opposa les gosses de son âge à un supposé résistant hâbleur, qui les détestait et les persécutait sans vergogne, car personne dans le village n’osait l’affronter à cause de sa «pension « d’invalide de guerre » et ses « connaissances ».
(Chronique grinçante du monde rural à la charnière des années cinquante- soixante, avec un survol corrosif de la relative importance accordée à la mort naturelle par ceux qui la vécurent sous sa forme la plus violente, au quotidien, en temps de guerre).



Le Novice(ex Reporter).  Genre ; Fiction. Thriller.
Une jeune reporter d’ascendance Maghrébine disparaît lors d’une enquête menée à Rennes le Château, village audois ayant acquis une réputation mondiale grâce au Da Vinci Code. Face à une police peu motivée dans ses recherches, la mère de la jeune femme se rend à pieds dans le monastère où s’est retiré son fils après une peine de prison. Karatéka de haut niveau, le jeune homme avait tué d’un coup de pied le leader d’une bande de quartier qui persécutait sa petite sœur. Autodidacte talentueux, informaticien chevronné, le novice est attelé  à la copie et la préservation de manuscrits anciens, fonds regroupés d’anciens monastères de la région Rhône-Alpes.
Avec l’accord du supérieur, le Novice part pour l’Aude afin de suivre une enquête qui le placera sur la route des illuminés du mythe Arien, de la droite extrême sous couvert de différents ordres pseudo chevaleresques, elle-même opposée à des chercheurs d’or peu scrupuleux et d’aventuriers aussi adroits à la dynamite qu’à la pelle, et de la gâchette comme au couteau.




La colère du Dauphin.  Genre ; Fiction. Vengeance, enquêtes parallèles effectuées par un marginal.
En 1985 le Dauphin bénéficie d’un allègement de peine alors que, de façon notoire, toute la galaxie judiciaire sait qu’il fut condamné sur un motif fallacieux. Mais le libéré se retrouve face à un dilemme ; retourner en Colombie où l’attendent sa mine d’émeraudes, une coquette fortune, ainsi qu’une tranquillité relative, ou alors, gagner la Belgique afin d’y assurer la succession de son ami assassiné, quitte à se retrouver confronté  aux meurtriers de l’aventurier dont il ignore tout, idenbtités et mobiles.
Son ami Max et lui s’étaient jurés que le dernier vivant assurerait la sécurité des héritiers du défunt. Mais le rejeton d’une famille aristocratique russe ne se contentait pas de la seule casquette de plus grand trafiquant de pierres précieuses de la planète. Viscéralement anti-communiste, il était aussi barbouze à ses heures perdues au profit de plusieurs services occidentaux.
L’enquête pirate du Dauphin nous entraîne dans les bas-fonds d’une Belgique rongée par la corruption et les querelles sordides de partis, traumatisée par la première vague d’attentats dite « les tueries du Brabant Wallon » rattachées au climat de tension voulu par le Stay Behind.



Le baron de Monte-Carlo.  Genre ; Fiction. Gangster. Action.
Le « plus vieux prisonnier de France » débarque en convalescence dans une prison-hôpital en convalescence d’un AVC qui a fortement amoindri ses capacités physiques. Ancien chef de gang, chevalier d’industrie du cambriolage de haute volée, il lui fut reproché d’avoir pillé, « à la Spaggiari »,  les coffres-forts d’une banque parisienne huppée, spécialisée dans le blanchiment d’argent et l’évasion fiscale.  Ses complices restés en liberté ont été tués un par un, plusieurs après tortures. Lui a toujours refusé de dévoiler l’endroit où se trouvait planqué le magot, et pire ! Les dossiers infiniment compromettants soustraits dans des coffres privés qui hantent les nuits des magouilleurs d’état.
L’empathie trop manifeste du détenu chargé de l’entretien des locaux, « l’auxi », exacerbe sa paranoïa. A tort. Car l’homme n’est pas un truand. C’est un indécrottable rebelle, un ancien pompier de Paris, qui a involontairement tué un des agresseurs de sa petite amie. Il ignore tout du passé du Baron. Entre explications truculentes et mises au point orageuses, les deux hommes finissent par se prendre de sympathie. Au point que « le BARON » en arrive à confier à « MANDRIN » l’endroit où se trouve dissimulé l’énorme magot, à la condition expresse de ruiner la carrière politique de tous les pontes qui ont fait tuer ses amis dans l’espoir de récupérer des documents hautement sulfureux. MANDRIN accepte le marché, moins pour le pactole que par dégoût viscéral envers la corruption des élites.

