#1 02/04/2003 16:50:08

Le-Saint
Invité

Projet Heroic Fantasy , Un Dessinateur ?

J'ai une histoire d'heroic fantasy qui ne demande qu'une main experte pour prendre vie . Appel à la contribution , voici les deux premiers chapitres et demi (désolé pour ceux que la lecture sur un écran rebute) ; je developperai la suite de l'histoire par mail si ça branche une bonne âme .

#2 02/04/2003 16:51:58

Le-Saint
Invité

Re : Projet Heroic Fantasy , Un Dessinateur ?

Prologue

   Ténèbres, silence et froid ; c'est par ces trois mots que l'on peut résumer Den Radj. Depuis la création, jamais les rayons du soleil n'ont pénétrés jusqu'en cet endroit profondément enfoncé dans les entrailles de la terre et depuis près d'un millénaire, nulle torche, nulle flamme, nulle lanterne n'a plus baignée de sa faible et dérisoire lueur les murs de gypse de l'immense caverne. Depuis autant de temps, nul autre son que ceux que produisent les concrétions qui se détachent parfois de la voûte et s'écrasent sur le sol ne vient troubler sa quiétude. Six cent pieds plus haut, un hiver rigoureux a gelé le sol et recouvert toutes choses d'une pellicule de glace, mais à l'intérieur de cette caverne aux dimensions incroyables, si démesurées qu'une dizaine de cathédrales y tiendraient toutes entières, le froid règne sans partage toute l'année, sans l'influence des saisons, du jour ou de la nuit. Pourtant, malgré l'inhospitalité de telles conditions, la vie s'accroche obstinément. Totalement coupé du monde de la surface et vivant en autarcie, grouille un ensemble hétéroclite d'espèces animales et végétales. Deux variétés de lichen s'accrochent aux parois, l'une couleur de rouille, l'autre kaki, desquelles se nourrissent de petites blattes pas plus grandes qu'un ongle, qui constituent le régime principal d'urodèles, des salamandres à la robe diaphane. Quelques autres espèces, dont un mille-pattes et une araignée aux pattes aussi fines et longues que son corps est minuscule, cohabitent dans le biotope relativement réduit de la cavité naturelle. Toutes sont endémiques à Den Radj et aveugles depuis des milliers de générations.
   La raison pour laquelle ce nom, "Den Radj", fut donné à ce lieu sous terrain à l'écart de tout, est évidente pour qui sait ce qu'il signifie dans la langue morte : littéralement "utérus du monde". Ce nom lui sied d'autant plus qu'en son sein se développe quelque chose. Quelque chose de redoutable et redouté, un cauchemar ancestral qui n'est pas de ce monde.
   Lorsqu'une des innombrables petites créatures qui évoluent sur la voûte lépreuse de la caverne vient à en tomber, elle échoue fatalement cent pieds plus bas sur l'énorme masse informe qui tapisse aux trois-quarts le sol. Aussitôt, les sucs visqueux du mucus qui la recouvre entreprennent leur sinistre travail de décomposition. Les matières organiques ainsi récoltées sont transformées ; elles deviennent chairs, chitine, cartilages et organes. C'est par ce biais que depuis des siècles est en marche un long et lent processus de résurrection.
   Soudain, un coup sourd et puissant résonne à l'intérieur de la caverne. Le bruit, qui a mis en ébullition toute la faune du microcosme, se répercute longuement sur les parois. Le silence retombe à peine que cette fois c'est un véritable coup de tonnerre qui retentit, comme si quelqu'un frappait de toutes ses forces avec une masse sur un gros rocher. La forme hideuse s'ébranle brusquement, agitée de spasmes, tandis que les coups sourds se succèdent de plus en plus rapidement. Les convulsions s'apaisent progressivement, et au bout de quelques minutes le centre du corps massif de la créature se dilate et se contracte à intervalles réguliers. Un courant d'air putride, rance et écoeurant, circule désormais à l'intérieur de Den Radj et de la multitude de galeries qui en convergent.
   Après un millénaire de mort, ou plus exactement de non-existence, la chose tapie dans les entrailles de la terre comme une mygale dans son repaire a de nouveau été investie par la vie. Dans l'immédiat, il lui faut récupérer d'une résurrection éprouvante, dormir d'un sommeil réparateur, mais lorsqu'elle s'éveillera pourra s'achever dans le sang une tragédie entamée en des temps lointains.

#3 02/04/2003 16:54:01

Le-Saint
Invité

Re : Projet Heroic Fantasy , Un Dessinateur ?

