#1 22/01/2005 11:50:27

BILLONMAN
Chiure de gomme
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Re-recherche Dessinateurs

Voici un exemple de scénario pour voir si cela t'inspire quelques images :

            C'était le petit matin, le soleil se levait timidement et jetait ses reflets mordorés sur la nature alentour, un petit vent frais soufflait, portant jusqu'à moi les odeurs tièdes et sucrées du printemps naissant. Un oiseau en quête de repas vint se poser non loin de moi, je l'observais sans mot dire, goûtant avec délice tous ces instants privilégiés. J'étais seul, et je regardais la nature doucement s'éveiller, s'étirer au sortir d'une longue nuit que nous avions passé ensemble. J'avais tant espéré vivre ces moments là, cette fois j'y étais, aux premières logesà   
            C'est vrai que si j'effectuais un rapide flash-back sur ma vie écoulée, le tout avait été plutôt correct, mais somme toute assez quelconque : une enfance normale, au sein d'une famille normale, de classe moyenne, sans histoires, sans aucune histoire d'ailleurs, tout à fait mornement banale.   
Une scolarité chaotique, mais non traumatisante, des amis d'école et même parfois quelques uns qui franchissaient le seuil de notre modeste maison. Dans cette maison, une s£ur, bien trop âgée et soucieuse de son apparence pour s'occuper de moi, mais sans aucune malveillance non plus, mes parents, se donnant beaucoup de mal à ressembler à un couple toujours amoureux, mais la conviction n'y était pas vraiment, et puis il y avait ma chambre, mon refuge, où je me suis inventé tant de vies différentes, raconté tant d'aventures palpitantes, et pleuré aussi souventà
            L'été, c'était le temps des vacances, des cachettes dans les champs de blé, les premiers secrets, les premiers baisers échangés à la sauvette, qui laissaient dans la bouche un goût sucré de chewing-gum et de salive mélangés. L'hiver, je m'en souviens aussi, lorsque les premiers flocons de neige se mettaient à tomber, nous courrions comme des fous, la bouche ouverte, pour les sentir fondre sur notre langue. Et dès que le manteau neigeux était assez épais, c'était le temps des batailles de neige et des concours de glissade. Je me souviens de ces après-midi d'automne où l'orage nous surprenait en pleine expédition forestière, et où nous rentrions trempés jusqu'aux os, poursuivis par les éclairs qui nous terrorisaient tant qu'ils nous faisaient rire aux éclats. Je me souviens de tout, et je me laisse lentement imprégner par cette nostalgique mélancolie, c'est si douxà

            Et puis, de plus en plus rapidement, les jours ont passé, peu à peu les poils ont envahis mes bras, mes mollets et mon menton, et en même temps que cette formidable sensation de liberté et d'indépendance, les premiers soucis sont apparus.
Les premiers amours et les premières peines de c£ur, si douloureuses, les premiers salaires et les premières factures, non moins douloureuses, les premières contraintes, les premières obligations qui viennent si rapidement brider cette liberté tant espérée. Certes, au début, on n'y prend pas garde, et on remise soigneusement de côté  tous ces petits accrocs au bonheur quotidien, mais très vite la place vient à manquer, les ennuis s'accumulent et déposent peu à peu un voile terne sur nos yeux d'enfants, voilà alors venu le temps de la luciditéà   
Alors on se durcit, on s'endurcit, on se blinde, on se blase, et on vit comme ça, tentant de faire illusion, d'oublier au fond de sa gorge le goût doucereux des premiers baisers et de l'innocence perdue.
Pour mon cas personnel, j'avais rapidement compris que cette nostalgie ne me quitterait sans doute plus, et j'avais décidé d'en prendre mon parti.
Aussi, je m'efforçais de paraître aux yeux de mes proches comme un être le plus souvent gai et rieur, voire taquin. On enviait ma bonne humeur constante et on me considérait dans ma profession comme un garçon plutôt agréable et enjoué, un type bien, du moins je le pense.
Personne n'aurait pu se douter qu'au fond de moi, je traînais cette blessure sourde, cette sordide cicatrice, qui gâchait chacun de mes moments de joie, non personne, ou presqueà
Car il y a ma femme, ma douce , ma tendre, mon inséparable camarade, ma complice de chaque instant, qui sait d'un regard désamorcer mes colères, d'un sourire apaiser ma tristesse, d'un simple geste me rendre fou amoureux, comme au premier jourà
Ma femme, sans qui je ne serais que l'ombre de moi-même, qui a su révéler en moi des trésors de tendresse insoupçonnés, qui a su colorer de teintes merveilleuses mon existence morne et grise, qui respirait pour moi quand parfois la vie m'étouffait, ma femme que j'aime tant, que j'aime tant, pourtantà

