Après quelques vacances bien méritées, la rubrique "Entre 4 Planches" est de retour avec un dossier sur un BDA des plus actifs; Ian!

Tout d’abord, une question très classique et quasiment traditionnelle : d’où vient ton pseudo et a-t-il une signification particulière à tes yeux ?
Mon pseudo est tout simplement mon troisième prénom… hérité d’ancêtres irlandais dont je ne connais rien aujourd’hui. Mon prénom est en fait Martial… mais il ne me correspond pas vraiment, trop rigide, et trop militaire. D’ailleurs je signe maintenant la plupart de ce que je fais « ian dairin », après tout, c’est mieux ainsi, puisque ce n’est
« Je n’ai pas fait vraiment le choix de la bd, je pense qu’on ne se lève pas un matin en se disant « tiens, je vais faire de la bédé », c’est un parcours qui vous amène là. »
qu’un « presque » pseudo.

La bande dessinée n’est pas la seule activité autour du dessin que tu pratiques, alors pourquoi ce choix parmi d’autres ? Quelle place occupe-telle dans ta vie ?
Je n’ai pas fait vraiment le choix de la bd, je pense qu’on ne
se lève pas un matin en se disant « tiens, je vais faire de la bédé », c’est un parcours qui vous amène là. Alors bien sûr on ne fait pas que ça, j’essaie tant bien que mal de faire aussi de l’illustration, c’est très lié finalement. Le choix de la bd parce que j’adore raconter des histoires, et le choix de l’illustration parce que là on raconte en une image… ce choix également pour faire rire ou rêver comme « on » m’a fait rire et rêver avant que je m’y mette.

Quant à la place que la bd occupe dans ma vie ? pas assez importante. En fait j’y pense tout le temps mais justement le temps me fait défaut… que ne suis-je riche à millions pour pouvoir m’y consacrer !

Peux-tu nous raconter comment tu es « entré » en bande dessinée ?

C’était un jeudi vers 15h30… non, comme je viens de l’évoquer, on entre en bd petit à petit… peut être aussi parce que c’était un moyen d’expression qui m’a permis d’exister aux yeux de mes petits camarades. Pas fort en gym j’ai donc opté pour le dessin ahahahah… Tintin aussi m’y a poussé… j’étais vraiment impressionné par le travail d’Hergé. Surtout par le fait qu’on puisse à ce point entrer dans une histoire dessinée. C’est probablement ça qui m’a donné l’envie.

Quelle forme avait ta première bande dessinée ?

Ma première bd était forcément très scolaire. Je m’en souviens parfaitement, c’était un truc en une demie planche et je pensais pouvoir y faire entrer toute une histoire. Après j’ai appris… mais celle ci était réalisée au feutre de coloriage, ça devait s’appeler « les aventures de Mick et Joé », un truc avec un gamin et un fantôme…

As-tu reçu une formation particulière ?

Pour la bd ? non, juste des centaines de lectures et de la copie... Quant au dessin oui, j’ai suivi les cours des beaux arts de Brest et de Rennes pendant 5 ans. Ca a été sacrément utile pour moi, parce qu’on arrive en pensant qu’on maîtrise et en fait on s’aperçoit vite qu’on ne sait qu’à moitié tenir un crayon… ceci dit, ce n’est pas forcément l’enseignement qui vous apporte des « plus », c’est surtout le fait d’avoir droit à une parenthèse de sa vie durant 5 ans, qui vous permet de bosser exclusivement sur le dessin, la peinture…

Ton activité professionnelle, si tu en as une, a-t-elle à voir avec le monde de la bande dessinée ?

Oui, j’ai une activité professionnelle, histoire de pouvoir payer les factures et manger à ma faim… elle a un rapport lointain avec la bd, je suis graphiste multimédia, je réalise des sites web, du graphisme à la programmation asp ou php… mais aussi des bornes interactives, des clips animés, du montage video, et plus récemment du dessin animé (mais ce genre de dernière commande est vraiment très… trop rare).

Depuis que tu fais de la bande dessinée, as-tu rencontré des personnes qui t’aient conforté dans ce choix ? Des professionnels, d’autres amateurs, des lecteurs ?

