#1 10/10/2014 04:58:49

Leussain
Pousse Crayon
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Tu aimes les films avec des cow-boys ?

Cet énoncé pour faire écho à la célèbre réplique de Peter Graves. Y aurait-il quelqu'un, accessoirement fervent amateur de westerns spaghettis, qui voudrait dessiner une BD se déroulant dans l'ouest sauvage amerloque de 1850 ? Le style recherché est réaliste ou semi-réaliste, et pourquoi pas manga. Il faudrait quelqu'un aimant faire "poser" ses personnages, si vous voyez ce dont au sujet duquel je cause. L'inspiration principale provient des films de Sergio Léone, ainsi que ceux de Tarantino (et pas seulement Django).

Je vous brosse vite teuf le début de l'intrigue, sans m'embarrasser du style. C'est juste pour vous donner une idée du ton. Désolé si c'est assez long...

Scènes banales de la vie quotidienne d'une petite famille isolée dans la campagne du Nouveau Mexique. La mère qui tend son linge sous le vent, papa qui coupe du bois en prévision de l'hiver. Un peu plus loin, deux gamins blondinets jouent ensemble ; le frère et la s?ur, âgés d'environ huit ans.
   Le gamin s'approche d'un serpent alors que sa s?ur le regarde faire les yeux écarquillés. Le gamin dit : "Ils le sentent, si on a peur. Ils sentent la sueur. Faut pas hésiter, sinon ça les excite et ils mordent." Et il attrape le serpent à mains nues. La gamine : "Pfff, il doit pas être venimeux, sinon tu l'aurais pas attrapé comme ça". Le gamin : "Tu veux vraiment le savoir ?" Et il court en brandissant le serpent après sa s?ur qui hurle.
   Le gamin s'arrête. Trois silhouettes de cavaliers viennent d'apparaître dans le paysage du désert du nouveau Mexique. Le gamin balance le serpent et dit à sa s?ur, qui s'est figée elle aussi : "Ils viennent par ici. Faut prévenir papa."
   Ils se mettent à courir en direction de la petite maison qui se découpe sur le ciel sans nuages. En arrivant devant chez eux, les gamins crient : "Papa, papa, il y a des gens qui arrivent. Trois cavaliers."
   L'homme se redresse et regarde dans la direction que ses enfants désignent. Son expression se décompose. "Rentrez à l'intérieur, votre mère vous attend pour déjeuner. Je vous rejoindrai quand je saurai ce qu'ils veulent."
   Les gamins obtempèrent en se chamaillant.
   Les trois cavaliers arrivent devant la petite maison. Sans descendre de leur cheval. "Ca fait bizarre de te voir rasé de près", dit un des cavaliers.
"Ca fait bizarre de le voir sans un flingue", dit un autre.
"Est-ce qu'il y aurait pas quelque chose à manger pour trois vieux amis, par ici ?" dit le troisième.
   Le père : "Je ne vois pas de vieux amis."
   "Alors considère que tu dois remplir ton devoir d'hospitalité. C'est bien dans la bible, ça, qu'on doit aider son prochain ? Surtout quand son prochain a un flingue."
   Le père se lave les mains dans un seau sur le bord du puits. "Venez. Il doit y avoir quelques restes."
   Les trois individus attachent leurs chevaux et suivent le père. Dans la maison, les deux gamins mangent leurs haricots (dans un western, on mange toujours des haricots), tandis que la mère est debout et surveillait manifestement ce qui se tramait dehors. Les trois étrangers saluent : "B'jour m'dame."
   "Charmante ta femme, Christopher. Et tu nous as fait de belles petites gueule d'ange, dis-moi, t'as pas perdu de temps."
   Pendant que les trois cavaliers mangent, avec les enfants attablés à la même table, la mère sert tout le monde.
   Un des cavaliers, qui s'appelle John Warlord comme on le verra plus tard : "Christopher vous a dit, m'dame, ce qu'il faisait avant d'élever du bétail ?"
   "Oui", répond la femme.
   "Bien sûr qu'il vous l'a dit. Un homme peut pas garder secret ce genre de chose avec sa femme. Et à tes enfants, Chris, tu leur as dit ?"
   Comme le père ne répond pas : "Alors les mouflets, papa vous a dit que son vrai nom c'est pas Christopher Peace, mais Christopher Conquest ? Le vôtre aussi, du coup, c'est Conquest."
   La gamine dit : "Papa nous a jamais parlé de lui quand il était jeune. Il aime pas qu'on lui pose des questions là-dessus."
   John Warlord : "Ca c'est pas étonnant. Tu nous as tous surpris, Christopher, quand tu as trouvé Dieu -- ou Dieu t'as trouvé, je sais pas trop -- et que t'as décidé de partir en piquant notre fric. Pas seulement ta part ; tout notre foutu fric jusqu'au dernier dollar. Dites les enfants, vous savez que papa est un sacré bon tireur ? Est-ce qu'il vous a appris ?"
   Le gamin : "Non. Il veut pas qu'on touche une arme."
   John Warlord : "Ca c'est dommage, parce qu'une arme, c'est plus utile qu'une bible dans ce pays."
  "Encore...", fait un des autres cavaliers, qui se nomme Henry Plague. "Rien qui se boit, dans cette bicoque ?"
   "De l'eau du puits", réponds la femme.
   "Foutus cul-bénits, savent pas ce qu'est bon." Et il crache sur le sol.