            Rien que de penser à elle, l'émotion me submerge, mes yeux s'emplissent de larmes, alors j'aspire goulûment une profonde bouffée d'oxygène, je dois être fort, je dois résister encore, encore un peu, le temps de finir ce qui doit être faità
Je tamponne mes yeux avec un mouchoir, me racle la gorge pour éloigner de ma voix les sanglots qui s'y cachent, et tâtonne de la main droite le siège passager pour trouver mon téléphone portable.
La batterie est faible, je vais devoir procéder par étapes, de façon très rigoureuse, le temps est compté.
Un coup d'£il sur ma montre : huit heures trente deux.
Richard doit être arrivé au bureau, il est toujours à l'heure, précis et ponctuel comme il aime à le souligner. Il apprécie tellement la rigueur qu'il peut paraître parfois austère pour qui ne le connaît pas, mais moi qui le pratique depuis maintenant quelques années, je sais que c'est un collaborateur extrêmement  précieux et très compétent grâce  à cette minutie excessive. C'est pourquoi je me dois de l'appeler pour lui transmettre les dernières informations avant deà
Ah ! Ca sonne !

_  Richard ? Oui, bonjour, c'est moi ! Tout va bien ? Parfait !
Dis-moi Richard, je risque d'être absent plus longtemps que prévu, alors je voulais te dire : si tu as besoin d'un renseignement quelconque au sujet d'un de mes dossiers, tu trouveras la clé de mon bureau au fond du pot à crayons, près de l'ordinateur, ok ?
Oui, merci beaucoup Richard, je savais que je pouvais compter sur toià
Oui oui, je te rappelleà
? plus, Richard.

Ouf ! C était plus facile que je ne l'aurais imaginé.
J'aurais dû m'en douter, Richard a toujours été un modèle de discrétionà

Il ne me reste plus que trois barrettes d'alimentation sur la batterie de mon portable, il va falloir faire vite et bien gérer les priorités.   
Je tente de mettre de l'ordre dans les pensées qui assaillent mon cerveau, mais tout devient de plus en plus confus au fur et à mesure que le temps passe. Finalement, je décide de passer deux derniers appels avant que mon téléphone ne m'abandonne.
Le premier sera pour ma mère, ma pauvre vieille mère, qui se morfond seule au fond de son petit pavillon de banlieue depuis la mort de mon père. La vie nous avait séparés lorsque j'étais devenu adulte, pris dans le tourbillon tumultueux de la vie, j'avoue les avoir délaissés un peu vite tous les deux, tant et tellement que je n'ai même pas vu papa partir, emporté par une maladie dont j'avais même ignoré l'existence.
J'avais revu maman à l'enterrement de mon père, et ce jour là, dans la tristesse de son regard, j'ai compris combien je lui avais manqué, je m'étais depuis ce jour là juré de ne plus l'abandonner et je l'appelais régulièrement chaque semaine.
Je compose son numéro, première sonnerie, deuxième sonnerie, réponds maman, je t'en prie, réponds !

-    Allo ? Maman, c'est moi !
-    Ah, c'est toi, mon fils ! Tu tombes mal, je suis en pleine lessive ! Tu peux me rappeler plus tard, j'ai les mains toutes trempées, s'il te plait ?
-    Je vais essayer maman, mais ce sera difficileà Maman ? Je voulais te dire que je t'aime très fort, tu saisà
-    Mais je sais bien, mon grand garçon, moi aussi je t'aime. Allez, à tout à l'heure, bisous, mon chéri !
-    Bisous mamanà

Ma voix s'était étranglée sur les dernières syllabes, mais je pense qu'elle n'a rien entendu, c'est mieux ainsi.
Le signal d'avertissement de la batterie du téléphone émit un petit bruit strident, me rappelant à l'ordre, le temps est compté, il va falloir faire vite maintenant, très vite !

Mes mains tremblent, je suis fatigué, très fatigué à présent, cette nuit avait été vraiment longue, je me sens faiblirà
Allez, encore un dernier effort !
Mes doigts pianotent sur le clavier du téléphone, je me sens vraiment très mal à présent, il faut qu'elle décroche, il le fautà

    -Allo, allo ? C'est toi, mon chéri ? Je me suis fait un sang d'encre !
Pourquoi ne m'as-tu pas appelé plutôt ? Tout va bien ? Je ne t'entends pas, chéri, ça va ?

