#1 Critiques de SCENARIOS » Nouveau Venu » 22/01/2005 21:03:04

BILLONMAN
Réponses : 1

bonjour à tous
j'écris des nouvelles courtes, des histoires de tous les jours, qui, selon moi, pourraient servir de support à des dessinateurs en manque d'inspiration, j'en ai  déja laissé deux un peu plus bas dans le forum, à la rubrique "recherche dessinateurs" mais j'accepterais volontiers vos critiques et conseils, alors je vous soumets celle ci :

LA VOIE FERREE                                   

        Ils étaient et resteraient mes meilleurs amis, c'était une certitude, cette même certitude qui me nouait la gorge alors que j'empruntais le chemin qui m'éloignerait d'eux définitivement. La décision avait été difficile, mais je l'avais finalement prise, il le fallait, cela faisait trop longtemps que je repoussais l'échéance, des nuits entières à me torturer l'esprit, à chercher d'autres solutions, mais il avait bien fallu s'y résoudre, je devais partir, et les abandonnerà
Mais une chose était sûre, ils étaient et resteraient mes meilleurs amis.

    Cet après-midi, j'étais passé voir Titus à l'institut, avec Rémi. Il était dans sa chambre, comme tous les jours, assis par terre, jouant au petit trainà
Il semblait heureux malgré tout.
Comme chaque fois qu'il le voyait, Rémi s'était mis à pleurnicher, reniflant bruyamment en frottant ses yeux rougis par l'alcool et la fumée de mauvaises cigarettes. Un discret coup de coude dans les côtes l'avait fait taire, puis il était resté prostré derrière moi, la tête basse, sans dire un mot. Titus a levé la tête et son visage s'est fendu d'un énorme sourire lorsqu'il nous reconnut. D'un geste de la main, il nous fit signe de s'asseoir à ses côtés, près du circuit électrique. Je m'exécutais, la gorge nouée, mais c'était trop pour Rémi, il prit une profonde inspiration pour refouler ses sanglots, passa fébrilement une main tremblante dans les cheveux de Titus pour lui dire tous ces mots qui ne parvenaient pas à franchir la barrière de sa gorge, et sortit précipitamment de la pièce. Je savais que je le retrouverais tout à l'heure, dépité et confus, appuyé contre la voiture, comme chaque foisà
Titus avait pris ma main dans la sienne, et de l'autre, manoeuvrait d'avant en arrière le petit wagon de plastique sur les rails métalliques. Je le regardais, il semblait paisible, son éternel sourire accroché aux lèvres, mais quelque chose fuyait constamment dans son regard.
Au bout d'un quart d'heure, il relâcha l'étreinte de sa main, et se tourna vers la fenêtre. C'était le signal, je devais partir, c'était tout pour aujourd'hui. Cela se passait toujours de la même façon, sans un mot, Titus n'avait plus jamais parlé depuis ce jour là, plus jamaisà

    Dehors, j'avais retrouvé Rémi. Il pleuvait, mais il ne bougeait pas, adossé contre la voiture, l'eau ruisselait sur ses cheveux longs et sales. De ses doigts jaunis, il portait à la bouche un mégot de tabac brun et en recrachait une épaisse fumée blanchâtre. On voyait bien qu'il avait pleuré, mais Rémi il s'en foutait qu'on s'en aperçoive ou pas, il se foutait de tout d'ailleurs, du regard des autres, des apparences, des rumeurs à son propos, il ne cherchait qu'à fuir, baisser la tête pour ne pas affronter les semblants de haine ou de pitié qu'il inspirait, tourner les talons et fuir, encore et encoreà
J'avais posé ma main sur son épaule pour le sortir de ses rêveries, il avait sursauté, apeuré, puis m'ayant reconnu, m'avait lancé son sempiternel regard de chien battu, celui qui me retournait le c£ur à chaque fois, c'était vraiment dur, je n'en pouvais plusà
Et pourtant, je devais être fort, le plus fort des trois, le ciment qui nous  gardait unis depuis si longtemps.   
Nous nous étions connus à l'école primaire : Rémi était le fils du ferrailleur du village, ses parents, pauvres et peu instruits, habitaient à la sortie du village un vieux mobil home, planté de travers au milieu des carcasses rouillées de véhicules accidentés ; Titus, lui n'avait plus ses parents, morts dans un accident de voiture peu après sa naissance, c'est sa grand-mère qui l'élevait, une brave femme mais déjà bien âgée et fatiguée, ce n'était pas facile tous les jours pour tous les deux, et moi, je débarquais de la ville, mon père avait été muté par son entreprise dans ce petit bled où nous ne connaissions personne, maman n'avait pas supporté le changement et nous avait quittés après les premières vacances, j'étais resté ici seul avec papa qui travaillait du matin au soir, me laissant désoeuvré une majeure partie de la journéeà
Ainsi, lors de la rentrée des classes, alors que tous les enfants s'étaient retrouvés entre camarades, nous étions restés seuls tous les trois au milieu de la cour. Personne ne nous parlait, tous passaient autour de nous, nous bousculant sans nous prêter plus d'attention, tant et si bien, qu'ils finirent par nous réunir, nous les trois parias, seuls contre tous, unis à jamais et pour toujours, inséparables depuis ce moment làà

    Cette rencontre avec mes nouveaux camarades de jeux fut pour moi le début d'une des plus belles périodes de toute mon existence. Il ne se passait pas un jour sans que nous inventions de nouvelles aventures extraordinaires, organisant des expéditions fantastiques dans l'un des terrains de jeux les plus magiques pour des enfants de notre âge : la décharge des parents de Rémi. Ceux-ci observaient d'un air méfiant nos rocambolesques aventures, mais en secret, ils étaient si heureux que leur fils se soit trouvé des amis qu'il n'osait rien dire. Combien de confidences, d'éclats de rire et de moments d'émotions avons-nous échangé, installés nonchalamment dans une carcasse de voiture certains mercredis de pluieà
Lorsque le soir tombait, nous nous retrouvions chez la grand-mère de Titus qui nous accueillait chaque fois à une table remplie de biscuits et de bols de chocolats chaud et fumantà
Ensuite, mes deux acolytes me raccompagnaient jusque chez moi, armés de torches électriques qui faisaient naître des animaux magiques sur le bitume à chacun de nos pas. Parfois, lorsque Papa avait pu se libérer un peu plus tôt, ils nous emmenaient manger tous les trois à la petite taverne du village. Alors, ces soirs là, autour de la grande cheminée de l'auberge, il se mettait à nous raconter des histoires merveilleuses de pirates et de corsaires, et devant le regard émerveillé de mes deux compagnons, j'étais aux anges, et tellement fier, tellement fierà
Et puis, petit à petit, nous avons grandi, mûri, nos caractères se sont affirmés, nos différences se sont développées, nous unissant un peu plus encore en nous permettant d'exprimer individuellement nos complémentarités.
Rémi, en vieillissant était devenu un solide gaillard, agréablement charpenté avec un charme rustique qui ne laissait pas indifférent les jeunes demoiselles. Titus, lui était resté frêle et chétif, mais son côté rêveur et distrait faisait littéralement craquer les plus romantiques. Quant à moi, mon profil studieux, mes lunettes et mes vêtements de bonne facture, me donnait un petit air intellectuel qui me permettait de courtiser avec plus ou moins de succès les filles qui nous faisaient tous rêver : les vieilles, enfin les plus âgées, seize ans au moins.
           
