Ticket pour l'enfer par albatros

Galerie de albatros

Ticket pour l'enfer

Synopsis :

Type de dessin recherché :

Scénario :
TICKET POUR L’ENFER


Au crépuscule, un étrange silence s’installa dans le ghetto et alors que, lentement, venait ramper la nuit, quelques lampadaires ayant échappé aux actes de vandalisme commencèrent à chauffer leurs ampoules à mercure pour faire barrage à l’ombre maintenant envahissante.
Sursaut. Un couvercle de poubelle tomba quelque part dans une ruelle adjacente et roula un instant son bruit de tôle avant de se taire. Deux chats s’invectivaient dans leur langage et sans doute s’arrachaient le poil pour…non ! ce n’était pas la saison... alors, probablement, pour quelques restes jetés là par des locataires invisibles. A l’heure propice, des grilles d’égouts sortirent les rats pour se faufiler dans les bâtiments silencieux en quête de nourriture.
L’écho d’une quinte de toux s’échappant de l’entrée béante d’une bâtisse croulante, déchira le faux calme. Un sinistre grincement métallique et un verrouillage faisant songer à une geôle vinrent en cascades mourir sur le trottoir. La seconde suivante, s’égrena, en cadence régulière, un martèlement de talons qui s’approchait, s’approchait encore et elle apparut.
Princesse qu’on l’appelait affectueusement ou par crainte dans les environs. Il ne fallait certes pas grand-chose pour sortir du lot mais là, on pouvait sans exagérer la sacrer reine tant elle éblouissait. Juste un petit reproche, qu’on gardait pour soi…elle mettait trop en valeur ses atouts féminins. Un miracle reconnaissait-on, qu’elle ne se soit jamais fait agresser dans cette cour de gueux.
Pour expliquer sa chance fantastique d’être encore saine et sauve, certains racontaient qu’elle était sous la protection d’un souteneur qui avait à son palmarès plusieurs cadavres. D’autres la prenaient pour une « sainte » protégée par le tout puissant tant il était vrai qu’elle aidait toujours les habitants du ghetto se trouvant dans le besoin. Enfin les derniers, la craignaient car il paraît qu’elle avait un molosse dans son appartement et qu’elle n’hésiterait pas à le dresser contre celui qui oserait attenter à sa personne. Cette dernière hypothèse semblait peu probable aux yeux de tous ceux qui connaissaient Princesse, mais à l’unanimité ils admettaient l’existence de la bête. On avait déjà entendu des grognements pour le moins bizarres sinon effrayants racontait-on à voix basse.
Dans toutes ces médisances, un petit malin, penseur à ses heures, fit un recoupement entre les dires et trouva que sainte, souteneur et molosse (vu en tant que cerbère) n’était rien d’autre qu’une exagération de mauvaises langues qui oscillaient entre le bien et le mal et conclut que Princesse menait tout ce monde hypocrite en bateau grâce à une bonne sono à travers laquelle elle envoyait ses rugissements préenregistrés pour assurer ses arrières. Finalement, dans une phase d’envies soudaines, il précisa que, ses arrières à elle, il les visiterait bien mais jamais il n’eut le courage de tenter l’expérience.
Depuis, comme tous les soirs, Princesse prenait le bus pour se rendre en ville ou ailleurs. Cette faune bavant à sa vue était le cadet de ses soucis.
Au même moment, après s’être lissé une dernière fois les cheveux tout en se contemplant dans le miroir, un individu au regard fauve, amateur de chair fraîche, quitta sa chambre. Il s’imaginait être un de ces Casanova à qui tout devait réussir, ceci sur un certain plan puis, d’humeur changeante, sur un dernier coup de dents au sandwich qu’il consommait, il se voyait déchirant avec plaisir une vedette de cinéma qui le hantait depuis qu’il l’avait vue à l’écran. Il en était possédé à un tel point qu’il jeta son dévolu sur une certaine catégorie de femmes à saigner. En somme, un dangereux psychopathe errait dans la jungle urbaine.
Il y avait une chance ou malchance sur deux millions dans cette ville pour que Princesse réponde aux critères du désaxé autant également qu’elle le croise. Pourtant, lorsqu’elle s’engagea dans cette ruelle sordide, il sortit de l’ombre et la suivit en humant son parfum comme une bête tout en fixant sa croupe qu’elle rendait provocante par son chaloupement calculé.
Ainsi, derrière elle, pour la nième fois il vendait son âme au diable en salivant sur un acte consentant, un viol ou pour l’étrangler séance tenante juste pour la voir gigoter dans les derniers sursauts de la vie. Oui ! L’étrangler avec cette longue écharpe blanche à laquelle il se cramponnait comme pour tenir un équilibre suite aux vertiges qui de temps à autre l’assaillaient.
Princesse s’arrêta brusquement face à une enseigne puis regarda dans la lumière blafarde des réverbères derrière elle avant de pénétrer dans la taverne. Un bouge serait plus juste………
Dans un instant comme suspendu, elle traversa la salle sous un scannage croisé de paires d’yeux qui l’envisageaient sous toutes les coutures. L’envie collective était si forte que les bouches s’entre ouvrirent inconsciemment même que le mégot accroché aux lèvres du barman en tomba et quand elle s’installa sur le haut siège au bout du bar elle s’arrangea pour, sur un temps flash, montrer sa petite culotte. Monta alors une dangereuse rumeur rauque dans l’arène
