Le coloriste belge qui dessine des lapins sur tous les supports qui tombent entre ses mains se confie sur BDAmateur.com !!!
 
Comment es-tu tombé dans l'univers de la B.D. ? Quel est ton parcours ?

Pour autant que je me souvienne, des bds ont toujours été à portée de main, que ce soit chez moi, à l'école, chez la famille... À force d'en lire et à force de dessiner, cette voie s'est naturellement présentée. Vers 10 ans, je crois, j'ai formulé l'intention de faire de la bd mon métier. J'ai donc, après mes études secondaires, étudié trois ans la Bande Dessinée à l'Institut Saint-Luc de Bruxelles. Ne me sentant pas encore « prêt » à faire de la bd au sortir de l'école, je me suis lancé dans trois nouvelles années d'étude en Techniques Infographiques (3D) à Namur. J'ai choisi de ne pas poursuivre dans cette voie, mais j'ai acquis là-bas une meilleur connaissance de Photoshop qui allait me servir dans la bd. J'ai officiellement mis un pied dans le monde de la bande dessinée imprimée quand un essai couleur a convaincu un éditeur de me confier un album. Je continue de mettre en couleurs des albums depuis lors. Entre-temps, en ce qui concerne la bd numérique, j'ai participé à la création de webcomics.fr et j'y publie depuis 2007 un webcomics : Deo Ignito.

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Quelles sont tes influences en général et au niveau dessin en particulier ?

Enfant, j'ai grandi avec des classiques à portée de la main : Astérix, Lucky-Luke, Chick Bill, Yoko Tsuno, Gaston et Spirou (j'étais aussi abonné au magazine), ... À la télé, je regardais Goldorak, Dragon Ball, Ranma, ... Quelques albums isolés m'ont marqué durablement, par contraste sans doute : « Les compagnons du crépuscule » de Bourgeon, « La foire aux immortels » de Bilal.

Ado, je découvre Gunnm et Apple Seed. Je me mets à dessiner quantité de robots et d'exo-squelettes pendant les cours. Mais l'influence graphique des manga sera de courte durée : j'ai abandonné cette voie en entrant à Saint-Luc. Là, grâce à mes camarades de classe, j'ai l'occasion de voir d'autres choses encore : « Sin City » et le « Batman Dark Knight » de Frank Miller , « Watchmen » de Alan Moore et Dave Gibbons, Chris Ware, Mike Mignola,...

Je pense avoir eu peu d'influenceurs directs. Si je ne lis plus d'album manga, je moissonne de temps en temps des forums à la recherche de "guro", "yiff", "hentaï",... et ma bédéthèque est constituée d'albums très hétéroclites, presque tous trouvés dans des librairies de seconde main et généralement achetés pour le dessin ou la couleur. À vue de nez, je dois avoir une centaine de comics, une quarantaine de mangas, trois cent bd franco-belges et une dizaine de fanzines. Je suis à peine plus d'une dizaine de webcomics régulièrement (dont « Wapsi Square », « Sabrina Online », « Oglaf », « Magellan », « XKCD »...).

En résumé : beaucoup de variété, peu d'intensité.

BDA et toi ?

J'ai mis ce site en favoris la première fois dans les années 2000. Le site était plus ou moins au point mort à l'époque mais une nouvelle version était en chantier. Un an ou deux plus tard, je m'inscrivais sur le nouveau site, et je suis resté depuis. Ces dernières années, j'ai pris un peu de distance et j'y suis moins actif.

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Peux-tu nous donner ta définition de la B.D. ?

Difficile exercice. « Une succession dans l'espace (traditionnellement selon les axes x et y mais aussi z plus récemment) d'images qui, prises ensemble, forment un récit », peut-être ?

La B.D. et l'ère numérique : qu'en penses-tu ?

Selon quelle définition de la bd numérique ? Les albums homothétiques que les éditeurs nous proposent ? Les béquilles nécessaires pour accommoder la lecture des planches au format "album" m'ont toujours hérissé le poil, quoi que je lise sur la relative transparence de ces moyens (zoom, défilement, animations,...) que je n'ai pas eu l'occasion de tester moi-même. Je suis beaucoup plus enthousiaste pour des solutions telles que celle de Balak et son « Turbomédia », mais pas au point d'en faire moi-même. Trop proche du travail d'animation ? et puis j'ignore avec quel outil hors-flash je pourrai produire facilement ce genre de bd. Mon environnement de prédilection c'est celui que je côtoie : l'écran d'un pc de bureau. La publication sur Internet à destination de ce support est mon choix, pour l'instant.