C'était le temps de l'insouciance, des premiers amours, des premiers baisers, des premières disputesà
Le soir venu, nous aimions nous rencontrer, pour comparer nos expériences personnelles, mesurer notre niveau d'avancement, en en rajoutant toujours un petit peu pour stimuler la compétition.
Il n'y avait cependant aucune rivalité entre nous, juste une saine émulation qui nous poussait à nous dépasser, à évoluer toujours un peu plusà
Nous avions un point de rendez-vous secret, connu de nous seuls : il fallait emprunter le petit sentier qui traversait la forêt communale, puis au détour du troisième virage, enjamber le bosquet de fougères et d'épineux, passer sous les fils barbelés de la vieille clôture de bois, traverser la clairière, et là, derrière le rideau d'arbre, se trouvait un petit pont de pierre qui surplombait la voie ferrée. C'est là que nous nous retrouvions chaque soir où le temps nous le permettait.
Je me souviens de ce soir là comme si c'était hierà
C'était un soir de printemps tiède et ensoleillé, Titus tenait absolument à nous voir.Lui , d'habitude, si calme, si réservé, était excité comme une puce, bondissant d'un pied sur l'autre, ne tenant plus en place : il était amoureux !
Il avait rencontré le week-end précédent une jeune et jolie demoiselle qui avait succombé à son charme poétique lors d'une soirée inter études organisée par le préfet de la région.
Seulement la belle était en école privée dans le village voisin, et il n'avait pu la voir de toute la semaine. Certes ils avaient tout de même réussi à échanger quelques mots au téléphone, mais Titus, observé en permanence par sa grand-mère n'avait réussi à lui balbutier que quelques banalités d'usage.
Elle rentrait ce soir pour le week-end, et le train qui l'amenait allait emprunter d'un instant la voie ferrée à quelques mètres sous nos pieds. Il fallait voir dans quel état d'excitation se trouvait notre camarade !
Excitation qui ne semblait pourtant pas du tout émouvoir Rémi, qui occupait le temps en jetant de petits cailloux sur les rails. Ce qui ne tarda pas à mettre Titus hors de lui :
- Mais bon sang Rémi, arrête donc ! Je ne veux pas que le train soit retardé à cause de cailloux sur les voies !

Ce cri d'alarme ne stoppa absolument pas Rémi qui, au contraire, partit d'un énorme éclat de rire, en bombardant de plus belle les rails de gravillons.
-    Mais enfin, gros bêta, ce n'est pas avec mes gravillons que je vais arrêter ce fichu train, crois-moi ! Et puis, cesse de t'énerver comme ça, ce n'est pas ce soir que tu la verras, ta chérieà
-    Et qu'est-ce que tu en sais toi, hein ?
-    Eh bien, je le sais, c'est tout !
-    Vas-tu enfin me le dire, nom d'un petit bonhomme ?
J'intervins à ce moment là :
-    C'est vrai Rémi, si tu as quelque chose à nous dire, il faut le dire maintenant. Regarde dans quel état de nerfs se trouve Titus, c'est pas humainà
-    Ben, ce soir, en rentrant à la maison, j'ai croisé les parents de sa chérie à Titus. Ils étaient chez mes vieux, ils venaient de déposer leur vieille bagnole à la décharge. Son père vient d'acheter une voiture neuve, et il a prévu de l'essayer ce week-end  en partant voir son frère à Dijon, et en famille, bien entenduà
Alors, pour ta dulcinée, ça me semble compromis que vous puissiez passer un petit moment ensembleà
A l'annonce de cette nouvelle, nous avons vu Titus s'effondrer en larmes, il était sérieusement accroché cette fois. Il fallait trouver une solutionà
Rémi, gêné d'avoir annoncé la mauvaise nouvelle s'était remis à balancer des cailloux sur les rails. Je l'observais en consolant Titus quand soudain, l'idée qui me traversa m'apparut comme une évidence.
J'avais trouvé l'idée qui allait permettre à Titus de passer un petit moment avec sa bien-aimée avant qu'elle ne parte sur les routes de France.
-    Rémi, viens avec moi vite, j'ai une idée, suis-moi ! Titus, ne  bouge pas, reste là, je viens te chercher et je t'explique !
Nous dévalâmes, Rémi et moi, la petite pente qui menait du pont jusqu'aux rails sous le regard interrogateur  de Titus.

-    Dépêche-toi Rémi, il nous faut trouver un tronc d'arbre ou une grosse  branche, nous allons la placer sur les rails et le train sera obligé de s'arrêter. Alors ils vont tous descendre pour voir ce qui se passe et Titus pourra voir sa copine, pigé ?
-    Super ! Allons-y vite ! Le train ne va plus tarderà