1

   La neige descend doucement sur un paysage de craie par une nuit sans lunes. Elle tombe sans discontinuer depuis la tombée de la nuit, recouvrant toutes choses de son linceul blanc. Phare de lumière, oasis de chaleur, un feu bien nourri niché au milieu de formations rocheuses transperce la chape de ténèbres et de froid. Des étincelles s'élèvent en crépitant dans les airs et croisent les flocons virevoltants.
   Invisibles et silencieux, deux êtres rôdent à quelques distances. Ce ne sont pas des humains. Bien que possédant de nombreuses similitudes physiques avec ceux-ci, le premier coup d'£il à leur anatomie révèlerait qu'ils en sont aussi éloignés que le loup du chat de gouttière. Leurs mâchoires garnie chacune de deux rangées de dents acérées, leurs mains aussi longues que les avant-bras et terminées par des griffes, leur peau dépourvue de toute pilosité et pigmentation, leur corps voûté évoquant celui d'un vieillard arthritique, et surtout leurs petits yeux morts rouges comme des braises, interdisent toute méprise sur leur appartenance. Les habitants des Terres de Cendres ont jadis donnés à cette engeance le nom de démons.
   Ils progressent avec circonspection, en veillant à ce que la couche de poudreuse qui craque sous les pas ne trahisse leur présence. Ils sont tout entiers tendus vers leur objectif ; l'intégralité de leurs sens affûtés est mobilisée par la chasse. C'est le fumet délicat et irrésistible de l'humain qui les a conduits jusqu'ici. Un filet de bave à la commissure des lèvres, les deux créatures anticipent le festin qui les attend. Une faim ardente leur vrille l'estomac, les dévore de l'intérieur. Leur dernière pitance remonte à trois jours ; la charogne pourrissante d'un cerf à moitié dévoré par des loups.
   Les démons ne sont plus qu'à un jet de pierre du feu de camp qui irradie de chaleur, et plus ils s'en rapprochent, plus l'éclat des flammes leur est un supplice, et si un odorat aussi performant que celui du plus fin des limiers est capable de leur apprendre qu'un humain mâle se tient prés du feu abhorré, une vision spécifiquement nyctalope est en revanche incapable de leur fournir le moindre renseignement à son sujet. Les paupières closes, guidé uniquement par son ou´e, le démon le plus près s'apprête à se jeter sur sa proie lorsqu'il perçoit un froissement et la neige qui se tasse. Par réflexe, malgré la lumière insoutenable du brasier, il ouvre les yeux.   
   Sous l'emprise d'une terreur indicible, il voit devant lui s'ériger une ombre gigantesque, une véritable montagne de chair et de muscles qui le toise de toute sa hauteur. La vessie du démon abdique et un jet chaud d'urine creuse un trou profond dans la neige. Se décidant enfin à réagir, il plonge ses griffes en direction de la gorge de l'humain mais il trop tard. Ce dernier, plus rapide, saisit les poignets décharnés avec un seul de ses énormes battoirs. De l'autre, il saisit le cou de la créature hurlante et d'un mouvement expert, lui brise la nuque. Le corps désarticulé du démon s'effondre à ses pieds, déjà en train de refroidir.
   Son compagnon désemparé comprend immédiatement que les rôles viennent d'être inversés en l'espace d'une seconde ; les prédateurs redoutables sont devenus du menu gibier et cet humain pas comme les autres ne le laissera pas partir d'ici. Il fuit. Il fuit comme si une armée d'humain le poursuivait, avec toute l'énergie dont il est possible de disposer après trois jours de diète forcée. Son cerveau d'animal paniqué redoute qu'en quelques enjambées, celui qui a tué son frère démon ne le rejoigne et lui fasse subir le même sort. Lorsqu'il se retourne brièvement pour vérifier ses craintes, l'humain n'a pas bougé d'un pouce, impassible. Ses yeux sont deux creux d'ombres, des puits sans fond braqués sur lui. A coté de l'homme est enfoncé dans la terre gelée quelque chose que le démon n'avait pas remarqué jusqu'ici et qui augmente encore sa terreur. Il reconnaît un de ses objets tranchants que les humains utilisent parfois pour se défendre, mais cette arme ci dépasse en taille toutes celles qu'il a pu croiser jusqu'à maintenant. L'épée se fondrait dans le manteau neigeux tant sa blancheur est immaculée, si ne dansaient sur sa lame les reflets ambrés des flammes.
   Un instant, un regain d'espoir assaillit le démon, en constatant que l'humain ne semble pas avoir l'intention de lui donner la chasse, mais la dernière chose qu'il voit en faisant volte-face pour reprendre sa course éperdue est une grosse patte velue armée de longues griffes incurvées qui déchiquette violemment son abdomen.
   Juste avant de s'éteindre, l'esprit primitif de la créature saisit que l'ours qui plonge le museau dans ses viscères fumantes pour s'en repaître a été assez rusé pour l'attaquer en restant en aval du vent et le contourner et lui dissimuler ainsi son odeur. L'animal lève sa large tête de son repas un court instant et fixe de ses petits yeux noirs l'homme resté prés du feu. Ils semblent échanger des mots silencieux, une reconnaissance tacite l'un envers l'autre. Puis l'humain se penche sur le corps du démon qu'il a tué et dont le cou forme un angle grotesque, et aussi facilement et avec autant de désinvolture qu'on se sert d'une cuisse de poulet, arrache le bras gauche de la créature. Le sang qui en dégoutte est poisseux et noir.
   L'homme plante le membre à l'extrémité d'une branche de chêne taillée en biseau et le place au-dessus des flammes. Une odeur infecte de chair grillée mêlée de souffre se répand dans l'air rapidement, tandis que s'asseyant sur une vieille souche le colosse s'apprête à dîner. Démon au menu.

