De BDA à Chacalprod, en passant par d'autres forums, Pilou a été durant ces dernières années l'un des personnages actifs de la bande dessinée amateur sur le web. Mais ... pourrait-on en savoir un peu plus sur vous Monsieur Pilou ?

Par quel curieux hasard as-tu atterri un beau jour sur BDA ? Mais était-ce un hasard ?

Je viens de l'univers du jeu de rôle. Après avoir pas mal gribouillé des personnages, je suis passé à la bd avec un autre passionné qui m'avait proposé un scénario. Une fois la planche réalisée, je ne savais pas trop quoi en faire. Je venais de me procurer un modem. Un de ceux qui faisait ce joli carillon lorsqu'ils numérotaient pour se connecter sur internet et qui nous empêchaient d'utiliser le téléphone. J'ai tapé dans un moteur de recherche « BD amateur » et je suis arrivé sur un site orange. Après quelques jours à lire les échanges, découvrir le site, j'ai franchi le pas : j'ai posé ma candidature. J'ai été accueilli par un certain Nairolf...

Que venais-tu chercher sur le site ?

J'étais berné par la vanité et l'impétuosité de la jeunesse... Je m'étais inscris pour montrer au monde entier mon talent. J'y ai découvert une bande d'amis ouverts aux autres qui échangeaient, jouaient, chattaient dans une très bonne ambiance. Et puis des putains d'auteurs qui revendiquaient l'étiquette amateur mais qui m'ont fait prendre conscience que de mon côté, en plus du dessin, je pouvais travailler mon humilité. Du coup c'est un peu con mais cette interview va être mon coming-out : SwaN fait parti de ces gens là. Au cours de mes années de fréquentation de bda, il est resté une référence. La personne dont on essaye d'obtenir un jour sur une de ses planches un avis positif. Jusqu' à présent ça n'a jamais été au delà du « sympa » mais je ne désespère pas !


Quelle était, à l'époque, ta pratique de la bande dessinée?

Je passais pas mal de temps à dessiner mais j'étais très lent. L'angoisse de l'encrage me faisait perdre un temps fou. Mais j'étais quand même fier de ce que je dessinais. J'ai voulu me confronter un peu à l'avis de personnes extérieures à BDA. Je me suis rendu au festival de Saint Malo où j'y ai retrouvé Nairolf, SwaN, Foogy et Zanapa. J'ai présenté mon travail à un jeune auteur aux rencontres pro/amateurs. Je me suis fais démonté pendant 20 minutes...
Résultat, j'ai posé les crayons pendant près d'un an. Et puis un jour j'ai repoussé la porte du site orange...


Dans quelle mesure considères-tu que la fréquentation de BDA t'as fait progresser ?

Ce site m'a surtout permis de continuer à dessiner. Sans cette communauté, je ne suis pas sûr que j'aurais trouvé le courage de dessiner pour moi tout seul... J'ai appris ce que c'est de s'amuser, de partager en dessinant. Le genre de chose que l'on n' apprend pas en blogguant. Et puis l'envie de progresser, de faire mieux, de se dépasser, elle vient avant tout au contact des autres...

Si je te dis « bande dessinée amateur », qu'est-ce que cela évoque pour toi ?

Évidemment, je vais te répondre le site bda mais aussi Chacalprod. Et au delà des sites, c'est des gens. Avec le site orange, j'ai plein de souvenirs, plein de gens en tête. Ce qui est bien avec ce site communautaire, c'est que chacun a sa propre expérience, ses propres références. Chaque auteur qui souhaite se lancer dans l'aventure sur ce site vivra quelque chose d'unique qui lui sera propre.

Peux-tu nous parler de Chacalprod dont tu es également membre ?

Chacalprod a été créé par Nairolf. A l'époque, c'était une extension de bda avec des putains d'auteurs qui revendiquaient l'étiquette amateur (bis mais c'était les mêmes). Y avait un concentré de talent et surtout d'humour...Le site de l'époque est toujours en ligne je crois et témoigne de cette ambiance de douce folie et de camaraderie. J'ai rejoins l'association quelques années plus tard, après la disparition de Nairolf. L'asso n'était plus que l'ombre d'elle même. Foogy et Zanapa ont fait un travail titanesque pour la maintenir à flot avant de la quitter et de passer pro. Au cours de ces années, les liens entre Chacalprod et BDA ont diminué. Mais pour moi, les deux sites restent complémentaires. Chacalprod est une structure qui permet à ses membres d'être présent sur les festivals de bd, de s'auto-éditer, et avant tout de s'amuser. Aujourd'hui il y a moins d'actions spéciales, de guerre des patates, entre bda et chacalprod. Mais on essaye de recréer des actions communes comme le pdci, le calendrier de l'avent, le 1er avril, etc...


