#1 02/12/2009 10:45:02

Nebetbastet
Pousse Crayon
Lieu : Colmar
Inscription : 26/07/2007
Messages : 245
Site Web

Synopsis : le spectacle

Ca fait longtemps que je travaille sur Asdrelle, cependant, j'avoue avoir commencé cette BD sans trop réfléchir. J'avais 16 ans, juste une vague idée en tête et je me suis lancée.

Cela fait longtemps que je réfléchis à une autre idée pour avoir une BD avec un scénario un peu plus travaillé et une histoire plus courte...

Récemment, m'est venue une idée que je trouve pas mal !!! A mi chemin entre les nouvelles de R. Dahl (la logeuse) et des films comme "Freaks".
Je dois encore réfléchir aux noms des persos, à leur personnalité plus détaillée, mais j'ai déjà écrit en gros l'idée, et j'aimerais avoir vos avis et suggestions avant de continuer !

Merci d'avance !


Le spectacle

1884, Paris, France

Le propriétaire (P) d'une salle de spectacle  est invité à signer à contrat chez un producteur de spectacle (S) de monstres autour d'un whisky.

En arrivant il découvre son hôte en train de scier du bois. P s'excuse, car il est en effet, légèrement en avance. S lui dit que ce n'est rien. Il est en train de fabriquer un petit landau pour la poupée de sa famille. Il explique que sa femme et sa fille sont parties chez la grand-mère pour la semaine, et qu'à leur retour, il a envie d'offrir un cadeau à chacune d'elle. P lui dit qu?il en a des jolis dans le commerce, ce à quoi S répond : « J'aime faire les choses moi-même. » (Mise en valeur de la scie tout le long de la scène)

Ils se dirigent ensuite dans le salon. S ordonne à son valet d'apporter deux verres de whisky. Pendant que le valet s'affaire dans la cuisine juste à côté, S commence à expliquer rapidement en quoi va consister son spectacle.

Pendant qu'il monologue un peu, P remarque dans la cuisine qu'il y a un placard (avec des petites fenêtres en verre) où se trouvent toutes sortent de bouteilles bizarres. Il trouve ça un peu étrange mais ne se pose pas plus de question. S continue son explication : son spectacle consistera en une pièce de théâtre mettant en scène les monstres. Assurément, ce sera un très beau spectacle qui fera une belle réputation à la salle de spectacle, pense P.

Le valet arrive avec les deux verres de whisky. On trinque et on boit. P ne connait pas cette marque de whisky. Il le trouve bon, mais avec un arrière gout un peu particulier.

P se réjouit : S est prêt à louer la salle pour un prix d'or. Quelle opportunité ! Et une belle partie du bénéfice du spectacle (30 % ?) sera reversée à l'heureux propriétaire de la salle en question. C'est vraiment un coup de bol. Ce S est quand même un peu naïf pour accepter tout ça si facilement. P est heureux, mais se sent fatigué.

P songe également que quand même, c'est vraiment de la chance que l'autre abruti de Y, propriétaire de cette horrible autre salle de spectacle ait disparu dans des circonstances mystérieuses il ya 2 mois à peine? Sa salle est du coup fermée. Et c'était une sacrée concurrence !

Pourquoi donc P se sent-il si fatigué ?

P est vraiment heureux. Mais avant de signer, il veut quand même voir des photos des monstres.  S apporte quelques photos et fait des commentaires. Sur une des photos, il y a un monstre horrible, à la peau toute dégueulasse. P trouve que, bien que horrible et étrange, ce monstre lui parait familier. Bizarre, mais c'est sans doute cette fatigue de plus en plus forte

S est heureux de montrer sa galerie, mais il déplore de ne pas avoir d'homme tronc, un élément indispensable dans toute galerie de monstres digne de ce nom.

P tombe de sommeil, il est vraiment temps de signer le contrat !!!

Une fois qu'il l'a signé, il se sent tombé, s'évanouir. Quelque chose lui vient à l'esprit : le monstre sur la photo, ces yeux, cet air, cette expression, c'est cet imbécile de Y ! Il savait bien, que ce regard lui était familier.