Après quelques minutes de recherches infructueuses, nous finîmes par dénicher un vieux tronc d'arbre vermoulu que nous plaçâmes non sans mal à califourchon sur la voie ferrée.
Nous remontâmes en courant dévoiler notre plan à Titus, qui pleurait tant qu'il riait, tout à son espoir de passer enfin un instant avec celle qu'il aimait tant.
Il ne fallut pas attendre longtemps pour voir le train s'approcher au loin. Titus dévala la pente à toutes jambes et se dissimula dans les buissons, prêt à bondir à l'arrêt du train. Rémi et moi étions tapis derrière le parapet du pont, pour pouvoir assister à la scène sans être vus.
Encore un virage, et la locomotive entamerait la ligne droite où se trouvait l'obstacle, elle ne pouvait pas le louper, on ne voyait que lui au milieu des rails.
Mais pourquoi ne ralentissait-il pas ? Qu'est-ce qu'il fabriquait à la fin, ce fichu mécano ? Bon sang ! Il n'y avait personne dans la cabine de pilotage !
Le train percuta de plein fouet le tronc d'arbre sans ralentir un seul instant, un énorme craquement retentit qui fit vibrer l'air tout entier. L'énorme masse métallique se mit à tanguer, s'immobilisa un court moment, puis basculant sur le côté vint s'encastrer contre la pile du pont de pierre, dans un fracas métallique effroyable.
Succédant au silence, des hurlements et des cris se mirent à retentir de toutes parts. Il était difficile de se rendre compte de l'étendue de la catastrophe, une épaisse fumée noire se dégageait de l'amas de ferraille, et des plaintes perçaient, couvrant le grincement des tôles métalliques disloquées.
Nous étions horrifiés devant le drame qui venait de se produire, ne sachant plus que faire.
-    Mon dieu ! Qu'est-ce qu'on a fait ? Qu'est-ce qu'on a fait ?
-    Arrête de te lamenter, il faut trouver Titus et se tirer, vite !
Avec du mal, je réussis à traîner Rémi, qui semblait prostré, au pied du pont. Partout, ce n'était que cris de détresse et hurlements, des formes bougeaient dans l'amas de fer broyé, il y avait du sang, du feu, de la fumée, c'était terrifiant. Je sentais mon estomac se retourner, mes jambes flageoler, mais je n'avais qu'une seule idée en tête : retrouver Titus.
Au loin, j'apercevais des gens qui commençaient à descendre des wagons encore debout, titubants, affolés, il fallait fuirà
Soudain, je l'aperçus, il était là, à genoux : dans sa main droite, il tenait une autre main plus fine, une main de femme, qui pendait d'un wagon disloqué. Il ne pleurait pas, ne criait pas, et arborait un sourire béat et niais. Il ne le quitterait plus jamaisà
Je le pris par le bras, et l'entraînait en courant dans la forêt, aidé par Rémi qui sanglotait comme un bébé. Il sangloterait toujours ainsi depuisà
Avant de disparaître dans les bois, je ne pus m'empêcher de jeter un dernier regard derrière mon épaule : la main délicate qui pendait du wagon appartenait à une douce jeune fille dont le thorax était traversé de part en part une poutrelle métallique. Du sang s'écoulait de sa bouche entrouverte, et une mèche de cheveux blonds couvrait imparfaitement deux yeux bleus grand ouverts qui semblaient me regarder et me demander POURQUOI ?
Je n'oublierais plus jamais ce regard, jamaisà
Les années ont passées depuis, personne n'a jamais su la vérité, personne sauf nous troisà
Titus ne s'est jamais remis du choc psychologique, il fut interné à la mort de sa grand-mère, et n'a depuis jamais prononcé un seul mot.
Rémi s'est laissé sombrer dans l'alcool et le désespoir, persuadé que tout est de sa faute, qu'il n'aurait jamais dû lancer les cailloux, il se met à pleurer à la moindre contrariété, une force de la nature brisée, humiliéeà
                                           
Et moi, moi, je résiste, je m'efforce de paraître serein, de soutenir mes compagnons et complices, mais ce fardeau devient trop lourd à porter, je n'en peux plusà
C'est pourquoi je dois partir et les abandonnerà

Je sens mon c£ur se serrer dans ma poitrine alors que j'emprunte le petit sentier qui traverse la forêt communale, premier virage, deuxième virage, et voilà le troisièmeà Le bosquet de fougères et d'épineux  est toujours là, je l'enjambe, je passe sous la barrière en soulevant le fil de fer barbelé rouillé. Rien n'a changé, tout est resté comme avant, et pourtant tout est si différent maintenantà
Ma gorge est nouée, mon souffle court, derrière la rangée d'arbres, j'aperçois les pierres du pont de chemin de fer. J'ai beau lutter de toutes mes forces, je sens les larmes me monter aux yeux au fur et à mesure que j'approche.
Voilà, j'y suisà
Tout est calme, immobile, un petit rayon de soleil caresse doucement la voie ferrée en contrebas, mais ma tête résonne encore et toujours de cris de douleur et de bruits d'acier froissé, mes larmes coulent sur mes joues sans que je ne puisse les retenir. Avec difficulté, je parviens au pied des rails, la pile du pont de chemin de fer a été refaite, les nouvelles pierres sont plus blanches que les anciennesà
Les sanglots me font tressauter, j'ai mal, très mal, plus mal que jamais.
J'ai tellement honteà
Doucement, je me baisse, touche de la main l'acier froid des rails, et m'allonge en travers de la voie ferrée. Je vais fermer les yeux, et rester làà
J'ai trop mal.

    Le vent me fait frissonner. Je me relève avec difficulté, empoigne mon sac de voyage, et longe la voie ferrée qui conduit à la gare où m'attend le train qui m'emmènera loin de tout ce gâchis. Un dernier coup de poignard me transperce le c£ur lorsque je passe devant la stèle qui a été érigée en souvenir des vingt deux personnes décédées lors du déraillement du train, il y a maintenant dix ans.
Je dois m'en aller maintenant, et enfin reconstruire ma vie, mais je ne vous oublierais jamais, vous avez été et resterez mes meilleurs amisà

#2 Re : Dessinateur ou Scénariste ou Coloriste » Re-recherche Dessinateurs » 22/01/2005 19:38:21

tout d'abord, un grand merci à tous ceux qui se sont donnés la peine de me lire, et un plus grand encore à ceux qui m'ont répondu...
En revanche, je ne suis pas convaincu qu'il faille vraiment découper le texte de façon aussi précise pour un dessinateur, ma démarche est de lui apporter l'histoire, le fil conducteur, à lui de l'exprimer en images à son gré, du moins c'est comme cela que je l'imagine.
Il est vrai que cet exemple n'était peut-être pas le meilleur, en voici un autre :