Oui, quand on fait de la bd on est vraiment tenté de savoir ce qu’un pensent les autres. D’abord ses proches (souvent enthousiastes, mais qui savent aussi – n’est ce pas chérie ? – m’adresser la critique constructive qui me remettra dans le droit chemin), puis on se dit qu’on aimerait bien avoir l’avis de professionnels… alors on va dans les festivals (j’y allais au tout début de « Quai des Bulles » à Saint-Malo, quand il n’y avait pas la foule actuelle).

« En fait j’ai un besoin énooooorme d’être rassuré dans mes choix… et qu’on me dise ce qui colle ou ce qui ne colle pas. »
Dans mon parcours, j’ai pu rencontrer des gens très gentils de chez Milan, qui m’ont conforté dans mon choix (à l’époque je bossais sur une série de gags, qui n’a jamais

vu que le fond de mes tiroirs, avec un ami de collège). J’ai aussi eu des encouragements

d’auteurs… j’en cite ? bon, j’en

cite : Midam (extrêmement gentil, un type extra), Trondheim, Larcenet, Formosa, Bertschy… etc.
Si ces avis là sont confortants, celui des amateurs reste pour moi le plus motivant

Que t’apporte un site comme BDA?

J’ai découvert BDA par hasard. Je me suis dit « enfin un espace ou on peut montrer ses planches ! rongdidiou j’vais en mettre sur ce site »… En fait j’ai un besoin énooooorme d’être rassuré dans mes choix… et qu’on me dise ce qui colle ou ce qui ne colle pas. Je pense

vraiment qu’il n’y a pas de meilleur moyen de savoir si on va dans le bon sens que soumettre ce qu’on fait à l’avis d’autres personnes qui ont les mêmes attentes. Il m’arrive cependant de rester sur mes positions, de persister et signer, non mais !

Au stade où tu en es aujourd’hui, quelles sont tes aspirations en matière de bande dessinée ?

J’aspire à avoir du temps ! Il passe le saligaud, et j’ai déjà 32 ans, je m’amuse bien, mais j’aimerais bien pouvoir faire enfin quelque chose qui tienne la route… quand je vois qu’Hugo Pratt a mis des années avant le succès énorme de Maltese, ça me rassure, mais bon…

J’ai envie de plein de choses en fait, de l’histoire longue à la scénarisation, en passant par d’autre projets qui ne verront probablement jamais le jour puisque les journées ne contiennent finalement que 24 heures…

A quoi correspond pour toi le statut d’amateur ?

Être amateur ? Est ce un statut ? Je fais de la bd, point. Si être amateur est être en recherche d’amélioration, d’apprentissage, alors les plus grands professionnels doivent être des amateurs ! Un professionnel est-il un amateur qui a réussi ? Non je ne le pense pas. je me suis trop souvent retranché derrière le « je ne suis pas prêt » pour ne pas oser tenter la publication. Je crois que le statut d’amateur n’existe pas. Nous ne sommes pas des collectionneur de papillons ou de timbres… là on peut parler d’amateurs… Je ne pense pas qu’on puisse faire de la bd en dilettante, on s’investit ou on ne s’investit pas et dans ce cas ce n’est pas de l’amateurisme, c’est de la médiocrité…

La différence que j’y vois c’est simplement le confort de ne pas dépendre de la bd pour subsister. Ainsi elle reste un plaisir.

Etre publié dans Bédéka, c'est bien... Mais qu'as-tu ressenti précisément quand tu as eu le magazine entre les mains ?

« … Je ne me faisais pas d’illusion, KatZ n’est probablement pas la bd qui pousse un éditeur à vous téléphoner. »


Une grande fierté… bin oui, ça me fait toujours un bien fou de voir mes planches dans un mag, quel qu’il soit. Mais ça m’a apporté aussi beaucoup de questionnements. Est-ce qu’une série de strips peut être représentative de ce que je fais, lorsqu’on résume tout à une seule planche de 4 strips ?

As-tu eu des contacts intéressants grâce à cette publication ?

Non. Tout bonnement non… Je ne me faisais pas d’illusion, KatZ n’est probablement pas la bd qui pousse un éditeur à vous téléphoner.

Où en sont tes projets en matière d’édition ?

