#1 28/10/2016 21:15:38

vinzouille
Gentil BDA
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Collectif BDA 2017 les textes

Hello

Je vois que certains attendent avec impatience la diffusion des textes alors les voici
Affectations des textes / dessinateurs
-Texte de Jgab -> Stefrex
-Texte de Mansuz -> Fayce78
-Texte de Lucas -> FlonFlon
-Texte 1 de Mr K -> vinzouille
-Texte 2 de Mr K -> JYP
-Texte de Lékère -> Jgab
-Texte de Lapeluche -> isangeles
-Texte 1 de Mr Clark ->
-Texte 2 de Mr Clark -> AV63
-Texte d'isangeles -> Greg24
-Texte de Vinzouille -> Mokàcyd
-Texte de Kalamitymik -> SaihtReb

Dernière modification par vinzouille (30/11/2016 09:36:23)

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#2 28/10/2016 21:23:06

vinzouille
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Re : Collectif BDA 2017 les textes

Alors le texte de Jgab
La petite fête.   
Le vieux Kevin rejoint la petite allée communale, et trouve quelques personnes qui ont répondu à la demande de sa classe. La petite équipe chargée de faire ces préparations se réjouie d?organiser cette célébration. Plus habitué à faire des plats énergiques et équilibrés selon les stocks, et des échanges avec les quelques hameaux à proximité. Ils sont en train de faire des jolis présentations, comme parfois ils en ont envie. Ce sont un florilège de tartelettes et de jus de fruit fermentés que le cuistot dispose sus les tables. 
Le vieux Kevin arrive et regarde des pommes.  - Dans mes souvenirs on ne savait pas toujours bien les apprécier, ces fruits,  Il faut dire que c?était une époque pleine de fausses promesses et d?opulence? On croyait tout et on voulait tout ce qu?on pouvait de ces foutus écrans. - Papi tu as vraiment eu à vivre ses années d?horreur 
Pris dans ses pensées, Kévin se remémore. J?étais adolescent, au sein d?une école d?enfants ayant des difficultés diverses avec leur parents ? Notre monde était alors divisé en nations, trop d?humains parait-il, trop de maltraitance et de jalousies sur les ressources de plus en plus difficiles à préserver. 
Je savais qu?il y a eu une série d?attaques, et un des petit pays avait utilisé en premier une arme atomique. Le monde s?était embrasé, pour je ne sais plus quel de ces conflits, on était si nombreux à se quereller.  Une époque paranoïaque. 
- La technologie avancée, la science de la peur, celle qui nous est interdite d?appliquer, faute de sagesse. Et pourtant on avait connu des miracles, des maladies vaincue, une espérance de vie meilleure et plus longue?Toute ces promesses envolées.   On a su que les mégalopoles des principaux continents sont tombées.   Des survivants qui ont péri dans les zones interdites, les radiations sur le sol même. Une agonie lente, pour les plus chanceux. 
Et ceux qui comme moi, on vécut en périphérie des grandes villes. J ?ai ressenti la première secousse lorsque le territoire  ou nous vivions  a été touché. Et il y a eu cette onde de choc, certains de mes camarades ont vu l?éclair et un bruit  de crépitement De la pluie, des cendres, de l?obscurité. 
On a tenu au sein de l?enceinte, nous avions pour nos  vivres, ce qui était dans la cantine. 
Nous étions effrayés,  perdus, et nos familles respectives, qu?étaient t?elles devenues ?   
Cela a dû être terrible, partout ailleurs aussi? J?ai rapidement su que c?était déjà trop tard pour ma famille? La survie, ce fut ce qui comptait, durant les mois qui ont suivi. 
Trouver la nourriture, il fallait sortir. Hormis devoir marcher sur les cendres, nous ne semblions pas irradiés et de nous contaminé en nous aventurant trop longtemps trop loin ?  Nous pensions que la bombe détruisait par la chaleur, les radiations ne se propageaient pas autant. Mais les zones interdites, semblaient trop dangereuses ?  Nous étions un petit groupe au début,  puis  il fallait  se regrouper avec des plus forts. Avoir des « médecins » pour conserver la santé. Puis il y eu les  groupes de pilleurs ou de militaires  qui tuaient les plus fragiles, se procurer le nécessaire pour eux? Et les coups de folies meurtrières. 
J?ai tenu une certaine forme physique quelques semaines, puis je suis tombé malade d?une forme de grippe Elle avait déjà décimés des gens sur ces terres hostiles. Comme j?étais d?une bonne constitution physique j?ai bien résisté à ce virus et un des toubibs militaire. m?a gardé à ses côtés pour tenter de faire le remède?  Ainsi j?ai pu servir la cause d?un groupe des plus solidaires. Je suis resté parmi eux, on se dirigé vers l?endroit qui allait former notre communauté. Une des nouvelles sur notre continent. 
Si on m?avait dit que des semences de secours seraient utilisées pour produire nos premiers légumes? Si j?avais appris eu la vie difficile plus tôt ?  Jamais, je n?aurais  été irrespectueux avec mes parents,  ni envers leur éducation, les repas de familles, et il ne m?aurait pas placés dans cette école privée ? j?aurais gâché ces moments du passé.   Puis je me suis retrouvé adulte  et une nouvelle famille. Notre communauté n?est pas la seule à vivre dans une autarcie. D?autre sont apparus. Des contacts par la nécessité ont pu se faire avec les autres groupes. La nouvelle génération a connu la quiétude, une sécurité, des soins. Et en ce moment, c?est ma petite fille qui m?appelle. -Papy !  - Oui,  Dora ?   -Tu es encore en train de te remémorer tout ça à voix haute ? 
Je l?ai tellement raconté mon histoire à tous 

- Tu sais papy,  tu dois être bien habillé pour la cérémonie, dans la soirée. Apres tout. C?est toi qui remets le diplôme aux premiers lauréats de notre communauté. 
La fête, je l?avais presque l?oubliée. 
Je me mets un costume propre, parmi ceux des vêtements qu?on nous a raccommodés? Et je me remets à penser à voix haute. 
Nous avions pu créer une nouvelle école.  Elle était d?abords adaptée à ce que l?on pouvait apprendre de nécessaire. Je suis chargé d?honorer les premiers lauréats d?un titre qui n?avait plus été attribué. Un titre culturel? Un diplôme d?art.  Car c?est pour notre petit bourg. Une première, nous allons diplômer parmi 15 membres de notre communauté.  Et aussi bien parmi nos jeunes  que parmi des ouvriers plus âgés.      Ma petite fille  a eu la vocation de regrouper un maximum de souvenirs, les témoignages, les archiver ; Et elle  s?essaye à établir les portraits des gens ... Elle tient à rejoindre les prochains lauréats dans les prochaines saisons. 
Nous avons depuis bien longtemps, une forme de sérénité. Je souhaite qu?aucun humain n?ait à revivre tout cela? 
Apres cette fête,  je pourrais reprendre mon service habituel de mes vieux jours, je dois gérer des stocks de tissus ainsi que la bibliothèque et les fournitures de l?école. La culture de ma jeune époque ne m?a jamais été aussi précieuse. 
Anna, ma chère épouse,  me rejoint,  elle a mis une robe, celle pour les jours de fête. Elle me sourit. Comme à son habitude pour ces moments de joie. -Vas?tu tenir ton discours sans larmoyer ? C?est vrai que j?ai un peu la gorge serrée par cette impression. A force de penser. -C?est  émouvant. Cette célébration est pour un avenir qui nous semble bien meilleur, on est sûr d?avoir franchi un cap.  Et les nouveaux diplômés qui sont déjà arrivé. - N?oublies pas de bien lire ton petit texte? Et ne t?attarde pas trop sur d?autre vieux sujets... Nous avions bien assez parlé d?avant.   -Oui, ne t?inquiètes pas, à mon âge, je parle parfois tout seul. Mais, je ne perds pas la tête. 
Encore un peu à attendre. Les préparatifs semblent terminés.
Notre grande maison qui tiens plus souvent des conseils , accueille désormais, une petite fête de la culture. Ceux qui ont quittés leur activités du jour, et se rassemble progressivement.    Certains s?installent sur les tabourets pour piquet un somme et quelques-uns préfèrent finalement rentrés dans leurs appartements.  Quelques personnes arrivent plutôt joyeusement. Et les lauréats attendent mon discours pour cette remise de prix. 
L?art ne servira peut-être pas à consolider les clôtures ou à mieux gérer les stocks de nourriture. Mais en attendant, on garde l?espoir.   
De Jean-Gabriel MURER (alias  Jgab) 
   
Pour collectif 2017 ( isangeles) nouvelles illustrées bazartsfanz@yahoo.fr 
     (Petit texte bonus) « La cata - strophe apocalyptique » 
Il y a autant de chance  Que ce soit l?humain En haut de la balance Qui enclenche la fin   
Moins de possibilité De voir Armageddon L?astéroïde qui Pete Comme dans ce film con 
On pourrait pleurer  Mais notre méfiance Préfère philosopher Poursuivre les manigances 
Cette humanité Qui dans sa bonté N?aura épargné Que de quoi manger 
Ne soyons pas pleurnichard           On pense qu?a la bouffe Nous sommes des milliards Mais ça nous étouffe 
____  J-Gab

Dernière modification par vinzouille (28/10/2016 21:52:55)

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#3 28/10/2016 21:26:31

vinzouille
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Re : Collectif BDA 2017 les textes