LA GRANDE HISTOIRE DE L'HUMANITE SELON MOAH                   

Il n'en revenait pas.
                   Il savait.
                    Toutà

Il secoua la tête énergiquement de gauche à droite, comme pour secouer les brumes d'un mauvais rêve, souffla profondément à trois longues reprises, le soleil se couchait et envoyait sur son visage des reflets de lumière mordorés trahissant son étonnement, il avait beau refuser tout en bloc, il n'y pouvait rien, il venait de réaliser que maintenant plus rien ne serait comme avant, carà il savait.
Il se sentit soudain désemparé, il aurait tellement voulu ne jamais se trouver là, tellement aimé continuer à vivre sa vie, simple et insouciante, comme tout un chacun, tellement voulu ne pas être celui qui saità
Il tapa du pied dans un caillou. Un petit nuage de poussière s'éleva, et le caillou roula le long des parois de la grotte, jusqu'à s'arréter contre le bord d'une caisse métallique. Elle était recouverte de terre, et avait due être enfouie profondément, mais le métal qui la recouvrait semblait flambant neuf, renvoyant des éclats de feu lorsque la lueur de sa torche le découvrait.
Le couvercle de la boite était ouvert, et à l'intérieur, dans une sorte d'écrin bleu vif, trônait une espèce de petit carnet.
Il le saisit dans ses mains, laissant courir une nouvelle fois ses doigts sur la couverture pour sentir la texture, puis lentement, très lentement, il l'ouvrit à la première page.
Il espérait secrètement que tout aurait changé, qu'il n'y aurait plus rien, que tout serait effacé, mais comme la première fois ses yeux s'embuèrent en découvrant l'écriture élégante et racée qui recouvrait les pages. C'était une sorte de carnet de bord, ou de journal secret, qui devait dater de très nombreuses années. Les mots étaient alignés impeccablement les uns après les autres, il imaginait que la main qui les avait tracés devait être longue et fine, et certainement appartenir à un être infiniment délicat. Il avait lu et relu ces mots des dizaines et des dizaines de fois, les laissant s'imprégner lentement et délivrer peu à peu leur récit, et maintenant il savaità

½cela fait maintenant plusieurs décades que notre vaisseau parcourt l'espace à la recherche d'une terre d'asile. Nombre d'entre nous pensent que nos jours sont comptés, nos réserves d'énergie baissent à vitesse grand V, et bien que notre laboratoire embarqué nous assure nourriture et oxygène, les aliments récoltés commencent à se dénaturer, la terre de la serre n'arrivant plus à se régénérer.
Depuis le jour de l'implosion de notre planète mère, nous n'avons jamais réussi à contacter d'autres vaisseaux, il semble que nous soyons les derniers êtres vivants à avoir survécu à la catastrophe. Il y avait pourtant d'autres missions en orbite autour de la planète, cependant il est vrai qu'aucun autre vaisseau n'égalait notre taille, ni notre équipement d'ailleurs. Le jour de l'implosion du monde, l'onde de choc fut terrible, il est fort probable que leurs boucliers de protection ne purent contenir l'effet de la déflagration et qu'ils furent happés par le souffle terrible de l'explosion.
Par chance, notre mission d'exploration aux confins du système galactique nous avait tenus suffisament éloignés pour nous épargner la violence du contrechoc. Toutes les fonctions vitales de notre système de détection fonctionnent à plein, dans l'espoir de déceler une planète susceptible de nous accueillir afin de perpétuer la survie de notre espèce.
Pour ma part, je pense qu'il est peut-être déjà trop tard, mais par respect pour mes congénères je m'interdis de penser au pire.
En ma qualité de technicien supérieur, je sais pourtant que nos chances sont désormais très minces. Bien que tous les systèmes soient en alerte, et que l'un deux ait apparemment détecté une petite planète bleue contenant les ingrédients nécessaires à la vie : l'oxygène et l'eau, mes calculs de combustible de propulsion semblent largement inférieurs à la distance à parcourir. Je n'ai pour l'instant pas voulu alerter inutilement mes congénères, mais mes craintes semblent se confirmer de jour en jour. C'est pourquoi j'ai décidé de consigner dans ce recueil mes dernières impressions, pour que cela puisse éventuellement servir à d'autres tel un ultime témoignage du niveau de technologie que nous avions réussi à atteindre.
Mais, si cet ouvrage doit effectivement tomber entre d'autres mains, il me faut tout d'abord commencer par le début, ou devrais-je plutôt dire la fin, de notre monde.

Notre monde se trouve, ou plutôt se trouvait, sur la face interne de ce système solaire. Notre expédition avait pour but de rechercher d'autres sources d'énergie capables d'alimenter notre planète qui déclinait déjà depuis quelques milliers d'années. Nos chercheurs, ayant découvert l'existence d'un passage permettant de circuler d'un côté  à l'autre de notre univers, une sorte de grand aspirateur à double sens qu'ils nommèrent TROUNOHAR, construisirent en hâte ce vaisseau dans l'espoir de détecter et de ramener sur notre planète une énergie exportable capable  de réactiver notre noyau central défaillant. En parallèle, une autre équipe de chercheurs tentait de rejoindre le centre de la planète afin de relancer le mouvement du noyau à l'aide de multiples explosions nucléaires.
En effet, les derniers rapports sur l'espèrance de vie de notre planète étaient plutôt alarmants : tous les scientifiques s'accordaient à lui donner dans le meilleur des cas à peine quelques dizaines de milliers d'années à vivre. Il est vrai que notre technologie particulièrement avancée nous avait permis de repousser les limites de la vieillesse, l'âge moyen de nos concitoyens tournant à présent entre 1500 et 2000 ans . Tout ceci pour dire qu'il nous restait vraiment peu de temps pour donner un peu d'espoir aux futures générations. Notre vaisseau naviguait maintenant depuis environ deux cent ans, et nous venions tout juste de détecter cette minuscule planète bleutée qui semblait regorger d'énergie, lorsque notre système radio nous informa que l'équipe de chercheurs conccurente , baptisée à juste titre BIGBANG, venait d'atteindre le noyau et allait procéder aux explosions supposées réactiver le noyau. Ce fut le dernier message que nous reçûmes de notre planète. Nous passâmes plusieurs jours à rechercher sur nos radars une infime trace  de notre monde, mais nous dûmes vite nous résoudre à cette terrible vérité, notre planète avait bel et bien disparu de la carte du ciel. Nous étions seuls dans l'univers, à la recherche d'une planète improbable susceptible de nous accueillir. Nous n'eûmes pas longtemps l'occasion de nous apitoyer sur notre sort, les détecteurs du vaisseau ayant repéré un souffle gigantesque provenant de l'implosion de la planète qui se dirigeait sur nous à vive allure. Malgré nos puissants boucliers de protection, et le verrouillage du système de navigation, notre vaisseau fut littéralement projeté hors de son orbite,
ce qui causa la perte irrémédiable de tous les capteurs d'orientation automatique. Nous nous retrouvâmes donc perdus dans l'espace, sans aucune carte stellaire, aucun repère connu dans cette partie de l'univers. Le dernier repère en mémoire était cette foutue petite balle bleue que nous essayons de rejoindre à présent, en navigation manuelle.
Nous sommes à présent 1200 personnes à bord de ce navire, 1200 représentants de notre espèce, et respectivement 800 hommes et 400 femmes. L'équipage est constitué pour la plupart de scientifiques de renommée, chercheurs, ingénieurs, botanistes, géologues, mais aussi de tout le personnel d'intendance, à savoir mécaniciens, cuisiniers, logisticiens, personnels de service et bien entendus les pilotes. Ces derniers, quoi qu'infiniment expérimentés pour la plupart, avaient bien du fil à retordre pour retrouver le maniement du vaisseau sans aucun système automatique de recherche actif. Il leur fallait se souvenir de leurs premiers cours de pilotage sur les simulateurs virtuels, et pour la plupart, ces cours remontaient déjà à plusieurs centaines d'années.
Nous errions donc dans l'espace, tentant d'approcher la petite planète, et je n'osais à peine penser à ce que je venais de découvrir. Je n'avais jamais été le plus brillant, ni le plus audacieux de tous mes collègues techniciens, mais cette fois je devais me rendre à l'évidence. J'avais fait et refait ces calculs plus d'une centaine de fois dans la crainte de m'être trompé, mais cette fois le doute n'était plus permis : compte tenu de la vitesse actuelle du vaisseau et de la distance qui nous restait à parcourir pour parvenir à proximité de la planète miraculeuse, nos réserves de carburant propulseur seraient largement insuffisantes pour nous permettre de nous stabiliser sur son orbite. En clair, nous étions littéralement en train de foncer droit sur la planète.
Ayant fait part de mes constatations au reste de l'équipage, il fut rapidement convenu de mettre en place un plan de secours. Nous décidâmes donc de couper au plus vite l'alimentation en carburant  afin de l'économiser, de réduire notre vitesse et de maintenir notre trajectoire. Arrivé à proximité de la planète, il était prévu de rallumer les propulseurs comme lors d'un décollage afin de nous ralentir et tenter de nous positionner en orbite autour de celle-ci.