Je n'aurais pas imaginé que le fait d'entendre sa voix me produise un tel effet, je suis comme paralysé, je voudrais lui dire tant de choses, toutes ces choses que je n'ai jamais su dire, et je reste là, la gorge nouée, incapable de proférer le moindre son, impuissantà
L'alarme du téléphone retentit à nouveau, la communication sera bientôt coupée, il faut que je trouve la force de lui direà

-    Chérie, chérie, écoute-moià J'ai eu un accident, mais ça va aller, ne t'en fais pasà Et surtout, n'oublie pas, je t'aime de tout mon c£ur, plus que quiconque, je t'aime fortà

Plus rien, le téléphone vient de s'éteindre, c'est finià
Je ne vois plus rien, mais c'est sûrement à cause des larmes qui emplissent mes yeux, je n'en peux plus, la douleur est trop forte, je veux que tout s'arrête, maintenantà
Du revers de la main, j'essuie mes yeux, je regarde mes jambes broyées dans l'enchevêtrement métallique, le sang séché recouvre le plancher de la voiture, j'ai froid à présent et j'ai du mal à respirerà
Tiens, te voilà toi ! Alors tu t'en es tiré ?
Tant mieux, tu vois, moi je n'ai pas eu ta chanceà
Dans un brouillard confus, je vois le jeune chevreuil s'éloigner, ce chevreuil même qui avait surgi devant moi hier soir, que je n'avais pu éviter qu'en franchissant le parapet, et me retrouver les jambes et le thorax coincé dix mètres en contrebas sans que personne ne puisse me voir ou même imaginer ma présenceà

Le jour s'était levé, la voiture de la patrouille de l'autoroute s'immobilisa sur le bas-côté, un automobiliste avait signalé une barrière arrachée    à cet endroit.
L'employé descendit de sa voiture, s'approcha prudemment du précipice et aperçut entre les sapins la carcasse d'une voiture. L'endroit était trop escarpé, il ne pouvait se risquer à descendre sans mettre en péril sa propre vie. Il se précipita donc sur la radio, et appela les secours.
Dix minutes après, la sirène du camion de pompiers retentit.
Ce fut le dernier son qu'il entendit, coincé dans la tôle froissée, les secours arrivaient, un pâle sourire éclaira une ultime fois son visage fatigué, les secours arrivaient, alors peut-êtreà

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#2 22/01/2005 14:22:18

cyril k
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Re : Re-recherche Dessinateurs

Alors, je te dirai que si tu cherches un dessinateur...il faudra peut être que tu adaptes tes écrits, qui apparaissent plus comme une nouvelle, en tout les cas comme une histoire à lire que comme un scénario de BD.
Ce qui n'est pas du tout la même chose...à penser en terme de découpage, de page, de rythme, de cadrages, de dialogues....

Bon courage


Je dis aux jeunes : la fête, c'est la vie. La vie, c'est ton visage. Ta vie, elle est importante pour toi, elle est importante pour tes proches, pour tes amis, pour ta famille. Alors protège-la.  J.P Raffarin

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#3 22/01/2005 16:17:42

Amentet
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Re : Re-recherche Dessinateurs

bah, ça dépend, cyril.

des dessinateur peuvent aimer travailler sur un texte présenter comme ça.

Bon, il est sur que là ca manque un peu de description (notamment lors du monologue, on en sait pas ce que fais alors le type).


Peace & love attitude

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#4 22/01/2005 19:38:21

BILLONMAN
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Re : Re-recherche Dessinateurs

tout d'abord, un grand merci à tous ceux qui se sont donnés la peine de me lire, et un plus grand encore à ceux qui m'ont répondu...
En revanche, je ne suis pas convaincu qu'il faille vraiment découper le texte de façon aussi précise pour un dessinateur, ma démarche est de lui apporter l'histoire, le fil conducteur, à lui de l'exprimer en images à son gré, du moins c'est comme cela que je l'imagine.
Il est vrai que cet exemple n'était peut-être pas le meilleur, en voici un autre :