En stand by. J’ai un contact avec une société qui s’occupe de démarcher des quotidiens, des magazines pour pouvoir placer des strips. Mais pour le moment c’est les vacances… c’est plutôt calme, je ne sais même pas si ça va donner quelque chose, l’attente est longue, comme toujours.

Je suis passé à côté d’une publication d’été dans un groupe de presse du Grand Ouest, les responsables ont décidé de se tourner plutôt vers une histoire à suivre et bien connue du public, c’était moins risqué.

Quelles sont tes sources d'inspiration ?

Pour KatZ ? Mes chats bien sûr, mais tout ce qui me tombe sous les yeux aussi.

Sinon en général c’est vraiment un système d’éponge… on voit plein de trucs, on entend des tas de choses, on en retient certaines et on distille…

As-tu déjà écrit des scénarii pour d’autres dessinateurs ?

Non, mais ça me tente vraiment, justement parce que mon temps est limité pour le dessin.

Est-ce l’histoire ou le graphisme qui te sert de guide ? Considères-tu que l’un a plus d’importance que l’autre ?

Les deux sont indissociables. Mais je pense franchement que c’est l’histoire qui décide… je n’aurais pas pu faire KatZ avec des dessins type Manara… non ? Je pense qu’on donne une importance au graphisme que je qualifierais de « décideur de l’histoire » au début, dans les premières bd, parce que là on se cherche un peu.

Ta manière de travailler a-t-elle évoluée au fil du temps ?

Oui énormément. Au début la technique était vraiment une chose primordiale pour moi… ensuite j’ai lu Reiser et j’ai jeté mes bouquins de vulgarisation du dessin académique…

Maintenant j’essaie d’être un peu plus spontané. Quand je lis un scénario ou que j’en écris un, les images viennent toutes seules, elles s’imposent. Si ce n’est pas le cas, je n’insiste pas… on ne viole pas l’inspiration ahahah…

Ton épouse participe à ton travail de création. Peux-tu préciser son rôle au niveau de l’écriture et du dessin?

« Je revendique les coups de griffes et les coups de gueule quand je vois mon dessinateur d’époux le front plissé par les doutes qui l’assaillent se morfondre et être prêt à sacrifier les planches sur lesquelles il a travaillé pour un trait de crayon malheureux… »

Delphine
Mon épouse est la gardienne du temple. Elle m’évite souvent de me disperser. Au niveau de l’écriture, elle est bien souvent à l’origine (là je parle de KatZ et de Monsieur auquel elle a largement contribué, promis chérie, je terminerai les 3 planches de ton gag à Deauville) de tas de gags. En fait il nous arrive souvent de chercher à deux, c’est tout aussi amusant qu’essayer d’imaginer seul les strips. C’est toujours informel, on ne s’installe pas autour d’une table pour en parler, ça arrive comme ça, en voiture, au restaurant… en famille… ou même dans le lit conjugal (KatZ est d’ailleurs né d’un de ses délires dignes d’un Tex Avery, un soir, très tard, en papotant sur l’oreiller). On se fend la pêche et c’est bien agréable.

Elle est aussi critique, elle a sûrement le recul que je n’ai pas. Ceci dit il m’est arrivé tout de même de déroger à la règle et de réaliser des gags qu’elle n’aimait pas forcément. Elle me pousse aussi, me soutient souvent. Quand je suis prêt à baisser les bras ou que je m’endors sur mon lit de fainéantise, elle est là pour me redonner confiance.

Et l’épouse, Delphine, d’intervenir :
La gardienne du temple… hum… la mouche du coche, l’aiguillon, oui, certainement.

Je revendique les coups de griffes et les coups de gueule quand je vois mon dessinateur d’époux le front plissé par les doutes qui l’assaillent se morfondre et être prêt à sacrifier les planches sur lesquelles il a travaillé pour un trait de crayon malheureux… mais lorsque je cesse d’être l’empêcheuse de gommer en rond (une manie de mon Ian), je crois lui être utile ; incapable de tenir un crayon (« Ca, c’est KatZ… euh enfin tu vois quoi, c’était censé être KatZ la chose là à gauche »), je sais en revanche lui expliquer ce que je vois ; j’agite les bras en l’air, roule des yeux, imite les voix des personnages, car dans ma tête tout est là… Il ne reste plus à Monsieur qu’à s’exécuter et faire entrer dans 4 cases un dessin animé de 10 minutes…

Remets- tu volontairement en cause ta manière de travailler ?

