(nuit BD 02/07) - AFTERLIFE - IN MEMORIAM (précédemment : "Le rêve de Jacques") par inguz
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Synopsis : Jacques, l'instituteur de Pors Simon, est mort assassiné… Mais il semble avoir tout oublié de sa vie… Tout, ou presque…
Type de dessin recherché : tous styles, faites vous les dents, vous serez les bienvenus !
Scénario :
PAGE 1
(la page est divisée en trois larges cases horizontales de hauteur croissante)
CASE 1
UNE CASE LARGE (toute la largeur de la page) ET BASSE– « NUIT »
Un vague point de lumière quelque part au fond d’un espace sans limite, uniformément obscur…
TEXTE
Ça fait des heures que j’erre…
CASE 2
UNE CASE LARGE (idem) ET PLUS HAUTE– « NUIT »
« Plus près » : le point de lumière de la C1 est maintenant un étroit rayon, sans point de départ ou d’arrivée apparent dans l’obscurité ambiante.
Au fond de ce rayon, une minuscule silhouette d’homme, à contre-jour…
TEXTE
Enfin, des heures… je ne sais pas trop…
CASE 3
UNE CASE LARGE (idem) ET ENCORE PLUS HAUTE– « NUIT »
Encore « plus près » : le rayon est maintenant un tunnel sans début ni fin perçant la pénombre uniforme.
Au cœur de ce tunnel, JACQUES (l’instituteur crucifié de « Pors Simon ») marche lentement, d’un pas incertain et fatigué. Il avance vers nous, vêtu d’une chemise sans col avec un gilet barré par une chaîne de montre, d’un pantalon et de chaussures sombres.
TEXTE
…Il y a longtemps que ma montre s’est arrêtée…
VOIX OFF : APPEL BLANDINE ( un petit noir au blanc, sans bulle, au cœur de la pénombre)
Jacques…
CASE 4 – INSERT
UNE PETITE VIGNETTE INSEREE DANS LA C3, AU CŒUR DE L’OBSURITE (pied de page droit, probablement…)
Plan serré : le visage de JACQUES exprime un étonnement angoissé…
TEXTE
… Enfin, longtemps…
… Qu’est ce que je peux en savoir…
PAGE 2
CASE 1
UNE CASE LARGE (toute la largeur de la page) - « NUIT »
JACQUES, de dos, avance, dans le tunnel blanc.
TEXTE
Et bien entendu, personne pour m’expliquer…
VOIX OFF : APPEL BLANDINE (un noir au blanc plus grand que le précédent, sans bulle, au cœur de la pénombre)
Jacques…
CASE 2
« NUIT »
Plan américain : JACQUES se fige, les sens aux aguets.
JACQUES
Hein ?
CASE 3
« NUIT »
Plan Large : Jacques, de face, lève la tête, à la fois intrigué et terrifié.
TEXTE
Cette voix…
VOIX OFF : APPEL BLANDINE (un noir au blanc encore plus grand que le précédent, sans bulle, et qui semble déchirer la pénombre)
Jacques…
JACQUES
Ohé ! Il y a quelqu’un ?
CASE 4
UNE CASE TRES LARGE (toute la largeur de la page)
Plan très large : L’appel de BLANDINE fait maintenant partie du décor. Le blanc du lettrage déchire très nettement l’obscurité, et semble arracher toute la matière corporelle de JACQUES, comme pour le rendre translucide…
TEXTE
Blandine ?
VOIX OFF : APPEL BLANDINE
JAAACQUES…
JACQUES
Qui… Qui est là ?
PAGE 3
CASE 1
BLANC INTEGRAL – L’appel de BLANDINE est devenu le décor : ne subsistent en noir que les contours des lettres, désormais énormes, du mot « Jacques… ».
JACQUES semble en effet avoir perdu de la matière… Il regarde en l’air, sans comprendre, mais avec un soupçon d’espoir sur son visage…
TEXTE
Mon amour… Toi aussi tu es donc là…
VOIX OFF : APPEL BLANDINE (voir ci-dessus)
JAAACQUES…
JACQUES
Blandine ? C’est toi ?
