#1 29/07/2013 12:11:41

kano
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La BD engagée

Bonjour,

J'aimerai vous parler des BD dites "à message" ou engagées, genre que j'affectionne particulièrement. Il y a plusieurs erreurs qu'il est facile de commettre quand on s'engage dans cette voie, et je voudrais vous parler d'une BD qui à mon sens s'engouffre tête baissée dans TOUS les pièges qu'il convient d'éviter quand on veut faire passer un message.

A ce titre elle est très instructive, c'est un contre modèle parfait, justement pour éviter ces pièges.

Cette BD, c'est Tamara, les lecteurs de Spirou la connaissent certainement, et elle est de manière générale assez connue.
Je précise que je suis engagé à gauche, et que ça fait d'autant plus mal de voir de belles idées à la base complètement déformées par une réalisation désastreuse.

9782800158709_1_75.jpg

C'est une série humoristique racontant les histoires de la jeune Tamara, gentille fille avec quelques kilos en trop, sa vie au lycée et au sein de sa famille.
Elle vie dans une famille recomposée, avec sa mère, son compagnon qui est métis et sa demi soeur née de leur union. Son père est présenté comme un concertiste international, totalement imbu de sa personne, raciste, et qui ne s'est jamais occupé de sa fille.
Ses péripéties au lycée se heurtent aux "poufs" et à ses camarades garçons qui se moquent parfois d'elle, sauf qu'un est gay et l'autre en fait amoureux d'elle.

Pourquoi me direz-vous, s'en prendre à une BD qui semble en apparence assez gentillette et innocente ?

Et bien parce qu'on à tout, à mon avis, tout tout tout ce qu'il ne faut pas faire.
Je passe rapidement sur le dessin, que je trouve assez sympathique et adapté.
Le problème est au niveau de la trame.

Et justement, c'est là ou ça ne va plus du tout. Les gags ne sont pas présentés au lecteur mais assénés, sans la moindre subtilité, sans la moindre nuance, comme un rouleau compresseur de la pensée qui ferait passer son message en force coute que coute.
Déjà , ils ne sont pas très drôle. Ensuite, absolument tout y pue la bienpensance. C'est très bien parce qu'on a tout: le compagnon issu de l'émigration, la fille enrobée, le père raciste, le gay du lycée...

Absolument tout dans cette BD fonctionne par cliché, les personnages sont des caricatures sur pattes, qui n'ont pas la moindre profondeur et surtout, pas la moindre humanité.

On peut suggérer au scénariste qu'il est préférable de régler ses problèmes avec son père avant de se lancer dans une série comique. Les gags concernant son père sont je trouve les plus douloureux. On y sent une véritable rancoeur, une hargne, un véritable réglement de compte en fait, et on sent que bien souvent l'effet comique cède à sa volonté de démontrer coute que coute que son père est un salaud. Au bout d'une dizaine de tomes je crois qu'on a compris, sérieusement...
A et aussi: on dit fasciste, pas fachiste (un des spirous de 2012), le mec ne prend même pas la peine de vérifier son orthographe.

Et c'est ça le problème au fond, c'est cette absence totale de nuances, ce manichéisme primaire, cette foison de clichés et de caricatures d'opinions, cette dictature de la bonne conscience. Etant engagé à gauche, ça me fait mal de lire ça, car il n'y a aucune volonté pédagogique, je n'y ai lu qu'une exploitation des clichés récurrents pour mieux servir son "message": lé racist c tous des cons c d gros vil1 pa bo (pourquoi le mec est raciste ? Comment il l'est devenu ? Pourquoi il ne s'occupe pas de sa fille ? Comment ça c'est finit avec sa femme ? Quelle enfance il a eu ?  Est-ce qu'il pleure parfois ?) Tout ça on en sait rien, mais ce n'est pas la peine parce que c'est un racist vil1 pa bo, ce n'est même plus un homme à en croire les auteurs.

Plutôt que de faire un travail de pédagogie, de réflexion, les auteurs préfèrent enfoncer des portes ouvertes, quitte à sombrer dans la malhonnêteté , et c'est détestable de faire ça quand on s'adresse à des gosses.

Je n'aime pas ce terme, mais on a là absolument tout ce qui fait "la famille bobo", en gros les gens qui s'indignent contre les discriminations en tout genre mais qui achètent des cartes Pokemon à leurs gamins et des Ipads ensuite... Les idiots utiles des multinationales et de l'industrie.