   "On a du rhum", dit le père. Il se lève et va chercher une jarre, qu'il ramène. Il la pose sur la table, fait sauter le gros bouchon de liège. Plusieurs cases pour suggérer le calme avant la tempête, puis le père plonge la main dans la jarre et en retire vivement un revolver. Mais John Warlord a déjà dégainé le sien et tire dans sa main. Un autre des cavaliers, Blacky Hunger, a mis son revolver sur la tempe de la petite, tandis que Henry Plague fait s'asseoir sur ses genoux la mère et commence à lui caresser les seins. 
   "T'as toujours été un tout petit peu moins rapide que moi, dit John Warlord. Pas de grand chose, mais ça suffit pour perdre un duel."
   Extérieur. Dans le ciel tournoient des vautours. Je passe en version abrégée parce qu'il est quatre heures du mat et que vous en avez assez de lire ça.
   En gros, les trois méchants bonhommes obligent le gamin à dégommer à six mètres de distance les verres que les autres membres de sa famille, ligotés, ont sur la tête. Le père supplie ses anciens complices de laisser le gamin commencer par lui. Pour qu'il se fasse la main. "Je parie que c'est maintenant que tu regrettes de pas l'avoir entrainé à tirer, pas vrai ?" fait John Warlord.
   Après avoir plombé son père au bras, le gamin lui en colle une au milieu du front. Scène déchirante qu'on imagine, avec des larmes et tout le tintouin. "Il s'en est fallu de quoi ? Une paume de main ?" fait Henry Plague, hilare.
   C'est au tour de la petite s?ur d'être visée par son frère. Une première balle lui déchiquète l'oreille gauche, mais la petite ne bronche pas. Au contraire, elle engueule son frère, dont le bras tremble toujours autant. La prochaine balle est la bonne, et le verre vole en éclats. La fillette est sauve. Reste la mère. Là encore, la balle pulvérise le verre qui était sur la terre.
   "T'es bien le fils de Christopher Conquest, dit John Warlord. Y a encore quelques ajustements à faire, mais tu pourrais devenir une fine gâchette. Tu sais quoi, petit ? T'as qu'à garder le flingue. Et si un jour tu sais assez bien t'en servir, et que t'as pas peur de mourir, viens me trouver."
   Les cavaliers remontent sur leurs chevaux et tournent les sabots en direction du soleil couchant. Le gamin lève le revolver, visant leurs silhouettes qui s'éloignent, la figure baignée de larmes.
   "Non ! Zacharie, ne tire pas !" Une case pleine page avec la silhouette du gamin, tête baissée, revolver baissé.
   Dix ans plus tard. Trois ou quatre bandits attaquent une diligence. Ils tuent le conducteur et obligent les chevaux à s'arrêter. Alors que l'un d'eux passe la tête par la lucarne, le canon d'un revolver vient s'appuyer contre son front. Une balle le fait voler en arrière, et comme c'est pas un nerf qui a tiré, le gars est mort. La porte s'ouvre à toute volée et ce qui semble être un jeune homme en sort. Le flingue qu'il tient est celui qu'a donné John Warlord au gamin dix ans plus tôt. Le jeune homme fait le signe de quatre avec sa main gauche : "Quatre fois. Quatre aller-retour jusqu'à Albuquerque avant que vous vous décidiez à attaquer cette foutue diligence. Heureusement, rien que la prime sur celui-là mort couvre les dépenses."
   Il se coince un cigarillo entre les lèvres et l'allume d'une seule main. "Première option : vous pensez que vous êtes plus nombreux et plus rapides que moi, et vous tentez votre chance en essayant de m'abattre. Seconde option : Vous lâchez gentiment vos flingues, et on va tous faire une visite de courtoisie chez le marshall. Ce serait dommage de priver des braves gens d'une pendaison."
   "Putain, mais t'es... Va te faire foutre !" répondent les bandits et ils mettent en joue. Le jeune homme les liquide de trois balles bien placées. "Ils choisissent tous la première option.
   Après que l'inconnu se soit fait payer les primes pour les bandits qu'il a farci, il retourne dans la maison que l'on a vu au début. Sa mère est assise sur un vieux rocking-chair, le regard vide. Une vieille noire est en train de lui lire une histoire.
   "Comment va t-elle ces jours-ci, Pam ?" fait le chasseur de prime.
   "Toujours pas bavarde. Tu lui manques. Elle peut pas le dire, mais tu lui manques, je le sais."
   "J'ai quelque chose à faire, ensuite je reviendrai m'occuper d'elle."   
Le chasseur de prime s'agenouille auprès de sa mère : "Maman, ça y est, je crois que ça y est, je suis à la hauteur. Je vais te laisser quelques jours avec Pamela."
   La mère, la femme que l'on a vu au début mais avec dix ans de plus, a sans doute été frappée d'une attaque cérébrale et ne répond rien.
   Le jeune homme fait quelques pas. Un peu à l'écart de la maison, il y a deux tombes avec des croix érigées. Le chasseur de prime se recueille devant elles.
   Le reste de l'histoire décrit la vengeance de de ce chasseur de prime que l'on croit être le jeune garçon du début, et qui va chercher à tuer les trois anciens complices de son père. Je conçois cette BD comme un scénario de film de deux heures passé à la moulinette du média BD. J'attache une importance spéciale aux dialogues et au découpage, ainsi qu'au cadrage, mais le dessinateur devra être capable de gérer ces deux derniers aspects seul, car je n'ai pas le temps de m'en occuper, étant déjà trop pris par l'écriture.