(Sujet assez riche en éléments pour fournir un développement en mini série télévisée.)

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#2 21/05/2025 17:03:26

Rhum1
Pousse Crayon
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Re : synopsis d'histoires de l'ombre

Salut,

la première est sans conteste celle qui me parait la plus sympa à développer,
peut-être ne suis-je pas objectif car c'est la seule qui a un côté humoristique et c'est peut être ce qui me plaît davantage en comparaison des autres.

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#3 21/05/2025 19:26:08

michel houdart
Chiure de gomme
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Re : synopsis d'histoires de l'ombre

Avis avisé... et pleinement partagé...  d'où son positionnement en tête de liste. Mais en intro, j'avais quand même prévenu que mon univers de prédilection était l'univers noir, le pan obscure de notre société, le volet dystopique de "ici tout va bien" qu'on insiste tant et plus à nous faire avaler... ceci dit, l'humour, même noir, fait partie intégrante de ma palette... Meerci pour le suivi.

Dernière modification par michel houdart (22/05/2025 09:29:20)

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#4 22/05/2025 11:35:41

michel houdart
Chiure de gomme
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Re : synopsis d'histoires de l'ombre

Ben dis-donc; le copier-coller c'est pas la joie pour ce type de doc.

Dernière modification par michel houdart (22/05/2025 11:36:38)

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#5 22/05/2025 15:56:26

karicature
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Re : synopsis d'histoires de l'ombre

oui le forum est un peu pourri pour certaines manip

essai en faisant en 1er un copié collé dans un bloc note (c'est un logiciel de texte, basique qui est sous windows par défaut et qui tient pas compte du html) puis tu copies le texte du bloc note que tu colles ici mais fait attention dans la fenêtre des commentaires dans le menu du haut tu as l'icone <>  essai de faire la manip avec cet outil enfoncé, si tu n'as pas de langage html dans le styl </justify> c'est que c'est bon


Mon site perso
et ma page facebook qu'il faut aimer les mec !!! https://www.facebook.com/pages/Kari-cat … 9201377621

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#6 22/05/2025 17:27:26

michel houdart
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Re : synopsis d'histoires de l'ombre

Super sympa de ta part, Karicature.... mais ma fille, qui est prof d'informatique, a jeté l'éponge depuis longtemps face à mon incapacité à m'imprégner des termes technologiques du bidule. Dès qu'un môme passe, je lui demande de jeter un œil en se fondant sur tes recommandations. Eux sont tombé dedans en couche-culotte.

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#7 24/05/2025 16:15:03

stefrex
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Re : synopsis d'histoires de l'ombre

hello Michel et bienvenu sur le forum


j’ai regardé avec attention ce que tu avais posté. Je n’ai absoluement pas le style que tu recherches hélas (pour moi ;-) )
Je ne savais pas à quoi ressemblait un scénario «  film » , c’est précis mais cela a dû être long à faire surtout si tout l’histoire a déjà été découpée comme cela….cela en fait du boulot!!! Impressionnant d’autant plus si c’est la même choses pour tous tes projets ;-)

Pour ton éventuel dessinateur ou pour motiver il faudrait être plus précis sur ce que tu attends… Est ce une bouteille à la mer ou bien une proposition sérieuse de collaboration pour tes projets ? 

Bonne chance et bonne continuation pour tes projets


La tête en l'air des crayons dans les mains...

