La mort du borgne - Page 1 par Specchio

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La mort du borgne

"J'aimais à rester là, seul dans le noir. A contempler ma ville, mon royaume inconquis."

Perché au dessus des voutes de la ville, un homme à capuche épiait sournoisement la basse populace. Son visage blême et ses traits tirés décriaient la longue vie spartiate qu'il avait eu ; Loin des préoccupations et des plaisirs du commun des mortels. C'était un dur à cuir, les coups à répétition et les blessures avaient tanné son visage en un simulacre de masque mortuaire. Au dessus duquel, un rictus crispé à fendre la pierre saillait. Il avait l'air plus mort que vif… Mis à part sa capuche, il ne portait aucun vêtement superflu : Pas de cape, ni épée encombrante qui aurait pu le gêner dans ses mouvements. Une simple tunique verte qui virait par endroit au marron sale l'habillait. Cette cynique gargouille ne se décida à redescendre qu'aux premières rougeurs de la ville. D'un magistral bond, son ombre se glissa hors des pierres de la tour. Ce soir, il était en chasse.

Tharmandia était une ville du nord, apatride et sans loi. Une antique mégalopole agonisante et soufflante érigée par la folie démesurée d'anciens titans. Ces géants n'y étaient d'ailleurs jamais plus revenus. L'immonde bête vivait ces derniers jours car elle se savait malade. Contaminée par l'incurable cancer qu'était l'homme. Chaque jour, ses parasites déambulaient et véhiculaient leur mécréance à travers ses veines boursouflées. Un torrent de malheur menaçait de s'abattre sur ce lieu maudit.

Revenu sur terre ferme, le mystérieux homme se dirigea vers l'endroit où il pensait pouvoir enlever une femme sans que son sort n'importe à quiconque : La taverne de Gilbond-le-Gris. De taverne, cette braquasse n'accaparait que le nom. Elle constituait le bordel le plus pitoyable de la ville. Une aura de débauche et de luxure assaillait avant même que l'on eu atteint le trottoir. A l'entrée, un gorille lui barra la route. Il s'agissait de Drekar Monnrun. Une montagne de muscles et de graisse dont le passe temps favoris était de rabâcher qu'il aurait pu être un grand gladiateur, et faire un triomphe dans l'arène des Goth'Narun. Le corpulent homme se croyait trop bien pour l'endroit et traitait tout le monde de raté. Il lui cracha :

- "Hep là! Pas un pas de plus manant. Tu n'iras nulle part sans avoir secoué tes puces!"

La rivalité entre les gangs et les pratiques incongrues des clients avait accru la vigilance des maquereaux. Drekar commanda d'un signe de tête à son larbin de fouiller l'homme. L'étranger écarta les bras et se laissa faire gentiment. Il devait montrer patte blanche avant d'avoir trouvé ce qu'il cherchait. Après une rapide fouille, le larbin fit une moue relâchée pour indiquer qu'il n'y avait rien de suspect.

- "Enlève ta capuche!" commanda à nouveau Drekar. L'homme s'exécuta sans faire d'histoire. "Mais je te reconnais toi! T'es celui qu'on appelait Crève-le-chat. Je croyais que t'étais mort de froid y à déjà plusieurs hivers. Alors comme ça t'as décidé de t'offrir un p'tit plaisir…" Commenta-t-il avec son sourire salace. Crève-le-chat ne répondit pas et garda son regard porté vers le vide. Drekar l'examina un instant.

- "Bon, je n'ai rien contre toi et j'veux pas savoir d'où vient ton fric. Mais t'amuse pas à embêter les filles ou à t'astiquer dans les toilettes! Sinon tu entendras parler de moi! Allez, dégage raté!" Drekar lui maugréa le passage.

Crève-le-chat contempla le bazar humain où s'étalaient des autochtones en mal de vivre. Délabrées, les femmes vantaient et marchandaient des parties de leur corps comme de vulgaires pièces détachées. Dépitées, elles louaient leur intimité en l'échange de quelque maigre sou. Lui, scrutait à travers la fumée disparate de l'encens censée maquiller les odeurs corporelles. "Trop maigre, trop vieille, trop moche," s'était-il dit. Enfin, son regard s'attarda sur une des filles.

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29/08/2011 08:40 Specchio
Salut, voici l'histoire de dark Fantasy que je suis en train d'écrire. J'écris l'histoire comme si c'était un roman, car je ne sais écrire autrement pour l'instant :D

17/11/2011 17:19 Ancien Membre
bien écrit, on sent l'atmosphère noire qui se dégage de tes mots.
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