#4 02/04/2003 16:55:43

Le-Saint
Invité

Re : Projet Heroic Fantasy , Un Dessinateur ?

2

   Perchée sur les toits du château d'Esgrange, une silhouette accroupie se découpe sur le disque pâle de Rhiûmsun, la plus grosse des trois lunes à voyager dans les cieux. Il attend, subissant sans broncher les assauts cinglants du Sihume, le vent glacial hivernal qui souffle du sud. Il ne ressemble à aucune autre créature peuplant les Terres de Cendres. Ce n'est pas tout à fait un humain, ce n'est pas complètement un démon, et pourtant il est les deux à la fois. Une chose est sûre; intégralement il est dévoré par la haine, une haine sourde et aveugle, qui possède chaque cellule de son être et l'a amenée jusqu'en cet endroit.
   Plus exactement elle y a contribuée. Il voit serpenter à travers les collines, aussi nettement que s'il avait été physiquement tracé, le chemin qui a été placé en surimpression devant son regard. Et toujours sans relâche, en bruit de fond, les bourdonnements martèlent incessamment contre ses tympans, probablement directement contre son esprit, l'exhortant sans cesse à se presser, à exécuter leurs volontés. Il s'ébroue, comme si cela pouvait les faire taire. Peine perdue, mais il parvient à les ignorer comme il a appris à la faire. L'étape par le château d'Esgrange est nécessaire à la poursuite de son projet ; en ses murs se trouve quelque chose qui lui sera d'une utilité vitale et c'est de son propre chef qu'il s'y est rendu.
   Les lumières s'éteignent unes à unes aux fenêtres, les volets se closent et tous signes d'activité cessent. Esgrange dort sur ses deux oreilles. Il repère plusieurs fenêtres restées entrouvertes. "Sots d'humains, si persuadés d'être en sécurité dans leurs demeures de pierreà fragiles illusions" se dit-il en esquissant une grimace de mépris. Il patiente encore une heure pour plus de sûreté, puis se faufile jusqu'à un encorbellement, veille à s'assurer que l'occupant de la pièce dort effectivement, défait le taquet qui maintient les deux battants entrouverts, puis se glisse avec l'agilité d'un félin dans la pièce. Le vent agite les rideaux de soie  comme des spectres furieux. L'intrus plaque une main sur la bouche de la femme qui est allongée endormie sur le lit, et avant même qu'elle réalise avoir quitter un cauchemar sans danger pour un autre bien réel, il l'égorge proprement d'un claquement sec de mâchoires.
   Après avoir ouvert la porte mal huilée avec précaution, il jette un oeil dans le couloir aux lanternes éteintes. Personne. Il s'y engage et évolue avec furtivité dans les méandres du château, se déplaçant avec l'aisance des démons dans leur élément naturel, les ténèbres.
   Enfin, il découvre l'objet de sa présence en ces lieux. Il le trouve dans la grand-salle, vulgairement accroché au mur, parmi les sculptures, ferronneries, et tapisseries sans intérêts, encombrantes et inutiles. Il a devant lui une arme, une hache de guerre, qui parait être portée à incandescence par l'éclairage cru des lunes qui filtre à travers la verrière. Bien qu'étant analphabète, l'intrus devine que sur la plaque placée au dessous est inscrit le nom que le créateur de la hache lui a choisi : Châtiment. Avec une solennité qu'il ne se connaissait pas, l'être de la nuit décroche l'arme étincelante et la soupèse. Elle est lourde, excessivement, plus qu'elle ne le serait en étant de l'acier de la meilleure qualité. Mais elle est aussi bien plus solide. Infiniment plus.
   Il enrage de constater qu'une arme de cet acabit, à la réalisation parfaite, prend la poussière ici, qu'aucune main de guerrier ne la manie plus depuis longtemps. S'il avait possédé quelques notions de morale, il aurait appelé cela un sacrilège. Lui a bien l'intention d'employer ses formidables capacités à occire. Il y a trop de siècles que Châtiment n'a pas connue de champs de bataille, n'a plus labourée les chairs, n'a plus versée de flots de sang. Il ne s'est jamais servi d'armes de toute sa misérable vie mais avec celle-ci entre les mains, il se sent plus dangereux qu'il ne l'a jamais été. Aucun humain, aucun être en ce monde, ne pourra l'empêcher de mener son entreprise à bien.
   Galvanisé par cette prise de conscience, la mystérieuse créature pousse un hurlement inhumain, puissant, qui tire simultanément de leur sommeil tous les résidents du château. Lorsque les premiers  parviennent hébétés dans la grand-salle, agitant des fourches et des rapières comme un enfant un hochet, l'être brandit Châtiment au dessus de lui et c'est un rire de dément tout à fait humain qui monte de sa gorge déployée.
   Cette nuit là, châtelains et domestiques crièrent et supplièrent à l'unisson. Tous moururent sur un pied d'égalité.