Toujours. Mais avec le temps on a des habitudes chevillées. Certaines sont bonnes, d’autres non… 

As-tu un rituel particulier dans ton travail ?

Un grand besoin de calme et de sentir que j’ai du temps devant moi. J’ai beaucoup de mal à m’y mettre quand je sens qu’il y a d’autres choses à faire.

Là dans quelques semaines, je déménage, et j’aurais enfin un bureau, et un peu plus de temps puisque je vais habiter un peu plus près de mon lieu de travail.
« Avoir vraiment un endroit de travail, avec des planches en cours toujours visibles, ça compte énormément »
Je vais donc pouvoir enfin m’organiser un peu mieux. Avoir vraiment un endroit de travail, avec des planches en cours toujours visibles, ça compte énormément. Sinon on bosse, on range dans les cartons et ça peut dormir là pendant des semaines.

Comment réalises-tu une page ?
Tout d’abord il y a l’idée de base, le scénario en fait, le fil conducteur. Pour KatZ, je ne l’écris pas, mais c’est le cas pour des choses un peu plus étoffées. Vient le découpage, là j’ai simplement un carnet ou je gribouille les planches à la « va-vite », ça permet de mettre déjà en image ce qui me vient à l’esprit pour chaque case. C’est aussi bien pour voir à quoi ressemble l’enchaînement et l’aspect global de la planche, une sorte de trame.

Cette partie là n’est pas figée et elle peut changer lorsque je passe à la réalisation proprement dite de la planche. Puis je trace les cases et je dessine au crayon. Pour l’encrage, je me sers de feutres. Il m’arrive d’encrer sur le crayonné mais aussi d’utiliser des feutres permanents sur un feuille plastique transparente. Je scanne la planche et colorise ensuite sur Photoshop.

C’est très classique. Mais il m’arrive aussi de travailler directement sur ordi, sur Illustrator. Alors j’attaque la planche en traçant mes cases et je dessine directement à la souris (voir par exemple la planche en collaboration avec Arronax)… eh oui, je n’ai pas encore de tablette graphique, mais ça va venir.

Ton crayonné est-il précis ?

Oui, souvent trop précis d’ailleurs. Ce qui fait que souvent je préfère le crayonné au résultat final !

Travailles-tu régulièrement ou bien par périodes ?

C’est régulier sur la longueur, mais quand on y regarde de plus près on voit bien qu’il y a des vagues, des moments de production et d’autres de fainéantise… ça c’est un sacré défaut chez moi.

Travailles-tu en écoutant la radio ? De la musique ? Laquelle ?

Non, pas de musique, pas de radio, pas de télé… mais je devrais peut être essayer !

Qu’est-ce qui t’apporte le plus de plaisir dans le travail ? Le plus de difficulté ?

Le plus de plaisir c’est quand je regarde ma planche finie. J’ai horreur du temps qui s’écoule entre l’idée première et la fin du travail. L’impatience est mon second gros défaut. Le plus de difficulté ? me lancer, me décider.

« … Dans KatZ, ce qui me plait, c’est de pouvoir faire des strips indépendants les uns des autres, mais aussi que l’enchaînement de ces strips donne à voir la vie de la petite famille KatZienne »
Est ce que tu travailles sur d'autres projets que KatZ en ce moment?

J’en ai des tas en tête, mais le seul sur lequel je travaille réellement, c’est l’illustration d’un conte de Voltaire, l’éditeur est gentil, il est patient et me fait confiance. La sortie a déjà été repoussée pas mal de fois.

Combien as tu écris de strips de KatZ ?

Il y en a 180 exactement. Soit un 45 pages… soit une demie année de publication en quotidien… et j’ai encore des idées pour le second éventuel album… Dans KatZ, ce qui me plait, c’est de pouvoir faire des strips indépendants les uns des autres, mais aussi que l’enchaînement de ces strips donne à voir la vie de la petite famille KatZienne. Je ne sais pas si ça s’est vu dans les strips diffusés sur BDA, mais le personnage de la maman attend un heureux événement, qui arrive à la fin du premier 45 pages…

On peut avoir des infos croustillantes sur le projet de dessin animé ayant pour univers KatZ ?