LA GRANDE HISTOIRE DE L'HUMANITE SELON MOAH                   

Il n'en revenait pas.
                   Il savait.
                    Toutà

Il secoua la tête énergiquement de gauche à droite, comme pour secouer les brumes d'un mauvais rêve, souffla profondément à trois longues reprises, le soleil se couchait et envoyait sur son visage des reflets de lumière mordorés trahissant son étonnement, il avait beau refuser tout en bloc, il n'y pouvait rien, il venait de réaliser que maintenant plus rien ne serait comme avant, carà il savait.
Il se sentit soudain désemparé, il aurait tellement voulu ne jamais se trouver là, tellement aimé continuer à vivre sa vie, simple et insouciante, comme tout un chacun, tellement voulu ne pas être celui qui saità
Il tapa du pied dans un caillou. Un petit nuage de poussière s'éleva, et le caillou roula le long des parois de la grotte, jusqu'à s'arréter contre le bord d'une caisse métallique. Elle était recouverte de terre, et avait due être enfouie profondément, mais le métal qui la recouvrait semblait flambant neuf, renvoyant des éclats de feu lorsque la lueur de sa torche le découvrait.
Le couvercle de la boite était ouvert, et à l'intérieur, dans une sorte d'écrin bleu vif, trônait une espèce de petit carnet.
Il le saisit dans ses mains, laissant courir une nouvelle fois ses doigts sur la couverture pour sentir la texture, puis lentement, très lentement, il l'ouvrit à la première page.
Il espérait secrètement que tout aurait changé, qu'il n'y aurait plus rien, que tout serait effacé, mais comme la première fois ses yeux s'embuèrent en découvrant l'écriture élégante et racée qui recouvrait les pages. C'était une sorte de carnet de bord, ou de journal secret, qui devait dater de très nombreuses années. Les mots étaient alignés impeccablement les uns après les autres, il imaginait que la main qui les avait tracés devait être longue et fine, et certainement appartenir à un être infiniment délicat. Il avait lu et relu ces mots des dizaines et des dizaines de fois, les laissant s'imprégner lentement et délivrer peu à peu leur récit, et maintenant il savaità

½cela fait maintenant plusieurs décades que notre vaisseau parcourt l'espace à la recherche d'une terre d'asile. Nombre d'entre nous pensent que nos jours sont comptés, nos réserves d'énergie baissent à vitesse grand V, et bien que notre laboratoire embarqué nous assure nourriture et oxygène, les aliments récoltés commencent à se dénaturer, la terre de la serre n'arrivant plus à se régénérer.
Depuis le jour de l'implosion de notre planète mère, nous n'avons jamais réussi à contacter d'autres vaisseaux, il semble que nous soyons les derniers êtres vivants à avoir survécu à la catastrophe. Il y avait pourtant d'autres missions en orbite autour de la planète, cependant il est vrai qu'aucun autre vaisseau n'égalait notre taille, ni notre équipement d'ailleurs. Le jour de l'implosion du monde, l'onde de choc fut terrible, il est fort probable que leurs boucliers de protection ne purent contenir l'effet de la déflagration et qu'ils furent happés par le souffle terrible de l'explosion.
Par chance, notre mission d'exploration aux confins du système galactique nous avait tenus suffisament éloignés pour nous épargner la violence du contrechoc. Toutes les fonctions vitales de notre système de détection fonctionnent à plein, dans l'espoir de déceler une planète susceptible de nous accueillir afin de perpétuer la survie de notre espèce.
Pour ma part, je pense qu'il est peut-être déjà trop tard, mais par respect pour mes congénères je m'interdis de penser au pire.
En ma qualité de technicien supérieur, je sais pourtant que nos chances sont désormais très minces. Bien que tous les systèmes soient en alerte, et que l'un deux ait apparemment détecté une petite planète bleue contenant les ingrédients nécessaires à la vie : l'oxygène et l'eau, mes calculs de combustible de propulsion semblent largement inférieurs à la distance à parcourir. Je n'ai pour l'instant pas voulu alerter inutilement mes congénères, mais mes craintes semblent se confirmer de jour en jour. C'est pourquoi j'ai décidé de consigner dans ce recueil mes dernières impressions, pour que cela puisse éventuellement servir à d'autres tel un ultime témoignage du niveau de technologie que nous avions réussi à atteindre.
Mais, si cet ouvrage doit effectivement tomber entre d'autres mains, il me faut tout d'abord commencer par le début, ou devrais-je plutôt dire la fin, de notre monde.