P sombre dans l'obscurité. La dernière phrase qu'il entend est « Oui, il me manque vraiment un homme tronc...»

Petite précision qui me semble importante : j'ai envie que tout le long de l'histoire, P semble dominer S : notamment par le fait qu'il tente un peu de l'arnaquer avec le prix de la location de la salle.
J'ai aussi envie que P paraisse manipulateur, qu'il ait l'air d'un "sale type", mais qu'il soit cependant charismatique.

S par contre, doit avoir l'air plutôt bienveillant (malgré le fait qu'il produise des monstre). Le fait qu'il construise un landau pour sa fille et qu'il veuille acheter un cadeau à sa femme peut participer à cet air gentil.
On peut aussi supposer qu'il parle très gentiment des monstres, d'un ton protecteur et paternel. P pourrait, lui, en parler avec mépris et condescendance.

Ca serait une manière de faire un retournement de situation intéressant.

Bon bref, donnez moi vos impressions

Dernière modification par Nebetbastet (02/12/2009 10:49:25)


Il est mélancolique de danser sans orchestre, et vive la musique qui nous tombe du ciel !
http://asdrelle.free.fr
http://asdrelle.webcomics.fr
logo135x400.gif

Hors ligne

#2 02/12/2009 22:56:38

Yas
BDA
Lieu : Bourgogne
Inscription : 06/11/2006
Messages : 1 492
Site Web

Re : Synopsis : le spectacle

je trouve ton scénario particulièrement réussi
Maintenant, c'est l'enchainement des plans, et les cadrage qui  maintiendra le suspense...
alors à voir!

Hors ligne

#3 02/12/2009 23:43:31

D. H. T.
Expert BDA
Lieu : Nice
Inscription : 30/08/2005
Messages : 5 000
Site Web

Re : Synopsis : le spectacle

L'histoire se présente bien je trouve, les personnages ont déjà une certaine vraisemblance. Après c'est une question d'orientation, de choix: tu veux décrire P. et S. comme un tandem dominant/dominé. Moi c'est un choix que je refuse par principe: dans mes histoires, "Mars Girl" par exemple, les personnages sont des adultes endurcis qui luttent à armes égales. Il n'y a pas de domination, il y a conflit d'intérêt. 

Cette notion de domination est contraire à mon éthique intellectuelle et à mon éthique tout court, je refuse la domination dans la vie comme dans l'art. Et si quelqu'un veut dominer, je vais définitivement considérer cette personne comme un ennemi qu'il faut détruire, même si je ne le montre pas forcément - qui que soit cette personne et quelle que soit sa position sociale.

Je n'admets que les rapports d'égal à égal, sinon j'ai tendance à éviter et à ignorer les gens dont l'attitude va à l'encontre de ce type de rapports. Forcément, c'est avec cette même éthique que j'écris mes histoires. Mais c'est une orientation qui m'est propre, c'est mon choix. Je te l'indique simplement comme un élément de réflexion, une mise en perspective. Bonne continuation.

Hors ligne

#4 03/12/2009 09:54:38

Yas
BDA
Lieu : Bourgogne
Inscription : 06/11/2006
Messages : 1 492
Site Web

Re : Synopsis : le spectacle

Cher D.H.T, est ce que tu ne penses pas que la nature humaine s'exerce sur des bases de dominations. je veux dire que la notion d'égal à égal semble juste dans un registre administratif (et encocre), mais je remarque (avec regret) que dans la vraie vie, les rapports tendent souvent vers une forme de domination (déguisée ou pas), et cela du commerçant au patron, etc...

Hors ligne

#5 03/12/2009 10:43:13

D. H. T.
Expert BDA
Lieu : Nice
Inscription : 30/08/2005
Messages : 5 000
Site Web

Re : Synopsis : le spectacle

Yas a écrit :

Cher D.H.T, est ce que tu ne penses pas que la nature humaine s'exerce sur des bases de dominations.