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#8 24/05/2025 22:17:01

michel houdart
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Re : synopsis d'histoires de l'ombre

Bonjour, et merci pour ta réponse.
Ma recherche de partenariat est tout ce qu'il y a de plus sérieux si je trouve un dessinateur inspiré par mon univers.
Le découpage scénaristique n'a rien d'extraordinaire lorsque (à défaut d'études) tu as accumulé et étudié les livres consacrés au sujet. Ne serait-ce le positionnement et la taille des vignettes pour faire une planche, c'est assez proche du scénar B-D.
La plupart de mes romans existent aussi en format scénar puisque mon ambition était d'écrire pour le cinéma. Je ne suis malheureusement tombé que sur des aigrefins ou des rêveurs.

Le style graphique que j'aimerais devrait être assez proche du réalisme, un peu style caricature de personnages réels, connus, genre acteurs ou artistes pour faciliter "l'identification" du lecteur.

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#9 26/05/2025 10:21:03

michel houdart
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Re : synopsis d'histoires de l'ombre

Bonjour à tous. Nouvel essai d'envoi, cette fois en format PDF. La mise en page centrée, les textes en gras et soulignés ont disparu, mais la lecture du texte sans annotations techniques est quand même facilitée. Bonne lecture et critiques bienvenues.





Les Ch'tis branques du braco
        





Comédie de long métrage.

Tiré de : « Les cahiers d’outre-échafaud »


de :
Michel Houdart




scénario

Michel Houdart






1.    INT-JOUR / Cellules de garde à vue. Sous-sol
UN C.R.S presse une COLONNE DE DÉTENUS dans les escaliers menant au sous-sol.
En bout de couloir une table dressée sur une estrade. Derrière cette table UN POLICIER OBÈSE relève l’identité des prévenus qu’il oriente ensuite d’un signe de tête; couloir de gauche ou couloir de droite.
Le visage du POLICIER ruisselle. Le mouchoir dont il s’éponge le front laisse des auréoles sur le plateau de la table.
QUATRE HOMMES parviennent devant la table en file serrée. UN SEXAGÉNAIRE genre baba-cool, PIERROT. UN KABYLE à la trentaine athlétique et à l’air plutôt rébarbatif, DJE. UN ANTILLAIS élégant, DÉSIRÉ. Le dernier est UN HYPER ACTIF vibrionnant de taille plus modeste que les trois autres; KIKI.
PIERROT est le premier à atteindre la table de l’identification. Le décor l’impressionne visiblement.

LE POLICIER (sec)
Qu’est-ce t’as, toi ?… Qué qu’chose qui n’va pas ?
PIERROT (apeuré)
J’ai rien dit.
LE POLICIER (toujours agressif)
T’as plutôt intérêt ! Nom, prénom et le reste…


Sur le pull bleu roi de PIERROT apparaît en pointillés un texte en lettres blanches (bruit de téléscripteur) : « Pierre Sénéchal. Dit Pierrot. 49 ans. Marié. 8 enfants. Grossiste en fruits et légumes. Employeur de Moréno. Jamais condamné ».
Pendant l’inscription du texte, on aperçoit les lèvres de PIERROT formuler une question, puis celles du POLICIER s’animer avec véhémence. PIERROT s’enfuit plus qu’il ne part vers le couloir de gauche.

DJE se pointe à la table, sûr de lui.

DJE (acerbe)
Moi c’est Djelloul. Djelloul Laksar.

Le texte en lettre brunes s’imprime sur son col roulé blanc : «Djelloul Laksar. Dit Djé. 32ans. Célibataire. Ancien boxeur militaire amateur. Commerçant en fruits et légumes. Client de Sénéchal. Jamais condamné.»

Le front du POLICIER se plisse. Il peine à orthographier le nom en maugréant. DJE se penche sur la table et pointe le doigt vers le registre.