Notre monde se trouve, ou plutôt se trouvait, sur la face interne de ce système solaire. Notre expédition avait pour but de rechercher d'autres sources d'énergie capables d'alimenter notre planète qui déclinait déjà depuis quelques milliers d'années. Nos chercheurs, ayant découvert l'existence d'un passage permettant de circuler d'un côté  à l'autre de notre univers, une sorte de grand aspirateur à double sens qu'ils nommèrent TROUNOHAR, construisirent en hâte ce vaisseau dans l'espoir de détecter et de ramener sur notre planète une énergie exportable capable  de réactiver notre noyau central défaillant. En parallèle, une autre équipe de chercheurs tentait de rejoindre le centre de la planète afin de relancer le mouvement du noyau à l'aide de multiples explosions nucléaires.
En effet, les derniers rapports sur l'espèrance de vie de notre planète étaient plutôt alarmants : tous les scientifiques s'accordaient à lui donner dans le meilleur des cas à peine quelques dizaines de milliers d'années à vivre. Il est vrai que notre technologie particulièrement avancée nous avait permis de repousser les limites de la vieillesse, l'âge moyen de nos concitoyens tournant à présent entre 1500 et 2000 ans . Tout ceci pour dire qu'il nous restait vraiment peu de temps pour donner un peu d'espoir aux futures générations. Notre vaisseau naviguait maintenant depuis environ deux cent ans, et nous venions tout juste de détecter cette minuscule planète bleutée qui semblait regorger d'énergie, lorsque notre système radio nous informa que l'équipe de chercheurs conccurente , baptisée à juste titre BIGBANG, venait d'atteindre le noyau et allait procéder aux explosions supposées réactiver le noyau. Ce fut le dernier message que nous reçûmes de notre planète. Nous passâmes plusieurs jours à rechercher sur nos radars une infime trace  de notre monde, mais nous dûmes vite nous résoudre à cette terrible vérité, notre planète avait bel et bien disparu de la carte du ciel. Nous étions seuls dans l'univers, à la recherche d'une planète improbable susceptible de nous accueillir. Nous n'eûmes pas longtemps l'occasion de nous apitoyer sur notre sort, les détecteurs du vaisseau ayant repéré un souffle gigantesque provenant de l'implosion de la planète qui se dirigeait sur nous à vive allure. Malgré nos puissants boucliers de protection, et le verrouillage du système de navigation, notre vaisseau fut littéralement projeté hors de son orbite,
ce qui causa la perte irrémédiable de tous les capteurs d'orientation automatique. Nous nous retrouvâmes donc perdus dans l'espace, sans aucune carte stellaire, aucun repère connu dans cette partie de l'univers. Le dernier repère en mémoire était cette foutue petite balle bleue que nous essayons de rejoindre à présent, en navigation manuelle.
Nous sommes à présent 1200 personnes à bord de ce navire, 1200 représentants de notre espèce, et respectivement 800 hommes et 400 femmes. L'équipage est constitué pour la plupart de scientifiques de renommée, chercheurs, ingénieurs, botanistes, géologues, mais aussi de tout le personnel d'intendance, à savoir mécaniciens, cuisiniers, logisticiens, personnels de service et bien entendus les pilotes. Ces derniers, quoi qu'infiniment expérimentés pour la plupart, avaient bien du fil à retordre pour retrouver le maniement du vaisseau sans aucun système automatique de recherche actif. Il leur fallait se souvenir de leurs premiers cours de pilotage sur les simulateurs virtuels, et pour la plupart, ces cours remontaient déjà à plusieurs centaines d'années.
Nous errions donc dans l'espace, tentant d'approcher la petite planète, et je n'osais à peine penser à ce que je venais de découvrir. Je n'avais jamais été le plus brillant, ni le plus audacieux de tous mes collègues techniciens, mais cette fois je devais me rendre à l'évidence. J'avais fait et refait ces calculs plus d'une centaine de fois dans la crainte de m'être trompé, mais cette fois le doute n'était plus permis : compte tenu de la vitesse actuelle du vaisseau et de la distance qui nous restait à parcourir pour parvenir à proximité de la planète miraculeuse, nos réserves de carburant propulseur seraient largement insuffisantes pour nous permettre de nous stabiliser sur son orbite. En clair, nous étions littéralement en train de foncer droit sur la planète.
Ayant fait part de mes constatations au reste de l'équipage, il fut rapidement convenu de mettre en place un plan de secours. Nous décidâmes donc de couper au plus vite l'alimentation en carburant  afin de l'économiser, de réduire notre vitesse et de maintenir notre trajectoire. Arrivé à proximité de la planète, il était prévu de rallumer les propulseurs comme lors d'un décollage afin de nous ralentir et tenter de nous positionner en orbite autour de celle-ci.

