Souvenir

Edito du Mardi 15 Décembre 2009

Illustration de l'édito Les souvenirs des jours de Noël sont nombreux. Pourtant, celui que je désire partager avec vous n’est pas le mien, mais celui d’une de mes plus jeunes tantes. Voici une lettre écrite par elle, en espagnol, dont je vous livre la traduction. Elle avait 9 ans.

« 15 Décembre 1973.

Père Noël,
Cette année ma liste sera courte. Je ne veux pas de cadeaux, pas de surprises. Cette année, j’ai un souhait. Ce souhait, je le fait tous les soirs en regardant les étoiles. Il fait chaud et c’est agréable de sortir en pleine nuit. J’avais l’habitude de contempler la Croix du sud avec mon cousin. Mais cette année, les parents disent que mon cousin est en Europe. Je sais que cela n’est pas vrai car j’ai été à leur maison : il y avait encore sa peluche et sa voiture. Il ne serait jamais parti sans elles. Il se passe de drôles de choses en ce moment. Ma sœur a un peu peur et elle ne sort plus dans la rue.
Père Noël, si tu existes vraiment, rends moi mon cousin. C’est tout ce que je te demande. Que l’on puisse encore regarder les étoiles en mangeant des tartines de « manjar » (confiture de lait). S’il revient, je laisserai tous les cadeaux du reste de ma vie pour les autres. Tu les donneras à ceux qui en ont besoin.

Merci Père Noël ».

Le fin mot de l’histoire ? Mon grand-père a lu la lettre. Il a pris un cheval et a galopé jusqu’au Stade de Santiago, de sinistre mémoire. Le 25 Décembre de cette année là, il est revenu, exténué. Dans ses bras, il portait notre cousin.

Les deux enfants se sont longuement serrés dans les bras l’un de l’autre. Cette nuit là, ils ont mangé des tartines à la confiture de lait, et regardé les étoiles. Depuis ce temps là, ma tante n’a jamais plus reçu de cadeaux à Noël.

Quand à mon grand-père, lorsqu’on évoquait cette histoire, il nous jetait un regard muet, terrifié et finissait par murmurer en triturant son vieux chapeau de feutre : « Le Père-Noël existe mes enfants… »

Texte Isangeles - Dessin Kafka-13

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