DJE
Avec un « K », Laksar, pas avec un « Q »…     Laksar, ça s’écrit avec un « K ».
LE POLICIER (dédaigneux)
Qu’est-ce qu’on en a à foutre de ton « K » ? De toute façon, c’est bien pour une histoire de cul qu’t’es là, non ?
DJE (sarcastique)
Écoute moi, le mannequin pour bouteilles de Chianti, tu gardes ton cul en forme de cas désespéré si ça t’enchante, mais le « K » que mon père m’a légué j’y tiens. Et pas question d’y toucher plus qu’à mon cul au prétexte que des tarés on a fait un bien grand cas d’une banale histoire de cul… banale avec un B comme banané, poulet.

DJE se dirige d’autorité vers le couloir de gauche, laissant LE POLICIER perturbé par des difficultés d’assimilation qui se lisent sur son visage.

Début du générique.
DÉSIRÉ s’avance à son tour. Main gauche dressée, la hanche folâtre. Il singe de façon outrancière la gestuelle de drag-queen immortalisée par Michel Serrault dans « La Cage aux Folles ».

DÉSIRÉ
Bonjour, beau militaire ! Moi c’est Lajoie Désiré sans « e » au bout, s’il vous plaît. Au bout du prénom, bien sûr !...  J’adore votre nouvel uniforme. Qu’est-ce qu’elles sont tartes, là-dedans avec leurs éternelles grandes robes noires, pas vrai ? Vous ne trouvez pas que ça fait funéraire leur tenture rétro ? On dirait une procession de Sicilienne en deuil...  C’est d’un triste !
LE POLICIER ouvre démesurément la bouche. Il s’avachit sur sa chaise sans avoir pu prononcer un mot.


DÉSIRÉ fait voleter sa main gauche puis, pointe le doigt dans la direction prise par DJE d’un air toujours aussi maniéré. Il bat des paupières à l’excès, l’expression interrogatrice. Il rejoint DJE qui l’attend sans attendre la réponse. Un texte en lettres noires apparaît sur son fond de jean ivoire ; « Désiré Lajoie. Dit : le Martiniqueur. 38 ans. Ancien professeur de sport. Détaillant en fruits et légumes. Client de Sénéchal. Jamais condamné.».

KIKI s’avance. Sur le devant de sa chemise blanche, en pointillés couleur café au lait, s’inscrit dans le style téléscripteur (bruitage de circonstance) ; « Christian Moréno. Dit Kiki. 46 ans. De la communauté des gens du voyage. Chauffeur-livreur en primeurs. Déjà condamné à quatre mois de prison pour conduite en état d’ivresse, délit de fuite, agression et insulte à agent de la force publique».
En reconnaissant KIKI, LE POLICIER porté par la colère se lève à demi. L’air furibond il sabre l’air du bras gauche pour désigner le couloir de droite. Kiki file, apeuré.


2.    INT-JOUR / Une salle d’attente
La pièce est un couloir fermé par une porte. Le mobilier se limite à deux bancs placés en vis à vis.
Menottés deux par deux, PIERROT et DESIRE font face à KIKI et DJE. De part et d’autre des deux bancs, DES POLICIERS les encadrent.
Dans un élan d’affection, KIKI se penche pour poser sa main sur les deux mains tremblantes que PIERROT presse l’une contre l’autre entre ses genoux. UN POLICIER tente de s’interposer.

KIKI
Il a déjà fait deux crises cardiaques. T’as envie de te le trimballer dans les escaliers sur un brancard ?

KIKI accompagne son geste d’un sourire à l’intention de PIERROT, ignorant LES POLICIERS attentifs au moindres de leurs mouvements.