Malheureusement, le plan ne fonctionna pas comme prévu. Lorsque nous arrivâmes près de la planète, nous essayâmes de rallumer les propulseurs, mais la vitesse du vaisseau dans sa course libre avait gelé les systèmes de mise à feu. Malgré les efforts des techniciens, lorsque nous réussîmes enfin à les allumer, nous étions trop près de la planète. Les propulseurs enclenchés à fond ne parvinrent qu'à freiner notre chute, et nous percutâmes de plein fouet la planète. Le choc fut terrible, nombre d'entre nous périrent dans la collision, mais le plus grave fut que le système interne de notre vaisseau éclata littéralement. L'énergie qui l'alimentait était constitué d'une sorte gaz, comparable à de l'azote liquide mille fois compressé. Lorsqu'il implosa, le gaz s'échappa instantanément et gela d'un coup toute la surface de la planète. Parallèlement le système de sécurité s'était déclenché et les capsules de survie individuelles furent instantanément éjéctées et disséminées sur la totalité de la planète.
Une fois le choc passé, nous tentâmes tant bien que mal de nous regrouper. Pour ma part, je réussis à rejoindre un groupe d'une centaine de personnes que l'hasard avait fait atterrir plus ou moins à proximité. Nous ne connûmes le sort des autres que bien plus tard. Mais j'y reviendrais par la suiteà
Après nous être aménagés un abri de fortune dans les sous sols de la terre, la surface totalement gelée étant inhabitable, il fut temps de faire les premières constatations :
-    notre vaisseau était détruit, et nous n'avions plus aucune chance de quitter cette planète,
-    le gaz qui avait gelé la planète, avait par la même occasion détruit toute forme de vie existante ( ce qui était, ceci dit très égo´stement, plutôt rassurant, aux vues des cadavres d'immenses animaux que nous avons trouvés disséminés sur la surface du sol),
-    les seuls représentants de notre espèce étaient éparpillés aux quatre coins de cette planète que nous ne connaissions même pas ,
-   
bref, nous étions dans de beaux draps !

mais la solution était somme toute assez simple : il suffisait de recréer l'humanitéà

Durant les premières centaines d'année, nos chercheurs firent différentes expériences tendant à recréer une vie animale, potentiellement intelligente, à partir des éléments existants sur la planète, à savoir l'eau qui recouvrait une majeure partie du globe et les échantillons prélevés sur les immenses animaux décédés lors de notre arrivée.
Nous parvînmes à communiquer avec les groupes de nos concitoyens les moins éloignés, mais, privés de technologie, il nous fut impossible de parcourir à pied les distances nous séparant. Nous leur fîmes part du résultat de nos recherches, eux des leurs, et nous en arrivâmes inexorablement au même résultat : il nous était impossible de nous reproduire sur cette planète. Le mélange eau/oxygène omniprésent sur la planète bloquait notre système de reproduction interne, il nous était possible de l'absorber et d'en vivre, mais celui-ci était fatal à une éventuelle survie de notre espèce, du moins dans sa forme originelle.
Nos savants s'attelèrent donc à la tâche : tenter de créer une espèce mutante à partir de nos gènes, capable de reprendre le flambeau de notre humanité. Les premiers résultats furent plutôt déroutants, on vit apparaître tout d'abord de tous petits organismes unicellulaires, que l'on implanta dans les océans, faute de mieux. Ces organismes se développèrent et donnèrent naissance à des tas d'espèces marines : poissons, cétacés, mollusques et bien d'autres encore, mais aucune espèce réellement intelligente, du moins à notre niveau (ou à notre connaissance !).
Parallèlement,  les ingénieurs et techniciens trouvèrent le moyen de capter l'énergie solaire afin de réchauffer la planète, en entourant celle-ci d'une épaisse couche d'ozone qui servait de filtre, provoquant ainsi le réchauffement et le dégel de la planète. Ce fut une véritable révolution, une végétation luxuriante se développa sur la totalité du globe terrestre et nos savants purent s'en donner à c£ur joie dans l'expérimentation de nouvelles espèces. On vit arriver des animaux de toutes sortes : à plumes, à poil, à écaille ou carapace, marchant, sautant, volant, rampant, creusant, se développant à toute allure et recouvrant rapidement la planète entière.
Mais, au grand désespoir de notre communauté, devenue maintenant vieillissante, nous ne parvenions toujours pas à développer un raisonnement intelligent sur l'un ou l'autre de ces organismesà
Jusqu'au jour où un message nous parvint d'un des groupes de rescapés proche d'une région que nous avions nommée HAFHRIKH :