Le dessin animé en question n’est pas vraiment tiré de KatZ. Il s’agit d’un graphisme très proche parce qu’il est destiné aux enfants. J’avais réalisé il y a quelques temps un strip et deux illustrations pour une plaquette et une affiche sur le « Scellement des sillons », un acte dentaire qui empêche la formation des caries chez l’enfant de 6 à 12 ans. Ca avait bien plu, aux enfants, aux parents, et aux dentistes, donc l’organisme d’assurance maladie qui avait passé commande a demandé à la société dans laquelle je travaille de réaliser un spot publicitaire.

Comme je suis le seul dans cette société à savoir tenir le crayon de cette manière, c’est donc moi qui m’y suis collé… de l’écriture du scénario, au slogan, à la réalisation du spot, enregistrement des voix et montage compris. Il sera diffusé sur France3 en septembre, au moment du journal régional, le midi et le soir.

Le rapport avec KatZ est surtout le style donc, et aussi la présence de la fille et du garçon qui apparaissent dans certains strips. Peut-être certains remarqueront-ils aussi la présence d’un logo tête de chat sur le tee shirt du gamin dans le dernier plan lol. Le spot sera bien entendu disponible sur mon site dès la rentrée.

Gardes-tu les droits de KatZ ou, suite à ton contrat avec une société de diffusion de strips dans des journaux, tu perds tout droit (droit d'éditer ou de faire éditer un album, droit d'en faire un dessin animé, etc). Bref, KATZ t'appartient t'il toujours pleinement ?

Non je garde tout. Si la société de diffusion trouve (enfin !) un journal, je cède seulement la diffusion pour tel journal sur telle période. Ca ne m’empêche absolument pas de faire un album chez un autre éditeur. D’ailleurs les éditeurs seraient moins frileux si KatZ trouvait un tant soit peu un public via les journaux (j’ai déjà eu cette remarque par certains).

Tu trouves pas que faire des bd comiques sur des chats c'est un peu facile vu que tu as déjà un public acquis à ce genre d'humour?

C’est très facile ! et tout le monde peut en faire… de là à faire quelque chose de drôle… Réaliser KatZ me fait plaisir. Ce n’est pas l’idée du siècle ! Je n’ai nullement la prétention d’égaler les génies de la bd. Quant au public acquis, il l’est par ses héros favoris… pas par le fait que le personnage soit un chien, un chat ou un canari… C’est se faire une place parmi ceux- là qui n’est vraiment, vraiment pas facile.

Entre la série des "Au service de Monsieur" et "KatZ", on a l'impression que tu privilégies le format court (BD d'une page et BD en strip), as tu déjà réalisé des BD "plus longues" ? En as tu en projet actuellement ?

Oui, j’ai fait du 4 pages ahahah… non je n’ai jamais eu l’occasion de travailler sur du plus long. Il faudrait pour cela que les deux éléments essentiels se rejoignent : le temps libre et le scénario qui me fera baver d’envie. Le genre qui m’intéresserait ? Une histoire simple… loin de la Fantasy et de la Science Fiction. Je songe aussi de temps en temps à une histoire longue dans l’univers de « Au Service de Monsieur ». Reste à trouver le scénario qui pourra me décider.

Tu as déjà illustré le scénario de deux auteurs de BDA ( Alcante et Arronax). Qu’est-ce qui t’a séduit dans leurs écrits et dans leurs univers ?

J’avais envie de tenter le réalisme. A ma manière. J’ai choisi ces deux histoires parce qu’elles étaient chacune fortes, et qu’elles étaient courtes. Il fallait que je sache vite si je devais continuer ou pas… impatient va !

Es-tu prêt à développer plus régulièrement la veine « réaliste » de ton dessin ?

Oui bien sûr ! D’ailleurs, je viens de finir 3 planches pour un album à paraître en collectif. Dikeuss, l’éditeur dessinateur m’a demandé de travailler sur un scénario court traitant de femmes qui défilent régulièrement à Dunkerque, réclamant justice pour leurs maris morts de l’amiante. Elles défilent à la manière des femmes argentines, avec la photo de leur maris sur des pancartes.
Voilà qui est bien loin de la Science Fiction. Ca se passe chez nous actuellement.