KIKI
Puisque je te dis qu’on va vers l’acquittement ! Arrête d’angoisser comme ça ! Ils vont même nous payer des dommages et intérêts !
PIERROT (oppressé)
Le Pape a dit qu’on serait condamnés pour couvrir la préventive…

KIKI (rayonnant d’optimisme)
Tout ce que dit le Pape c’est pas l’évangile, Pierrot ! Ce qu’il dit ça peut être vrai pour les voyous récidivistes, pas pour des gens comme nous… (Kiki se reprend, frappé par une évidence)… Je veux dire, des gens comme vous, merde ! T’as même jamais choppé une prune de ta vie pour stationnement interdit !
PIERROT
S’ils te condamnent, ça revient au même. Toi tu resteras en taule. On sera encore séparés. Et puis réfléchis, s’ils te condamnent pour un fait ils ne peuvent pas nous acquitter pour la même chose.

La logique du raisonnement douche le moral de KIKI qui en reste bouche bée. De sa main non entravée DJE lui administre une claque à la riflette sur l’occiput.

                                                               DJE
Ferme ton clapoir bordel ! Avec le nombre de mal épongés qui nous entourent, manquerait plus que tu t’étouffes avec une merguez fripée !... Si on doit encore tirer quelques mois on sera ensemble. Point barre… Et puis y’a notre bateau, merde ! Tu voudrais quand même pas les laisser couler nos rêves en le sabordant toi-même ?

KIKI se masse l’arrière du crâne, la lippe boudeuse. Son attention se concentre sur le mur, entre les têtes de PIERROT et de DÉSIRÉ. Un dessin naïf est gravé dans le plâtre : un voilier stylisé.

3.    EXT-INT-CREPUSCULE / Un yacht (vision de Kiki)
Un superbe voilier de douze mètres cingle toutes voiles dehors dans la mer des Caraïbes. En uniforme blanc d’amiral, mais les manches roulées sur les avant-bras, KIKI harangue LES POLICIERS de leur ESCORTE transformés en MATELOTS affairés à briquer le pont.
DJE tient la barre, les épaulettes de sa chemisette blanche galonnées d’or.
En grand uniforme d’officier de marine aussi, PIERROT s’entretient avec DES CROISIÉRISTES occupés à sabler le champagne sous une tente tendue entre les mats.
En smoking, œillet à la boutonnière, DÉSIRÉ fait valser UNE FEMME distinguée au bord de la pâmoison.


2.    INT-JOUR / La salle d’attente (retour)
KIKI sourit, béat, quand l’ouverture de la porte balaye son rêve.
LES QUATRE COMPARSES se lèvent, imités par LES FLICS de l’escorte.
Les genoux de PIERROT fléchissent. DÉSIRÉ a juste le temps de le rattraper par le bras pour lui éviter la chute.
DJE et KIKI réconfortent affectueusement leur camarade. Ils envoient bouler LES FLICS à la méfiance trop exacerbée.


4.    INT-JOUR / Une salle de tribunal correctionnel
KIKI se trouve confiné à l’extrême bout du banc des accusés, à la place la plus proche de la travée. Il tient ses jambes repliées sous le siège pour s’assurer un équilibre. Son regard erre sur le décor. A sa gauche, DJE, puis DÉSIRÉ, et à l’autre extrémité du banc PIERROT.
Paupières plissées, regard aigu, LE PRÉSIDENT suit la péroraison d’UN AVOCAT ventripotent, à la bouille malicieuse.
LE PROCUREUR fait de même, les lèvres distendues par un sourire narquois.


L’AVOCAT
Eh oui ! Monsieur le président. Le gang du siècle ! En guise de cartel Ch’timi de la drogue, nous nous retrouvons-là face à un quarteron de bambochards abasourdis par leur mésaventure. Certes ! Il peut paraître évident qu’en la personne de monsieur Sénéchal nous ayons affaire à un grossiste confirmé…


LE PRÉSIDENT attentif note la larme d’émotion qui roule sur la joue de PIERROT.
DÉSIRÉ tente de réconforter PIERROT en posant une main sur la sienne.
DJE stresse. Son souffle est court.
Indifférent, KIKI poursuit son petit tour d’horizon.