Une espèce animale, plus connue sous le nom de SINGE serait susceptible de développer une forme d'évolution intelligente, intégrant nos propres gènes. Ce n'était pour l'instant encore qu'un animal, mais ils ne désespéraient pas pouvoir la faire évoluer, tout en la rapprochant le plus possible de notre apparence originelle.
Ce message fut accueilli par tous les groupes survivants avec une grande joie, et chacun de son côté, s'efforça de faire évoluer ses propres spécimens. On vit alors apparaître sur le globe, disséminés au hasard de nos créations, différents groupes de type humano´de : certains avaient la peau mate, d'autres plus foncée encore, ou bien plus jaune, voire même rose, presque blanche. Certains avaient les yeux bridés, d'autres le nez aplati ou bien crochu, enfin, il faut bien l'avouer : certains étaient plus réussis que d'autres, mais peu importe, ce qui comptait, c'était que cette nouvelle espèce avait effectivement la capacité d'intégrer nos gènes et donc, par conséquent, la possibilité de pouvoir développer à terme une forme d'évolution comparable à celle de notre civilisation.
Chaque groupe de rescapés observait sa progéniture avec attention, le temps nous était compté. Mais il faut le reconnaître, cette nouvelle espèce animale évoluait plutôt rapidement. Très vite, on vit des groupes se former, une vie sociale s'organiser, un langage se développer. Ils progressaient à une vitesse surprenante au vu de nos précédentes expérimentations. Certes, il fallut parfois leur donner un petit coup de pouce : l'un de nous leur envoya le feu, à leur grande frayeur d'ailleurs.
Les éclairs zébrant le ciel avaient enflammés d'un coup précis le vieil arbre à proximité de leur caverne, et c'est ainsi, qu'ébahis, ils découvrirent qu'ils pouvaient dompter cette énergie capable d'éclairer, de réchauffer, et de cuire aliments et poteries.
A partir de ce moment-là, leur évolution se précipita. Nous continuâmes à les surveiller, mais restâmes très discrets. Cette espèce, bien que très évolutive, conservait malgré tout en elle ses origines animales et se révélait parfois étonnement cruelle, se massacrant sans merci.
Certains groupes, cependant, ne purent s'empêcher de se manifester à plus ou moins juste titre, dans le but de faire évoluer, ou plutôt de dompter leurs créatures. Ces apparitions traumatisèrent infiniment les petites peuplades qui nous vénérèrent, nous craignant aussi par la même occasion.
Ils nous donnèrent le nom de DIEUX (celui qui dit à eux).

Certains, parmi nous, en usèrent avec parcimonie, d'autres, au contraire, s'en amusèrent et parfois en abusèrent. On vit ainsi fleurir une multitudes de divinités : les dieux de l'Olympe du côté du groupe GREK, les divinités pharaoniques du groupe EGYPTH, le fameux et terrifiant
ALLAH dans les peuplades du désert, moins connu et pourtant l'un des plus beaux (et bref  passage) fut celui de la civilisation des mayas et des incas qui réussit presque à communiquer avec eux une partie de son savoir, et bien d'autres divinités plus ou moins influentes sur la totalité de la planète. (Les traces de leur ingérence au sein des civilisations naissantes sont toujours visibles, telles les pyramides ou bien les fameuses statues de l'île de Pâques, entre autresà)
Mais le plus influent de tous, celui qui changea le sort de l'humanité toute entière fut issu de notre propre groupe, celui que l'on nomma tout simplement : DIEU.
Notre cellule était certainement l'une des plus importantes des rescapés du vaisseau-mère, et de par là même, une des plus influentes sur la population humaine na´ve et crédule.
Nous nous efforcions pourtant de rester le plus possible à l'écart de son essor, essayant simplement de les guider dans leur évolution en insufflant ici et là quelques conseils de sagesse et d'amour au travers de différentes apparitions furtives. On essaya même de leur donner les bases de notre sagesse au travers de dix commandements très simples (tu ne tueras point, tu ne voleras point, etcà), mais sans grand résultat.
Pourtant, au sein de notre communauté, un de nos plus éminents savants trouvait le temps un peu trop long, et décida de précipiter un peu les évènements.
A force de recherches minutieuses, il avait trouvé le moyen de procréer un être mi-homme, mi-dieu, en lui greffant la quasi-totalité de nos gènes dans un corps humain, ce qui lui prévalait d'être à la fois possesseur de tous nos pouvoirs tout en pouvant espérer être reproductible.
Il l'éleva dans le secret le plus absolu, lui inculquant minutieusement toutes les bases de notre réussite, à savoir la sagesse, l'amour, la paixà
Il le façonna à son image, quiconque les aurait croisés se serait cru en la présence d'un père et de son fils. En raison des travaux génétiques effectués sur lui, il lui donna le nom de RHESUS, le seul humain détenteur de nos propres gènes.