Je tiens d’ailleurs à remercier tout particulièrement Egg, qui m’a présenté Dikeuss ! Je n’embrasse jamais un œuf, mais le cœur y est Egg. L’ambiance de ces planches est paradoxalement moins « noir » que dans ce que j’ai fait sur les scénarii de Alcante ou Arronax, mais j’avais envie de clarté sur ce sujet assez sombre en soi.

Quelle place occupe la technique dans ton travail ?

«… Pour me soigner, je me suis mis à réaliser à l’aquarelle les fleurs du jardin de Catherine, ma belle maman »


Une place importante, même s’il faut l’oublier. Pas de technique, pas de dessin…

Préfères-tu réaliser en couleur ou en noir et blanc ?

Les deux ont leur intérêt. J’aime bien toucher à tout. Le noir et blanc a une force particulière. J’aime les noirs de Comes et de Pratt. Mais j’aime aussi les couleurs de Bourgeon. J’ai eu pendant longtemps un souci avec la couleur… d’ailleurs je ne sais toujours pas accorder correctement mes vêtements, ça fait rire Madame… Pour me soigner, je me suis mis à réaliser à l’aquarelle les fleurs du jardin de Catherine, ma belle maman. Au début ce n’était vraiment pas une réussite… mais c’est revenu. Maintenant je suis toujours capable de mettre une chemise rouge et un pull vert lool…

Quelle technique utilises-tu pour ta mise en couleur ? Pourquoi ? Aimerais-tu tenter des essais avec d’autres techniques ?

J’utilise le plus souvent photoshop. C’est assez souple. Il faut simplement se méfier des effets faciles et des dégradés… C’est ça en fait la technique : utiliser un outil pour arriver à ses fins, sans forcément l’utiliser dans l’optique pour laquelle il a été créé. Et bien sûr j’ai envie d’essayer d’autres techniques dans mes bd, comme l’aquarelle, l’écoline… mais je pense que l’aspect de la couleur dépend totalement du rendu que l’on veut donner à une bd, et de l’ambiance qu’elle doit dégager en fonction de son propos.

On t'exile sur une toute petite île déserte, choisis-tu de partir avec tes femmes ou avec tes chats ? Mais combien as-tu de chat à la maison ? Je ne te pose pas la même question pour les femmes, ça ne me regarde pas.

Sur une île déserte ? Avec ma femme bien sûr. C’est une histoire plus que sérieuse nous deux. Ca tient même de la fusion des atomes crochus. À la maison j’ai deux chats (deux filles), une seule femme ahahah… ça veut donc dire que j’ai 3 femmes à la maison ?
Reste tout de même que mon épouse ne voudra jamais abandonner ses chats, et je la comprends !

Tu te sens plutôt "Bob le bricoleur" ou "Bob l'éponge" ?

Je ne connais absolument pas Bob l’Eponge, il me semble que c’est une série ? si c’est dans le sens travailleur ou plutôt cool, je suis plutôt cool.

Quels sont les albums-phares que tu as beaucoup aimés?

Chose étonnante, ça fait un moment que je n’achète quasiment rien… Bizarrement, je suis souvent attiré par un thème, par une couverture et pouf, en ouvrant l’album, déception… ah si ! une découverte ! Virages de Vicomte, un maître, même si ce livre n’est pas une bd…

J’ai été un gros lecteur pendant des années, donc j’ai forcément accroché sur pas mal d’albums. Si je ne devais en retenir que quelques uns, bin je serais bien embêté… disons alors « le retour à la terre » de Manu Larcenet, et surtout, surtout, le fantastique « Vent dans les saules » de Michel Plessix, un réel univers !

Y'a t'il un personnage de BD ("célèbre") que tu aurais désiré inventer ?

Ca va de Tintin à Cubitus en passant par Corto Maltese (pour ce dernier, il aurait fallu que j’aie vécu la vie de Pratt…). Mais je crois vraiment que les personnages que l’on crée sont une part de nous même. C’est ancré en soi… encré en soi ?

Eh, bien , un grand merci à toi Ian pour cet entretien !