Ellipse

UN AUTRE AVOCAT occupe le prétoire. Une force de la nature au geste ample, barbe et chevelure foisonnantes. Il a repris le ton ironique de son confrère.

AVOCAT n°2
Pour parfaire l’aspect « gang de malfaiteurs chevronnés» un chauffeur était indispensable. Plus ! Un vecteur, devrais-je dire. Car se sont sur les épaules et le passé de monsieur Moréno que reposent toutes entières les dérives de l’enquête. Que rêver de mieux qu’un immature issu de la communauté du voyage dont les extravagances routières ont été justement réprimées par cette même cour pour délits de fuites, dont une urinaire sur le pantalon d’un planton, et outrage à la force publique ?


KIKI fronce les sourcils. L’adjectif « immature » lui déplaît visiblement. Il lorgne la robe de l’AVOCAT à l’endroit du postérieur rebondi.
DJE capte à la dérobée l’expression du visage de son voisin de banc. Pour le calmer, il effleure le bras de KIKI du bout des doigts.


AVOCAT N°2 ( suite )
Mais si l’on examine les faits avec la sérénité qui est l’apanage de cette cour, justement. Quoi de plus naturel pour les trois meilleurs amis de Moréno, dont son employeur prêt à le reconduire dans ses fonctions, qui la recueilli comme un fils, je le rappelle…


LE PRÉSIDENT enregistre la nouvelle larme d’émotion qui vient d’échapper à PIERROT, puis le soudain malaise de KIKI.




AVOCAT N° 2 ( suite )
…. quoi de plus normal, disais-je, que ces amis inséparables aillent l’attendre à la porte de la prison pour le réconforter ? Quoi de plus fraternel pour quatre copains de longue date que de se trouver réunis autour d’une table de restaurant, puis devant une bouteille de champagne, dans un club privé, afin d’oublier les affres de l’incarcération subie par l’un d’eux ? Et quoi de plus basique pour des hommes normalement constitués que de rechercher une présence féminine pour parfaire la fête ?... Que reste-t-il de ces maniaques pervers, de ces redoutables violeurs dont la presse s’est fait le chantre tapageur ?


DÉSIRÉ trompe son angoisse en se pianotant sur la cuisse. DJE fixe le pied de la barre, perdu dans ses pensées.
Dans la salle comble, noyées dans le public, QUATRE JEUNES FILLES d’une vingtaine d’années entourées de LEURS PARENTS forment des îlots séparés.
Au premier rang, mais de part et d’autre de la travée, LES DEUX BRUNES au type méditerranéen affirmé pleurent sans retenue.
Au fond de la salle, LES DEUX BLONDES, cote à cote, observent l’environnement avec un dédain égal à celui affiché par LEURS PARENTS outrés d’avoir à se commettre en ces lieux de perdition. Leur ressemblance est telle que l’on pourrait les croire jumelles.

Ellipse
LES QUATRE COMPÈRES sont serrés l’un contre l’autre. A l’entrée de LA COUR toute l’ASSEMBLEE se lève. Les plus réactifs, DJE et DÉSIRÉ, bondissent sur leurs pieds. PIERROT s’empresse à faire de même mais ses jambes le trahissent. Il retombe sur le banc. DÉSIRÉ l’aide à se lever en le saisissant par le coude.
A l’extrémité du banc KIKI a toujours les jambes repliées sous lui. L’affaissement brutal de son siège le fait béer de stupeur.
Dans sa montée vers le plafond l’autre extrémité du banc heurte durement PIERROT sous les fesses. De surprise PIERROT retombe assis.
Catapulté en position accroupie, KIKI se détend en vol en brassant l’air. Il reprend pieds sur le parquet, glisse vers la barre contre laquelle il se cogne méchamment la lèvre supérieure, puis s’accroche à celle-ci comme il le peut. Emportées par l’élan, ses jambes se dressent vers le plafond.
PRÉSIDENT médusé en tête, LA COUR reste figée par l’incident.