Non, je pense que le concept de domination est une construction et une reproduction sociales. Donc il peut être détruit.

mais je remarque (avec regret) que dans la vraie vie, les rapports tendent souvent vers une forme de domination (déguisée ou pas), et cela du commerçant au patron, etc...

Personnellement je vis la culture business comme une lutte. Le commerce tel que je le conçois c'est: soit travailler en indépendant, soit être en conflit permanent contre la hiérarchie pour m'imposer et faire valoir mes droits. Quand, par contre, c'est moi qui m'occupe de recrutement les directives que j'impose sont purement professionnelles: c'est une simple fonction.

Quelqu'un qui a investi dans une affaire peut, en contrepartie, donner des directives. Ceux qui travaillent pour lui, quant à eux, donnent un travail en échange d'un salaire. On est quitte, il n'y a pas de domination. La tentative de domination n'intervient que quand une personne outrepasse ses fonctions, ce qui arrive malheureusement souvent.

Quand ça arrive, je considère que l'individu en question est un homme mort, et je l'attends tranquillement au tournant pour le démolir - l'occasion se présente en général plus vite qu'on ne pense. Mais c'est mon point de vue personnel. Pour en revenir au scénario, il est évident que ça peut ouvrir des perspectives différentes sur l'histoire et que tout ceci offre matière à réflexion.

Hors ligne

#6 03/12/2009 11:25:33

username
Gentil BDA
Inscription : 09/04/2008
Messages : 597

Re : Synopsis : le spectacle

Je trouve que la chute est un petit peu trop prévisible. On la sent venir dès l'observation des bouteilles bizarres (voir peut être même dès la mise en valeur de la scie). Peut être qu'il faudrait rajouter en parallèle une toute autre histoire, que peuvent par exemple se raconter les deux personnages, pour "endormir" le lecteur.

Hors ligne

#7 03/12/2009 11:32:51

Nebetbastet
Pousse Crayon
Lieu : Colmar
Inscription : 26/07/2007
Messages : 245
Site Web

Re : Synopsis : le spectacle

Merci de vos réponses
Et oui, Yas, tu as tout à fait raison, va falloir que j'assure niveau cadrage... à voir donc si j'y arrive !!! wink

Sinon pour revenir à ta remarque DHT, bien que je regrette les rapports de domination, ils existent ! Donc même si je n'aime pas trop, je trouve que c'est intéressant de le mettre.

Surtout que dans mon cas, ce que je veux faire c'est que pendant toute l'histoire, P semble être le "gagnant" de l'histoire : je veux bien montrer qu'il prend un peu S pour un pigeon et qu'il veut l'embobiner. Il n'y a qu'à la fin qu'on comprend que le "gagnant" n'est pas celui qu'on croit. Je pense que ce renversement de situation peut surprendre le lecteur et rendre l'histoire vraiment bien.

Sans parler même de patron, de business, de commerce ou de chose comme ça, n'avez vous jamais remarqué que dans un groupe d'amis, il y a très souvent (heureusement c pas systématique) un chef et une hiérarchie bien établie ?

Perso j'adore observer les groupes d'amis et identifier les rapports de force : qui est le chef, qui est le subordonné, si quelqu'un est monté dans la hiérarchie, si quelqu'un est descendu, pourquoi (en général : désaccord avec le chef)... Je trouve ça horrible mais très intéressant...


Il est mélancolique de danser sans orchestre, et vive la musique qui nous tombe du ciel !
http://asdrelle.free.fr
http://asdrelle.webcomics.fr
logo135x400.gif

Hors ligne

#8 03/12/2009 11:40:37

D. H. T.
Expert BDA
Lieu : Nice
Inscription : 30/08/2005
Messages : 5 000
Site Web

Re : Synopsis : le spectacle

Nebetbastet a écrit :

n'avez vous jamais remarqué que dans un groupe d'amis, il y a très souvent (heureusement c pas systématique) un chef et une hiérarchie bien établie ?

Oui, c'est ce que j'appelle "une bande d'imbéciles".

Nebetbastet a écrit :

Il n'y a qu'à la fin qu'on comprend que le "gagnant" n'est pas celui qu'on croit. Je pense que ce renversement de situation peut surprendre le lecteur et rendre l'histoire vraiment bien.