Malheureusement, le plan ne fonctionna pas comme prévu. Lorsque nous arrivâmes près de la planète, nous essayâmes de rallumer les propulseurs, mais la vitesse du vaisseau dans sa course libre avait gelé les systèmes de mise à feu. Malgré les efforts des techniciens, lorsque nous réussîmes enfin à les allumer, nous étions trop près de la planète. Les propulseurs enclenchés à fond ne parvinrent qu'à freiner notre chute, et nous percutâmes de plein fouet la planète. Le choc fut terrible, nombre d'entre nous périrent dans la collision, mais le plus grave fut que le système interne de notre vaisseau éclata littéralement. L'énergie qui l'alimentait était constitué d'une sorte gaz, comparable à de l'azote liquide mille fois compressé. Lorsqu'il implosa, le gaz s'échappa instantanément et gela d'un coup toute la surface de la planète. Parallèlement le système de sécurité s'était déclenché et les capsules de survie individuelles furent instantanément éjéctées et disséminées sur la totalité de la planète.
Une fois le choc passé, nous tentâmes tant bien que mal de nous regrouper. Pour ma part, je réussis à rejoindre un groupe d'une centaine de personnes que l'hasard avait fait atterrir plus ou moins à proximité. Nous ne connûmes le sort des autres que bien plus tard. Mais j'y reviendrais par la suiteà
Après nous être aménagés un abri de fortune dans les sous sols de la terre, la surface totalement gelée étant inhabitable, il fut temps de faire les premières constatations :
-    notre vaisseau était détruit, et nous n'avions plus aucune chance de quitter cette planète,
-    le gaz qui avait gelé la planète, avait par la même occasion détruit toute forme de vie existante ( ce qui était, ceci dit très égo´stement, plutôt rassurant, aux vues des cadavres d'immenses animaux que nous avons trouvés disséminés sur la surface du sol),
-    les seuls représentants de notre espèce étaient éparpillés aux quatre coins de cette planète que nous ne connaissions même pas ,
-   
bref, nous étions dans de beaux draps !

mais la solution était somme toute assez simple : il suffisait de recréer l'humanitéà

Durant les premières centaines d'année, nos chercheurs firent différentes expériences tendant à recréer une vie animale, potentiellement intelligente, à partir des éléments existants sur la planète, à savoir l'eau qui recouvrait une majeure partie du globe et les échantillons prélevés sur les immenses animaux décédés lors de notre arrivée.
Nous parvînmes à communiquer avec les groupes de nos concitoyens les moins éloignés, mais, privés de technologie, il nous fut impossible de parcourir à pied les distances nous séparant. Nous leur fîmes part du résultat de nos recherches, eux des leurs, et nous en arrivâmes inexorablement au même résultat : il nous était impossible de nous reproduire sur cette planète. Le mélange eau/oxygène omniprésent sur la planète bloquait notre système de reproduction interne, il nous était possible de l'absorber et d'en vivre, mais celui-ci était fatal à une éventuelle survie de notre espèce, du moins dans sa forme originelle.
Nos savants s'attelèrent donc à la tâche : tenter de créer une espèce mutante à partir de nos gènes, capable de reprendre le flambeau de notre humanité. Les premiers résultats furent plutôt déroutants, on vit apparaître tout d'abord de tous petits organismes unicellulaires, que l'on implanta dans les océans, faute de mieux. Ces organismes se développèrent et donnèrent naissance à des tas d'espèces marines : poissons, cétacés, mollusques et bien d'autres encore, mais aucune espèce réellement intelligente, du moins à notre niveau (ou à notre connaissance !).
Parallèlement,  les ingénieurs et techniciens trouvèrent le moyen de capter l'énergie solaire afin de réchauffer la planète, en entourant celle-ci d'une épaisse couche d'ozone qui servait de filtre, provoquant ainsi le réchauffement et le dégel de la planète. Ce fut une véritable révolution, une végétation luxuriante se développa sur la totalité du globe terrestre et nos savants purent s'en donner à c£ur joie dans l'expérimentation de nouvelles espèces. On vit arriver des animaux de toutes sortes : à plumes, à poil, à écaille ou carapace, marchant, sautant, volant, rampant, creusant, se développant à toute allure et recouvrant rapidement la planète entière.
Mais, au grand désespoir de notre communauté, devenue maintenant vieillissante, nous ne parvenions toujours pas à développer un raisonnement intelligent sur l'un ou l'autre de ces organismesà
Jusqu'au jour où un message nous parvint d'un des groupes de rescapés proche d'une région que nous avions nommée HAFHRIKH :