A titre de comparaison, comme vrai ouvrage de gauche, "Le combat ordinaire" de Manu Larcenet est beaucoup plus riche, beaucoup plus profond et sincère. On y voit bien la dérive des ouvriers vers le FN, l'intolérance ordinaire, le diktat des puissants, le fantôme sécuritaire... Tout y est traité avec une profondeur et une justesse qui fait honneur à son auteur que j'aime beaucoup.

Et justement, le fait que Tamara soit une série comique la rend encore plus vicieuse, car c'est du "et allez hop que je te glisse un petit message sociétal sans en avoir l'air", c'est très insidieux finalement.

Je finirais sur un "gag" de Tamara qui illustre parfaitement ce que je disais:

En gros en classe elle demande à la maitresse si depuis que la République existe il y a eu un noir, une femme ou étranger qui a été à la tête du gouvernement, la maitresse répond non, et ça finit avec la maitresse qui pleure et qui dit qu'elle a honte d'être française.

On passera sur le fait que l'auteur parle de  "Ière République", ce qui montre vraiment son manque de culture total, son ignorance absolue de l'histoire mais qui ne l'empêche pas d'en parler allègrement.

Ensuite, voilà, c'est exactement ce que je disais, aucune nuance, aucune profondeur, aucune recherche. Juger le passé avec notre regard actuel, c'est la première chose contre laquelle on met en garde les étudiants en histoire.
On est dans l'anachronisme douteux, l'amalgame, pour moi c'st du terrorisme intellectuel. Quid de la situation sociale de l'époque ? De la mentalité de ces gens ? Sait-il seulement que la révolution était avant tout bourgeoise ? Que le droit de vote était déjà une avancée gigantesque ? Sans parler des droits de l'homme ? C'est quoi la suite, il n'y avait pas le mariage homo au Néandertal donc j'ai honte d'être humain ?
Et le problème c'est que TOUT est comme ça, des confusions, des amalgames, et au fond une mauvaise foi que j'ai rarement vu.
Je ne sais pas si c'est fait par vice ou par ignorance, honnêtement je n'ai jamais tout à fait su.

Voilà, je trouvais intéressant, même si je pense que beaucoup ne seront pas d'accord avec moi, de voir ce qu'était une BD à message "ratée", et surtout pourquoi.
Comme BD engagée, le combat ordinaire reste l'une des meilleures que j'ai pu lire.
Il y a aussi "10 ans fermes" qui parle des conditions de détention en France, ses dérives et ses espoirs.
Ou sinon l'incontournable chat du rabin 

Dernière modification par kano (29/07/2013 12:16:57)


"Bien sur qu'elle aura le gout du ciel, le gout du tragique, des meurtrières, des meurtrières"

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#2 29/07/2013 12:56:53

le pingoin masqué
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Re : La BD engagée

Intéressant tout ça. J'ai jamais lu d'albums de Tamara, seulement quelques gags, donc je vais pas pouvoir apporter des tonnes de données au problème.

Pour ce que j'en avais lu, ça m'avait l'air plutôt inoffensif. Pas forcément fin mais bon...c'est pour des enfants/ado alors je m'attendais pas à une investigation profonde de la psyché humaine.

Quelques remarques me viennent à l'esprit:

-Ton "engagement à gauche", que tu revendiques si fermement, n'a-t-il pas tendance à biaiser l'impartialité de ton jugement? (by the way, l'expression "dictature de la bien-pensance", je l'ai jamais entendu ailleurs que dans des bouches d'extrême-droite, fais gaffe, tu risques d'être mal compris)

-J'ai pas lu Tamara, par contre j'ai lu "le combat ordinaire"! Et comme BD engagée, je dirais qu'on fait mieux. Certes le perso principal penche vers la gauche et il côtoie des persos appartenant au monde ouvrier qui montrent des côtés pas jolis jolis de la mondialisation, mais c'est pas le centre de la BD. Le centre c'est le personnage principal, ses préoccupations, ses joies, ses peines etc...et le monde dans lequel il vit et dans lequel il est plus ballotté qu'autre chose. Dans ce monde il y a des affaires de politique, mais l'auteur n'impose jamais de vision politique. C'est plus une partie du décor qu'autre chose. Le parti pris est plus intimiste et descriptif qu'engagé ce me semble.

-Y a une partie "critique d'albums sur le forum". Je crois que ton sujet y serait plus à sa place

Dernière modification par le pingoin masqué (29/07/2013 12:58:10)


Il ne faut pas dire "planter une tente ",mais "poignarder la soeur de sa mère".