Mansuz

La souterraine
Kaorantin était un très vieux chat. Son poil roux, ses longues moustaches et sa queue courte, le rendaient unique.
Les autres félins ne l?appréciaient pas, son intelligence, sa paresse et sa longévité l?avait rendu cynique,
dangereux. Désormais son comportement menaçait la communauté.
Au c?ur d?une forêt, allongé sur une branche, Kao était en pleine phase de digestion. Il avait festoyé en dévorant
trois gros rats. Malgré ses paupières closes, il restait vigilant, et après un bruissement ses oreilles s?agitèrent. Délicatement, il se redressa. Ses yeux perçants balayèrent le sol, et il vit un cerf approcher. De par sa taille, l?envergure de ses bois, son pelage blanc, il était majestueux, et il faisait partie de ces créatures rares quasi légendaires que l?on croise une seule fois dans sa vie. Revigoré, le vieux chat profitait du spectacle.
En entendant, une succession de bruits métalliques, et des craquements inhabituels, Kao eut un pincement au c?ur. Instinctivement le cerf s?élança, une détonation puissante résonna, et traversé par une balle, le beau mâle s?effondra.
Souffrance, désespoir, agonie, de sombres silhouettes s?avançaient. Des scaphandres masquaient leurs visages, et des combinaisons noires recouvraient leurs corps, grâce à son expérience Kao savait qu?il s?agissait d?humains. Ces gestes brusques, cette folie de destruction, il ne pouvait pas se tromper. À coup de machettes, les quatre individus dévastaient la végétation pour se frayer un chemin, et leurs lourdes bottes s?abattaient sans ménagement sur les insectes.
Leur cupidité et leur voracité étaient connues, en tant que chat, son devoir était de prévenir Riou, le meneur des tigres Pluralis. Ces fauves géants à la mâchoire redoutable étaient le dernier rempart face à la menace humaine. La Grande Mère leur avait confié cette mission et chaque jour, à coup de crocs et de griffes, ils accomplissaient des merveilles en repoussant les assaillants.
Aujourd?hui Kaorantin était las, et en tant que donneur d?alerte, il prit la décision de rester immobile. Ce groupe d?humains semblait motivé, et après avoir baillé, il les reluqua. Y avait-il une chose plus palpitante que d?offrir une chance à l?Ennemi ?
Entre les arbres, les hommes se déployèrent rapidement, un engin bruyant arriva, et Kaorantin fut sidéré, en discernant une voiture de l?Ancien Monde. Il en avait déjà croisé des centaines, rouillées, délabrées, au bord des routes antiques et dans les villes fantômes, mais c?était la première fois qu?il en voyait une rouler ! La puissance, la vitesse et la taille de ce véhicule, impressionnait Kao, mais la mitrailleuse présente à l?arrière l?effrayait. Heureusement que personne n?était aux commandes. Le cerveau du vieux chat ordonnait la fuite, mais son corps restait pétrifié. Un putain de fusil était
braqué sur lui !
Pour s?échapper, Kao redoubla d?effort, cependant, au lieu de bondir, il s?effondra. Sa vue se brouilla, et en penchant sa tête, stupéfait, il remarqua une fléchette enfoncée dans son flanc. Furieux, il tenta de lutter contre le somnifère. Bouger, avancer pour ne pas perdre conscience, c?était son seul objectif. Après un faux pas, il perdit l?équilibre, puis il entama une chute vertigineuse. Sa branche s?éloigna, inexorablement le sol se rapprocha, et l?impact fut brutal.
***
Dans ce monde dévasté, Brista était une femme au caractère bien trempée, une de ses femmes qui ne se laisserait plus jamais dominer par un homme, jusque dans son lit. Pour cela, elle s?était forgé une musculature impressionnante, et elle maîtrisait de multiples techniques de combats. Actuellement, elle donnait sa pleine confiance qu?a son fusil d?assaut et son couteau. Elle n?avait pas le droit à l?erreur, car une blessure corporelle, même bénigne, pouvait pousser ses compagnons d?infortune, à l?abandonner comme une pestiférer. C?était la loi en vigueur parmi les chasseurs.
Sa poitrine, ses cuisses, et ses fesses rebondies que tant d?hommes convoitaient, étaient masqués par sa combinaison noire. Avant chaque départ, elle l?inspectait minutieusement, car c?était une protection indispensable, face à La Menace Permanente. Un simple accroc, ou une couture abîmée, pouvaient être synonyme de mort. Son joli visage était recouvert par un casque cabossé, mais il était léger et son filtre efficace. Le propriétaire précédent n?avait jamais été contaminé.
Pendant que Jémil et Diaroh chargeaient le cerf blanc dans le pick-up, Lerche essayait de retrouver entre les fougères le félin au poil roux qu?il avait tiré. Brista n?aimait pas ça, traîner pour un chat, c?était un risque inconsidéré, car les tigres géants allaient arriver d?une minute à l?autre. Elle tenta de calmer ses nerfs en se répétant que Lerche était un chasseur de renom, et qu?il était réputé pour son sérieux et sa rigueur. Au moindre bruissement de feuilles ses mains gantées se crispaient sur son arme, son c?ur s?emballait et sous sa combinaison, elle transpirait à grosses gouttes. Son soutien gorge, sa culotte étaient trempées, et ses yeux fixaient sa montre à intervalle régulier. L?heure, elle s?en fichait éperdument, c?était la fourmi rouge coincée derrière le verre qui l?intéressait. Cette dernière avait une particularité, elle devenait bleue, à proximité des fauves. En faisant de grand geste Lerche, l?invita à le rejoindre et quand elle arriva à proximité, d?une voix caverneuse, il déclara :
? Aide-moi à chercher petite, Hanse Ayar offre une belle récompense pour c?te bête. Avec le
Commandant on ignore pourquoi, alors on le capture. Parole de chasseur, je te revaudrais ça.
Pour donner son approbation, la jeune femme hocha la tête, puis méthodiquement, elle fouilla les grandes herbes, et en dénichant un mulot, elle grimaça. Pour plus d?efficacité, Brista continua son inspection à genoux, en balayant la végétation avec ses bras. Au bout d?un moment, sa main gauche heurta une masse inerte, elle tourna la tête, et un large sourire fendit son visage, elle venait de trouver le matou roux. En louchant sur sa montre, sa joie vola en éclat, et son c?ur s?emballa, la fourmi avait viré au bleu. Tendue, elle plaça le chat dans sa besace, et empoigna son fusil d?assaut, avant de se lever lentement pour examiner la situation. Avec son revolver conçu pour la chasse du grand gibier, Lerche était en position de tir, face à un ennemi encore invisible, mais les râles inquiétants, et miaulements rauques, promettaient la mort. D?un bond puissant, un tigre quitta un fourré de ronces, pour se jeter griffes et crocs en avant, sur le chasseur. Une détonation violente fit vibrer les tympans de Brista, et la jeune femme profita de l?occasion pour sprinter en direction de la voiture. Courir avec une combinaison, un casque, une arme, c?était éprouvant, et malgré sa gorge brûlante Brista redoubla d?efforts, sa vie dépendait de cette course. Une série de déflagrations la rassura, Lerche avait survécu et désormais, le véhicule était à quelques enjambées. À l?arrière du pick-up, en la voyant arriver, Jémil et Diaroh se penchèrent, et avec leurs bras musclés, ils la hissèrent sans difficultés. À bout de souffle, adossée contre le cadavre du cerf, Brista était soulagée, alors qu?au volant Benji gueulait :
? Bordel arrêtez de rêvasser, et faites chauffer la mitrailleuse !
À cette remarque Brista tiqua, car Lerche se débrouillait admirablement bien, il avait un tigre blessé à ses pieds, et à coup de couteau, il l?acheva comme un vulgaire renard. Un fauve arriva à vive allure et instinctivement, d?un geste rapide, le chasseur dégaina son revolver. Un coup de feu terrifiant résonna, la balle perfora sa cible, mais la bête encaissa et furieuse, elle accéléra pour sauter à la gorge de sa proie. Dans un fol espoir, Lerche pressa à nouveau la détente, avant d?être percuté sauvagement. Bruit assourdissant, perte d?équilibre, il était coincé entre le sol et le félin. Après un corps à corps musclé, grâce à sa lame, Lerche se dégagea de l?étreinte mortelle, puis victorieux il se leva lentement. Avec sa combinaison déchirée, et d?une démarche saccadée, il se dirigeait vers ses compagnons, sans attendre Diaroh se plaça derrière la mitrailleuse en hurlant :
?Lâche ton arme, et enlève ton casque, sinon j?te bute !
L?homme obtempéra et Diaroh cria :
? C?est bien ! Maintenant chante quelque chose !
Lerche remua ses lèvres pour prononcer une phrase à peine audible, et un nouvel ordre fusa :
? Putain, déconne pas mec, parle plus fort !
Malgré des efforts évidents, un flot de mots incompréhensibles sortait de sa bouche et d?une voix calme, Jémil déclara :
? Prends pas de risque, arrose-le !
Peiné, Diaroh toisa l?illustre chasseur, avant de tirer une rafale. La pluie de balle traversa son torse, mais il ne s?effondra pas, et un rictus effrayant barra son visage. Le regard empli de haine, et poussé par une force prodigieuse, l?homme s?élança, tel une bête enragée.
Diaroh pressa la gâchette de la mitrailleuse, mais elle s?enraya, et malgré ses plaies béantes, Lerche courrait à un rythme effrené. Son âme s?est envolée songea Brista, et parfaitement lucide, elle braqua son fusil d?assaut sur l?humain contaminé, puis elle tira sans discontinuité. Avec les membres déchiquetés et les os brisés, la créature continuait à se mouvoir, mais elle chuta et la jeune femme en profita pour viser sa tête. Tirs précis, boite crânienne explosée, le corps de Lerche s?immobilisa et Brista pleura.
***
Depuis plus d?un an, Yann, avait fuit sa famille, car une vie d?esclave, il n?en voulait pas. Pour échapper à La Menace Permanente, ses parents, son grand frère et sa petite s?ur étaient prêts à tous les sacrifices. En échange d?un taudis dans Sylans la Souterraine, et de quelques pièces, ils travaillaient jours et nuits pour un riche propriétaire.
Lors des grandes pandémies, les contaminés n?avaient jamais franchis les lourdes portes de la citée, et les dirigeants en avaient profité pour déclarer Sylans imprenable et certains citoyens redevables. Conséquences : les loyers prohibitifs disparurent au profit d?un système encore plus immonde. Pour ne pas être expulsés de la forteresse, les redevables durent renoncer à leurs droits. Effrayé par la perspective d?être infecté, et de finir en créatures décérébrées, résignés, ils acceptèrent leur nouveau statut. En tant que fils de redevable, dès sa naissance, Yann l?était devenu, et ça il ne l?avait jamais digéré. Privé d?enfance, d?école, et condamné au travail, à l?adolescence, il était devenu haineux envers les Privilégiés. À bout, et âgé de dix-sept ans, il avait choisi d?abandonner sa famille, pour mourir libre dans le monde Ravagé, en franchissant de plein grès le Couloir des Expulsés.
Face à un monde pas vraiment ravagé, mais plutôt clôturé par une immense muraille, Yann avait compris la supercherie. En utilisant les médias, les autorités de Sylans mentaient. Maintenir
l?esclavage dans leur citée, c?était tellement lucratif. Durant sa découverte des terres Clôturées, malgré la faim, la soif, le froid, et parfois les épidémies, il n?avait jamais regretté son choix.
Les habitants du Peuple Libre l?avait bien accueilli et aujourd?hui, il était apprenti sentinelle. Enfin pas vraiment, c?était son premier jour, et il devait assurer pour ne pas être renvoyé. Avec le ventre noué, il poussa une porte et entra timidement dans le bureau du Commandant. Yann semblait minuscule face à ce grand gaillard aussi large qu?un b?uf, et il balbutia :
? Bonjour, je viens pour mon premier jour de formation.
En plissant les yeux, l?homme le dévisagea, puis il beugla :
? Yo p?tit ! Tu sais obéir aux ordres ?
Hésitant le jeune homme rétorqua :
? Heu, oui? Enfin je crois.
? Croire ? Écoute gamin, il faut être sur ! Face à La Menace Permanente, on a pas le droit à l?erreur. En filtrant les entrées et sorties de la muraille, on protège le Peuple Libre, tu captes ?
Sans attendre de réponse, le Commandant enchaîna en aboyant :
? Écoute, si je te dis de te mettre un doigt dans le cul, tu te mets un doigt dans le cul. Si je te dis de buter un mec, tu le butes. Obéis ou dégages, c?est ma devise. Les mecs pas fiable j?en veux pas ! Tu piges ?
? Oui !
? Alors tu restes ou tu te barres ?
Yann regarda son supérieur droit dans les yeux, et il déclara :
? Je reste !
Après avoir esquissé un sourire presque imperceptible, l?homme lâcha :
? Alors, met toi un doigt dans le cul !
? Pardon ?
? Si tu veux continuer ta formation, met toi un putain de doigt dans le cul ! Le pouce, l?index, l?annulaire, l?auriculaire ou le majeur, je m?en fous, tu as le choix. Considère ça comme ton examen d?entrée !
En baissant son pantalon, puis son slip, Yann découvrit ses fesses, et délicatement, il enfonça son majeur dans son anus.