Ellipse

Alignés devant la barre, LES QUATRE COMPÈRES sont penauds. Surtout PIERROT dont l’équilibre précaire est assuré par les épaules de DÉSIRÉ et de DJE monté à la rescousse en se plaçant à sa gauche.
KIKI occupe l’extrême droite. Entre le pouce et l’index, il froisse nerveusement le bord de la manche de DÉSIRÉ pour se rassurer. Sa lèvre écarlate a doublé de volume.




LE PRÉSIDENT
Concernant la minorité de l’une des plaignantes, la cour fait sienne l’argumentation présentée par la défense. Un établissement classé « club privé » est astreint à un contrôle d’identité visant à refouler les mineurs d’âge. Il est raisonnablement permis de penser que...

5.    INT-NUIT / Une boite de nuit enfumée (flash-back)
NOS QUATRE PERSONNAGES visiblement éméchés dansent et flirtent avec LE QUATUOR DE JEUNES FILLES que nous venons de découvrir sur les bancs de l’assistance du tribunal.
A ce détail près que l’accoutrement et l’attitude des filles sont très différents, délurés, provocateurs.

6.    EXT-NUIT / Une rue déserte (flash-back)
Une discussion véhémente oppose LES QUATRE COUPLES devant la devanture d’un magasin de fruits et légumes. L’UNE des BRUNES, la moins typées « méditerranéen », se détache du groupe et s’éloigne sous les coups de sifflets des autres filles. PIERROT se propose pour la raccompagner en voiture, mais la BLONDE plus jeune, ANNE-LISE l’en dissuade avec énergie.
Une fenêtre s’ouvre à l’étage de la boucherie située en face du magasin de légumes. UN HOMME vociférant s’y encadre.
La fenêtre du premier étage du magasin d’en face, une boucherie-charcuterie, s’ouvre. Le buste d’un homme en marcel s’y encadre. Un visage rubicond de L’HOMME surplombant une tête de porc en stuc peint, une pomme entre les dents, est d’un comique irrésistible.

LE CHARCUTIER
C’est pas bientôt fini ce bordel dans la mechta ? Tu te crois où, l’Arbi…    Au bled ?

DJE envoie paître le malotru d’un doigt d’honneur.

KIKI
Il veut une pomme. Sois sympa, jette-lui.
LES TROIS FILLES (en cœur)
Pommes ! Des pommes ! Des pommes !

7.    INT-JOUR / Demeure de Djelloul (flash-back)
KIKI, PIERROT, DJE et DÉSIRÉ se trouvent en compagnie des TROIS JEUNES FILLES. Tous dorment là où le sommeil les a terrassés. Du groupe, seul PIERROT, assoupi dans un fauteuil, est encore totalement vêtu.
Des bouteilles vides jonchent le sol, éparses. Les cendriers débordent de mégots et de vestiges de joints. Un couteau à pain avoisine une brique de haschisch entamée.
Un rayon de soleil tire ANNE-LISE du sommeil. Elle bondit sur ses pieds et cherche son bracelet-montre. L’affolement se lit sur ses traits.
Elle réveille sa sœur d’un coup de pied dans le dos. Hystérique, elle lui brandit le cadran de sa montre sous le nez.
                                                     ANNE-LISE

            ‘Tain ! Debout, merde ! On a raté l’heure de l’exam’ !


Les hommes s’insurgent du tapage. ANNE-LISE les envoie paître d’un doigt d’honneur.

4.    INT-JOUR / La salle du tribunal (retour)
LE PRÉSIDENT
…la Cour prononce donc la relaxe pour les chefs d’inculpation de détournement de mineure et d’attentat à la pudeur sur mineure de dix-huit ans. Concernant l’accusation de viol collectif, l’aveu tardif des deux plaignantes ne les exonère pas…

DJE et DÉSIRÉ resserrent les rangs pour parer à la défaillance imminente de PIERROT.
KIKI lâche la manche de DJE. Un sourire égaille son visage. L’appréhension vient de le quitter.