Oui ça peut être une bonne conclusion en effet, là je te rejoins.

Hors ligne

#9 03/12/2009 11:59:21

Nebetbastet
Pousse Crayon
Lieu : Colmar
Inscription : 26/07/2007
Messages : 245
Site Web

Re : Synopsis : le spectacle

Je trouve que la chute est un petit peu trop prévisible. On la sent venir dès l'observation des bouteilles bizarres (voir peut être même dès la mise en valeur de la scie). Peut être qu'il faudrait rajouter en parallèle une toute autre histoire, que peuvent par exemple se raconter les deux personnages, pour "endormir" le lecteur.

D'accord username... Une solution peut être est de ne pas trop mettre en valeur la scie et les bouteilles (mais assez pour que le lecteur les voit).

A savoir quand même que pendant qu'on voit la scie, il y a plus ou moins une histoire en parallèle (S. qui parle de sa fille et de sa femme) et que lorsqu'on voit les bouteilles il y a S qui explique le concept de son spectacle. Donc le lecteur verra la scie et les bouteilles, mais n'y fera pas trop attention, car son attention sera portée sur sur les dialogues et la voix off. (enfin, en tout cas, c'est l'effet que j'aimerais créer).
Par ailleurs, je veux que S ait vraiment l'air inoffensif.

Je ne sais pas si tu as une idée d'"histoire parallèle" à proposer ? Ça m'intéresserait grandement !

Je suis en train d'écrire l'histoire avec un peu plus de détails ; je pense que je peux travailler tout ça à ce moment là... Je pense qu'il faut trouver un dosage subtil pour qu'il y ait à la fois des indices, mais qu'en même temps il y ait un effet de surprise...

Oui, c'est ce que j'appelle "une bande d'imbéciles".

Je suis assez d'accord...

Dernière modification par Nebetbastet (03/12/2009 12:00:43)


Il est mélancolique de danser sans orchestre, et vive la musique qui nous tombe du ciel !
http://asdrelle.free.fr
http://asdrelle.webcomics.fr
logo135x400.gif

Hors ligne

#10 03/12/2009 12:54:10

username
Gentil BDA
Inscription : 09/04/2008
Messages : 597

Re : Synopsis : le spectacle

Ah, je n'ai pas trop d'idées, mais ça à l'air bien de dévelloper sur la famille  et du concept du spectacle de S. Peut être même des aneccotes à mettre en image. Surtout sur les freaks, ça pourrait vraiment enrichir l' histoire et peut être aider à fainter le lecteur. A voir, c'est compliqué la narration, je ne m'y suis jamais penché dessus comme tu le fais.

Hors ligne

#11 03/12/2009 13:25:02

Yas
BDA
Lieu : Bourgogne
Inscription : 06/11/2006
Messages : 1 492
Site Web

Re : Synopsis : le spectacle

Oui, c'est ce que j'appelle "une bande d'imbéciles".

Je suis assez d'accord...

je comprends ce point de vue, mais je pense néanmoins qu'un groupe formé de plusieurs individus (avec leur personnalité et leur indivualité) est forcé de tomber dans ce cas de figure: à savoir une hiérarchie quelconque...
le tout est d'être conscient, à mon sens, de ce que nous représentons aux yeux de l'autre, il s'agit encore une fois de "costumes sociale".
Souvent, les plus intelligents vont céder la place de meneurs à ceux qui le demandent. mais force est de constater que, selon l'action vécu par le groupe, la hierarchie se fait tout seul selon les forces à déployer pour contrecarrer le danger... Tout cela pour dire que, dans certaines conditions, pour mener une aventure humaine, la hierarchie est necessaire... sans quoi, nous nous enfermerons dans des actions isolées sans grande envergure...
Bref, désolé, je reviens au scénario...

moi, je ne pense pas primordiale l'idée d'une histoire parallèle. cela dit (comme je l'ai évoqué au début) tout sera dans la mise en scène: Si le lecteur voit une accentuation trop prononcé des fioles de monstres, ou "pourquoi l'abruti de Y a disparu mystérieusement?", la chute risque d'être corrompue. mais, laissez les deux protagonistes s'exprimer, tout en bougeant la "camera" dans la piece, sera efficace, à mon sens...