Une espèce animale, plus connue sous le nom de SINGE serait susceptible de développer une forme d'évolution intelligente, intégrant nos propres gènes. Ce n'était pour l'instant encore qu'un animal, mais ils ne désespéraient pas pouvoir la faire évoluer, tout en la rapprochant le plus possible de notre apparence originelle.
Ce message fut accueilli par tous les groupes survivants avec une grande joie, et chacun de son côté, s'efforça de faire évoluer ses propres spécimens. On vit alors apparaître sur le globe, disséminés au hasard de nos créations, différents groupes de type humano´de : certains avaient la peau mate, d'autres plus foncée encore, ou bien plus jaune, voire même rose, presque blanche. Certains avaient les yeux bridés, d'autres le nez aplati ou bien crochu, enfin, il faut bien l'avouer : certains étaient plus réussis que d'autres, mais peu importe, ce qui comptait, c'était que cette nouvelle espèce avait effectivement la capacité d'intégrer nos gènes et donc, par conséquent, la possibilité de pouvoir développer à terme une forme d'évolution comparable à celle de notre civilisation.
Chaque groupe de rescapés observait sa progéniture avec attention, le temps nous était compté. Mais il faut le reconnaître, cette nouvelle espèce animale évoluait plutôt rapidement. Très vite, on vit des groupes se former, une vie sociale s'organiser, un langage se développer. Ils progressaient à une vitesse surprenante au vu de nos précédentes expérimentations. Certes, il fallut parfois leur donner un petit coup de pouce : l'un de nous leur envoya le feu, à leur grande frayeur d'ailleurs.
Les éclairs zébrant le ciel avaient enflammés d'un coup précis le vieil arbre à proximité de leur caverne, et c'est ainsi, qu'ébahis, ils découvrirent qu'ils pouvaient dompter cette énergie capable d'éclairer, de réchauffer, et de cuire aliments et poteries.
A partir de ce moment-là, leur évolution se précipita. Nous continuâmes à les surveiller, mais restâmes très discrets. Cette espèce, bien que très évolutive, conservait malgré tout en elle ses origines animales et se révélait parfois étonnement cruelle, se massacrant sans merci.
Certains groupes, cependant, ne purent s'empêcher de se manifester à plus ou moins juste titre, dans le but de faire évoluer, ou plutôt de dompter leurs créatures. Ces apparitions traumatisèrent infiniment les petites peuplades qui nous vénérèrent, nous craignant aussi par la même occasion.
Ils nous donnèrent le nom de DIEUX (celui qui dit à eux).

Certains, parmi nous, en usèrent avec parcimonie, d'autres, au contraire, s'en amusèrent et parfois en abusèrent. On vit ainsi fleurir une multitudes de divinités : les dieux de l'Olympe du côté du groupe GREK, les divinités pharaoniques du groupe EGYPTH, le fameux et terrifiant
ALLAH dans les peuplades du désert, moins connu et pourtant l'un des plus beaux (et bref  passage) fut celui de la civilisation des mayas et des incas qui réussit presque à communiquer avec eux une partie de son savoir, et bien d'autres divinités plus ou moins influentes sur la totalité de la planète. (Les traces de leur ingérence au sein des civilisations naissantes sont toujours visibles, telles les pyramides ou bien les fameuses statues de l'île de Pâques, entre autresà)
Mais le plus influent de tous, celui qui changea le sort de l'humanité toute entière fut issu de notre propre groupe, celui que l'on nomma tout simplement : DIEU.
Notre cellule était certainement l'une des plus importantes des rescapés du vaisseau-mère, et de par là même, une des plus influentes sur la population humaine na´ve et crédule.
Nous nous efforcions pourtant de rester le plus possible à l'écart de son essor, essayant simplement de les guider dans leur évolution en insufflant ici et là quelques conseils de sagesse et d'amour au travers de différentes apparitions furtives. On essaya même de leur donner les bases de notre sagesse au travers de dix commandements très simples (tu ne tueras point, tu ne voleras point, etcà), mais sans grand résultat.
Pourtant, au sein de notre communauté, un de nos plus éminents savants trouvait le temps un peu trop long, et décida de précipiter un peu les évènements.
A force de recherches minutieuses, il avait trouvé le moyen de procréer un être mi-homme, mi-dieu, en lui greffant la quasi-totalité de nos gènes dans un corps humain, ce qui lui prévalait d'être à la fois possesseur de tous nos pouvoirs tout en pouvant espérer être reproductible.
Il l'éleva dans le secret le plus absolu, lui inculquant minutieusement toutes les bases de notre réussite, à savoir la sagesse, l'amour, la paixà
Il le façonna à son image, quiconque les aurait croisés se serait cru en la présence d'un père et de son fils. En raison des travaux génétiques effectués sur lui, il lui donna le nom de RHESUS, le seul humain détenteur de nos propres gènes.

Au bout d'une période d'environ une trentaine d'années, il lui sembla que sa créature était enfin prête à distiller son message pacificateur, et il décida de l'envoyer parmi les humainsà
Son arrivée chez les hommes fut accueillie avec la plus grande des ferveurs.Très vite, il rassembla autour de lui une population chaque jour plus nombreuse qui s'abreuvait de ses paroles et les colportait autour d'eux.
Son créateur, notre savant, savourait son succès et surveillait de très près son protégé, l'encourageant même à montrer à la population l'étendue de ses connaissances. Celui-ci ne s'en priva pas et émerveilla la foule toujours plus nombreuse autour de lui : il dupliqua la nourriture en recréant leurs molécules alimentaires à volonté, lévita au dessus de l'eau par la simple force de sa volonté, guérit un paralytique et redonna la vue à un aveugle en magnétisant les parties lésées, et bien d'autres æmiracles' encore, comme les hommes se plairent à décrire ces actionsà
Dans son immense majorité, l'espèce humaine fut rapidement conquise par cet étrange individu arrivé de nulle part, et sa renommée grandit de jour en jour, dépassant les frontières et attirant de plus en plus de disciples.
Ce qui n'était pas sans irriter un des humains les plus influents de l'époque, Ponce PILATE, grand conquérant, empereur puissant ( il y en aurait d'autres tel que lui dans l'histoire de l'humanité :Jules Cesar, Napoléon, Hitler,à), ivre de pouvoir et de puissance.
Celui-ci n'était pas prêt à écouter le message de paix de notre envoyé, et le fit arréter au plus tôt. Malgré les protestations de la foule, il fit littéralement punaiser l'infortuné JESUS (RHESUSà) sous les yeux horrifiés de la population.
Devant tant de cruauté, il fut décidé de rapatrier le corps du pauvre RHESUS, mais il nous fut impossible de le ramener à la vie, au grand désespoir de notre savant qui cessa aussitôt ses expérimentations, dégoûté.
Cet évènement fit grand bruit au sein de notre communauté, il apparaissait évident que les humains n'étaient manifestement pas prêts à vivre en paix, leurs instincts animaux étant encore trop solidement ancrés en eux.
Ceci-ci dit, leur évolution très rapide laissait présager le pire, menaçant notre survie dans les entrailles de la terre, qu'ils ravageaient à une vitesse inimaginable.