Au fait, tout le monde dit que ce blog est à chier, mais tu n'es pas comme tout le monde, hein?
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#3 29/07/2013 13:07:46

De Gornaud
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Re : La BD engagée

Haha, je ne connais pas cette BD mais dès le début de ta description, ça sent mauvais. La suite ne fait qu'enfoncer le clou.
J'aime pas ce genre de sujet, c'est facile de dire "le racisme c'est pas bien", mais ça va rarement plus loin. Alors que je pense que c'est surtout un symptôme.
Après, ça dépend peut-être du milieu, mais je trouve que les discours antiracistes sont déjà suffisamment présents, on n'a pas forcément besoin d'en rajouter, surtout aussi simpliste. Évidemment, certains diront que les discours racistes sont présents aussi, et qu'il faut les combattre... Mais ça ne justifie pas d'être médiocre. Le fait de s'adresser à des jeunes ne le justifie pas non plus.
Surtout si c'est pour promouvoir de la merde en parallèle, comme l'iPad, qui est symbolique du "fascisme" industriel, mais qui nécessite plus que des réflexes manichéens pour être mis en évidence.

Je n'ai lu qu'un seul tome du Combat ordinaire, je ne peux pas juger de la façon dont les sujets politiques y sont abordés. Ni le Chat du rabin, ni 10 ans fermes.

Personnellement, j'aime bien la démonstration par l'absurde. Je pense que la dystopie est une bonne façon de le faire. Dans Pascal Brutal, par exemple, la France a poussé le libéralisme à fond (Alain Madelin est président depuis plusieurs mandats). Ça n'est pas le sujet, mais ça pose un cadre que je trouve intéressant. Après, concrètement, je n'ai pas souvenir d'avoir détecté un "message" dans cette BD. Mais ça illustre bien la dystopie.

Dans un autre genre, dans Wilson, de Daniel Clowes, le personnage principal est un peu décalage par rapport à ses contemporains. Notamment sur l'informatique. Exemple dans cette page:
628x471.jpg
Il demande à un mec, dans un aéroport, ce qu'est son métier. Lequel lui raconte un truc qui a l'air atrocement chiant, ce qui laisse Wilson profondément désolé:
tumblr_manv54ZKWX1rppnuko1_500.jpg
Je ne sais pas si c'est engagé de ton point de vue, mais je trouve que ça fait passer idées, sur un ton plutôt désespéré.

La plus engagée qui me vient en tête, c'est Stef le décroissant, dont on peut lire 2 pages tous les mois dans le journal La Décroissance.
dossier2009.jpg
Là aussi c'est beaucoup de démonstration par l'absurde, mais je pense que ça passe difficilement si on n'est pas déjà familier du discours du journal.

Un autre truc découvert récemment, une BD vegan. Pas forcément à se rouler par terre, mais il y a des trucs marrants.

Sur BDA, dernièrement, j'ai trouvé la BD de David.M Facteur de croissance plutôt bien faite. Mais je ne sais pas si ça correspond pour toi à une BD engagée.
D'ailleurs, c'est quoi une BD engagée?

le pingoin masqué a écrit :

(by the way, l'expression "dictature de la bien-pensance", je l'ai jamais entendu ailleurs que dans des bouches d'extrême-droite, fais gaffe, tu risques d'être mal compris)

Le problème c'est surtout que ça ne veut rien dire et qu'on peut se le lancer les uns les autres. Comme "démago", ou "bobo", c'est du terrorisme intellectuel.

Dernière modification par De Gornaud (29/07/2013 13:18:39)


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#4 29/07/2013 18:02:11

fenX
Pousse Crayon
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Re : La BD engagée

le pingoin masqué a écrit :

-J'ai pas lu Tamara, par contre j'ai lu "le combat ordinaire"! Et comme BD engagée, je dirais qu'on fait mieux. Certes le perso principal penche vers la gauche et il côtoie des persos appartenant au monde ouvrier qui montrent des côtés pas jolis jolis de la mondialisation, mais c'est pas le centre de la BD. Le centre c'est le personnage principal, ses préoccupations, ses joies, ses peines etc...et le monde dans lequel il vit et dans lequel il est plus ballotté qu'autre chose. Dans ce monde il y a des affaires de politique, mais l'auteur n'impose jamais de vision politique. C'est plus une partie du décor qu'autre chose. Le parti pris est plus intimiste et descriptif qu'engagé ce me semble.