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#2 10/10/2014 09:31:28

doghead
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Re : Tu aimes les films avec des cow-boys ?

Tout Lu \o/, sympa comme histoire, trés Western spaghetti, il ne manque plus que Clint du boisdelest pour compléter le tableau.

En revanche, qu'est ce que tu propose au dessinateur, je veux dire pour faire le travail, y'a un story board avec un decoupage préalable ? Je travaille assez souvent avec un ecrivain, notre sujet de dispute régulier c'est la charge de travail et la répartition, généralement nos discutions  ressemblent a ça :
- Ecrivaillon :  Gros chien, t'as avancé la BD ?
- Dessineux : Non, tu m'as envoyé que des textes, y'en a une demi page et on dirait un brouillon !
- Ecrivaillon : Et Alors ? Qu'est ce que tu veux de plus ?
- Dessineux : Ben la mise en scène, la narration, les cases et les bulles pardi ! C'est ton histoire, je me rend compte que pour raconter ta demi page il me faudrait 5 pages de BD ...
- Ecrivaillon : Ah mais vois tu je comptais voir ton travail pour te donner les corrections et tout te faire changer ! Et puis c'est pas toi le créatif ?
- Dessineux : Ah Ouais ? Tu veux que je dessine un mois entier, juste pour voir si c'est possible d'envisager ? Alors que toi t'as passé une demi journée a pondre ton texte ? Va te faire foutre, tiens rien que pour te faire chier je m'approprie l'idée et je change les dialogues !
- Nooooon ! Ne massacre pas mes dialogues ! T'es trop nul et on perd le sens aprés !

Tu as compris l'idée, ça dégénére vite et notre BD est en attente du coup, car personne veut s'occuper de la partie du travail "invisible", le découpage et le cadrage.
Comparativement, l'auteur qui a présenté la BD "Sous ma peau" a fait un travail formidable en amont, en présentant un story board complet, un découpage préalable, et avec des recherches graphiques en prime, Le dessinateur n'a plus qu'a se placer la dessus et dessiner, Zero neurones d'utilisés pour la conception, uniquement pour le rendu.
Ceci dit, ça n'engage que moi, il y a sûrement des auteurs qui aimeraient s'occuper de cette partie, moi je ne le fait que pour mes projet et mes BD, car c'est un travail de réfléxion intense et trés personnel que je veux pas "donner" pour un projet extérieur.
Et d'avoir ce story board, ça donne une garantie de l'implication de l'auteur par rapport a son idée.