CASE 2
BLANC INTEGRAL
Plan large, contre-plongée : au-dessus de JACQUES, éberlué, un jeu d’ombres très pâles commence à tournoyer…
VOIX OFF - BLANDINE (dans une « bulle éclatée », semblant percer l’éther sans émaner de nulle part en particulier : une voix « spectrale »)
Oh, Jacques, enfin je t’ai trouvé !
JACQUES
Mon amour ?
CASE 3
BLANC INTEGRAL
Un peu plus serré, semi-subjectif JACQUES : JACQUES, en amorce, penché en arrière, regarde le jeu d’ombres très pâles, qui maintenant dessinent vaguement au-dessus de lui les contours d’un visage féminin, celui de BLANDINE.
BLANDINE (voix spectrale)
Jacques, pourquoi ne m’as-tu pas écoutée…
JACQUES
Mais qu’est ce que tu racontes ? Et comment fais tu cette… chose ?
CASE 4
BLANC INTEGRAL
Serré sur Jacques, ne quittant pas du regard le visage de BLANDINE au-dessus de lui (OFF). Il a les yeux écarquillés, et son visage arbore une expression où l’admiration le dispute à l’horreur.
BLANDINE (OFF, voix spectrale)
Je t’avais pourtant averti du risque que tu courais…
JACQUES
Quoi ? Quel risque ? Et d’abord, où es-tu ?
CASE 5
INT – NUIT – La salle de spiritisme de BLANDINE.
La pièce est simplement meublée d’une table et de quelques chaises. Aux murs, des tentures décorées de motifs ésotériques.
Sur la table, deux chandeliers, un napperon de tissu noir décoré d’un pentacle, quelques bouts de papier.
Assise à la table, BLANDINE. Elle se tient très droite, et regarde droit devant elle avec un étrange regard figé : elle est en transe spirite. Dans une main, elle tient au-dessus de la table un pendule immobile, dont la chaîne figée en position verticale semble raidie par des forces inconnues.
BLANDINE
Où je suis ? Eh bien, chez moi, dans ma salle d’ésotérisme, bien sûr…
Mais toi, tu… Tu ne te souviens de rien ? Oh, mon chéri, c’était si affreux…
PAGE 4
CASE 1
BLANC INTEGRAL
JACQUES s’est encore un peu plus « décorporé ». Il est à présent presque translucide.
Au-dessus de lui, le « visage d’ombres » de BLANDINE arbore une immense tristesse.
JACQUES
Mais qu’est ce que tu racontes ! Tu sais bien que je ne crois pas à ces balivernes !
BLANDINE (voix spectrale)
La question n’est plus de croire ou non, mon amour…
CASE 2
BLANC INTEGRAL
Le « visage d’ombres » de BLANDINE, sur lequel coulent deux « larmes d’ombres »…
BLANDINE (voix spectrale)
Tu es mort…
CASE 3
BLANC INTEGRAL
JACQUES, saisi par ce qu’il apprend, est terrifié. Son corps se voûte, il semble avoir subitement vieilli de plusieurs années…
JACQUES
M… Mort ? Ce n’est pas…
BLANDINE (OFF, voix spectrale)
Hélas si… Tu ne te rappelles rien ?
CASE 4
BLANC INTEGRAL
Plongée, semi-subjectif BLANDINE : vu à travers les délicats traits d’ombres du visage de BLANDINE, JACQUES, légèrement déformé aux endroits où sont passées les larmes, semble se révolter contre ce qu’il vient d’entendre…
TEXTE
Allons, pas de comédie… Dans le fond, je le savais… Bien sûr… Depuis…
JACQUES
Mais me rappeler QUOI, bon dieu de bois !