#5 02/04/2003 16:58:08

Le-Saint
Invité

Re : Projet Heroic Fantasy , Un Dessinateur ?

3

   Depuis les premières lueurs de l'aube, Iorain Kennpickel et ses trois compagnons de beuverie sont accoudés au comptoir de la seule taverne du petit village de Trimfle. Ils s'y alcoolisent méthodiquement, avec application, vidant et remplissant les gobelets à une cadence infernale. Un des soiffards est déjà affalé sur une table, en train de cuver le mauvais tord-boyaux qu'on sert ici. Il émet de temps à autre des borborygmes incompréhensibles qui font rire aux éclats ses camarades.
   -Et moi je vous dis qu'elle écarterait les cuisses pour n'importe quel soudard, clame Kaveric Sif. C'est pas pour l'un d'entre nous qu'elle irait les ouvrir, cette catin!
   Tout le monde acquiesce. Il est en effet de notoriété publique que la veuve Profiosa aime à noyer le chagrin du deuil dans les bras des soldats royaux qui font halte parfois à Trimfle.
   Iorain pose la main sur l'épaule de Kaveric et avec un sourire jusqu'aux oreilles, dit :
   -C'est pas le cas de ta femme, pas vrai?
   Kaveric pose son verre violemment sur le plat du comptoir, faisant taire les conversations. Le vin cuit qu'il contient se répand sur le comptoir en hêtre.
   -Qu'est ce que tu racontes? Maà ma femme ne m'a jamais trompée et je tuerais de mes propres mains celui qui osera prétendre le contraire.
   Iorain lève les mains en signe d'assentiment.
   -Je plaisantais mon vieux, évidemment que ta femme est fidèle, sinon tu serais le premier à être au courant, non ?!
   L'idée d'être cocu à déjà fait son chemin dans l'esprit de Kaveric et dés son retour chez lui, il ira demander à son épouse, les poings serrés, si elle se donne à quelqu'un d'autre que lui, car il est bien connu que les rumeurs, comme les légendes, ont toujours un fond de vérité. Le tavernier, quand à lui, soupire de soulagement. Cela a failli être la troisième bagarre dans son petit établissement en moins d'un mois et Iorain Kennpickel, à chaque fois impliqué, est un hargneux, qui ne se contente pas de casser la figure aux gens mais s'en prend aussi au mobilier, comme en témoignent quelques chaises et tables grossièrement rafistolées.

#6 02/04/2003 17:25:51

Foogy
Gentil BDA
Lieu : St Herblain
Inscription : 14/10/2002
Messages : 573
Site Web

Re : Projet Heroic Fantasy , Un Dessinateur ?

la vache !!! effectivement, la lecture est plutôt space, mais ton histoire est plaisante.

....tu vas t'amuser pour le découpage !! tongue

Hors ligne

#7 02/04/2003 17:40:51

Le-Saint
Invité

Re : Projet Heroic Fantasy , Un Dessinateur ?

Effectivement , comme c'est au départ un roman , ça demanderait à être pas mal élagué pour aller à l'essentiel .

Pied de page des forums