Il fut donc décidé de quitter l'écorce terrestre pour rejoindre les profondeurs marines, une cellule de rescapés ayant réussi à s'y adapter avec merveille. Ces derniers parlaient même d'une tentative de communication très subtile avec une espèce animale manifestement plus évoluée et pacifique que l'espèce humaine : les dauphins.
Voilà, ainsi s'achève mon témoignageà
Je vais déposer cet ouvrage dans un caisson issu de notre ancien vaisseau, il devrait pouvoir se conserver durant plusieurs millénaires.
Si quelqu'un le découvre et parvient à le déchiffrer, puisse-t-il en faire le meilleur usageà
                                        Votre dévoué serviteur, MOAH ?
   


Il n'en revenait toujours pasà

                    Il savaità


                            Mais peut-être pas vraiment toutà


    Il ramassa ses affaires à la hâte, enfouit le plus profondément possible l'étrange caisson métallique, (il ne tenait absolument pas à être l'homme qui devait révéler à l'humanité son origine), et s'enfuit à grand pas, tenant serré contre son c£ur le petit carnet.
Il savait qu'il avait maintenant une nouvelle recherche à effectuer, et oh combien plus importante : il devait aller communiquer avec les dauphins !

                    *                       *

Ceci n'est qu'une version de La Grande Histoire de l'Humanitéà
Qui saità
Peut-être en trouveras-tu une autre en dénichantà La Grande Histoire de l'Humanité Selon TOAH.

#3 Dessinateur ou Scénariste ou Coloriste » Re-recherche Dessinateurs » 22/01/2005 11:50:27

BILLONMAN
Réponses : 3

Voici un exemple de scénario pour voir si cela t'inspire quelques images :

            C'était le petit matin, le soleil se levait timidement et jetait ses reflets mordorés sur la nature alentour, un petit vent frais soufflait, portant jusqu'à moi les odeurs tièdes et sucrées du printemps naissant. Un oiseau en quête de repas vint se poser non loin de moi, je l'observais sans mot dire, goûtant avec délice tous ces instants privilégiés. J'étais seul, et je regardais la nature doucement s'éveiller, s'étirer au sortir d'une longue nuit que nous avions passé ensemble. J'avais tant espéré vivre ces moments là, cette fois j'y étais, aux premières logesà   
            C'est vrai que si j'effectuais un rapide flash-back sur ma vie écoulée, le tout avait été plutôt correct, mais somme toute assez quelconque : une enfance normale, au sein d'une famille normale, de classe moyenne, sans histoires, sans aucune histoire d'ailleurs, tout à fait mornement banale.   
Une scolarité chaotique, mais non traumatisante, des amis d'école et même parfois quelques uns qui franchissaient le seuil de notre modeste maison. Dans cette maison, une s£ur, bien trop âgée et soucieuse de son apparence pour s'occuper de moi, mais sans aucune malveillance non plus, mes parents, se donnant beaucoup de mal à ressembler à un couple toujours amoureux, mais la conviction n'y était pas vraiment, et puis il y avait ma chambre, mon refuge, où je me suis inventé tant de vies différentes, raconté tant d'aventures palpitantes, et pleuré aussi souventà
            L'été, c'était le temps des vacances, des cachettes dans les champs de blé, les premiers secrets, les premiers baisers échangés à la sauvette, qui laissaient dans la bouche un goût sucré de chewing-gum et de salive mélangés. L'hiver, je m'en souviens aussi, lorsque les premiers flocons de neige se mettaient à tomber, nous courrions comme des fous, la bouche ouverte, pour les sentir fondre sur notre langue. Et dès que le manteau neigeux était assez épais, c'était le temps des batailles de neige et des concours de glissade. Je me souviens de ces après-midi d'automne où l'orage nous surprenait en pleine expédition forestière, et où nous rentrions trempés jusqu'aux os, poursuivis par les éclairs qui nous terrorisaient tant qu'ils nous faisaient rire aux éclats. Je me souviens de tout, et je me laisse lentement imprégner par cette nostalgique mélancolie, c'est si douxà

            Et puis, de plus en plus rapidement, les jours ont passé, peu à peu les poils ont envahis mes bras, mes mollets et mon menton, et en même temps que cette formidable sensation de liberté et d'indépendance, les premiers soucis sont apparus.
Les premiers amours et les premières peines de c£ur, si douloureuses, les premiers salaires et les premières factures, non moins douloureuses, les premières contraintes, les premières obligations qui viennent si rapidement brider cette liberté tant espérée. Certes, au début, on n'y prend pas garde, et on remise soigneusement de côté  tous ces petits accrocs au bonheur quotidien, mais très vite la place vient à manquer, les ennuis s'accumulent et déposent peu à peu un voile terne sur nos yeux d'enfants, voilà alors venu le temps de la luciditéà   
Alors on se durcit, on s'endurcit, on se blinde, on se blase, et on vit comme ça, tentant de faire illusion, d'oublier au fond de sa gorge le goût doucereux des premiers baisers et de l'innocence perdue.
Pour mon cas personnel, j'avais rapidement compris que cette nostalgie ne me quitterait sans doute plus, et j'avais décidé d'en prendre mon parti.
Aussi, je m'efforçais de paraître aux yeux de mes proches comme un être le plus souvent gai et rieur, voire taquin. On enviait ma bonne humeur constante et on me considérait dans ma profession comme un garçon plutôt agréable et enjoué, un type bien, du moins je le pense.
Personne n'aurait pu se douter qu'au fond de moi, je traînais cette blessure sourde, cette sordide cicatrice, qui gâchait chacun de mes moments de joie, non personne, ou presqueà
Car il y a ma femme, ma douce , ma tendre, mon inséparable camarade, ma complice de chaque instant, qui sait d'un regard désamorcer mes colères, d'un sourire apaiser ma tristesse, d'un simple geste me rendre fou amoureux, comme au premier jourà
Ma femme, sans qui je ne serais que l'ombre de moi-même, qui a su révéler en moi des trésors de tendresse insoupçonnés, qui a su colorer de teintes merveilleuses mon existence morne et grise, qui respirait pour moi quand parfois la vie m'étouffait, ma femme que j'aime tant, que j'aime tant, pourtantà

            Rien que de penser à elle, l'émotion me submerge, mes yeux s'emplissent de larmes, alors j'aspire goulûment une profonde bouffée d'oxygène, je dois être fort, je dois résister encore, encore un peu, le temps de finir ce qui doit être faità
Je tamponne mes yeux avec un mouchoir, me racle la gorge pour éloigner de ma voix les sanglots qui s'y cachent, et tâtonne de la main droite le siège passager pour trouver mon téléphone portable.
La batterie est faible, je vais devoir procéder par étapes, de façon très rigoureuse, le temps est compté.
Un coup d'£il sur ma montre : huit heures trente deux.
Richard doit être arrivé au bureau, il est toujours à l'heure, précis et ponctuel comme il aime à le souligner. Il apprécie tellement la rigueur qu'il peut paraître parfois austère pour qui ne le connaît pas, mais moi qui le pratique depuis maintenant quelques années, je sais que c'est un collaborateur extrêmement  précieux et très compétent grâce  à cette minutie excessive. C'est pourquoi je me dois de l'appeler pour lui transmettre les dernières informations avant deà
Ah ! Ca sonne !