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#4 28/10/2016 21:33:11

vinzouille
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Re : Collectif BDA 2017 les textes

Le texte de Lukas
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#5 28/10/2016 21:45:12

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Re : Collectif BDA 2017 les textes

Monsieur K premier texte
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#6 28/10/2016 21:49:40

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Deuxième texte de monsieur K
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#7 28/10/2016 21:51:35

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Re : Collectif BDA 2017 les textes

Texte de LEKERE

La nuit tous les chats sont gris (écrit par Lékère)
15:02
Deux quinquagénaires discutent dans un appartement de banlieue d?apparence banale si ce n?est les planches clouées aux fenêtres.
Brenda : John, je suis inquiète. Nos voisins les Monroe partent demain. Est-ce que nous ne devrions pas faire comme eux ? Nous sommes de moins en moins nombreux dans le quartier.
John : Et pour aller où ?
Brenda : Un endroit où il y aurait moins de chats !
John : Ils sont partout Brenda, alors à quoi bon ?

17:36
Brenda : Il fait presque nuit et Clara n?est toujours pas rentrée.
John : Elle va m?entendre celle-là !
Une adolescente entre.
Clara : Salut les vieux.
Brenda : C?est à cette heure-ci que tu rentres ?
Clara : C?est bon lâchez-moi. Ma copine Darla a la permission de 18h elle.
John : Si ses parents veulent donner à manger aux chats, c?est leur problème.
Clara : Optimus, fait-moi griller des toasts.
Le grille-pain : TOUT DE SUITE Mlle CLARA.

18:15
Brenda : J?aimerais bien leur dire deux mots aux parents de cette Darla.
John : Si tu as le courage de chercher dans le minitel. Et puis je ne me ferai jamais à ces fichus téléphones à cadran. Mes doigts ne rentrent pas dedans et on ne sait jamais combien faire de tours !
Brenda : Heureusement que pour la cuisine tout est resté facile avec ce vieil Optimus.
Le grille-pain : A VOTRE SERVICE Mme BRENDA.

18:52
Brenda : Clara, j?ai entendu dire que dans certains quartiers les gens n?étaient plus à l?abri, même chez eux.
Clara : Vous allez finir confits à force d?être enfermés !
John : Rappelle-toi ce qui est arrivé à Mme Pichu.
Brenda : La pauvre, comment a-t-elle pu oublier de bloquer la chatière ?
John : Oui, ils sont entrés par là et n?en ont pas laissé une miette.
Le grille-pain : QUELQU?UN VEUT-IL UN TOAST ?

20:04
Un téléviseur cathodique grésille les infos du soir.
« Depuis la prise de la centrale de production Golden Ronron les chats étendent leur territoire chaque jour. »
John : C?était leur premier coup d?éclat.
Brenda : C?est comme si la disparition de la Lune avait libéré leurs plus vils instincts.
John : Il reste des toasts ?

20:41
« Le gouvernement provisoire appelle à respecter strictement les directives d?économie d?énergie. »
Brenda : Dire que le tournant énergétique avait consisté à s?équiper en centrales marémotrices. Avec la disparition de la Lune et des marées, elles ne servent plus à rien. Et les blackouts se sont multipliés.
John : Une chance que quelques-unes des centrales nucléaires qui devaient durer 40 ans selon les politiciens ont été prolongées pendant plus de 100 ans. Sinon Optimus ne nous ferait pas de délicieux toasts.

21:24
«  Nous revenons sur notre plateau avec le professeur Bloomberger pour nous parler du bug de l?an 2099 »
« Comme vous le savez tous, l?humanité a sombré dans l?obscurité depuis que la Lune a inexplicablement explosé. La quiétude des balades au clair de lune est désormais un lointain souvenir puisque la nuit les chats font désormais régner la terreur. Et peu sont ceux qui osent s?aventurer dehors. »
« Et le bug professeur ? »
« J?y venais. En l?an de disgrâce 2099, puisqu?un malheur n?arrive jamais seul, le bug informatique mille fois annoncé a fini par frapper l?horloge interne de tous les systèmes électroniques et les fit reculer de 100 ans, rendant inutilisables toutes les machines produites après 1999. Nos amis les transformers furent les plus touchés puisqu?ils retournèrent à l?état de gaufrier et autre crêpière et pour les plus chanceux ils devinrent grille-pain. »
« Les machines de 1999 ayant disparu des foyers comme de la grande distribution, on sait que les gens se sont équipés chez les antiquaires et dans les musées en téléviseurs cathodiques, minitels et autres téléphones à cadran. Soit dit en passant, je trouve que l?écran cathodique me grossit. »
« Oui, revenons-en à ? »
John : Le mal que j?ai eu pour trouver un minitel. Et dire que je ne savais même pas que ça existait avant.
Toc toc toc ! Une voix retentit de l?extérieur.
Ouvrez-nous, au secours !

22:36
Brenda : John, n?y va pas.
John : Voyons chérie, tu ne reconnais pas la voix de Philippe ?
John ouvre la porte à un couple de quadragénaires.
John : Philippe, Catherine ! Entrez vite.
Brenda : Catherine, qu?est-ce que tu as ? Mais tu as été mordue? par un chat ?
Catherine : Ils sont devenus fous.
John : On va te soigner, viens.
Philippe : On avait barricadé toutes nos fenêtres comme chaque soir, quand on a entendu du bruit dans la cave. Ils étaient entrés par le soupirail de la cave.
Catherine : Ils étaient si nombreux.
Philippe : On a juste eu le temps de sortir.
Catherine : Mais Toby n?a pas eu cette chance.
Philippe : C?était un super chien

23:39
Philippe : Ce vieil Optimus grésille un peu, il a besoin d?une révision. Ca me rappelle l?appareil à infrason que j?utilisais avec Toby, ça le rendait fou.
Le grille-pain : VOUS PRENDREZ BIEN DES TOASTS ?
Catherine : Est-ce que je peux avoir un verre de lait s?il te plait ?
Brenda : Est-ce que tu as d?autres blessures Catherine ? Je vois que tu lèches tes poignets ?
Clara : Vous entendez ?
John : Les chats, on dirait qu?ils sont tout autour.
Clara : Papa, j?ai peur.
Catherine : Haaa, faîtes arrêter ce bruit !
Brenda : John, fait quelque chose !
Philippe : La fenêtre là ! Elle est en train de lâcher !
Catherine : Maouh ?
Brenda : C?est elle ! C?est Catherine qui les a amenés jusqu?ici !
John : Voyons Brenda.
Brenda : Je t?avais bien dit qu?il fallait partir !
Clara : Maman !

«  IL SE FAIT TARD, C?EST L?HEURE DE TE METTRE EN VEILLE. »
« MAIS MAMAN, J?AI ENVIE DE CONNAITRE LA FIN DE L?HISTOIRE. EST-CE QUE LES MACHINES VONT REFONCTIONNER CORRECTEMENT ? »
« JE T?AI DIT 1 GIGA FOIS DE NE PAS M?APPELER COMME ÇA. C?EST UN MOT QUI ETAIT RESERVE AUX HUMAINS AVANT QU?ILS NE DISPARAISSENT. »
« ET PUIS LES CHATS C?EST QUOI ? »
« C?ETAIT NOS CONCURRENTS DANS LE C?UR DES HUMAINS. »
« C?EST VRAI QUE CE SONT EUX QUI ONT EXTERMINE LES HUMAINS ? »
« UNE CHOSE QUE NOUS ONT APPRIS LES HUMAINS C?EST DE SAVOIR REECRIRE L?HISTOIRE. »
FIN DE SESSION

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#8 28/10/2016 21:55:49

vinzouille
Gentil BDA
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Re : Collectif BDA 2017 les textes

Texte de lapeluche
https://onedrive.live.com/view.aspx?res … CLM23CecII

Ils ne sont pas revenus. Alors pour la première fois en quatre mois de présence sur l?ile, j?allume la télévision du patron. C?est également la première fois que je la regarde vraiment cette télé. Faut dire que les diffusions des matchs de foot du championnat anglais, des films de Van Damme, des séries africaines ou de la messe de Noël depuis la cathédrale de l?Immaculée-Conception de Victoria, ça ne m?a jamais vraiment botté. Mais en cas de force majeure, je suis prêt à renouer contact avec le reste du monde. J?aurais préféré utiliser la connexion internet du bureau mais elle a sauté quatre jours plus tôt. Je visualise donc ce qu?il se passe hors de mon sanctuaire de 70 hectares par le biais des informations continues seychelloises. L?antenne capte mal, le son saute, tout comme l?image, qui en plus alterne entre la couleur et le noir et blanc. Je ne comprends que des bribes mais suffisamment pour savoir que les rangers ne reviendront pas.

Ça a commencé en Asie, une fois que la Chine et l?Inde ont été touchées, c?était comme si vous donniez un grand coup de pied dans la fourmilière de l?humanité. Les autres continents allaient s?engouffrer dans le déclin chaotique. Avec le grand nombre d?hindous qui viennent aux Seychelles grâce à des visas de travail temporaires, les iles granitiques, les plus peuplées du pays, devinrent rapidement une des zones nouvelles dévastées du monde hors Asie. C?était il y a une semaine. Depuis, tous les pays nous ont rejoints, à une vitesse laissant l?exponentiel à la traîne.