Combien de temps passes-tu sur une planche ? Comment travailles-tu ?

Pour Deo Ignito, le temps de réalisation (hors maturation ou procrastination): un jour ou deux par planche.

Quand j'ai commencé ce webcomic, je n'avais pas préparé de scénario précis, juste un plan général de l'histoire, avec ses points importants et j'improvisais pour la suite. Si l'exercice était facile et amusant au début, il commence à m'être pénible. Je soupçonne que de ne pas savoir de quoi la prochaine planche sera faite me freine : j'appréhende d'avancer encore les yeux fermés. Et le délai s'étirant entre chaque planche a quelque chose de démotivant lui aussi.

Je considère cette bd comme un exercice: avant de me lancer dans ce projet, je n'avais travaillé que sur de petites histoires de quatre à cinq planches, pour lesquelles je pouvais me permettre de ne pas écrire de scénario (je dessinais directement, découpais mes storyboard pour manipuler l'histoire, et me débrouillais ainsi). Me lancer sur Deo Ignito devait me permettre de me rendre compte de lacunes que je ne soupçonnais pas, tout en m'entraînant à la technique et au dessin. Maintenant, je me rends compte de l'importance de la préparation d'un scénario Il me reste à commencer à travailler cet aspect.

Pour la technique, voici ce que j'ai découvert être le plus plaisant pour moi :
Je réalise de rapides storyboards (format A6 au mieux) pour placer les éléments, choisir les cadrages, indiquer quelques éléments de textes, etc. Le tout pour gérer l'écoulement de la lecture. Une fois satisfait, je fais quelques croquis pour les poses les plus difficiles, puis j'attaque le crayonné. Je trace au bleu les constructions en reprenant les cadrages préparé sur les storyboards. Je fais ensuite la mise au net au crayon (2B). Je scanne en deux fois, en couleurs, à 300 dpi. Je vire les bleus et dé-sature l'image avant de nettoyer proprement le trait. Je peux alors commencer le travail de la couleur. Plus tard, je taperai et finaliserai les textes et tracerai les phylactères qui les contiennent.

Quels sont tes projets ?

Finir Deo Ignito d'abord. C'est une bd d'apprentissage, un exercice. Je fais des erreurs et j'apprends à les corriger, et ce que j'aurai appris, je le mettrai en oeuvre dans le projet suivant. J'ai développé ma technique, une méthode, quelques outils, je commence à être à l'aise côté dessin et couleur, assez pour pouvoir me prendre la tête sur autre chose. Le scénario, par exemple.

Pour le projet suivant, j'aimerais préparer quelque chose plus court, éventuellement à soumettre à un éditeur. De la science-fiction, peut-être. Et continuer parallèlement des histoires courtes pour tester des techniques, des rendus différents.


Pour finir, quel(s) conseil(s) donnerais-tu aux jeunes B.D.A. ?

Aux dessinateurs: surtout ne vous lancez pas sur un trop gros projet ! :D Expérimentez sur des petits récits, de sorte que vous pourrez changer de technique, de thème, de graphisme en cours de route ! quitte à ce que vous découpiez votre méga-épopée en petits fragments indépendants. Un gros projets est aussi un boulet qui restreint votre exploration. Apprenez la technique, et vite ! Il faut être à l'aise dedans pour avoir la liberté de commencer à créer et de se prendre la tête sur autre chose de vachement plus intéressant. Lisez la théorie, appliquez-là de la façon indiquée avant de vouloir la détourner ou vous en passer. Faites un gros effort sur l'orthographe, tout le temps. 
 

Merci beaucoup Dr_Folaweb. 
Si vous voulez en voir plus rendez-vous sur 
http://www.webcomics.fr/member/Dr_Folaweb ou  http://www.drfolaweb.net/

Interview de Isangeles

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