Tartarus 3040 par Pedro

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Tartarus 3040


Dans la salle du trône, pensif, le Prince est assis, le coude sur le luxueux accoudoir, le menton dans la main. La pièce est très longue, très haute, bordée de colonnes, tendue de lourdes tentures rouges et or. Des portraits de famille s’alignent sur les murs, dans un silence profond.

Le Prince est un jeune homme de 25 ans environ, habillé d’un uniforme de type « empire austro-hongrois » (fin 19e/début 20e).

Finalement le Prince se lève et avance dans l’immense salle sans fenêtres. Ses bottes résonnent sur le splendide carrelage et font naître des échos entre les chapiteaux des colonnes. Il atteint enfin la porte gigantesque et sort.

Le Prince traverse quelques corridors imposants et déserts, puis entre dans un luxueux boudoir aux murs tendus de velours cramoisi. Une bibliothèque aligne ses riches volumes aux reliures dorées. Au centre de la pièce, entouré de banquettes en gradins, se dresse un échiquier monumental. Les pièces du jeu sont de taille imposante, d’allure sévère et inquiétante.

Le prince s’assied dans le magnifique fauteuil du côté des noirs. Dès qu’il prend place, un pion blanc s’avance en glissant silencieusement sur le plateau, probablement mu par un système magnétique. Le bouton du double chronomètre s’enfonce automatiquement, dans un déclic. Le Prince avance l’un de ses pions noirs et actionne lui aussi le chronomètre.

Le Prince enchaîne plusieurs parties contre l’échiquier, qui, a chaque fin de partie, prononce d’une voix synthétique « Echec et mat. Les noirs ont gagné. ». Cependant qu’il gagne, son visage reste triste et songeur.

Finalement il se lève. Comme il s’éloigne front baissé vers la porte, l’échiquier ajoute : « Votre classement selon ma base de donnée : plus haut niveau jamais atteint dans la galaxie ». Le Prince ne réagit pas, et sort.

Le Prince progresse dans le bâtiment désert. Il passe d’immenses salles de réceptions et des couloirs capitonnés. Mais à mesure qu’il avance, le décor se modernise : les corridors se transforment en couloirs, puis en coursives froides. Les tapis font place à un revêtement synthétique, puis à un sol métallique. Le plafond s’abaisse, les murs deviennent métal, plastique et plexiglas, ornés de panneaux indicateur (« Générateur 8 », « Salle de contrôle »), les pièces sont plus fonctionnelles (une cantine moderne aligne ses tables en plastique moulé à perte de vue).

Puis les coursives se font sombres, futuristes, baignées d’un bourdonnement persistant de machinerie.
Le Prince arrive devant l’entrée d’un sas automatique et passe la première porte.

Dans une ambiance rougeâtre, il s’équipe d’un imposant scaphandre, allume les lampes intégrées au casque et commande l’ouverture de la deuxième porte. Un couloir s’enfonce dans l’obscurité.

Le Prince progresse quelques minutes à la salle lueur de son casque, et débouche dans une immense salle plongée dans l’obscurité. Elle est désaffectée : des câbles arrachés pendent du plafond, des fragments de tôles et d’appareils électroniques encombrent le sol. Par endroit, de l’eau goutte du plafond et forme des flaques. Au fond, par ce qui semble bien être un énorme trou dans la cloison, les étoiles scintillent dans le vide galactique. Au milieu, on distingue à peine ce qui ressemble à une grosse machine de verre et d’acier.

Le Prince s’assied contre un mur sur un débris et regarde l’afficheur de son scaphandre : il indique « 31/12/3029 – 23:59:21 ». Le Prince relève la tête et observe la forme sombre au milieu de la pièce. Des gouttes de sueur perlent à son front.

Soudain l’énorme forme s’illumine. Des voyants et un écran de contrôles s’allument dans un cliquetis. Au sommet, une lueur bleutée projette des ombres dans toutes la pièce : il s’agit d’un énorme caisson, truffé de câbles et d’appareillage.

Le Prince s’approche, escalade quelques marches pratiquées dans la structure entre les câbles pour se hisser au niveau de la lueur. Dans un halo irréel, derrière une vitre en plexiglas, il observe longuement le visage d’une jeune femme, très belle, plongée dans un sommeil cryogénique.

Le Prince s’est assis sur une chaise, face à l’écran de contrôle monochrome. Il presse quelques boutons et un plateau d’échec rudimentaire apparaît (en deux dimensions, avec des symboles à la place des pièces). Il sort un petit jeu d’échec portatif de sa poche, le place sur une caisse et dispose les pièces.

La partie s’engage. Le Prince réfléchit sur son jeu portable et reporte les déplacements sur le terminal. La tension est extrême, le Prince est en sueur.

Au moment où il perd la partie, les lumières du caisson d’hibernation s’éteignent dans un bruit de disjoncteur. Seule l’éclairage du scaphandre éclaire encore la pièce, ainsi que le visage du Prince qui pleure.

L’énorme vaisseau spatial « Tartarus 3040 » trace sa route dans le vide galactique.

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18/02/2004 21:30 Pedro
03/06/2004 14:38 Visiteur
J'ai peut-être lu trop vite, mais je suis pas sûr de comprendre exactement la fin.
Que la libération de la jeune fille dépende du fait qu'il gagne ou non la partie, c'est clair. Qu'il s'entraine toute l'année pour ce moment clé du soir du 31 décembre, également.
Mais :
- je ne sais pas s'il faut comprendre qu'il a le droit à un essai une fois par an, ou s'il a perdu la madame définitivement.
- s'il y a quelque chose à comprendre dans le nom du vaisseau : on est en 3029, et le vaisseau s'appelle 3040 ... est-ce qu'il essaie d'accélérer le réveil de la madame 10 an avant le terme de la mission ? Est-ce qu'il faut comprendre qu'il en a encore pour 10 ans de solitude ?
- y a-t-il quelque chose à comprendre au niveau des circonstances qui ont amené la situation actuelle. La description de la salle avec un trou béant sur l'espace est-elle innocente, ou la "machine"/"sarcophage" est elle arrivée de l'espace, avec une technologie totalement différente qui suggère qu'elle vient même d'une autre civilisation ?

Passionnant, les questions qui se posent, mais j'ai pas encore trouvé toutes les réponses (comme je te dis, j'ai peut-être lu trop vite)

JC a.k.a. Jankzov
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