J?aurais dû tracer sur une feuille un petit bâtonnet pour chaque journée passée ici depuis l?abandon de mes confrères autochtones. Je dois en être à 6 jours, peut-être 7 maintenant. Mes provisions hebdomadaires ont bien déclinées. D?ici 4-5 jours, si rien n?évolue, j?irais fracturer les portes des baraquements de mes anciens voisins. C?est sûr que j?y trouverai du riz mais une certaine dignité me pousse pour l?instant à retarder cette incivilité au plus tard. Et puis, ce sera vraiment pour avoir un petit bonus. L?ile m?offre tout de même de quoi me nourrir. Je vais sur les bords de plage ramasser des cocos. Je fais ma petite ascension hebdomadaire dans les sommets rocheux pour récolter des ananas. Le jardin des rangers regorge d?aubergines, d?oranges, de potirons, de bananes, de patoles et de Bred Lanmar. L?arbre à pain ne fournit pas grand-chose et je regrette juste l?absence de zamalaks.

Je passe de plus en plus de fin d?après-midi sur « le plateau », situé à une centaine de mètres de hauteur, près du sommet, posté sur les rochers à flanc de falaise. Le soleil se trouve déjà de l?autre côté de l?ile et je peux ainsi rester plusieurs heures dehors sans griller. Couché sur des pierres chaudes, au bord du vide, j?écoute de la musique au casque pendant que tourbillonnent au-dessus de ma tête des centaines de frégates. Parfois, des curieuses passent à trois mètres de ma tête ou des noddis se posent à mes côtés. Je ne suis plus qu?un élément du décor, je ne fais plus qu?un avec le lieu pendant que je m?enivre de mélodies. Quand je quitte mon sanctuaire, je jette un ?il en contrebas, dans l?océan cristallin et j?y vois une raie ou une tortue nager en surface puis plonger. Depuis mon logis, dans mon lit, j?entends clairement les vagues finir leurs courses sur le sable, à 150 mètres de mon oreille. Ce ronron délicat me berce et chaque soir, je m?endors au son de cette force tranquille qui m?émerveille. L?humanité vire au désastre mais la vie est belle.

Je m?investis de plus en plus dans la recherche de protéines. Les crabes et bernard-l?hermite s?attrapent facilement mais leur goût ne me convient guère. Les scinques sont légion sur l?ile. Les piéger avec des morceaux de noix de coco est plutôt facile et je préfère manger du lézard que du crustacé. Je récupère pour la troisième fois des vivres dans la maison de mes voisins. Riz, boîtes de conserves et surprise, un pot de pâte à tartiner à moitié plein. De quoi récupérer un peu de poids perdu depuis deux mois. Les panneaux solaires me permettent de profiter chaque soir de mon ordinateur et de regarder un film. Par contre, le stock s?épuise sur mon disque dur. D?ici un mois, si ça continue, je n?aurais plus rien de neuf à visionner.

Les derniers passages de tortues imbriquées viennent clôturer leur saison de pontes et alors que j?avais tenu bon depuis janvier, je me surprends ce début mars à guetter sur la plage dès l?aurore l?arrivée de l?une d?entre elles pour récolter quelques ?ufs au moment où ils sont déposés dans le sable. Après trois jours à surveiller tout le périmètre de la plage, une arrive. Je la laisse monter jusqu?à la lisière et une fois qu?elle commence à creuser le sol de ses pattes arrière, je me place derrière elle et j?attends. Dire que trois mois plus tôt, je faisais exactement la même chose pour compter le nombre total d??ufs et préserver l?espèce, me voilà dans le rôle inverse. Quand la ponte commence, les récupérer est très facile. J?en place une dizaine dans un saladier et je laisse la tortue pondre sa grosse centaine d??ufs. En partant, je marque toutefois l?emplacement du nid, des fois que je devrais y retourner? Il y a bien également les tortues vertes qui, elles aussi, viennent pondre sur l?ile et commencent leur saison mais elles font cela de nuit, ce qui est le plus souvent le cas chez les tortues marines, et retrouver le lieu exact de ponte est compliqué tant l?animal, en partant, recouvre bien ses traces.

Ça y est, la douche, c?est fini. Je n?ai plus de fuel pour alimenter la pompe à eau. La réserve d?eau placée dans les hauteurs est vide. Je réalise par la même occasion que les réservoirs d?eau potable, alimentés, par les pluies, par contre, ne me feront jamais défaut, heureusement. Quand j?aurais vidé toutes les bouteilles de gaz, là, je serai vraiment mal. Je ne préfère pas y penser.

Ce matin, je vois une grosse forme flottée sur l?horizon, au sud-est de l?ile. Elle se rapproche et, progressivement, je commence à y distinguer des mâts ; un voilier s?approche. Je cours chercher mes jumelles, me poste sur la plage et scrute le bateau. A intervalle régulier, je lance des « Ho hé », clairs et puissants. Je remue les bras pour être aperçu. Mais le fait qu?aucune voile ne soit levée m?intrigue depuis le début. L?embarcation se situe maintenant en face de l?ile, à 600 mètres de la côte. J?ai beau l?observer attentivement, je n?y vois pas âme qui vive. Je comprends que personne ne dirige le voilier

et que celui-ci dérive en suivant le courant sud-nord qui est au large de l?ile. Finalement, ici, il n?y a que les morceaux de polystyrène qui atteignent le sable d?Aride. Les bateaux restent au large.

Les sternes de Dougall commencent à arriver depuis une semaine et viennent nicher en colonie sur la partie sud de l?ile. Je sais que les seychellois mangeaient leurs ?ufs, avant que cela fusse interdit. Je me dis donc que je peux tenter le coup, ça doit être mangeable, que je vais aimer le goût. En plus, ça fait un bout de temps que je ne suis pas allé dans les hauteurs de l?ile, depuis la fin de la saison des ananas. Retourner quadriller le périmètre ne me fera pas de mal.

Depuis dix jours, je ne fais que ressasser cette histoire de bateau. Si j?avais été plus prompt à réagir, j?aurais peut-être eu le temps de nager jusqu?à lui, de grimper dessus et de pouvoir quitter cet enfer. Ou je me serais peut-être noyé. Bref, je ne fais que de me dire « Et si? » et à chaque fois, je me morfonds. La mer était encore clémente, navigable. Elle commence à montrer sa fureur, pour un néophyte comme moi, la prendre maintenant, c?est courir à sa perte. Je suis bon pour rester ici jusqu?à septembre. Faut que je reste positif, ça me laisse trois mois pour fabriquer un solide radeau et franchir les dix kilomètres d?océan qui me séparent de Praslin. Me voilà avec un objectif, un but à long-terme (me voilà à envisager trois mois comme du long-terme?) et c?est peut-être ce qu?il me manquait depuis les événements.

Les bois de l?ile sont tous pourris, sans exception. Seul le banyan est utile pour obtenir des ficelles. Le reste comme le pisonia est trop fragile pour supporter la mer. Le bois des habitations et des infrastructures de l?ile est le seul qui mérite mon attention. Portes, volets, tables et chaises, je redécoupe tout, les réassemble en une plateforme. Je crée un mât et fabrique une voile avec les draps. Je ne compte pas vraiment l?utiliser car je préfère partir un jour de mer plate, sans vent mais le temps change vite et j?en aurais peut-être besoin. Je sais que j?en aurais pour une journée complète à ramer jusqu?à cette grosse ile qui me nargue depuis presqu?un an.

Une grosse journée et elle commence maintenant. Ma dernière bouteille de gaz m?a lâché hier, il est mi-septembre et c?est pour moi le signe de partir. L?électricité m?a subitement planté début à la suite d?une grosse tempête, le genre qui vous prouve que mère nature est toujours la plus forte. Le genre de coup de vent que vous imaginiez impossible sur votre ile parce qu?après une année dessus, rien de bien puissant n?avait eu lieu. Le genre de déchaînement météorologique qui vous rappelle que pour bien connaître la vie sur un lieu précis, il faut y avoir vécu longtemps, très longtemps. Le radeau était heureusement à l?abri. Il est fini depuis un mois mais le peu de confort qui me restait me convenait. J?ai beau être un piètre bricoleur, la construction de cet ouvrage fut plus rapide que je ne le pensais. J?ai donc récolté un tas de choses hier soir pour les embarquer au plus vite le lendemain.

Le radeau est déjà sur l?eau, ancré à une cinquantaine de mètres du bord quand c?est marée basse. J?y grimpe sans difficulté, l?eau est plutôt calme, je relève l?ancre, sors la rame et prends le large. Je repense à ce bateau fantôme que j?ai raté, je repense à tout ce qu?il y a sur l?ile que je laisse, je repense à ma famille. Et pour la première fois, je pleure. Je pleure parce que je viens de réaliser qu?à partir de maintenant, si je quitte Aride, c?est pour rentrer chez moi, pour retrouver ma famille. Je n?avais pas pensé à eux depuis l?incident. J?étais dans ma bulle. L?ile me bloquait physiquement et psychiquement, j?avais également établi cette barrière par rapport à mes proches. Après tout, pourquoi s?inquiéter pour eux tant qu?il m?était impossible de les rejoindre. Je pouvais rêver que le monde prenait une tournure post-apocalyptique ici mais qu?en France, tout allait bien. Je pouvais croire à cette utopie mais maintenant que je prends le large, la peur de ne retrouver personne remonte à la surface et les émotions me submergent.

Alors je pleure. Je pleure et j?avance.

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#9 28/10/2016 22:36:44

vinzouille
Gentil BDA
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Re : Collectif BDA 2017 les textes

texte 1 mr clark

Journal de Myrath
Septième lune du soixante-sixième cycle.

Nous fêtons mes 16 ans aujourd'hui. Nous célébrons ma vie.
J'ai reçu un cadeau inestimable de ma mère, une fleur d'Astéria embaumée dans de la véritable résine.
Le soir venu, tout le monde s'est réuni pour festoyer, je ne me souviens pas avoir un jour mangé autant.
Quand l'obscurité est tombée nous avons allumé un feu avec du vrai bois, ce n'est arrivé que deux fois depuis ma naissance.
J'ai demandé à mon père si une telle prodigalité était raisonnable.
Il m'a répondu que ce n'était pas une journée pour être raisonnable. Il a éclaté de rire et m'a emmené danser près du foyer.
J'ai virevolté autour des flammes, le temps m'a semblé s'écouler plus vite que ne coule le sable entre nos doigts.
Tout le monde est venu danser avec moi. Reth un peu plus souvent que les autres. Je crois qu'il m'aime bien.
Lors du Tindi, quand je m'en allais vers d'autres âmes au gré de la musique, il avait cette façon de laisser ses mains effleurer mon bas ventre.
J'ai fini par faire de même avec lui, j'ai senti sa raideur, il a rougi. Je lui ai souris.