Désolé de débattre sur la domination ici, c'est peut être pas l'endroit

Dernière modification par Yas (03/12/2009 13:26:28)

Hors ligne

#12 24/12/2009 06:50:21

Nebetbastet
Pousse Crayon
Lieu : Colmar
Inscription : 26/07/2007
Messages : 245
Site Web

Re : Synopsis : le spectacle

J'ai écrit un premier jet pour mon scénario (que j'ai bien sûr l'attention de retravailler encore et encore ). Je trouve notamment que le personnage de Sibiac n'est pas très bien intégré à l'histoire (j'aimerais bien trouver une vraie raison - autre que pour la chute - de le mettre dans l'histoire, mais j'ai pas vraiment d'idée...).

Je veux aussi me documenter pour améliorer la vraisemblance de l'histoire (XIX siècle)

Je veux bien cependant d'autres suggestions et commentaires



Le spectacle

1874, Paris, France
M. Lamare passait Avenue des Clefs pour se rendre dans une petite rue parallèle, la rue des Anges. C?est là que l?attendait M. Pochon.
Le soleil était déjà bas dans le ciel. Une lumière orangée se répandait le long de l?avenue où des feuilles mortes jonchaient le trottoir.

Lamare : Toc toc
Pochon : Bonjour, vous devez être M. Lamare ? Entrez donc.
Pochon porte un tablier de travail et tient une scie.

M. Lamare était propriétaire d?une salle de spectacle, le « Chat gris », bien connue dans tout Paris,  et même au-delà. Il y a trois ans, son propriétaire précédent, Yves Sibiac, avait fui la capitale et la civilisation accompagné de sa maîtresse pour les îles. La salle avait été par conséquent mise en vente par sa famille et M. Lamare, qui connaissait bien la famille Sibiac, l?avait acheté.
Image de la salle, de Sibiac et de sa maîtresse. En dessous, de ses vêtements, on peut remarquer comme une petite chaine (discrète) autour de son coup.

Lamare : Oh, je suis navré, je suis en avance?
Pochon : Ce n?est rien ! Entrez donc mon brave !

Il se trouvait que M. Pochon lui avait écrit quelques semaines auparavant au sujet d?un spectacle qu?il comptait produire au « Chat gris ». Un spectacle de monstres, plus précisément. Dans sa lettre, il avait proposé à M. Lamare ? si celui-ci était intéressé - de se fixer un rendez-vous à son domicile afin de parler plus précisément du projet et de signer le contrat.
Image de Pochon avec sa troupe

Pochon : En fait, je suis en train de fabriquer un landau pour la poupée de ma fille. Elle est  partie avec ma femme en vacances chez sa grand-mère pour une semaine. Je comptais offrir un petit cadeau à chacune d?elle.
Lamare : Ah, mais, on peut sûrement en trouver de jolis dans le commerce.
Pochon : Oui, c?est sûr. Mais bon, j?aime bien faire les choses moi-même. Je vous en prie, installez-vous dans le salon, j?arrive dans deux petites minutes.

C?était la première fois que M. Lamare rencontrait Pochon en personne. Il avait l?air timbré, mais parfaitement honnête. Il serait facile de lui demander un prix exorbitant pour la salle.
Lamare s?installe. Il sort ses papiers et son stylo.

Pochon : Bon, me voilà. George, George ! Pouvez-vous s?il vous plait nous apporter deux verres de whisky ? Merci bien. Bon, je pense que le mieux pour commencer, serait peut être que je détaille un peu plus mon projet
Lamare : Oui
Pochon : En fait, l?idée serait de?

