Pour poursuivre ce dossier, voici une planche de corriveau commentée par corriveau et qui n'échappe pas ensuite aux critiques acerbes de deux membres éminents de BDA.

L'analyse de corriveau :

Cette planche est tirée du carnet de notes sur lequel je travaille en ce moment. Il s'agit d'une sorte de journal quasi-quotidien. J'aime bien cette page car elle évoque un bon souvenir pour moi. L'ambiance qui rêgnait dans le café était vraiment enveloppante.

J'aime toujours dessiner des endroits publics, pour dessiner des figurants, qui, même s'ils ne sont là que pour meubler de l'espace, semblent avoir une vie bien à eux. On voit un gars et une fille discuter et qui semble prendre du bon temps. On ne sait pas qui ils sont, mais je trouve qu'ils semblent porter quelque chose. Un bagage, une émotion.

Dans la deuxième case, je voulais avec le noir représenter la solitude du personnage. Avec le combiné dans les mains, qui n'arrive à joindre personne. Et comme j'aime toujours, quelques affiches clin d'oeil pour des amis. Là par contre, le scan rend le tout un peu difficile à lire. :-)

Le dernier strip représente encore la solitude. Et toujours le noir. La nuit qui tranquillement s'allonge sur la ville. La neige qui continue de tomber, l'écrasement.

J'ai parlé dans l'interview du temps que j'ai pu mettre avant de réussir à faire des encrages en noir et blanc qui me semblaient équilibrés. Cette fois, je trouve que le ratio noir / blanc est bon. Ajouter des couleurs me semblerait superflu puisque tout est dit. Et je trouve que la neige et la nuit n'ont pas besoin de plus de couleurs pour être retranscrites. Voilà donc en bref pourquoi j'ai choisi cette planche.

L'analyse de Mosc :

Antoine Corriveau a comme particularité une coiffure plutôt désordonnée qui a comme avantage de le rendre reconnaissable partout. Ainsi, on peut l'affirmer sans crainte : là, sur cette planche, le type, vous voyez, avec la coiffure plutôt désordonnée ? Et ben, c'est lui. Oui. Tout à fait. Carrément.

Et puis, l'érudit qui ne perd pas son temps à regarder les dessins et autres mickeys et qui préfère lire les textes aura vu, lui, l'emploi de "nous" et de "je". Et "je" ne parle pas ici de moi, Mosc, méprisable commentateur, mais de Corriveau, Grand Auteur.

Ensuite, le lecteur aura envie de savoir des choses, et remarquera judicieusement qu'il y a d'autres mots que "je" et "nous", par exemple, "le", "ciel", "est", "gris", ",", etc. Et là, l'on y découvre des choses. Corriveau parle de musique. Et parle ensuite de gramophone. Et là, on se rend compte qu'on avait tout faux, que Corriveau ne parle pas de lui mais d'un ancêtre, célèbre chanteur québécois dont les disques s'usaient sur les gramophones d'antan. D'ailleurs, c'est écrit dans le texte, un gramophone doit "redémarrer", donc un petit coup de manivelle et hop !

Et, au final, on se demande comment on a pu être ainsi conduit à l'erreur, il ne fait aucun doute que cet illustré (à l'époque, on ne disait pas bande dessinée), cet illustré date "d'avant" : de la neige dehors, donc pas encore de réchauffement climatique, l'emploi du noir et blanc car la couleur passait mal à l'imprimerie. Puis, d'ailleurs, vous avez vu, hein, en regardant les dessins, il y a de gros espaces de noir. Donc un mauvais éclairage. Donc pas de lumière électrique. Et là, on comprend qu'on s'est encore trompé, non, cette bande dessinée ne date pas du début du siècle comme on pouvait le croire, mais d'avant encore ! Incroyable ! C'est pourtant si moderne comme approche ! Je n'en crois pas mes yeux, c'est donc un ancêtre de Corriveau qui a tout inventé en bande dessinée ! Chapeau bas, monsieur !

L'analyse de egg Concombres et Piments :