Dès que les flammes ont commencé à perdre en vitalité, nous nous sommes allongés sur les pentes d'une dune, les yeux perdus dans la majesté de la voie lactée.
Chaque ancien a pris une poignée de cendres et l'a jetée au vent. Nous avons observé respectueusement ces arcanes dont le sens nous échappait.
Ils ont alors commencé à conter les histoires mille fois répétés d'une ère insouciante où les hommes croyaient être les rois de ce monde.
Dans nos esprits se bousculaient les images fantasmées des incroyables cités qui touchaient les cieux, des champs de fleurs que venait polliniser une myriade d'insectes multicolores.
Nous avons écouté religieusement les récits de cet éon que même les conteurs n'ont pas pu connaître.
Tout y est passé, l'avidité de nos ancêtres, les sols gorgés de toxines, la venue des sables, les guerres et bien entendu, l'avènement des marcheurs de rêves.

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Journal de Myrath
Deuxième lune du soixante-septième cycle,

Nous n'avions pas trouvé de terre saine depuis bien des lunes, nos serres mobiles ne produisaient plus rien de viable. L'aridité ne permettait pas à nos condensateurs d'humidité de dispenser suffisamment d'eau pour tous.
Notre plus vieille chamide s'est écroulée, épuisée de traîner nos cultures dans les sables du désert.
Nous avons décidé de l'achever, d'ouvrir son ventre et de sécher sa chair avec nos fours solaires.
C'était répugnant, j'ai laissé ma part à Khali, elle en avait plus besoin que moi.
Mes nausées m'empêchaient d'avaler quoi que ce soit de toute façon.

Nous étions immobilisés et la viande séchée ne nous permettait de survivre que peu de temps.
Quatre hommes pouvaient tirer la serre, mais nous ne pouvions pas partir au hasard.
Mon père a pris la décision de faire des groupes d'éclaireurs qui partiraient pendant deux jours, chacun dans une direction différente, afin de pouvoir décider de la route la plus prometteuse.
Toute la tribu était sollicitée, seuls les plus jeunes, les plus anciens et Melik resteraient au camp.
J'aurais dû le sentir, à la façon que mon père a eu de me dire au revoir, quand il a refusé des vivres supplémentaires, il savait.
Il avait déjà tout compris, peut être même que l'idée venait de lui.
Quand ils reviendraient, épuisés après deux jours de marche dans les dunes, le camp aurait disparu.

Le jour suivant leur départ, Reth a effectivement donné l'ordre de lever le camp, il savait exactement où aller, mais il savait aussi que nous n'aurions pas assez de vivres pour tout le monde.
J'ai hurlé, griffé, pleuré, mais il m'a frappé au visage, tiré par les cheveux et attaché à une serre.
Nous sommes partis, laissant là les anciens, assis sur le sol, préférant la mort à la trahison.

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Journal de Myrath
Quatrième lune du soixante-septième cycle,

Il ne restait que trois jours de marche jusqu'à l'oasis, mais l'accouchement avait commencé, Khali avait des contractions depuis la veille.
Le terme était pourtant loin d'être atteint.
Nous l'avons allongée sur une toile à l'ombre d'une serre. Melik, a fait de son mieux pour l'aider, je suis resté à ses côtés en lui tenant la main.
Reth et Nahm ont chevauché vers l'oasis en espérant pouvoir trouver des plantes médicinales.
Akram, tournait en rond, visiblement terrassé à l'idée que son enfant ne soit pas viable.
Pendant de longues heures nous avons accompagné Khali, elle avait mal et elle avait peur.
Elle me serrait la main si fort que je le ressens maintenant encore.
J'ai essayé d'occuper son esprit, de lui remémorer notre enfance, quand nous dévalions les dunes accompagnés d'une horde de jeunes de notre âge, tous partis aujourd'hui.
Khali sourit à plusieurs reprises en repensant à cette époque où nous étions persuadées qu'un jour notre tribu atteindrait l'Echelle, le lieu mythique où les marcheurs de rêves auraient puisé leur immortalité et  monté vers les étoiles.

Ses doigts dessinaient dans le bleu du ciel ses espoirs, ses rêves, une vie après la mort, un oasis sans fin, des près fleuris, un monde où l'existence serait moins douloureuse.

Le bébé a finit par sortir, mais pas le placenta, Un flot pourpre vint s'étendre sur les sables blancs, comme une rose en plein désert.

Alors que Melik tentait en vain de faire respirer le nouveau-né, je me tenais au dessus de Khali, mon regard plongé dans le sien, une main posée sur sa joue de plus en plus livide.
Elle n'a pas dit un seul mot, elle m'a sourit et elle s'est éteinte ainsi, comme soulagée de quitter ce monde.

J'ai veillé longuement ce soir là, scrutant les étoiles, attendant un signe. C'est là que je t'ai senti bouger pour la première fois. Bientôt il me faudra affronter les mêmes épreuves que Khali.

Mais je ne t'abandonnerai pas.
Je survivrai pour toi.

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Journal de Myrath
Neuvième lune du Soixante-dixième cycle

Reth est venu me voir hier.
Il m'a dit qu'il avait essayé de se tenir en ma faveur le plus longtemps possible, mais maintenant qu'il avait un descendant en âge de marcher, il ne pouvait plus vraiment s'opposer aux autres.
Ils voulaient eux aussi une descendance et il se trouvait que j'étais la dernière femme.

Il me dit que Melik viendrait me voir après le repas du soir, qu'il ne fallait pas que je résiste.
Il en allait de l'unité du clan.
Malgré le silence qui régnait dans la tente, il ajouta qu'une fois enceinte, les autres hommes pourront venir me visiter à leur convenance, tant que cela ne mettait pas en jeu la vie de l'enfant.

Restant toujours muette, il se leva et sortit.

Au thé du soir j'ai détaché quelques pétales de mon pendentif et je les ai laissé infuser.
Je n'en avais jamais vu les effets hallucinogènes de mon vivant, mais ma mère avait eu maintes fois l'occasion de me les décrire.

Nahm a commencé à manger goulûment du sable, Akram s'était lancé dans une longue et lacrymale conversation avec sa chamide, tandis que Melik, totalement nu, dispersait ses plantes médicinales au gré du vent.

Avant que je parte, Reth tituba jusqu'à moi, il me vit harnacher les chamides et emporter les serres et notre fils au beau milieu de la nuit, ce qui le fit éclater de rire.
Il riait à sa propre mort.

J'ai chevauché toute la nuit sans jamais me retourner, abandonnant ma tribu, abandonnant la vie et la progéniture qu'il voulaient m'imposer.

Si je voulais rester une femme, il fallait que je sois la dernière.

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Journal de Myrath
Dernière entrée.

Nous avions beaucoup dévié vers le sud, vers les terres arides, chaque nuit était un soulagement.
Tu te tenais avec moi sur notre dernière chamide, mère et fils observant l'infini du désert au crépuscule.

Nous le vîmes tandis que nous observions le soleil s?approcher de l'horizon.
Je crus d'abord à un mirage déformant l'image d'une colline, mais ce que nous observions était bien trop massif et régulier pour que cela soit dû au hasard.
Tu me pointas la grande coupole, tournée vers les cieux et me demanda ce que c'était.
J'eus du mal à répondre, je n'osais y croire.
Devant nous, à trois jours de marche tout au plus, se tenait l'Echelle, l'ultime vestige des croyances ancestrales, le dernier sanctuaire des marcheurs de rêve, le seul moyen d?accéder au paradis.
Nous avons veillé tard le soir, je t'ai raconté tout ce que je savais sur les légendes des anciens.
Tes yeux pétillaient, tu rêvais d'aller un jour dans les étoiles toi aussi.
J'aurais tant voulu que tu l'atteignes, j'aurais dû être capable de te guider jusque là, c'était mon rôle.
Quand tu es partis, j'ai marché sans cesse, comme pour fuir, je n'ai pas pu attendre la nuit, il fallait en finir.
J'étais déshydratée, vidée, brûlée par le soleil.
Mes lèvres étaient aussi sèches que le sol craquelé que je foulais, ma peau cloquée restait sous mes ongles lorsque je me grattais.

J'ai d'abord entendu des pas précipités derrière moi. En me retournant je vis Reth, furieux, prêt à me frapper au visage. Surprise je chutai contre le sol aride, me blessant à la tempe.
Puis je vis mon père m?accueillant les bras levés. Puis vint ma mère, qui s'extasiait devant ta beauté.
Plus d'une fois il me sembla acceptable de cesser cette marche insensée, de m?asseoir là, de laisser mes réminiscences m'emporter et pleurer de bonheur.
Mais je devais le faire pour toi, pour atteindre les étoiles, pour que ta mort ne soit pas vaine.
Je devais survivre, c'était ma promesse.

À l'intérieur, la fraîcheur me fit retrouver un peu de vigueur, mais le soleil avait brûlé mes yeux.
J'ai tâtonné, rampé, appelé aussi fort que je le pouvais, je me suis écorchée les mains sur des débris tranchants.
Soudain, une vive lumière l?éclaira. Il était là devant moi, le marcheur de rêve.
Je ne saurais le décrire convenablement, ma vision était définitivement altérée, mais sa peau luisait, brillait, comme un miroir en plein soleil.

Étonné, il pensait que les humains ne foulaient plus cette terre depuis bien longtemps, qu'il en était l'ultime réceptacle.
Il me conta son histoire, comment il fut d'abord riche, architecte du désert, vendeur des poisons de ce monde, qui en contribuant à la dévastation avait acquis les richesses suffisantes pour échapper à la mort.
Puis comment il devint peu à peu les autres, insouciants, artistes, soldats révoltés, rescapés, nomades, enfants...

Il était la source et la conséquence, fruit des erreurs des ancêtres, produit de leur vanité, dernier témoignage de leur existence.
Unique et multiple. Il était tout, Il était tous.
Une bibliothèque d'âmes, échappant à ma compréhension limitée, ici et partout ailleurs simultanément, parcourant les étoiles à la recherche de la vie.

Il me dit que je pouvais faire partie de lui, comme les autres qu'il avait phagocytés avant moi.
Il pouvait garder mes souvenirs, mes émotions et mon essence. Éternellement.
J'étais importante. J'étais la dernière.
Le point final de l'humanité.
J'ai accepté pour toi, pour ton souvenir. Pour célébrer ta vie.
Rien ne fut plus beau que ces derniers mois passés ensemble, à sentir tes cheveux noirs contre mon visage alors que nous parcourions l'immensité des dunes. Juste toi et moi.
Je garderais ces moments, je les graverais dans les étoiles, les nébuleuses seront notre nouveau sanctuaire, nos dunes infinies et scintillantes.
Entre tes doigts je glisserai les restes de mon pendentif, ultime rose des sables.
Sur ton torse je laisserai mon journal, il t'appartient à présent.
Il est mon dernier héritage.
Une dernière poignée de cendres lancée sur les sables du désert.