Au bout d'une période d'environ une trentaine d'années, il lui sembla que sa créature était enfin prête à distiller son message pacificateur, et il décida de l'envoyer parmi les humainsà
Son arrivée chez les hommes fut accueillie avec la plus grande des ferveurs.Très vite, il rassembla autour de lui une population chaque jour plus nombreuse qui s'abreuvait de ses paroles et les colportait autour d'eux.
Son créateur, notre savant, savourait son succès et surveillait de très près son protégé, l'encourageant même à montrer à la population l'étendue de ses connaissances. Celui-ci ne s'en priva pas et émerveilla la foule toujours plus nombreuse autour de lui : il dupliqua la nourriture en recréant leurs molécules alimentaires à volonté, lévita au dessus de l'eau par la simple force de sa volonté, guérit un paralytique et redonna la vue à un aveugle en magnétisant les parties lésées, et bien d'autres æmiracles' encore, comme les hommes se plairent à décrire ces actionsà
Dans son immense majorité, l'espèce humaine fut rapidement conquise par cet étrange individu arrivé de nulle part, et sa renommée grandit de jour en jour, dépassant les frontières et attirant de plus en plus de disciples.
Ce qui n'était pas sans irriter un des humains les plus influents de l'époque, Ponce PILATE, grand conquérant, empereur puissant ( il y en aurait d'autres tel que lui dans l'histoire de l'humanité :Jules Cesar, Napoléon, Hitler,à), ivre de pouvoir et de puissance.
Celui-ci n'était pas prêt à écouter le message de paix de notre envoyé, et le fit arréter au plus tôt. Malgré les protestations de la foule, il fit littéralement punaiser l'infortuné JESUS (RHESUSà) sous les yeux horrifiés de la population.
Devant tant de cruauté, il fut décidé de rapatrier le corps du pauvre RHESUS, mais il nous fut impossible de le ramener à la vie, au grand désespoir de notre savant qui cessa aussitôt ses expérimentations, dégoûté.
Cet évènement fit grand bruit au sein de notre communauté, il apparaissait évident que les humains n'étaient manifestement pas prêts à vivre en paix, leurs instincts animaux étant encore trop solidement ancrés en eux.
Ceci-ci dit, leur évolution très rapide laissait présager le pire, menaçant notre survie dans les entrailles de la terre, qu'ils ravageaient à une vitesse inimaginable.

Il fut donc décidé de quitter l'écorce terrestre pour rejoindre les profondeurs marines, une cellule de rescapés ayant réussi à s'y adapter avec merveille. Ces derniers parlaient même d'une tentative de communication très subtile avec une espèce animale manifestement plus évoluée et pacifique que l'espèce humaine : les dauphins.
Voilà, ainsi s'achève mon témoignageà
Je vais déposer cet ouvrage dans un caisson issu de notre ancien vaisseau, il devrait pouvoir se conserver durant plusieurs millénaires.
Si quelqu'un le découvre et parvient à le déchiffrer, puisse-t-il en faire le meilleur usageà
                                        Votre dévoué serviteur, MOAH ?
   


Il n'en revenait toujours pasà

                    Il savaità


                            Mais peut-être pas vraiment toutà


    Il ramassa ses affaires à la hâte, enfouit le plus profondément possible l'étrange caisson métallique, (il ne tenait absolument pas à être l'homme qui devait révéler à l'humanité son origine), et s'enfuit à grand pas, tenant serré contre son c£ur le petit carnet.
Il savait qu'il avait maintenant une nouvelle recherche à effectuer, et oh combien plus importante : il devait aller communiquer avec les dauphins !

                    *                       *

Ceci n'est qu'une version de La Grande Histoire de l'Humanitéà
Qui saità
Peut-être en trouveras-tu une autre en dénichantà La Grande Histoire de l'Humanité Selon TOAH.

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