A la seconde critique d’une curée certaine, s’ouvrit une nouvelle fois la porte d’entrée dans un tintement ridicule de clochettes. Tous les yeux croisèrent le regard fauve.
Quelques ardeurs se refroidirent aussitôt et toutes les bouches se refermèrent. Lentement, sur un air de dépit envers l’assistance, l’inquiétant personnage se dirigea vers le bar où il s’installa, commanda une boisson et surveilla ses arrières dans le miroir d’une propreté douteuse qui lui faisait face.
A un moment de hasard il jeta un œil désintéressé sur sa …proie puis, dans un temps interlude, il s’occupa à faire tourner nonchalamment un glaçon dans son verre en observant ou plutôt en admirant son reflet.
Princesse profita du rétablissement d'un calme précaire pour, dans un mouvement quarante huit images par seconde, redonner à voir. Les fantasmes atteignirent aussitôt le seuil d’alerte. Une onde sonore emplit la salle et dans la fumée à couper au couteau, se levèrent les premiers téméraires.
Bousculades, mots acides, bruits de chaises renversées sortirent l’homme du bar de ses rêveries ou cauchemars. Il posa sans empressement le verre tout en surveillant ses arrières puis jeta un regard sur Princesse qui, effrontément, le fixait. Il interpréta cela comme un « Alors ! Et maintenant » auquel il répondit mentalement « J’aime les défis sanglants et je t’aurai…salope ! ».
Sur un râle de satisfaction il s’interposa entre les prétendants et elle. Deux, trois mots tout au plus, un éclair de rasoir ouvert plus vite qu’un clignement de paupières, un regard glacial embrassant l’assemblée et tout rentra dans l'ordre.
Quelques prises de becs encore entre les piètres coqs et on les oublia royalement ou à contre cœur. Le gagnant rangea son arme blanche, réajusta sa veste de parade et s’approcha de sa proie pour la rassurer, lui offrant un verre pour l’occasion. Elle semblait être toute chose suite aux évènements avortés par cet audacieux personnage.
Durant ce temps il l’imaginait chatte en chaleur juste pour fantasmer sur des plaisirs dont il ne se privera pas puis il pensa à un jeu chat et souris où il se permettrait de la lacérer de coups de rasoir comme autant de griffures. A cette évocation un nouveau vertige le rendit plus entreprenant. Sa main passa sous la courte jupe. Ses doigts tentaculaires vainquirent une barrière élastique pour le moins, conciliante et quand s’écartèrent les jambes, il pressa la main contre cette moiteur tant convoitée. Il entendit une plainte de fausse vierge avant que Princesse ne renverse son cou en signe de reddition.
Dans un éclair de lucidité, l’homme tendit l’oreille, scruta la salle en plissant ses yeux carnassiers. On les observait, on bavait, il se devait d’entraîner sa victime ailleurs pour « parachever son œuvre » pensa t-il en léchant ses doigts qu’il venait de retirer de l’intime. Il avait à présent le goût et l’odeur femelle, il ira jusqu’au bout de son appétit sanguinaire.
D’un accord tacite, ils se levèrent et quittèrent cet endroit infâme, cette antichambre de purgatoire pour se confondre avec la nuit. Princesse semblait avoir pris les destins à son compte en se serrant contre ce parfait inconnu puis en l’invitant chez elle. C’était plus qu’il n’espérait. Il pourra donner libre cours à ses instincts songea t-il en triturant son rasoir.
Son chez elle il ne le regarda même pas tant il était étourdi par les formes que judicieusement elle mettait à nu. C'en était trop. Balayant tous les préliminaires il se jeta sur sa proie qu’il posséda sous tous les angles au gré de ses envies passantes et ce n’était plus que gémissements, cris rauques jusqu’à ce qu’il s’en sépare pour reprendre son souffle et qu’il vit sa veste…pensa au rasoir.
Il esquissa un geste avec l’idée d’ouvrir un autre bal. Elle se jeta sur lui et d’un coup puissant de mâchoires lui sectionna la carotide. Ce n’était plus que gargouillis allant diminuant au milieu de jets de sang et de grognements sauvages. Sur un dernier soubresaut il venait de vendre son âme au diable et l’on entendit la bête hurler à la mort.
FIN

Galerie de albatros
22/09/2010 11:34 albatros
06/12/2010 20:44 zoy
je m'attendais un peu à la fin, mais le style d'écriture est un délice. Je ne suis pourtant pas en bonnes conditions pour lire (bruits de fond) mais ça ne ma pas empêché d'être plongé dans l'ambiance glauque du ghetto.
21/12/2010 23:11 AV63
Trés trés bon texte,tu vois ça en combien de planche??
22/12/2010 10:22 albatros
Bonjour Zoy, AV63
Merci pou vos commentaires
Zoy, toutes mes excuses pour le retard
AV63, si le projet t'intéresse je suis à l'écoute.
Perso je pense qu'il serait intéressant de faire un max de pages en vue de publier même s'il le faut à compte d'auteur...faut bien un début à tout n'est ce pas?
Qu'en penses tu ?
Belle journée
Galerie de albatros

Poster un commentaire

Les visiteurs anonymes ne sont pas autorisés à poster des commentaires.