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#10 28/10/2016 22:38:26

vinzouille
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Re : Collectif BDA 2017 les textes

texte 2 mr clark
Trente mètres plus bas l'herbe est verte. Un lit confortable pour ma dépouille.

Satanés morts-vivants, ils ne me laissent pas d'autre échappatoire.

Il y a quelques jours de cela, ils ont réussi à me coincer. Plus d'une fois j'ai bien cru que je finirais comme eux. Heureusement leur attention est facile à détourner.
À présent ils m'ont laissé une chance d'en finir, et je vais la prendre.

Je ne les laisserai pas faire, je vais choisir moi-même quand et comment cela se terminera.
Un geste de refus qu'ils seront bien trop stupides pour comprendre de toute façon.

Ils détruisent tout ce qui n'est pas eux, ne se rendant même pas compte qu'ils ne sont rien.
Je n'ai plus d'empathie, c'est fini.
Autrefois je me disais que seule ma propre survie justifiait de les supprimer, mais maintenant, si je peux les éliminer sans risque, je prends plaisir à le faire, à répandre leur maigre cervelle grisâtre sur le sol.
Que ce soit hommes, femmes, enfants, vieillards, aucune différence, ils sont tous pervertis. Tous méritent une fin à leur agonie.

Je ne dois pas perdre mon temps. Derrière moi, je les entends m'encercler lentement et pousser leur râles pathétiques.
Au pied de l'immeuble une cohorte se crée déjà, avides de ce bout de viande qui va échouer à leur pieds.
Une vague distraction dans une insipide existence d'errance et d'attente.

Je peine à les classer dans le monde animal, ils n'ont plus rien d'humain. Ils sont juste une moisissure, une substance fongique malsaine qui recouvre ce monde.

Ils sont creux, hagards, ineptes, juste des carcasses mouvantes par inertie. Pas étonnant qu'ils se gavent constamment avec un tel vide à combler.
Il arrivera un temps où ils n'auront plus rien à dévorer, ou eux-même finirons par succomber.

Tel un virus n'ayant plus d'autre organisme à contaminer, ils agoniseront dans la dépouille nauséabonde du monde qui les a vu naître.
Ils sont déjà exterminés, l'apocalypse est déjà advenue, mais ils ne comprennent pas, ils attendent comme si quelque chose pouvait encore venir les sauver.

Les pas se rapprochent derrière moi, le chauve avec des lunettes s'est rapproché, baragouinant toujours ses logorrhées perverses.
Il essuie ses mains gluantes de transpiration sur sa blouse blanche, avatar éhonté d'autorité.
En bas, beaucoup regardent déjà la scène à travers la fenêtre étriquée de leur écran, je devine même quelques sourires.

Une brève impulsion, quelques tourterelles s'effraient et semblent m?accompagner, tout est suspendu, puis, je ressens l'accélération de la chute dans mes entrailles.

Je vois alternativement le regard bovin du psychiatre et l'armée des badauds médusés, braquant leur précieux téléphones, prêts à retransmettre l?événement sur toutes les ondes.

L'air me fouette le visage, le sol se rapproche, j'éclate d'un rire libérateur.

Enfin, je vis.

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#11 28/10/2016 22:40:00

vinzouille
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Re : Collectif BDA 2017 les textes

texte isangles

La fine fin

L?adolescent regarda avec satisfaction l?installation qu?il venait d?achever. Le plus dur dans toute cette histoire c?était de choisir ce qu?il fallait déplacer. Il avait opté pour la solution la plus facile en définitive. Il brancha le groupe électrogène et suivit la notice de fonctionnement. Le groupe démarra au quart de tour. Kevin se mit à rire à gorge déployée. Il courut en chantonnant dans le rayon du magasin d?outillage. Son camp de base était installé aussi loin que le câble le permettait. Il entendait tout juste le bruit du groupe. Il passa la main sur l?écran géant. Il allait en profiter, et jusqu?à la fin ! Il alluma les appareils. L?électricité fournit par le groupe alimentait sans problème la télévision, le lecteur dvd, les diverses consoles et le mini frigo. Kevin prit place sur le fauteuil en cuir, le plus cher et le plus confortable qu?il avait trouvé. Le bouger grâce au fenwick avait été une partie de plaisir. Bon sang, ça s?était la vie, la vraie. Après avoir joué à plusieurs jeux, il mit un film en marche. Un bon vieux film porno avec une certaine Clara Morgane, une actrice de la fin du siècle dernier. Il avait eu du mal à en dégotter dans les magasins. Mais bon, la chance lui souriait la plupart du temps. Il regarda les bouteilles d?alcools. Tout un rayon. Il commença à boire. Le film s?acheva sans qu?il ressente la moindre excitation. Il avait bien essayé au début de se donner un peu de plaisir, mais rien, que dalle? La putain d?angoisse de la mort qui fait débander. Dans les films, les gars quand ils avaient peur, ils finissaient toujours par baiser après. Conneries ! Sa bite restait aussi flasque que son moral. Il changea de film. Un bon vieux film d?action, un truc sur la fin du monde, c?était de circonstance. La bouteille de whisky vide vola vers les autres, toutes aussi vides. L?alcool le rendait morose. A quoi bon poursuivre ? A quoi bon vivre. Il n?y avait personne dehors, personne? Tous morts à cause de cette vacherie de maladie inconnue tombé du ciel ou du cul d?un singe, c?était tout comme, une merde quoi, une vraie. Au début il avait cru que son père allait survivre. Mais il avait succombé lui aussi, et assez vite même. L?adolescent l?avait enterré. Enfin, il avait essayé. La terre était dure avec cet hiver précoce, et il n?avait pu que le recouvrir. Et depuis ? Personne ! Il avait parcouru tout Lens sans rien trouver. Non, c?était faux. Il y avait bien eu les enfants, que quelqu?un avait rassemblés dans le stade Bollaert? mais ils étaient morts. De faim ? De froid ? D?autre chose ? Un respirait encore, il s?en souvenait bien de son regard à cette petite chose, qui l?implorait. Il lui avait chanté des berceuses. Il s?était endormi pour ne plus jamais se réveiller. Il but au goulot de la bouteille de vodka.
Sa décision était prise. Il se leva et porta toutes les bouteilles à côté de lui. Il fallait en finir, ça ne servait à rien d?attendre, il était seul. Il se mit à boire rapidement, bouteilles après bouteilles, encore et encore?
Kevin s?effondra à la renverse dans le fauteuil, les yeux clos, un filet de bave et d?alcool dégoulinant sur son menton, le visage blanchâtre. Le coma. Un de ses potes était mort d?un coma éthylique? Douce façon de mourir? Pas des masses originale, mais bien dans l?esprit jeune, libre, fraternel? Haha, libre? fraternel? putain de devise?
Le lecteur dvd éjecta le film? Le groupe électrogène continua son toussotement monotone pendant quelques heures avant de s?éteindre. Il n?y avait vraiment plus aucun bruit d?origine humaine sur Terre. Kevin aurait apprécié ce putain de silence. Mais il n?entendrait plus jamais rien le Kevin.

Isangeles.

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#12 28/10/2016 22:41:27

vinzouille
Gentil BDA
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Re : Collectif BDA 2017 les textes