Sinon au sujet de l'histoire, les quatre cavaliers de l'apocalypse sur fond de western ça peut marcher, on se dirige plus vers un truc a la constantine non ? Moi ce que j'aime dans les vieux western c'est qu'ils restent des hommes, habités par la rage et la vengeance, et dans le contexte d'une critique sociale sévére ( le jugement des autres, le peu de tolérance et la justice impitoyable dispensée d'un canon de revolver ), le héro doit se battre contre l'ordre établi, souvent perverti, pour faire triompher sa morale personnelle ( qui est souvent immorale, mais que le spectateur approuve : Vazy prend le fric et bute les tous ! Tous des salauds ! ).

Donc voila, pas mal de questions sur cette idée qui est intéressante.


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#3 10/10/2014 14:27:16

Leussain
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Re : Tu aimes les films avec des cow-boys ?

Salut gros chien. Non, pas de fantastique dans cette histoire, mais j'aime bien passer des petits clin d'?ils de ce genre à ceux qui pourraient les relever, comme j'aime bien glisser de petits hommages à 'tallica chaque fois que je le peux.

Pour le partage des tâches, je peux faire un découpage précis et éventuellement un storyboard dégueulasse. L'avantage, c'est que ce qui ne me prendra qu'une ou deux heures prendra une semaine ou un mois au dessinateur à concrétiser. Je ne tiens pas forcément à mettre cette histoire en couleurs, principalement parce que ce que je trouve frustrant dans la BD, c'est la lenteur avec laquelle on avance dans sa réalisation.

Tu as compris qui était le chasseur de prime ?


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#4 10/10/2014 16:31:07

doghead
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Re : Tu aimes les films avec des cow-boys ?

Non, j'ai pas trouvé, y'a bien deux tombes ou le jeune homme va se recueillir, mais j'ai pas trouvé les indices pour savoir qui c'est tongue

Sinon c'est rassurant de savoir que t'es prét a mettre les mains dans le camboui, pareil j'aime bien la dimension juste humaine du récit, sans artifices fantastiques. je verrai bien un style graphique à la "Blutch", ou à la Walking dead pour un peu plus de finesse à la rigueur, mais le style de Blutch se préte spécialement bien au genre western je trouve.

Sinon avant que tu demande si je peux participer, pas pour l'instant pour moi, trop de travail en cours et j'essaye de sortir de mon tunnel avant de me rendre a nouveau dispo.


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#5 11/10/2014 01:03:22

Leussain
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Re : Tu aimes les films avec des cow-boys ?

Je déflore ce qu'on apprend vers la moitié de l'intrigue : le gamin s'est pendu quelques années après, rongé par le remords, et c'est sa s?ur grimée en mec qui va se charger de venger tout ce petit monde.

Pour Blutch, je ne crois pas qu'un style semblable fasse l'affaire. Par contre, si je trouve un dessinateur capable d'offrir un rendu pareil à Walking Dead, je l'enlève, je le séquestre et je l'oblige à bosser pour moi.


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#6 11/10/2014 09:13:19

doghead
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Re : Tu aimes les films avec des cow-boys ?

Hehe, je vois, j'avais loupé la vieille black "Pam", c'était pas la soeur avec qui il/elle parlait big_smile

Dommage pour blutch, j'adore ses histoires type western, mais je reconnais que c'est plus du comique tongue

En attendant de trouver un dessineux, ce serait sympa de voir l'élaboration d'un story board, genre les 10 premiéres planches en gribouillage rapide, histoire le placer les scénes et les dialogues, si tu veux je donnerai un coup de main là dessus, je suis sur ce genre de travail en ce moment tongue

Et sinon déja mort le petit ? Dommage il avait un potentiel de rage et de frustration assez prononcé, je l'aurai bien vu finir prétre névrosé ou un truc dans le genre.

Dernière modification par doghead (11/10/2014 09:15:25)


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#7 11/10/2014 12:56:49

monsieur K
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Re : Tu aimes les films avec des cow-boys ?

C'est tentant de faire un western à la Leone rehaussé du modernisme de Tarantino. Dommage moi aussi c'est trop de trucs sur le feu.
Par contre si tu veux faire l'équivalent de 2h de film, ça fait environ 120 pages "normales" de BD. Un sacré travail !

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