L?idée de Pochon était merveilleuse. Il s?agissait d?une pièce de théâtre, ou chacun des membres de la troupe aurait un rôle particulier. Il y aurait des numéros de cirque, des gags, de la musique, de l?émotion, du rêve? Vraiment, l?idée de faire jouer des monstres dans un tel spectacle était révolutionnaire ! Pochon était un génie !
Plan sur Pochon, qui a l?air enthousiaste. On s?éloigne un peu de lui pour voir en arrière plan le valer en train de préparer le whisky. Sur la table, il y a une autre petite bouteille, mais c?est un tout petit détail?

Le valet arrive avec deux verres de whisky

George : voilà, Monsieur, les deux verres de whisky
Pochon : Merci bien, George.
Bon, voilà, voici mon idée. Je ne sais pas si vous avez des questions, si ça vous va.
Lamare : Honnêtement, je suis plus qu?enthousiaste ! Je n?ai jamais produit ? ni même vu ou entendu parler ? d?un tel spectacle. Assurément, c?est révolutionnaire !
Pochon : Je suis si heureux que mon projet vous plaise ! Je savais que mon idée tenait du génie
Lamare : Alors si vous permettez, parlons maintenant prix. Vous savez,  je crois que le « chat gris » est vraiment l?endroit idéal pour votre pièce de théâtre.
Pochon : Je n?en doute pas
Lamare : Nous disposons de spacieuses coulisses et d?une grande scène. Nous avons récemment pour avoir ce qu?il y a de mieux comme éclairage. Notre salle présente toutes sortes de dispositifs pour permettre les meilleurs effets visuels. Bref, en toute honnêteté, vous ne trouverez pas mieux.
Pochon : Et combien me demandez vous pour la location d?une telle salle ?
Lamare : Normalement, je la loue 5000 Francs la soirée et je demande 35% sur le bénéfice des entrées.  Mais comme j?adore votre idée et que je souhaite à l?avenir poursuivre notre collaboration, je peux vous faire un prix intéressant : 4000 Frc la soirée et 30% sur le bénéfice. Qu?en dîtes-vous ?
Pochon : Ecoutez, à priori ? je dis bien, à priori -, ça me paraît un peu cher. Mais si la salle est aussi formidable que ce qu?on prétend, je suis prêt à y mettre le prix. Ce que je veux dire, c?est que ça ne me paraît pas excessif pour de la qualité.

C?était plus de deux fois le prix standard, même pour une très bonne salle.
Lamare : Eh ben si vous êtes d?accord, trinquons alors !
Pochon n?essaya même pas de négocier.
Pochon et Lamare : A la vôtre !
Ce n?était pas fréquent que Lamare avait affaire à des pigeons pareils (gros plan sur la bouche de Lamare, souriante, pendant qu?il boit son verre)
Vraiment il savait comment embobiner les gens ! Et en plus ceux qui y perdaient le plus étaient en général les plus heureux de conclure l?affaire. Comme ce Pochon, qui, pour fêter l?escroquerie dont il était victime, lui offrait du Glenlivet 21 ans d?âge. Délicieux ce whisky, pensa Lamare. Onctueux et ferme en bouche, la saveur se développait sur du cassis et se terminait sur un gout d?amende amère assez inhabituel.
Lamare : Si vous permettez, avant de signer le contrat, j?aimerais bien que vous me montriez des photographies de votre troupe.
Pochon : Pas de souci, je les ai justement descendues juste pour vous.
Alors, la, c?est Sonia, qui donc jouera le rôle de Charlotte. Franchement, elle est vraiment très douée pour la comédie. Elle est tellement drôle !
Lamare : Oui.
Pochon : Lui, c?est Antoine, dans le rôle de Jean. Ce gars, il est d?une agilité acrobatique, c?est incroyable. Il m?impressionne parfois, notre petit Jean ! (nain)
Ca c?est Léon, qui nous interprétera Sylvain. Il joue plutôt bien.
Voici Léa et Emma, ou tout simplement Léma la femme double ! Elle est charmante, n?est ce pas ?  Et elles le joueront le rôle des siamoises amoureuses de deux hommes différents !
Lamare : D?accord (air amusé)
Pochon : Et pour finir, voici, Yvan? Il n?est pas très beau hein ? Mais il est sympa comme gars.  C?est le dernier de la bande. Quoique, ça fait maintenant bien 2 ou 3 ans qu?il a rejoint la troupe... Bon bref, il jouera le rôle de Stéphane. (Monstre type elephant man, même regard que Sibiac et petite chaine autour du cou).
Cette photo en particulier frappa Lamare. Le contraste entre l?apparence générale du monstre, si repoussant, si horrible, et son regard si doux et si familier le saisit au plus profond de son être. Une sensation de bizarrerie, d?étrangeté, le saisit, décuplée par sa lassitude. Il avait soudain la sensation d?approcher, sans pourtant pouvoir le saisir, un mystère métaphysique.
Lamare (troublé) : D?a, d?accord?
Pochon : Donc, voilà pour les rôles principaux.
Pour les seconds rôles, c?est eux (on voit Pochon présenter plusieurs photos simultanément et Lamare qui regarde)
Lamare : Eh ben, vous avez de beaux spécimens ! Bon, maintenant, que pensez-vous de remplir le contrat ?