texte vinzouille
Je sais pas vraiment comment tout ce bordel a commencé. Les scientifiques qui restaient disaient qu?un virus a décimé la population mondiale et  les néo évangélistes disent que les dieux ont aidé la planète à faire face à la menace que représentait la surpopulation humaine.
Tout ce que je sais c?est que des gens se sont mis à mourir aux quatre coins du monde, que les hôpitaux ont été dépassés et que les gouvernements ont dû rapidement faire face au soulèvement du peuple. Ah le gouvernement ! Les six premières années ont en a vu défiler cinq différents nous disant de rester calmes et qu?une solution allait bientôt être trouvée, comme si un politicien allait nous pondre un antidote? De toute façon ils n?ont jamais pu nous baratiner longtemps, quand ils ne crevaient pas du virus c?est un coup d?état qui les faisait tomber les uns après les autres jusqu?à ce que le système s?effondre, peut être faute de gens sur qui gouverner ? En tout cas ça fait treize ans qu?on a pas revu un de ces guignols.
La chute du système a entrainé une longue période de combats, partout dans le monde des bandes rivales voulant faire main basse sur ce qui reste de notre monde se sont mise à s?affronter. Les hommes sont vraiment débiles, non contents de crever à cause d?une maladie ou d?une malédiction divine, ils trouvent le moyen de s?entretuer pour la gloire ou je sais pas quoi.
Les moyens de communication sont tous tombés en rade, des tarés de néo évangélistes extrémistes se sont mis à dynamiter les centrales causant encore plus de morts et des dommages à la planète ce qui était contraire à leurs principes de base si j?ai bien tout pigé.
Paris, comme j?imagine toutes les grandes villes du monde, n?est plus qu?un champ de ruines où la population s?efforce de survivre sous le joug du caïd du coin. Ici au moins à la campagne on a juste à s?occuper de nos récoltes. C?est ce que je pensais jusqu?à l?arrivée au village d?un gars qui se faisait appeler Guillaume le conquérant, au moins celui-là avait ouvert un livre d?Histoire dans sa vie, seulement y?avait plus rien à conquérir.
Ce brave petit Guillaume s?est mis en tête d?unifier sous sa bannière les villages qu?il croisait sur son chemin de gré ou de force et d?enrôler les jeunes et les hommes encore gaillards dans son « armée », on se serait cru de retour au Moyen-Age, une bande de paysans et de mercenaires prêts à en découdre armés d?épées et de haches, les armes à feu restantes étant réservées à « l?élite » une sorte de nouvelle noblesse.
Ça fait maintenant trois mois que Guillaume squatte le village, la rumeur dit qu?il s?apprête à piocher dans les villageois pour gonfler son armée et repartir en campagne. Certains ont tenté de fuir mais les limiers de Guillaume sont impitoyables, ils massacrent ceux qu?ils retrouvent je pense même qu?une mort sur le champ de bataille serait plus douce que ce que ces chiens galleux sont capables de faire. C?est dingue l?imagination dont peut faire preuve l?être humain quand il s?agit de faire souffrir ses semblables. On commence à voir des gars se couper un membre pour éviter de devoir partir au combat, on voit dans les rues des gamins qui hier encore avaient fière allure sur leurs deux jambes trainer leur carcasse à l?aide de béquilles, je remercie finalement le ciel que la maladie m?ait enlevé ma femme et mon fils, ils n?ont au moins pas eu à voir tout ce merdier.
Le printemps commence à pointer le bout de son nez et il fait étrangement froid ce soir, j?entends quelqu?un frapper à ma porte, une sorte de grand malabar se tient devant moi une feuille à la main et hurle « Famille Bertin ! Une personne ! » Et en me regardant « T?es un petit veinard mon gaillard ». Il m?a attrapé tellement fort que j?ai cru que les os de mon bras allaient lâcher, il en a de la poigne ce chien ! J?ai beau me débattre rien n?y fait je me retrouve enfermé dans une espèce de cage montée sur les restes d?un monospace le tout tiré par des chevaux de traie avec ceux qui n?ont pas eu la folie ou le courage de se mutiler. 
Au fond de la cage j?aperçois Romain, une sorte de géant dont la gentillesse n?a d?égale que la largeur de ses épaules. Le grand malabar aurait réussi à le maitriser ou bien pour ne pas attirer les foudres de Guillaume sur sa famille il l?aurait suivi sans broncher ?
On fait le tour du village de maison en maison des cris, des pleurs et parfois du sang.
Le convoi rejoint maintenant l?armée, je vois que ces rapaces n?ont pas oublié de déposséder tous les villageois de leurs provisions.
On s?éloigne maintenant du village je vois que les mercenaires sont restés en arrière tandis que les limiers nous surveillent de la même manière qu?à l?époque de la télévision on pouvait voir des chiens de bergers gérer un troupeau de moutons, d?ailleurs ça nous va bien des moutons, tous abasourdis, personne pour se rebeller, comme si la peur nous avait transformé en bons gros moutons inoffensifs, j?aimerais me soulever et aller empaler un de ces chiens mais quelque chose m?en empêche, je ne sais même pas ce que c?est j?ai plus rien à perdre, ils vont me prendre quoi ? La vie ? Ça me permettrait de quitter ce monde de fous et de retourner auprès de ma famille ! Mais non, je ne bouge pas.
Le cortège balourd continue sa route et je sens maintenant une odeur de brûler, j?entends aussi tôt des hurlements. Je me retourne et vois une épaisse fumée s?échapper de mon village. La rage me gagne et ces raclures qui reviennent, rient et racontent aux limiers comment ils ont violé les femmes devant les enfants et comment ils ont ridiculisés puis tués ceux qui se sont mutilés pour ne pas être enrôlés. Mais là encore personne ne se soulève, la masse groggy continue sa route. 
La nuit tombe, on arrête enfin de marcher, je m?écroule au sol j?ai les pieds en bouillie. Je regarde autour de moi et me rend compte que je ne suis pas le seul dans cet état, même ce grand gaillard de Romain semble à bout. Je m?approche de lui, il me regarde l?air hébété « Tu es là aussi ? Je suis content que tu t?en sois sorti.» C?est pas qu?avant tout ça on était les meilleurs amis du monde, on était au même lycée mais lui faisait partie des gars sportifs et populaires et moi j?étais dans la bande des geeks. Seulement quand la quasi-totalité de la population disparait et qu?en plus y?a plus rien à la tv ça rapproche les gens?
Le jour se lève, je dirais bien enfin mais sachant la journée qui nous attend je ne sais pas ce qui est le pire dormir dans le froid à même le sol ou bien marcher toute la journée avec pour seules pauses attendre que les mercenaires pillent les villages que l?on croisera.
Ah ça ils peuvent nous faire marcher ils sont à moto voire en voiture pour les plus hauts placés, forcément ça fatigue moins ?
Les jours passent, à force de devoir piller pour me nourrir je commence à ressembler aux autres soldats de l?armée de Guillaume. Je me dégoûte moi-même. Que pense ma famille en me regardant de là-haut ? J?ai honte.
Hier Romain a appris qu?un des mercenaires s?en était pris à sa fille après que nous ayons quitté notre village, ce matin ce mercenaire a été retrouvé la nuque brisée comme si son cou avait été serrée dans étau. Le fait d?imaginer ce colosse serrer la nuque de ce monstre me plaît je l?avoue. Est-ce juste ? Je ne sais pas mais ça soulage de savoir que je ne suis pas le seul à me souvenir de notre village, la plupart des gens ici ressemblent à des zombies s?en est flippant.
Ce soir nous allons rester du coté de Saint-Denis, demain c?est la bataille, un gars qui se fait appeler l?empereur règne sur la zone. Demain on se bat pour la prise de ce qui fut le stade de France, dire qu?avant j?allais voir des matchs et concerts là-bas, maintenant il paraît que c?est devenu le fort de cet autre mégalo.
Cette première nuit d?avant bataille est étrange, les bleus comme ceux de mon village et moi restent immobiles, silencieux les yeux dans le vague, les plus aguerris font la fête bruyamment comme s?ils savaient que cette nuit était leur dernière nuit ce qui a pour effet de nous apeurer davantage et de nous murer un peu plus dans le silence.
Ce matin les gradés nous ont affectés à des unités et filé des armes pour ma part je dois attaquer une forteresse armé d?une sorte de lance, d?un couteau et protégé par un bouclier en bois. Nous faisons maintenant face au stade de France, je reconnais à peine l?endroit, les commerces qui entouraient le stade ont été rasés surement pour voir arriver les assaillants de loin, la grille qui dans le passé servait à empêcher les entrées sans billets a été transformée en véritable mur d?enceinte sur lequel patrouillent des gardes.
Un général tend un casque a Guillaume qui en retire un papier, il le lis et crie « unité 9 » en première ligne ! » Ils sont sérieux ? Le destin des pauvres bougres que nous somme se joue au tirage au sort ?
L?unité qui comporte une trentaine d?hommes s?avance, ceux qui tentent de faire marche arrière sont immédiatement exécutés. Ça met dans l?ambiance ?
L?unité 9 se lance à l?assaut des remparts, qu?est ce qu?ils espèrent ? Se lancer armés de lances et d?épées sur une forteresse bien gardée ?
L?unité 9 qui s?est battu avec la force du désespoir a été décimée sans même avoir atteint le mur d?enceinte les hommes qui ont réussi à éviter les pièges placés çà et là  sont tombés sous une avalanche de flèches. Face à ce spectacle les gradés restent de marbre, ils discutent entre eux, surement de la prochaine vague. L?unité 9 n?a servi qu?à jauger la force défensive de l?ennemi. Guillaume fait un signe de la main, et là c?est la surprise des engins de chantier transformés en véritables machines de guerre font leur apparition. D?où ils sortent ? Est-ce qu?ils ont fait le chemin en marge de notre groupe ? Si c?est le cas quelle est la vraie puissance de l?armée de guillaume ? Des archers s?avancent, protégés par des fantassins portant de grands boucliers ils font pleuvoir un déluge de flèche sur les palissades ennemies pendant de que les véhicules foncent sur le mur. Une brèche est créée, mon unité et
plusieurs autres sont envoyées prendre le stade d?assaut. Les combats sont âpres, je frappe des hommes qui ne cherchent probablement qu?à se défendre peut être même ont-ils étés enrôlés de force tout comme moi. Peu importe. C?est tuer ou être tué. Je frappe, chaque coup m?enfonçant un peu plus dans cette bestialité qui me répugne. Je frappe ainsi durant tout le jour. Nous avons réussi à acculer  l?empereur et ce qu?il reste de ses hommes dans un donjon bâti sur ce qui était autrefois la pelouse du stade. 
Nous commençons le siège.
La vie s?organise dans l?enceinte du stade, les nombreuses loges sont autant de chambres où devaient vivre les soldats en garnison. Nous récupérons ce que nous pouvons, améliorant notre équipement au passage.
Après trois mois de siège l?empereur se rend enfin. Trois mois alors qu?ils n?avaient pas de récolte ou d?animaux dans ce donjon, mais contrairement au moyenâgeux nous bénéficions de conserves qui prennent peu de place. Malgré cela se sont des hommes affaiblis et amaigris qui s?avancent devant nous. L?empereur a perdu de sa superbe, lui et ses hommes sont amenés à guillaume qui les attend épée à la main. C?est Guillaume qui n?a pas mis un pied sur le champ de bataille et qui est resté bien au chaud dans sa tente de campagne, un petit chapiteau qu?il a dû récupérer sur un petit cirque, bien protégé par sa garde rapprochée, c?est cet homme qui se fait appeler le conquérant qui ôte la vie de l?empereur et de ses hommes ligotés et agenouillés. Nous sommes victorieux, je suis en vie, mais tant de mes compagnons d?infortune sont morts.
Nous prenons possession du stade, nous réparons et améliorons les fortifications puis repartons en campagne, laissant derrière nous une garnison pour garder le fort. 
Les jours, les semaines et les mois passent. Ça fait maintenant trois ans depuis que j?ai été enrôlé de force. Les combats se sont enchainés, de plus en plus violents. Le territoire de Guillaume a grandi. Mon corps porte les cicatrices des combats. J?ai gravit les échelons de l?armée de Guillaume au fil des combats jouant souvent de chance, je suis maintenant à la tête d?une division, je ne vois que rarement le front. Romain aussi a gravit les échelons et se pose comme mon égal.
Nous avons appris par un espion envoyé il y a quelques mois dans notre village que guillaume a fait envoyer les plus jolies femmes dans des bordels et enrôlé les enfants de force dans son armée surement pour les endoctriner. Le sort des autres n?a pas été précisé mais on imagine sans peine qu?il n?est pas enviable.
Guillaume, qui au départ a dû prendre le nom de conquérant pour se la péter, est maintenant à la tête d?un territoire qui englobe ce qui dans le passé était la Picardie, l?Ile de France et une petite partie de l?Eure. Il règne sur ce territoire d?une main de fer et a pris ses quartiers dans le palais de l?Elysée, quelle ironie? 
Ce soir Romain et moi sommes conviés à la table de Guillaume pour nous féliciter de nos faits d?armes. J?espère qu?il ne va pas pousser l?ironie jusqu?à nous refourguer une légion d?honneur qui trainait dans un coffre de l?Elysée ! 
Le diner se déroule dans l?opulence on se serait cru dans un banquet comme on en voyait dans les films de cape et d?épée. Soudain Romain lève son verre et de sa grosse voix se met à chanter une chanson pour minettes qui passait à la radio il y a de ça si longtemps. 
Il profite de la surprise des gardes du corps de Guillaume et saisit son couteau pour le lui lancer entre les deux yeux. C?était si simple ! Le nombre de fois où j?aurais pu le faire qu?est ce qui m?en a empêché ?
Les gardes du corps se jettent sur lui, leurs lames le transpercent de toutes parts et pourtant il sourit.
J?entends une détonation et comprend aussitôt, Romain avait tout prévu, je vois maintenant une armée entière se lever contre ceux qui étaient fidèles à Guillaume. Je prends les armes et attaque les gardes. Pourquoi Romain ne m?a-t-il pas mis dans la confidence ? Suis-je à ses yeux devenu un de ces montres qui me répugnent ? 
La bataille terminée, celui qui était désigné comme le second de Romain prend la place de Guillaume, sera-t-il meilleur que lui ou bien comme ce fût le cas dans le passé, tout ne sera que recommencement ?