Justement c'est pour ça que c'est réussi, l'auteur n'impose pas, il montre et il démontre, il fait accepter ses idées par empathie avec son personnage. Il ne déclame pas ce qui est bien ou mal, il montre ce qui fait du bien et ce qui fait du mal au personnage.
Le fait que ce soit aussi subtil fait aussi partie du message je pense, qu'on ne peut pas tout juger noir ou blanc, c'est un message de tolérance et de sagesse.


Non !

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#5 29/07/2013 23:52:39

le pingoin masqué
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Re : La BD engagée

fenX---> Hum je sais pas...Je comprends ce que tu veux dire mais ça ne correspond pas à l'effet que la BD a eu sur moi. Une BD engagée, ça cherche à faire passer un message (souvent politique ou social). Là en l'occurrence, le personnage principal est spectateur (assez impuissant) des évènements politico-sociaux qui se passent sous son nez. Et même s'il s'implique un peu...ben pas tant que ça. Il n'est pas lui-même engagé. Le poit de vue est plus descriptif et relativement détaché qu'autre chose. Le but de cette BD pour moi c'est plus de donner un portrait/panorama de la vie d'un mec ordinaire (d'où le titre) avec ses joies, espoirs, peines, passions, désintérêts etc... Et comme Larcenet est un conteur formidable, ça marche bien! Si je dois voir un message ce serait "Même un type qui n'est pas un super-héros, un personnage historique, un extra-terrestre, un demi dieux etc...un être qui est tout à fait ordinaire est passionnant, tout le monde peut l'être."
Donc chais pas...c'est pas vraiment un message...engagé. J'associe à la notion d'engagement presque une forme de prescription. Un message qui aura tendance à changer la façon de penser ou de se comporter d'autrui. Avec ce genre de message...ça amène pas de grands changements niveau pensée et comportement. Ça peut être une prise de conscience mais j'ai pas l'impression que ça se traduira par des actes concrets.

Cela dit je peux me tromper. Et c'est du gros Hors Sujet^^
(mais merci tu m'as fait réfléchir!)


Il ne faut pas dire "planter une tente ",mais "poignarder la soeur de sa mère".

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#6 30/07/2013 14:36:16

kano
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Re : La BD engagée

Pingoin masqué: je rejoins ce qu'à dit FenX. Et puis le mec explique quand même qu'il vient d'une famille de communistes syndicalistes, qu'il a passé son enfance dans les usines ouvrières... il a plus qu'un simple "penchant à gauche" ^^
Je n'en attendais pas bien sur moi non plus une analyse intellectuelle approfondie, mais à mon sens quand on veut traiter ces sujets, il faut le faire avec honnêteté et précision, tout en se mettant au niveau de ses lecteurs (en l?occurrence un public jeune). Et pas avec cette démagogie qui irrigue toutes les pages, la sincérité n'excuse pas tout.
Je trouvais vraiment le contre-exemple intéressant, tant c'est à mon avis l'archétype de ce qu'il faut fuir quand on cherche à réaliser ce type d'oeuvres.

De Gornaud: 1000% d'accord avec ce que tu dis.
Je ne connais pas ces BD mais ça m'a l'air très bon tout ça, je ne manquerai pas d'y jeter un oeil.
J'ai lu ausi facteur de croissance, l'oeuvre est tellement ouverte que j'imagine que chacun peut y voir l'engagement qu'il souhaite, si message il y a il m'a pour ma part quelque peut échappé (d'ailleurs si l'auteur passe par la).

Tu me demande ce que j'entend par BD engagée ?
Pour moi l'engagement est caractérisé par la volonté de l'être, la volonté manifeste de faire passer un message. Je ne crois pas que l'on puisse imputer un engagement à quelqu'un qui ne l'a pas souhaité.
Par exemple, les schtroumfs: pour moi ce n'est pas une BD engagée, dans le sens ou l'auteur ne cherche pas à démontrer quoique ce soit sur un plan politique ou philosophique, il délivre une histoire et s'en contente.
Le fait que certains y aient vus par la suite une théorie communisante par la vie en otarcie, en communauté, le grand schtroumf qui a son bonnet rouge... ne veut pas dire grand chose à mon avis puisque les héritiers de Peyo ont confirmés que ce n'était en aucun cas la volonté de l'auteur.
(bien qu'on ai jamais très bien su ce qui arrivais à la shtroumfette quand les lumières s'éteignaient, c'est peut être ça le message en fait   )