Comment a évolué ta pratique de la bande dessinée au fil du temps ? Et à ton avis pourquoi ?

Ma pratique de la bd est un peu cyclique. Elle marche à l'envie. Bda m'a donné l'envie de dessiner et permis d'avoir un retour sur mon travail. Avec Chacalprod j'ai été confronté aux contraintes du fanzinat et le plaisir de monter des projets à plusieurs. Mais finalement, là où j'ai le plus progressé c'est avec le support blog. Mon meilleur ami est parti faire le tour du monde en 2005. Pendant un an, le dessin m'a permis de conserver un lien très fort avec lui et d'une certaine façon j'aime à penser que ces petits dessin ont renforcé cette amitié. J'ai beaucoup progressé durant cette période. Peu après son retour, j'ai arrêté le blog. Ca devenait une contrainte. Depuis quelques temps j'ai repris un blog mais avant tout pour mon plaisir. Bon finalement de tout ça, vous vous en foutez mais c'est ma première interview et comme je doute qu'il y en ait d'autres par la suite, j'en profite un max... Donc Bruno et Ka, je vous embrasse ! Et maman aussi.

Peux-tu nous raconter une anecdote significative que tu as vécue dans le milieu de la bande dessinée amateur ?

Une anecdote significative ? Y a bien la fois où j'ai partagé mon lit avec Philippe Gorgeot lors du festival de Perros Guirrec, mais ça a tourné assez court parce qu'il était fortement alcoolisé. Juste quand les choses devenaient intéressante... Bref. Sinon, une autre anecdote ce serait ma rencontre avec Mr. Fournier au festival de Brest. Il a pris du temps autour d'une bière pour m'expliquer mes erreurs sur une planche. Non pas comme l'avait fait quelques années auparavant un jeune auteur à St Malo. Ici c'était avec beaucoup de gentillesse. Ses conseils pourraient se résumer en une phrase : « Quand tu ne sais pas dessiner quelque chose, n'invente pas, mais documente toi  ». Alors là, je sens que vous vous insurgez parce que la question portait sur le milieu de la bande dessinée amateur. Oui mais sauf que cette rencontre n'a été possible que grâce à la pratique de la bd amateur. Mais sinon, je peux en revenir à cette nuit avec Philippe Gorgeot...


Sur quoi travailles-tu actuellement ? Quels sont tes projets en matière de bande dessinée ?

Et bien sur rien ! J'ai reposé les crayons en février dernier suite à des contraintes professionnelles qui me bouffaient de l'intérieur. Ce qu'il me restait de temps libre, je voulais le consacrer à ma famille. Je n'avais plus l'envie de dessiner, plus la flamme... J'ai bien fait. L'envie est revenue il y a peu de temps. Peut être en partie liée à cette interview. Je retrouve enfin le plaisir de dessiner. Des projets, j'en aurai sûrement. Il y a bien un projet que j'avais commencé à construire au sein de chacalprod que j'aimerais reprendre mais pour le moment je m'amuse à nouveau avec la chacal family. En fait, j'applique plus que jamais le dicton de Chacalprod « Se faire plaisir sans se prendre la tête »

Un bon génie te demande de faire un souhait pour BDA ...Lequel serait-il ?

De pouvoir en (re)prendre le pouvoir. Ma première mesure serait de changer cet horrible orange en un joli bleu. Je me souviens du coup d'état réalisé il y a un an et demi avec l'aide des chacaux, nous avions pu mettre en application pendant quelques heures des mesures rafraîchissantes pour le bien être des membres de cette communauté. L'insurrection n'a malheureusement pas tenu bien longtemps... Courage BDA, l'heure de la libération approche ! 


Merci Mr Pilou pour cet entretien ô combien complet ...et aussi pour certaines révélations !
Pour en savoir plus :
http://au-bord-du-lac.over-blog.com/

Interview de Philippe Gorgeot

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