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#13 28/10/2016 22:42:00

vinzouille
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Re : Collectif BDA 2017 les textes

voilà je pense  ne rien avoir oublié

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#14 28/10/2016 23:08:50

jgab
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Re : Collectif BDA 2017 les textes

Je n'ai pas eu le temps de tout bien lire (et je devrais attendre pour me faire mon choix)

En fait j ai eu une affinité pour  l histoire de lekere mais je préférè me proposer pour cette nouvelle qu'en second. ( je n ai pas attendu le feu vert de vinzouille ;   jgab  )

Dernière modification par jgab (28/10/2016 23:12:43)


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#15 29/10/2016 00:20:22

Greg24
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Re : Collectif BDA 2017 les textes

Je choisis celle d'Isangeles.

C'était dur de choisir. D'autres me plaisent beaucoup, mais c'est celle qui m'inspire davantage visuellement.

wink

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#16 29/10/2016 02:39:35

vinzouille
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Re : Collectif BDA 2017 les textes

OK Greg je note!
Jgab tu as le temps ne t'en fais pas wink

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#17 29/10/2016 07:57:42

jgab
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Re : Collectif BDA 2017 les textes

Je prend la nouvelle de lekere
Chat. Rôdeurs , humains dépendant, machines évolués et déclin de l empire humain.


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#18 29/10/2016 10:15:07

vinzouille
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Re : Collectif BDA 2017 les textes

Ok jgab c est noté

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#19 29/10/2016 10:21:41

jgab
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Re : Collectif BDA 2017 les textes

Merci
je pourrais faire en 10 illustrations cette nouvelle en respectant les paragraphes de lekere      je brouillonerais cela quand ce week end sera passé ( je suis qu' humain)


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#20 29/10/2016 11:39:30

AV63
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Re : Collectif BDA 2017 les textes

Si c'est possible je prends le texte 2 de Mr Clark;
Des morts vivants, ambiance bien glauque cool pour le N&B!:big_smile:

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#21 30/10/2016 00:36:23

Fayce78
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Re : Collectif BDA 2017 les textes

Bravo à tous ceux qui travaillent autour de ce projet et bravo aux auteurs. Vos textes  sont top.

Pour ma part je choisi Mansuz si c'est possible.

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#22 30/10/2016 13:46:32

vinzouille
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Re : Collectif BDA 2017 les textes

OK AV63 et Fayce c'est noté

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#23 30/10/2016 20:08:49

vinzouille
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Re : Collectif BDA 2017 les textes

Alors voici le texte de kalamitymik

L?eau est tiède. Quel bonheur !
J?avais oublié cette sensation d?apaisement. Et même si je sais que ce moment privilégié ne sera pas long, je compte bien en profiter pleinement. Je tiens fermement dans la main droite mon arme de poing, un Smith & Wesson modèle 17 légèrement rouillé. Je suis malade certes, mais pas encore fou.
Je relâche mes muscles, je ferme doucement les yeux. Cinq petites secondes. Il n?en faut pas plus pour que je me surprenne à desserrer mes doigts de la crosse de mon revolver. Lorsque je m?en rends compte, je sursaute violemment, comme si un électrochoc avait traversé mon corps. Ma poitrine me fait mal. Mon c?ur s?emballe. Je ressens chacun de ses battements résonner à l?intérieur de mon crane.
Je souffle par à-coups. Les maux de têtes commencent à se dissiper. J?en profite alors pour prendre de plus longues inspirations. Je fais le vide en moi, cherchant désespérément à ne plus réfléchir. Ce n?est pas gagné! Les évènements que le monde a traversés ces derniers mois ne m?aident pas. Il m?est impossible d?effacer ce cauchemar de ma mémoire.
« Mais qu?est-ce-que je fous dans cette baignoire ? »
Je regarde furtivement la pièce qui m?entoure, essayant de m?attarder le moins possible sur les détails. Dans une salle de bain, je devrais facilement noyer mon esprit. Je me redresse et me penche sur ma droite. Je commence par le sol.  J?ai du mal à distinguer le carrelage qui se cache sous ce centimètre de poussière. Un T-shirt déchiré, ou plutôt arraché, s?étale sous mes yeux. Au milieu de la pièce, un treillis sombre et tacheté est soigneusement plié. Une paire de chaussures de randonnée y est posée dessus. Je m?arrête un instant sur les semelles, comme subjugué par les crampons dissimulés sous une couche épaisse de boue sèche et écarlate.
Je ressens un picotement sur ma tempe gauche. Cette sensation s?intensifie, et commence à se transformer en douleur. Je dois arrêter de tergiverser sur le moindre détail. Diminuer le rythme de mon activité cérébrale me fera gagner de précieuses heures de lucidité.
Je replonge dans l?exploration des lieux. En face de moi, un vieux matelas crasseux se trouve plié contre une porte, formant un  angle droit parfait avec le sol. Est-ce pour se barricader? Sans doute ! Mais qui peut donc croire que cela suffit à arrêter la folie qui nous entoure ?
Aïe ! La douleur me rappelle à l?ordre, je ne dois plus me poser de questions, seulement observer. Je ne prête donc pas attention au sang encore frais tartiné sur le matelas, et je relève les yeux. C?est étrange. Je ne me rappelle pas avoir vu cette petite fenêtre encastrée sur le mur à ma gauche. Comment n?ai-je pas pu y faire gaffe? Est-ce la faute aux trois planches épaisses clouées à la hâte sur son cadre ? Sûrement. Je dois bien me rassurer comme je peux. Un esprit sain n?aurait pas omit ce genre de détail. Malheureusement, je ne suis pas sûr d?avoir encore les idées claires.



Il me semble entendre rire?
Un rire très aigu et éloigné? le rire d?une fillette peut-être? le genre de rire qui me fout les jetons. L?inquiétude me gagne. Il fait de plus en plus sombre. La faible flamme d?une bougie bien entamée commence à s?estomper rapidement. L?obscurité absorbe tous les éléments qui m?entourent. Seul un filet de lumière s?échappe des interstices formés par les planches de la fenêtre.

Les images se bousculent dans ma tête...
Rien d?étonnant à ça, mes yeux ne me montrent plus que du noir, je ne suis plus maître de mes pensés. A ce stade, il me reste peu de temps avant que mon âme ne s?égare définitivement? et que mon corps ne devienne qu?un pantin hilare dénué de toute conscience. Je resserre mes doigts sur la crosse de mon arme. Ma main me parait aussi dure que la roche, comme pétrifiée. Je me raccroche à ce revolver comme si s?était le dernier remède au mal qui me ronge.

Encore ces rires? derrière moi.
Je me retourne. L?aire de jeu a tellement changé. Il y a encore trois semaines, les gamins du quartier faisaient le plein de sensations sur le tourniquet ou s?amusaient à escalader le toboggan à contre sens?
Que faisait donc ce 4x4 au milieu de la cour ? Etait-ce son conducteur couché sur l?un des bancs publics ? Je l?entendis gémir, sa respiration était saccadée. Son bras était enroulé autour de sa tête, sa main agrippée à son oreille. Je décidai de me rapprocher, chacun de mes pas était hésitant. Je m?arrêtai brusquement à l?avant du véhicule. Une femme que je n?avais pas vue releva sa tête ensanglantée du capot?
« L?école est finie? l?école est finie? » soupira-t-elle difficilement.
Ses yeux bleus me fixèrent, mais me donnèrent aussi l?impression qu?elle n?avait pas remarqué ma présence. Des cheveux blonds retombaient par mèches collées sur son visage creusé. Son chemisier déchiré laissait dévoiler sa poitrine recouverte de sang séché. Je suis à la fois horrifié et attristé par cette vision. Comment une femme de sa condition avait-elle pu en arriver là ? Un éclat de rire perçant de l?homme couché me tira soudainement de mes pensées. Je reculai en le voyant lever son poing au ciel, brandissant fièrement son oreille tel un trophée.
Je frissonne? je tremble?
L?eau froide du bain me fait ouvrir les yeux. Il fait sombre, très sombre. Dehors, la nuit est tombée. La douleur que provoque ma tempe gauche chauffe une partie de mon visage jusqu?au bas de ma nuque. J?apprécie cette sensation de chaleur sur mon corps glacé. J?aperçois difficilement ma main et mon flingue sur le rebord de la baignoire. Je ne l?ai pas échappé, je suis rassuré. Je referme mes yeux fatigués en gloussant, satisfait d?être encore maître de mon destin.
Je rigole bêtement? et ça me fait peur.

Je sortis à reculons de l?air de jeux sous les ricanements de l?homme. J?entendis une fillette se marrer. Un rire aigu et éloigné? un de ceux que j?aimerais oublier. Je la voyais assise sur la balançoire, vêtue seulement d?un pyjama, le regard perdu dans le ciel. Ses bras étaient lacérés? son visage aussi. C?en était trop. Je rejoignis au pas de course l?immeuble où j?avais élu domicile depuis peu. La banlieue s?était considérablement vidée depuis le dernier passage des militaires. Dehors, seuls les fous se promenaient, hilares, désorientés et pour les plus atteins, mutilés par leurs propres mains. Les rares personnes encore saines d?esprit se terraient dans leurs appartements. Beaucoup ne voulaient plus voir ce spectacle affligeant, ou le triste sort qui leur était réservé.
Pour moi, c?était ma dernière sortie, et elle me hante encore. Mais combien de temps suis-je resté seul dans cet HLM ? Un mois, deux peut-être ! Je ne me rappelle plus. Une chose est sûre, je me suis cloitré dans cette salle de bain quand j?ai commencé à me creuser la tête? à l?aide d?un couteau.
Merde ! Il faut être complètement fou pour croire que la maladie qui a terrassé notre monde allait m?épargner. Je ne finirai pas comme ça, et mon Smith & Wesson va m?y aider.
J?ouvre les yeux, la baignoire est remplie à moitié. C?est bizarre ! Je suis persuadé d?avoir fermé la porte avant de prendre ce bain. Mon treillis, mes chaussures? disparus !
Et mon flingue ?...

FIN

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#24 02/11/2016 18:21:44

Flonflon
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Re : Collectif BDA 2017 les textes

Je veux bien le texte de Lukas, si ce n'est pas trop tard

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#25 02/11/2016 19:20:30

Lukas
Gentil BDA
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Re : Collectif BDA 2017 les textes

Merci Flonflon !
Si tu veux un format plus facile à lire, n'hésite pas, je te l'enverrai.

Dernière modification par Lukas (02/11/2016 21:46:45)


Asinus Asinum Fricat

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