_  Richard ? Oui, bonjour, c'est moi ! Tout va bien ? Parfait !
Dis-moi Richard, je risque d'être absent plus longtemps que prévu, alors je voulais te dire : si tu as besoin d'un renseignement quelconque au sujet d'un de mes dossiers, tu trouveras la clé de mon bureau au fond du pot à crayons, près de l'ordinateur, ok ?
Oui, merci beaucoup Richard, je savais que je pouvais compter sur toià
Oui oui, je te rappelleà
? plus, Richard.

Ouf ! C était plus facile que je ne l'aurais imaginé.
J'aurais dû m'en douter, Richard a toujours été un modèle de discrétionà

Il ne me reste plus que trois barrettes d'alimentation sur la batterie de mon portable, il va falloir faire vite et bien gérer les priorités.   
Je tente de mettre de l'ordre dans les pensées qui assaillent mon cerveau, mais tout devient de plus en plus confus au fur et à mesure que le temps passe. Finalement, je décide de passer deux derniers appels avant que mon téléphone ne m'abandonne.
Le premier sera pour ma mère, ma pauvre vieille mère, qui se morfond seule au fond de son petit pavillon de banlieue depuis la mort de mon père. La vie nous avait séparés lorsque j'étais devenu adulte, pris dans le tourbillon tumultueux de la vie, j'avoue les avoir délaissés un peu vite tous les deux, tant et tellement que je n'ai même pas vu papa partir, emporté par une maladie dont j'avais même ignoré l'existence.
J'avais revu maman à l'enterrement de mon père, et ce jour là, dans la tristesse de son regard, j'ai compris combien je lui avais manqué, je m'étais depuis ce jour là juré de ne plus l'abandonner et je l'appelais régulièrement chaque semaine.
Je compose son numéro, première sonnerie, deuxième sonnerie, réponds maman, je t'en prie, réponds !

-    Allo ? Maman, c'est moi !
-    Ah, c'est toi, mon fils ! Tu tombes mal, je suis en pleine lessive ! Tu peux me rappeler plus tard, j'ai les mains toutes trempées, s'il te plait ?
-    Je vais essayer maman, mais ce sera difficileà Maman ? Je voulais te dire que je t'aime très fort, tu saisà
-    Mais je sais bien, mon grand garçon, moi aussi je t'aime. Allez, à tout à l'heure, bisous, mon chéri !
-    Bisous mamanà

Ma voix s'était étranglée sur les dernières syllabes, mais je pense qu'elle n'a rien entendu, c'est mieux ainsi.
Le signal d'avertissement de la batterie du téléphone émit un petit bruit strident, me rappelant à l'ordre, le temps est compté, il va falloir faire vite maintenant, très vite !

Mes mains tremblent, je suis fatigué, très fatigué à présent, cette nuit avait été vraiment longue, je me sens faiblirà
Allez, encore un dernier effort !
Mes doigts pianotent sur le clavier du téléphone, je me sens vraiment très mal à présent, il faut qu'elle décroche, il le fautà

    -Allo, allo ? C'est toi, mon chéri ? Je me suis fait un sang d'encre !
Pourquoi ne m'as-tu pas appelé plutôt ? Tout va bien ? Je ne t'entends pas, chéri, ça va ?

Je n'aurais pas imaginé que le fait d'entendre sa voix me produise un tel effet, je suis comme paralysé, je voudrais lui dire tant de choses, toutes ces choses que je n'ai jamais su dire, et je reste là, la gorge nouée, incapable de proférer le moindre son, impuissantà
L'alarme du téléphone retentit à nouveau, la communication sera bientôt coupée, il faut que je trouve la force de lui direà

-    Chérie, chérie, écoute-moià J'ai eu un accident, mais ça va aller, ne t'en fais pasà Et surtout, n'oublie pas, je t'aime de tout mon c£ur, plus que quiconque, je t'aime fortà

Plus rien, le téléphone vient de s'éteindre, c'est finià
Je ne vois plus rien, mais c'est sûrement à cause des larmes qui emplissent mes yeux, je n'en peux plus, la douleur est trop forte, je veux que tout s'arrête, maintenantà
Du revers de la main, j'essuie mes yeux, je regarde mes jambes broyées dans l'enchevêtrement métallique, le sang séché recouvre le plancher de la voiture, j'ai froid à présent et j'ai du mal à respirerà
Tiens, te voilà toi ! Alors tu t'en es tiré ?
Tant mieux, tu vois, moi je n'ai pas eu ta chanceà
Dans un brouillard confus, je vois le jeune chevreuil s'éloigner, ce chevreuil même qui avait surgi devant moi hier soir, que je n'avais pu éviter qu'en franchissant le parapet, et me retrouver les jambes et le thorax coincé dix mètres en contrebas sans que personne ne puisse me voir ou même imaginer ma présenceà

Le jour s'était levé, la voiture de la patrouille de l'autoroute s'immobilisa sur le bas-côté, un automobiliste avait signalé une barrière arrachée    à cet endroit.
L'employé descendit de sa voiture, s'approcha prudemment du précipice et aperçut entre les sapins la carcasse d'une voiture. L'endroit était trop escarpé, il ne pouvait se risquer à descendre sans mettre en péril sa propre vie. Il se précipita donc sur la radio, et appela les secours.
Dix minutes après, la sirène du camion de pompiers retentit.
Ce fut le dernier son qu'il entendit, coincé dans la tôle froissée, les secours arrivaient, un pâle sourire éclaira une ultime fois son visage fatigué, les secours arrivaient, alors peut-êtreà

#4 Dessinateur ou Scénariste ou Coloriste » Recherche Dessinateurs » 22/01/2005 11:34:35

BILLONMAN
Réponses : 0

J'écris de petites histoires, des nouvelles assez courtes que je rêverais de mettre en images... mais je n'ai pas ce talent.
Mes histoires parlent de la vie de chaque jour, mais toujours sous un angle différent, le premier recueil de nouvelles que j'ai écrit s'intitule : "l'avis des autres", le deuxième :
"histoires d'en faire..."
Si tu es dessianteur et en manque d'inspiration, contacte-moi et associons-nous !
Je suis impatient de voir le résultat !
A tes crayons...!

Pied de page des forums

Propulsé par FluxBB