Pingoin masqué: juste sur ta dernière remarque, je pense qu'il y a des degrés dans l'engagement, on peut faire une BD ultra, qui traite d'un thème à fond d'une manière absolutiste, mais je pense que ça peut vite être chiant. La force du combat ordinaire je trouve c'est jsutement embarquer le lecteur dans la vie du personnage, et lui tenir la main quand il te montre sa réalité (dont son engagement à gauche est une composante). Après je cautionne pas tout non plus, par exemple quand il dit dans le tome 4 qu'il imagine tous les soirs qu'il coupe sa fille en morceaux


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#7 30/07/2013 14:39:25

kano
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Re : La BD engagée

Pingoin masqué: je rejoins ce qu'à dit FenX. Et puis le mec explique quand même qu'il vient d'une famille de communistes syndicalistes, qu'il a passé son enfance dans les usines ouvrières... il a plus qu'un simple "penchant à gauche" ^^
Je n'en attendais pas bien sur moi non plus une analyse intellectuelle approfondie, mais à mon sens quand on veut traiter ces sujets, il faut le faire avec honnêteté et précision, tout en se mettant au niveau de ses lecteurs (en l?occurrence un public jeune). Et pas avec cette démagogie qui irrigue toutes les pages, la sincérité n'excuse pas tout.
Je trouvais vraiment le contre-exemple intéressant, tant c'est à mon avis l'archétype de ce qu'il faut fuir quand on cherche à réaliser ce type d'oeuvres.

De Gornaud: 1000% d'accord avec ce que tu dis.
Je ne connais pas ces BD mais ça m'a l'air très bon tout ça, je ne manquerai pas d'y jeter un oeil.
J'ai lu ausi facteur de croissance, l'oeuvre est tellement ouverte que j'imagine que chacun peut y voir l'engagement qu'il souhaite, si message il y a il m'a pour ma part quelque peut échappé (d'ailleurs si l'auteur passe par la).

Tu me demande ce que j'entend par BD engagée ?
Pour moi l'engagement est caractérisé par la volonté de l'être, la volonté manifeste de faire passer un message. Je ne crois pas que l'on puisse imputer un engagement à quelqu'un qui ne l'a pas souhaité.
Par exemple, les schtroumfs: pour moi ce n'est pas une BD engagée, dans le sens ou l'auteur ne cherche pas à démontrer quoique ce soit sur un plan politique ou philosophique, il délivre une histoire et s'en contente.
Le fait que certains y aient vus par la suite une théorie communisante par la vie en otarcie, en communauté, le grand schtroumf qui a son bonnet rouge... ne veut pas dire grand chose à mon avis puisque les héritiers de Peyo ont confirmés que ce n'était en aucun cas la volonté de l'auteur.
(bien qu'on ai jamais très bien su ce qui arrivais à la shtroumfette quand les lumières s'éteignaient, c'est peut être ça le message en fait   )

Pingoin masqué: juste sur ta dernière remarque, je pense qu'il y a des degrés dans l'engagement, on peut faire une BD ultra, qui traite d'un thème à fond d'une manière absolutiste, mais je pense que ça peut vite être chiant. La force du combat ordinaire je trouve c'est jsutement embarquer le lecteur dans la vie du personnage, et lui tenir la main quand il te montre sa réalité (dont son engagement à gauche est une composante). Après je cautionne pas tout non plus, par exemple quand il dit dans le tome 4 qu'il imagine tous les soirs qu'il coupe sa fille en morceaux


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#8 30/07/2013 14:39:33

kano
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Re : La BD engagée

Pingoin masqué: je rejoins ce qu'à dit FenX. Et puis le mec explique quand même qu'il vient d'une famille de communistes syndicalistes, qu'il a passé son enfance dans les usines ouvrières... il a plus qu'un simple "penchant à gauche" ^^
Je n'en attendais pas bien sur moi non plus une analyse intellectuelle approfondie, mais à mon sens quand on veut traiter ces sujets, il faut le faire avec honnêteté et précision, tout en se mettant au niveau de ses lecteurs (en l?occurrence un public jeune). Et pas avec cette démagogie qui irrigue toutes les pages, la sincérité n'excuse pas tout.
Je trouvais vraiment le contre-exemple intéressant, tant c'est à mon avis l'archétype de ce qu'il faut fuir quand on cherche à réaliser ce type d'oeuvres.