CASE 5
BLANC INTEGRAL
JACQUES semble subitement s’avachir sur lui-même : ses genoux ploient, il cherche en vain d’une main un endroit où s’appuyer…
TEXTE
… Depuis si longtemps…
BLANDINE (OFF, voix spectrale)
Te rappeler ce crucifix, dans l’église, auquel tu étais pendu par les pieds…
CASE 6
BLANC INTEGRAL
Très gros plan sur le visage émacié de JACQUES, et son regard paniqué, égaré, fou…
TEXTE
… Depuis… Toujours…
BLANDINE (OFF, voix spectrale)
… Te rappeler ces monstres qui t’ont torturé puis égorgé…
PAGE 5
CASE 1
BLANC INTEGRAL
JACQUES est maintenant intégralement translucide, seuls les contours de son corps et l’expression de son visage sont visibles. Il arbore une moue ironique, désabusée…
JACQUES
Allons bon ! Parce qu’en plus, je suis mort assassiné…
CASE 2
BLANC
JACQUES, de dos, a de nouveau la tête tournée vers le haut, vers le « visage d’ombres » de BLANDINE, qui commence à se déformer… Des parcelles d’obscurité commencent à reconquérir l’espace…
TEXTE
Tout ce que je me rappelle, c’est notre amour…
BLANDINE (voix spectrale)
Jacques, on a sonné… Ce doit être Corentin qui vient pour mon témoignage…
JACQUES
Et alors ! Il est vivant, lui, il a tout le temps qu’il veut !
CASE 3
BLANC/ « NOIR »
L’obscurité gagne sur le blanc. Le « visage d’ombres » clair de BLANDINE n’est plus qu’un léger tourbillon en train de se dissiper dans la pénombre. JACQUES reste bras ballants, de nouveau l’air égaré…
TEXTE
… Tandis que moi, le temps, j’en ai été expulsé…
BLANDINE (OFF, voix spectrale)
Je vais devoir te laisser, mon chéri… Mais je reviendrai…
JACQUES
NON ! BLANDINE ! RESTE ! Je t’en prie…
CASE 4
« NOIR »
Il ne reste plus que quelques écharpes de blanc autour de JACQUES, qui se retrouve seul, abattu, dans le néant…
VOIX OFF : BLANDINE (voix spectrale, lettres encore assez grandes, blanches, entourant JACQUES)
… Je te le promets…
JACQUES
Blandine…
PAGE 6
CASE 1
« NOIR »
L’obscurité revient, elle semble dévorer les lettres blanches de l’ultime message de BLANDINE (OFF).
JACQUES, translucide (avec les contours partagés entre trait noir et noir au blanc, selon que la zone devant laquelle se trouve la partie concernée de son corps soit respectivement lumineuse ou obscure), a la tête levée et une attitude corporelle éperdue : il cherche désespérément le visage d’ombres de BLANDINE, qui n’est déjà plus là.
VOIX OFF : BLANDINE (voix spectrale – lettres blanches « dévorées », voir ci-dessus)
Mon amour…
CASE 2
« NOIR »
L’obscurité intégrale est revenue. JACQUES n’est plus qu’un contour en noir au blanc. Il s’appuie sur une de ses mains pour s’asseoir.
TEXTE
Je crois savoir qui je suis… mais… Ce que j’étais… Je l’ai oublié…
PAGE 7
CASE 1
CASE UNIQUE - « NOIR »
JACQUES, totalement translucide, avec les seuls contours de son corps visibles en un très léger noir au blanc, se tient assis « par terre », en tailleur, dans la pénombre absolue. Il a un coude posé sur un genou, et la tête posée sur sa main.
TEXTE
J’ai l’éternité pour me souvenir…
- 08/07/2005 14:15 moutch
- Bon, ben, j'ai pris le temps de lire ton scénar et je suis pas déçu... C'est vrai que c'est spécial comme histoire, enfin, ce qui l'est surtout, c'est le traitement qui devra être apporté. Ca paraît clair, ce sera du n&b... et les interactions noir/blanc, apparitions spectrales, etc constituent un bon (et délicat) exercice de style pour un dessinateur.
- 03/10/2005 20:32 CPia
- Cette "immatérialisation" des limbes me plaît beaucoup ainsi que le traitement recherché de l'image. Très tentant !
Je vais avoir du boulot si je veux que ça donne quelque chose de bien ! En tout cas, je me lance.
Clémentine