Lamare était pressé de signer le contrat. Son interlocuteur pouvait encore changer d?avis sur le prix de la location. De plus, il trouvait que l?entretien commençait à durer ; il se sentait fatigué.

Lamare prend son stylo et se penche sur le contrat.

Lamare : Donc pour le prix de la location de la salle, vous êtes toujours d?accord ? 4000 Frc par soirée et 30% sur les bénéfices ?
Pochon : Oui, oui.
Lamare : Quand pensez vous que votre spectacle sera prêt ?
Pochon : Dans deux mois, je pense.
Lamare : D?accord. Mettons que votre spectacle sera prêt pour fin janvier. Evidemment, d?ici là, vous pourrez utiliser la salle pour les répétitions. Mais il faudra d?abord voir avec ma secrétaire quand elle est disponible.
Pochon : Vous savez quand même, ma troupe de monstres est peut être belle, mais n?empêche, il y a 20 ans, c?était autre chose. Actuellement, les gouvernements nous mettent des bâtons dans les roues?
Lamare : Oui, oui c?est vrai. Dans votre lettre, vous m?avez dit que vous aimeriez que votre spectacle soit à l?affiche pour au moins une semaine. Je vous propose donc un spectacle tous les soirs à partir du 31 janvier jusqu?au 6 février. Après, si ça marche bien, on pourra toujours organiser de nouvelles représentations.
Pochon : Avant j?avais en plus dans ma troupe une femme à 4 seins, un homme tronc,  un homme-crocodile et d?autres spécimens encore. Maintenant, c?est de vraiment difficile de recruter.
Lamare : Ah?
Pochon : Qu?est ce que vous voulez, les gens considèrent maintenant que c?est immoral et poussent les célébrités potentielles à adopter un travail banal.
Lamare : Oh, mais je pense que les spectacles de monstres ont encore de beaux jours devant eux ! Ne vous inquiétez pas, cette pièce va marcher du tonnerre.
Bon bref, je pense qu?on a tout rempli, maintenant il ne reste plus qu?à signer le contrraaaat (baillement).
Pfff je ne sais pas pourquoi je me sens si fatigué tout d?un coup.

Pochon : voilà.

Lamare supposa qu?à ce moment là Pochon avait signé. A vrai dire il ne voyait plus grand-chose, si ce n?est que les doux yeux bleus de Pochon prenaient à présent une expression rusée et victorieuse.
Dans la nébuleuse dans laquelle il était plongé, lui vint, claire et limpide, la figure d?Yvan. Avant de sombrer complètement, il eu juste le temps d?avoir cette révélation soudaine : il le connaissait.

On voit Lamare gisant par terre, inconscient

Pochon : Qu?est ce qu?il ne faut pas faire pour recruter un homme tronc ! Oui, les temps changent.


Il est mélancolique de danser sans orchestre, et vive la musique qui nous tombe du ciel !
http://asdrelle.free.fr
http://asdrelle.webcomics.fr
logo135x400.gif

Hors ligne

Pied de page des forums