De Gornaud: 1000% d'accord avec ce que tu dis.
Je ne connais pas ces BD mais ça m'a l'air très bon tout ça, je ne manquerai pas d'y jeter un oeil.
J'ai lu ausi facteur de croissance, l'oeuvre est tellement ouverte que j'imagine que chacun peut y voir l'engagement qu'il souhaite, si message il y a il m'a pour ma part quelque peut échappé (d'ailleurs si l'auteur passe par la).

Tu me demande ce que j'entend par BD engagée ?
Pour moi l'engagement est caractérisé par la volonté de l'être, la volonté manifeste de faire passer un message. Je ne crois pas que l'on puisse imputer un engagement à quelqu'un qui ne l'a pas souhaité.
Par exemple, les schtroumfs: pour moi ce n'est pas une BD engagée, dans le sens ou l'auteur ne cherche pas à démontrer quoique ce soit sur un plan politique ou philosophique, il délivre une histoire et s'en contente.
Le fait que certains y aient vus par la suite une théorie communisante par la vie en otarcie, en communauté, le grand schtroumf qui a son bonnet rouge... ne veut pas dire grand chose à mon avis puisque les héritiers de Peyo ont confirmés que ce n'était en aucun cas la volonté de l'auteur.
(bien qu'on ai jamais très bien su ce qui arrivais à la shtroumfette quand les lumières s'éteignaient, c'est peut être ça le message en fait   )

Pingoin masqué: juste sur ta dernière remarque, je pense qu'il y a des degrés dans l'engagement, on peut faire une BD ultra, qui traite d'un thème à fond d'une manière absolutiste, mais je pense que ça peut vite être chiant. La force du combat ordinaire je trouve c'est jsutement embarquer le lecteur dans la vie du personnage, et lui tenir la main quand il te montre sa réalité (dont son engagement à gauche est une composante). Après je cautionne pas tout non plus, par exemple quand il dit dans le tome 4 qu'il imagine tous les soirs qu'il coupe sa fille en morceaux


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#9 30/07/2013 15:21:43

le pingoin masqué
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Re : La BD engagée

kano a écrit :

Pingoin masqué: je rejoins ce qu'à dit FenX. Et puis le mec explique quand même qu'il vient d'une famille de communistes syndicalistes, qu'il a passé son enfance dans les usines ouvrières... il a plus qu'un simple "penchant à gauche" ^^

Oui son environnement est vachement à gauche, mais lui-même...pas vraiment. Y a notamment un passage dans le tome 4, après l'élection de sarko où il passe une nuit dehors avec le vieil ami de son père. Ce dernier lui raconte plein de trucs sur la condition ouvrière, le chômage, les dirigeants politiques etc... Et Marco s'en fout. Il le lui dit. Et même il s'endort au beau milieu du discours de l'autre.  C'est là qu'on voit que Marco est un type ordinaire, pas un mec qui veut changer le monde, un super-héros ou même un héros. C'est un type ordinaire et ses problèmes ordinaires lui suffisent largement. Entre autres s'occuper de sa famille.
La politique est présente dans l'histoire mais elle est loin d'être centrale et le personnage principal s'en détache à la fin... C'est pour ça que "le combat ordinaire" ne me semble pas être une BD "engagée". Au sens politique ou social tout du moins.

Pour le reste de ce que tu dis (hormis le passage sur l'engagement à gauche du "combat ordinaire" mais je viens d'en parler ici alors je vais pas redire la même chose^^) je suis assez d'accord!


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#10 31/07/2013 12:24:00

De Gornaud
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Re : La BD engagée

Pingoin, je pense tes objections dépendent de la définition qu'on met derrière "BD engagée". Je n'ai pas lu tout le combat ordinaire, alors je n'ai pas d'avis là dessus en particulier, mais en effet on peut se demander à partir de quand une BD est engagée.

Kano: pour Facteur de croissance, tu peux sûrement mettre plusieurs histoires derrière, mais le titre oriente la lecture: détruire puis reconstruire, ça fait de la croissance économique, ce qui selon moi montre l'absurdité d'utiliser ce concept comme unique horizon politique.

Quant aux Schtroumpfs, je trouve justement qu'il y a parfois des messages intéressants. Pas en imaginant qu'ils seraient communistes, mais dans les sujets abordés, comme la dictature dans le Schtroumpfissime, ou une forme de xénophobie dans Schtroumpf vert et vert schtroumpf.
Mais c'est fait assez finement, dans mon souvenir. Ça montre bien qu'on est pas obligés de prendre les gosses pour des abrutis.


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