Pour poursuivre ce dossier, voici une planche de Ian commentée par Ian et qui n'échappe pas ensuite aux critiques acerbes de deux membres éminents de BDA.

L'analyse de Ian :

Cette planche est extraite de ma série « Au Service de Monsieur »…
Pourquoi l’avoir choisie, alors qu’elle doit bien avoir trois ans maintenant ? Tout simplement parce que cette idée de série a été le déclencheur, l’envie de refaire de la bande dessinée m’est revenue grâce à Monsieur.

Petite explication de « Au Service de Monsieur » : Monsieur est un chien, appartenant à Madame la Comtesse. C’est un riche chien de la noblesse qui, bien entendu, possède son propre majordome.

Monsieur a donc été une charnière dans ma production, il y a l’avant et l’après. Cette planche en particulier a, elle, été à sa manière un tournant également. C’est une planche refaite, l’idée m’était venue tout au début de la série. Elle porte d’ailleurs le numéro 2…

J’en suis assez satisfait… Simplement parce que lorsque j’étais plus jeune, je m’amusais à recopier les planches de Dupa (Cubitus), et que j’avais envie de pouvoir réaliser ce genre de gags en une planche. Avec celle-ci je m’en suis au moins approché. Les cases s’enchaînent jusqu’au gag de dernier strip… tout en restant gentiment amusant en cours de lecture. Elle est donc représentative de mon envie à l’instant ou je l’ai réalisée.

C’est justement ça qui cloche un peu… Dans cette planche, voire même dans cette série, je me suis pas mal cherché. Du coup elle retombe dans le déroulement du gag classique. A la base l’idée n’est pas si mauvaise, un chien possédant son majordome… mais je pense qu’il y a mieux à faire.

Une idée de série, une idée de scénario, c’est comme un bout de laine qui dépasse d’une pelote, si on a la chance de pouvoir l’attraper du bout de l’ongle, on peut alors le dérouler… petit à petit. Je crois que cette idée là est de celles qui méritent d’être déroulées, mais pas n’importe comment.

Cette planche donc pour dire mon attachement à ce qui a été fait sur la série « Au Service de Monsieur » mais aussi pour dire ma déception de ne pas avoir atteint l’objectif auquel elle avait droit.

Je pense, si le temps me le permet, revenir sur son concept. Je pense que Monsieur mérite autre chose que du gag en une planche… une aventure ? pourquoi pas ? il me faudrait donc un scénario ! et si…

L'analyse de moutch84 :

On connaissait Ian fin psychologue animalier avec Katz ; on le découvre ici explorant les méandres du cerveau humain. Ce qu’il étudie ici, au travers de cette planche, c’est justement les travers de l’Homme avec un grand H. Cette dégénérescence, cette altération de l’esprit, cette fêlure qui peut faire basculer, à tous moments, un homme –a priori, sain et équilibré- vers la violence la plus extrême.

Ian entame sa démonstration avec le titre : le « Monsieur » en question -on l’apprend dès les premières cases-, c’est le chien ! Il s’agit ici d’une inversion de l’état des personnages… Le chien est appelé « Monsieur », il est humanisé tandis que Venceslas, l’homme, est celui qui apparaît comme l’animal. Venceslas, cet animal, cette Bête Humaine, comme l’a décrit Zola il y a plus d’un siècle, n’hésite pas une seconde lorsqu’il croit que l’enfant a été dévoré… Il va chercher un couteau de cuisine et tente d’éventrer le chien. C’est bien la preuve que cette fêlure est présente en lui et qu’il a besoin d’être soigné. Et ça, les « hommes en blanc », l’ont bien compris… La symbolique joue, là aussi, un rôle important. Dans la première et l’avant-dernière case, Venceslas porte un costume marron, ce qui suggère un esprit sombre, voire souillé ; dans la dernière case, il arbore une camisole blanche, ce qui tend à prouver que son esprit va emprunter la voie de la guérison et peut être retrouver cette pureté disparue…

Pour conclure, on peut dire qu’avec Ian, l’animal l’emporte très souvent sur l’homme. Mais une dernière interrogation reste cependant sans réponse : Ian était incontestablement un animal dans une autre vie. Mais lequel était-il ? Je donne ma langue au chat…

L'analyse de JFM :

Non non et non ! Ca ne va pas du tout !

Passe encore que le gag soit un des plus vieux du monde (entre le gars qui glisse sur une peau de banane et celui qui tombe dans une bouche d’égout ou le gars qui dit « accroche-toi au pinceau, j’enlève l’échelle »), passe encore qu’il nous faille lire toute une planche à la Cauvin pour y arriver (et je vous dis pas comme c’est dur de lire tous ces « agagganagaaaa » que formule le petit homme en bleu, passe encore que les couleurs soient si ternes que l’on se croirait pris dans un brouillard épais, un jour sans soleil, un soir d’enterrement, passe encore que les personnages soient aussi pâles que le fond au point qu’ils se confondent avec, passe encore que le gros bugne contre la case en sursautant ….

Mais là où je m’insurge de toute ma force, de toute mon ardeur, c’est quand je vois toutes les incohérences, aberrations et invraisemblances contenues dans cette planche.

Jugez plutôt :
- Par ces temps où l’économie est morose, voilà que l’on importe même de la main d’œuvre étrangère bon marché pour en faire des héros de papier : Je vous le demande : Que vient faire un « VENCESLAS » dans la BD franco-belge ? Hein ! ?
- De plus, il n’est jamais conseillé d’embaucher des membres de sa famille. Venceslas est un nom slave. Si slave, c’est qu’il s’nettoie. Si s’nettoie, c’est donc ton frère ! CQFD !
- Le petit bonhomme bleu, aussi, est étranger. C’est quoi cette langue faite de borborygmes incompréhensibles (pléonasme) ? On importe des produits étrangers faits par des petits enfants (habillés en bleu) exploités et vivant dans la misère, et on ne se paie même pas les services d’un traducteur. Pan ! Mange du manga écrit en japonais, à lire à l’envers. Mange du « aggagga naggga gaaaa jesaispasquoi » !
- Et puis, c’est quoi ce dessin qui ne respecte aucun canon anatomique ? Regardez le gros, là, avec ses yeux du même côté, tantôt à droite, tantôt à gauche ! C’est n’importe quoi ! A part quelques poissons à la gueule fracassée, comme la plie, ça n’existe pas !
- Voilà que le chien s’appelle « Monsieur », voilà que la dame (une comtesse soit-disant alors que la révolution a eu lieu il y a belle lurette) appelle son clébard « petit chien » alors qu’il est plus grand qu’elle ! Incredible ! , voilà que d’obscurs infirmiers arborent un écusson avec une croix NOIRE au lieu du rouge réglementaire, etc etc j’en passe et des meilleures.

Non, je vous le dis ! Si on laisse s’installer ce type de BD, c’est la fin de tout. C’est la mort de nos BDs francobelges. Non ! Les petits bonhommes bleus slaves ne remplaceront pas nos petits bonhommes bleus qui défendent, eux, si bien la langue française et ne s’expriment pas en « agggaga ggaaa aaa », à savoir les chrtoufmps … les shloumpphs … les schtroufchs … les Rââââah … SCHTROUMPFS ! (à mes souhaits !)