LE PRÉSIDENT
… il reste inadmissible que des personnes ayant l’âge et de l’expérience des prévenus se soient livrées à leur consommation en compagnie d’adolescentes. En l’occurrence, la Cour prononce une peine d’un an d’emprisonnement assortie de sursis pour les deux tiers, et d’une amende solidaire de…

Privé de l’usage de ses jambes, PIERROT s’effondre, rattrapé in-extremis par DÉSIRÉ et DJE.

LE PRÉSIDENT stope d’un geste de la main LES DEUX POLICIERS qui se précipitent.   

Estomaqué, KIKI a cessé de sourire. Sa mâchoire inférieure pend au point de se décrocher de stupeur.

LE PRÉSIDENT
En espérant, messieurs, que la clémence de la Cour vous incitera désormais à choisir vos partenaires de sortie avec plus de discernement.

DJE relève vivement la tête et foudroie LE PRÉSIDENT du regard.
Toujours béant, KIKI fixe une tâche sur le mur au-dessus de la tête du président.

8.    EXT-Crépuscule / Mer des Caraïbes (vision de Kiki)
La chanson « Il était un petit navire » accompagne la scène, mais sur un tempo lugubre, funèbre.
Le superbe voilier de KIKI se trouve encalminé au milieu de la mer sous un magnifique soleil couchant.
Les mats sont brisés au ras du pont, les voiles flottent dans l’eau, et LES QUATRE AMIS désœuvrés sont assis sur la lisse de plat bord, les jambes pendant dans le vide, le regard apathique.
Fin du générique

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#10 27/05/2025 08:28:08

Rhum1
Pousse Crayon
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Messages : 180

Re : synopsis d'histoires de l'ombre

Salut,
j'ai lu dans mes mails que tu m'as envoyé un message mais je ne sais pas où le lire sur le forum.
Je n'ai pas de temps cette semaine.
Je regarde cela plus tard.

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#11 27/05/2025 09:00:17

michel houdart
Chiure de gomme
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Messages : 14

Re : synopsis d'histoires de l'ombre

Pas de souci.

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#12 27/05/2025 10:27:36

stefrex
BDA
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Messages : 1 415
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Re : synopsis d'histoires de l'ombre

Hello 
« Je ne suis malheureusement tombé que sur des aigrefins ou des rêveurs »
J’ai bien peur que dans le monde de la bd cela se reproduise…non???….Et dans le monde de la bd amateur tu vas tomber sur des rêveurs comme moi mdr…

En tout cas ce début d histoire est de qualité! Il te « reste » à trouver un dessinateur de haut vol qui te fasse 3 planches et ensuite tu montes un dossier d’éditeur qui a peu de chance d être pris au sérieux puisque tu es novice… Bref je ne suis pas très optimiste… (on verra si mon message trouvera écho ou au contraire des contradicteurs avec des exemple à l'appuie me prouveront que j’ai tord ;-) on verra…)

Sinon tu as la solution de l’auto édition, c’est un autre façon de faire mais il faut une maîtrise ou/et l’omniprésence des réseaux sociaux… beau challenge pour toi ;-)

Dans tous les cas je suis curieux de voir ce que post deviendra et de voir si ton va projet prend forme… Tu as mon soutien moral à défaut d’autre chose …bon courage!

Ps c’est mieux avec le format pdf lol

Dernière modification par stefrex (27/05/2025 10:28:45)


La tête en l'air des crayons dans les mains...

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#13 27/05/2025 11:44:36

michel houdart
Chiure de gomme
Lieu : France. 59
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Messages : 14

Re : synopsis d'histoires de l'ombre

Merci pour ces encouragements. Je suis peut-être aussi un rêveur, mais je dorlote avec soin un petit fond de cartésianisme; tous ceux qui ont réussi ont dû commencer par y croire...  et aucun maître n'est arrivé au sommet de son art sans passer par la case "débutant"...  comme quoi on peut être rêveur et rester lucide 

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